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Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Ipê Amarelo, Tabebuia [chrysotricha or ochracea].

Ipê-amarelo em Brasília, Brasil.

This tree is in Brasília, Capital of Brazil.

 

Text, in english, from Wikipedia, the free encyclopedia

"Trumpet tree" redirects here. This term is occasionally used for the Shield-leaved Pumpwood (Cecropia peltata).

Tabebuia

Flowering Araguaney or ipê-amarelo (Tabebuia chrysantha) in central Brazil

Scientific classification

Kingdom: Plantae

(unranked): Angiosperms

(unranked): Eudicots

(unranked): Asterids

Order: Lamiales

Family: Bignoniaceae

Tribe: Tecomeae

Genus: Tabebuia

Gomez

Species

Nearly 100.

Tabebuia is a neotropical genus of about 100 species in the tribe Tecomeae of the family Bignoniaceae. The species range from northern Mexico and the Antilles south to northern Argentina and central Venezuela, including the Caribbean islands of Hispaniola (Dominican Republic and Haiti) and Cuba. Well-known common names include Ipê, Poui, trumpet trees and pau d'arco.

They are large shrubs and trees growing to 5 to 50 m (16 to 160 ft.) tall depending on the species; many species are dry-season deciduous but some are evergreen. The leaves are opposite pairs, complex or palmately compound with 3–7 leaflets.

Tabebuia is a notable flowering tree. The flowers are 3 to 11 cm (1 to 4 in.) wide and are produced in dense clusters. They present a cupular calyx campanulate to tubular, truncate, bilabiate or 5-lobed. Corolla colors vary between species ranging from white, light pink, yellow, lavender, magenta, or red. The outside texture of the flower tube is either glabrous or pubescentThe fruit is a dehiscent pod, 10 to 50 cm (4 to 20 in.) long, containing numerous—in some species winged—seeds. These pods often remain on the tree through dry season until the beginning of the rainy.

Species in this genus are important as timber trees. The wood is used for furniture, decking, and other outdoor uses. It is increasingly popular as a decking material due to its insect resistance and durability. By 2007, FSC-certified ipê wood had become readily available on the market, although certificates are occasionally forged.

Tabebuia is widely used as ornamental tree in the tropics in landscaping gardens, public squares, and boulevards due to its impressive and colorful flowering. Many flowers appear on still leafless stems at the end of the dry season, making the floral display more conspicuous. They are useful as honey plants for bees, and are popular with certain hummingbirds. Naturalist Madhaviah Krishnan on the other hand once famously took offense at ipé grown in India, where it is not native.

Lapacho teaThe bark of several species has medical properties. The bark is dried, shredded, and then boiled making a bitter or sour-tasting brownish-colored tea. Tea from the inner bark of Pink Ipê (T. impetiginosa) is known as Lapacho or Taheebo. Its main active principles are lapachol, quercetin, and other flavonoids. It is also available in pill form. The herbal remedy is typically used during flu and cold season and for easing smoker's cough. It apparently works as expectorant, by promoting the lungs to cough up and free deeply embedded mucus and contaminants. However, lapachol is rather toxic and therefore a more topical use e.g. as antibiotic or pesticide may be advisable. Other species with significant folk medical use are T. alba and Yellow Lapacho (T. serratifolia)

Tabebuia heteropoda, T. incana, and other species are occasionally used as an additive to the entheogenic drink Ayahuasca.

Mycosphaerella tabebuiae, a plant pathogenic sac fungus, was first discovered on an ipê tree.

Tabebuia alba

Tabebuia anafensis

Tabebuia arimaoensis

Tabebuia aurea – Caribbean Trumpet Tree

Tabebuia bilbergii

Tabebuia bibracteolata

Tabebuia cassinoides

Tabebuia chrysantha – Araguaney, Yellow Ipê, tajibo (Bolivia), ipê-amarelo (Brazil), cañaguate (N Colombia)

Tabebuia chrysotricha – Golden Trumpet Tree

Tabebuia donnell-smithii Rose – Gold Tree, "Prima Vera", Cortez blanco (El Salvador), San Juan (Honduras), palo blanco (Guatemala),duranga (Mexico)

A native of Mexico and Central Americas, considered one of the most colorful of all Central American trees. The leaves are deciduous. Masses of golden-yellow flowers cover the crown after the leaves are shed.

Tabebuia dubia

Tabebuia ecuadorensis

Tabebuia elongata

Tabebuia furfuracea

Tabebuia geminiflora Rizz. & Mattos

Tabebuia guayacan (Seem.) Hemsl.

Tabebuia haemantha

Tabebuia heptaphylla (Vell.) Toledo – tajy

Tabebuia heterophylla – roble prieto

Tabebuia heteropoda

Tabebuia hypoleuca

Tabebuia impetiginosa – Pink Ipê, Pink Lapacho, ipê-cavatã, ipê-comum, ipê-reto, ipê-rosa, ipê-roxo-damata, pau d'arco-roxo, peúva, piúva (Brazil), lapacho negro (Spanish); not "brazilwood"

Tabebuia incana

Tabebuia jackiana

Tabebuia lapacho – lapacho amarillo

Tabebuia orinocensis A.H. Gentry[verification needed]

Tabebuia ochracea

Tabebuia oligolepis

Tabebuia pallida – Cuban Pink Trumpet Tree

Tabebuia platyantha

Tabebuia polymorpha

Tabebuia rosea (Bertol.) DC.[verification needed] (= T. pentaphylla (L.) Hemsley) – Pink Poui, Pink Tecoma, apama, apamate, matilisguate

A popular street tree in tropical cities because of its multi-annular masses of light pink to purple flowers and modest size. The roots are not especially destructive for roads and sidewalks. It is the national tree of El Salvador and the state tree of Cojedes, Venezuela

Tabebuia roseo-alba – White Ipê, ipê-branco (Brazil), lapacho blanco

Tabebuia serratifolia – Yellow Lapacho, Yellow Poui, ipê-roxo (Brazil)

Tabebuia shaferi

Tabebuia striata

Tabebuia subtilis Sprague & Sandwith

Tabebuia umbellata

Tabebuia vellosoi Toledo

 

Ipê-do-cerrado

Texto, em português, da Wikipédia, a enciclopédia livre.

Ipê-do-cerrado

Classificação científica

Reino: Plantae

Divisão: Magnoliophyta

Classe: Magnoliopsida

Subclasse: Asteridae

Ordem: Lamiales

Família: Bignoniaceae

Género: Tabebuia

Espécie: T. ochracea

Nome binomial

Tabebuia ochracea

(Cham.) Standl. 1832

Sinónimos

Bignonia tomentosa Pav. ex DC.

Handroanthus ochraceus (Cham.) Mattos

Tabebuia chrysantha (Jacq.) G. Nicholson

Tabebuia hypodictyon A. DC.) Standl.

Tabebuia neochrysantha A.H. Gentry

Tabebuia ochracea subsp. heteropoda (A. DC.) A.H. Gentry

Tabebuia ochracea subsp. neochrysantha (A.H. Gentry) A.H. Gentry

Tecoma campinae Kraenzl.

ecoma grandiceps Kraenzl.

Tecoma hassleri Sprague

Tecoma hemmendorffiana Kraenzl.

Tecoma heteropoda A. DC.

Tecoma hypodictyon A. DC.

Tecoma ochracea Cham.

Ipê-do-cerrado é um dos nomes populares da Tabebuia ochracea (Cham.) Standl. 1832, nativa do cerrado brasileiro, no estados de Amazonas, Pará, Maranhão, Piauí, Ceará, Pernambuco, Bahia, Espírito Santo, Goiás, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul, Minas Gerais, Rio de Janeiro, São Paulo e Paraná.

Está na lista de espécies ameaçadas do estado de São Paulo, onde é encontrda também no domínio da Mata Atlântica[1].

Ocorre também na Argentina, Paraguai, Bolívia, Equador, Peru, Venezuela, Guiana, El Salvador, Guatemala e Panamá[2].

Há uma espécie homônima descrita por A.H. Gentry em 1992.

Outros nomes populares: ipê-amarelo, ipê-cascudo, ipê-do-campo, ipê-pardo, pau-d'arco-do-campo, piúva, tarumã.

Características

Altura de 6 a 14 m. Tronco tortuso com até 50 cm de diâmetro. Folhas pilosas em ambas as faces, mais na inferior, que é mais clara.

Planta decídua, heliófita, xerófita, nativa do cerrado em solos bem drenados.

Floresce de julho a setembro. Os frutos amadurecem de setembro a outubro.

FloresProduz grande quantidade de sementes leves, aladas com pequenas reservas, e que perdem a viabilidade em menos de 90 dias após coleta. A sua conservação vem sendo estudada em termos de determinação da condição ideal de armazenamento, e tem demonstrado a importância de se conhecer o comportamento da espécie quando armazenada com diferentes teores de umidade inicial, e a umidade de equilíbrio crítica para a espécie (KANO; MÁRQUEZ & KAGEYAMA, 1978). As levíssimas sementes aladas da espécie não necessitam de quebra de dormência. Podem apenas ser expostas ao sol por cerca de 6 horas e semeadas diretamente nos saquinhos. A germinação ocorre após 30 dias e de 80%. As sementes são ortodoxas e há aproximadamente 72 000 sementes em cada quilo.

O desenvolvimento da planta é rápido.

Como outros ipês, a madeira é usada em tacos, assoalhos, e em dormentes e postes. Presta-se também para peças torneadas e instrumento musicais.

 

Tabebuia alba (Ipê-Amarelo)

Texto, em português, produzido pela Acadêmica Giovana Beatriz Theodoro Marto

Supervisão e orientação do Prof. Luiz Ernesto George Barrichelo e do Eng. Paulo Henrique Müller

Atualizado em 10/07/2006

 

O ipê amarelo é a árvore brasileira mais conhecida, a mais cultivada e, sem dúvida nenhuma, a mais bela. É na verdade um complexo de nove ou dez espécies com características mais ou menos semelhantes, com flores brancas, amarelas ou roxas. Não há região do país onde não exista pelo menos uma espécie dele, porém a existência do ipê em habitat natural nos dias atuais é rara entre a maioria das espécies (LORENZI,2000).

A espécie Tabebuia alba, nativa do Brasil, é uma das espécies do gênero Tabebuia que possui “Ipê Amarelo” como nome popular. O nome alba provém de albus (branco em latim) e é devido ao tomento branco dos ramos e folhas novas.

As árvores desta espécie proporcionam um belo espetáculo com sua bela floração na arborização de ruas em algumas cidades brasileiras. São lindas árvores que embelezam e promovem um colorido no final do inverno. Existe uma crença popular de que quando o ipê-amarelo floresce não vão ocorrer mais geadas. Infelizmente, a espécie é considerada vulnerável quanto à ameaça de extinção.

A Tabebuia alba, natural do semi-árido alagoano está adaptada a todas as regiões fisiográficas, levando o governo, por meio do Decreto nº 6239, a transformar a espécie como a árvore símbolo do estado, estando, pois sob a sua tutela, não mais podendo ser suprimida de seus habitats naturais.

Taxonomia

Família: Bignoniaceae

Espécie: Tabebuia Alba (Chamiso) Sandwith

Sinonímia botânica: Handroanthus albus (Chamiso) Mattos; Tecoma alba Chamisso

Outros nomes vulgares: ipê-amarelo, ipê, aipê, ipê-branco, ipê-mamono, ipê-mandioca, ipê-ouro, ipê-pardo, ipê-vacariano, ipê-tabaco, ipê-do-cerrado, ipê-dourado, ipê-da-serra, ipezeiro, pau-d’arco-amarelo, taipoca.

Aspectos Ecológicos

O ipê-amarelo é uma espécie heliófita (Planta adaptada ao crescimento em ambiente aberto ou exposto à luz direta) e decídua (que perde as folhas em determinada época do ano). Pertence ao grupo das espécies secundárias iniciais (DURIGAN & NOGUEIRA, 1990).

Abrange a Floresta Pluvial da Mata Atlântica e da Floresta Latifoliada Semidecídua, ocorrendo principalmente no interior da Floresta Primária Densa. É característica de sub-bosques dos pinhais, onde há regeneração regular.

Informações Botânicas

Morfologia

As árvores de Tabebuia alba possuem cerca de 30 metros de altura. O tronco é reto ou levemente tortuoso, com fuste de 5 a 8 m de altura. A casca externa é grisáceo-grossa, possuindo fissuras longitudinais esparas e profundas. A coloração desta é cinza-rosa intenso, com camadas fibrosas, muito resistentes e finas, porém bem distintas.

Com ramos grossos, tortuosos e compridos, o ipê-amarelo possui copa alongada e alargada na base. As raízes de sustentação e absorção são vigorosas e profundas.

As folhas, deciduais, são opostas, digitadas e compostas. A face superior destas folhas é verde-escura, e, a face inferior, acinzentada, sendo ambas as faces tomentosas. Os pecíolos das folhas medem de 2,5 a 10 cm de comprimento. Os folíolos, geralmente, apresentam-se em número de 5 a 7, possuindo de 7 a 18 cm de comprimento por 2 a 6 cm de largura. Quando jovem estes folíolos são densamente pilosos em ambas as faces. O ápice destes é pontiagudo, com base arredondada e margem serreada.

As flores, grandes e lanceoladas, são de coloração amarelo-ouro. Possuem em média 8X15 cm.

Quanto aos frutos, estes possuem forma de cápsula bivalvar e são secos e deiscentes. Do tipo síliqua, lembram uma vagem. Medem de 15 a 30 cm de comprimento por 1,5 a 2,5 cm de largura. As valvas são finamente tomentosas com pêlos ramificados. Possuem grande quantidade de sementes.

As sementes são membranáceas brilhantes e esbranquiçadas, de coloração marrom. Possuem de 2 a 3 cm de comprimento por 7 a 9 mm de largura e são aladas.

Reprodução

A espécie é caducifólia e a queda das folhas coincide com o período de floração. A floração inicia-se no final de agosto, podendo ocorrer alguma variação devido a fenômenos climáticos. Como a espécie floresce no final do inverno é influenciada pela intensidade do mesmo. Quanto mais frio e seco for o inverno, maior será a intensidade da florada do ipê amarelo.

As flores por sua exuberância, atraem abelhas e pássaros, principalmente beija-flores que são importantes agentes polinizadores. Segundo CARVALHO (2003), a espécie possui como vetor de polinização a abelha mamangava (Bombus morio).

As sementes são dispersas pelo vento.

A planta é hermafrodita, e frutifica nos meses de setembro, outubro, novembro, dezembro, janeiro e fevereiro, dependendo da sua localização. Em cultivo, a espécie inicia o processo reprodutivo após o terceiro ano.

Ocorrência Natural

Ocorre naturalmente na Floresta Estaciobal Semidecicual, Floresta de Araucária e no Cerrado.

Segundo o IBGE, a Tabebuia alba (Cham.) Sandw. é uma árvore do Cerrado, Cerradão e Mata Seca. Apresentando-se nos campos secos (savana gramíneo-lenhosa), próximo às escarpas.

Clima

Segundo a classificação de Köppen, o ipê-amarelo abrange locais de clima tropical (Aw), subtropical úmido (Cfa), sutropical de altitude (Cwa e Cwb) e temperado.

A T.alba pode tolerar até 81 geadas em um ano. Ocorre em locais onde a temperatura média anual varia de 14,4ºC como mínimo e 22,4ºC como máximo.

Solo

A espécie prefere solos úmidos, com drenagem lenta e geralmente não muito ondulados (LONGHI, 1995).

Aparece em terras de boa à média fertilidade, em solos profundos ou rasos, nas matas e raramente cerradões (NOGUEIRA, 1977).

Pragas e Doenças

De acordo com CARVALHO (2003), possui como praga a espécie de coleópteros Cydianerus bohemani da família Curculionoideae e um outro coleóptero da família Chrysomellidae. Apesar da constatação de elevados índices populacionais do primeiro, os danos ocasionados até o momento são leves. Nas praças e ruas de Curitiba - PR, 31% das árvores foram atacadas pela Cochonilha Ceroplastes grandis.

ZIDKO (2002), ao estudar no município de Piracicaba a associação de coleópteros em espécies arbóreas, verificou a presença de insetos adultos da espécie Sitophilus linearis da família de coleópteros, Curculionidae, em estruturas reprodutivas. Os insetos adultos da espécie emergiram das vagens do ipê, danificando as sementes desta espécie nativa.

ANDRADE (1928) assinalou diversas espécies de Cerambycidae atacando essências florestais vivas, como ingazeiro, cinamomo, cangerana, cedro, caixeta, jacarandá, araribá, jatobá, entre outras como o ipê amarelo.

A Madeira

A Tabebuia alba produz madeira de grande durabilidade e resistência ao apodrecimento (LONGHI,1995).

MANIERI (1970) caracteriza o cerne desta espécie como de cor pardo-havana-claro, pardo-havan-escuro, ou pardo-acastanhado, com reflexos esverdeados. A superfície da madeira é irregularmente lustrosa, lisa ao tato, possuindo textura media e grã-direita.

Com densidade entre 0,90 e 1,15 grama por centímetro cúbico, a madeira é muito dura (LORENZI, 1992), apresentando grande dificuldade ao serrar.

A madeira possui cheiro e gosto distintos. Segundo LORENZI (1992), o cheiro característico é devido à presença da substância lapachol, ou ipeína.

Usos da Madeira

Sendo pesada, com cerne escuro, adquire grande valor comercial na marcenaria e carpintaria. Também é utilizada para fabricação de dormentes, moirões, pontes, postes, eixos de roda, varais de carroça, moendas de cana, etc.

Produtos Não-Madeireiros

A entrecasca do ipê-amarelo possui propriedades terapêuticas como adstringente, usada no tratamento de garganta e estomatites. É também usada como diurético.

O ipê-amarelo possui flores melíferas e que maduras podem ser utilizadas na alimentação humana.

Outros Usos

É comumente utilizada em paisagismo de parques e jardins pela beleza e porte. Além disso, é muito utilizada na arborização urbana.

Segundo MOREIRA & SOUZA (1987), o ipê-amarelo costuma povoar as beiras dos rios sendo, portanto, indicado para recomposição de matas ciliares. MARTINS (1986), também cita a espécie para recomposição de matas ciliares da Floresta Estacional Semidecidual, abrangendo alguns municípios das regiões Norte, Noroeste e parte do Oeste do Estado do Paraná.

Aspectos Silviculturais

Possui a tendência a crescer reto e sem bifurcações quando plantado em reflorestamento misto, pois é espécie monopodial. A desrrama se faz muito bem e a cicatrização é boa. Sendo assim, dificilmente encopa quando nova, a não ser que seja plantado em parques e jardins.

Ao ser utilizada em arborização urbana, o ipê amarelo requer podas de condução com freqüência mediana.

Espécie heliófila apresenta a pleno sol ramificação cimosa, registrando-se assim dicotomia para gema apical. Deve ser preconizada, para seu melhor aproveitamento madeireiro, podas de formação usuais (INQUE et al., 1983).

Produção de Mudas

A propagação deve realizada através de enxertia.

Os frutos devem ser coletados antes da dispersão, para evitar a perda de sementes. Após a coleta as sementes são postas em ambiente ventilado e a extração é feita manualmente. As sementes do ipê amarelo são ortodoxas, mantendo a viabilidade natural por até 3 meses em sala e por até 9 meses em vidro fechado, em câmara fria.

A condução das mudas deve ser feita a pleno sol. A muda atinge cerca de 30 cm em 9 meses, apresentando tolerância ao sol 3 semanas após a germinação.

Sementes

Os ipês, espécies do gênero Tabebuia, produzem uma grande quantidade de sementes leves, aladas com pequenas reservas, e que perdem a viabilidade em poucos dias após a sua coleta. A sua conservação vem sendo estudada em termos de determinação da condição ideal de armazenamento, e tem demonstrado a importância de se conhecer o comportamento da espécie quando armazenada com diferentes teores de umidade inicial, e a umidade de equilíbrio crítica para a espécie (KANO; MÁRQUEZ & KAGEYAMA, 1978).

As levíssimas sementes aladas da espécie não necessitam de quebra de dormência. Podem apenas ser expostas ao sol por cerca de 6 horas e semeadas diretamente nos saquinhos. A quebra natural leva cerca de 3 meses e a quebra na câmara leva 9 meses. A germinação ocorre após 30 dias e de 80%.

As sementes são ortodoxas e há aproximadamente 87000 sementes em cada quilo.

Preço da Madeira no Mercado

O preço médio do metro cúbico de pranchas de ipê no Estado do Pará cotado em Julho e Agosto de 2005 foi de R$1.200,00 o preço mínimo, R$ 1509,35 o médio e R$ 2.000,00 o preço máximo (CEPEA,2005).

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Ipê Amarelo, Tabebuia [chrysotricha or ochracea].

Ipê-amarelo em Brasília, Brasil.

This tree is in Brasília, Capital of Brazil.

 

Text, in english, from Wikipedia, the free encyclopedia

"Trumpet tree" redirects here. This term is occasionally used for the Shield-leaved Pumpwood (Cecropia peltata).

Tabebuia

Flowering Araguaney or ipê-amarelo (Tabebuia chrysantha) in central Brazil

Scientific classification

Kingdom: Plantae

(unranked): Angiosperms

(unranked): Eudicots

(unranked): Asterids

Order: Lamiales

Family: Bignoniaceae

Tribe: Tecomeae

Genus: Tabebuia

Gomez

Species

Nearly 100.

Tabebuia is a neotropical genus of about 100 species in the tribe Tecomeae of the family Bignoniaceae. The species range from northern Mexico and the Antilles south to northern Argentina and central Venezuela, including the Caribbean islands of Hispaniola (Dominican Republic and Haiti) and Cuba. Well-known common names include Ipê, Poui, trumpet trees and pau d'arco.

They are large shrubs and trees growing to 5 to 50 m (16 to 160 ft.) tall depending on the species; many species are dry-season deciduous but some are evergreen. The leaves are opposite pairs, complex or palmately compound with 3–7 leaflets.

Tabebuia is a notable flowering tree. The flowers are 3 to 11 cm (1 to 4 in.) wide and are produced in dense clusters. They present a cupular calyx campanulate to tubular, truncate, bilabiate or 5-lobed. Corolla colors vary between species ranging from white, light pink, yellow, lavender, magenta, or red. The outside texture of the flower tube is either glabrous or pubescentThe fruit is a dehiscent pod, 10 to 50 cm (4 to 20 in.) long, containing numerous—in some species winged—seeds. These pods often remain on the tree through dry season until the beginning of the rainy.

Species in this genus are important as timber trees. The wood is used for furniture, decking, and other outdoor uses. It is increasingly popular as a decking material due to its insect resistance and durability. By 2007, FSC-certified ipê wood had become readily available on the market, although certificates are occasionally forged.

Tabebuia is widely used as ornamental tree in the tropics in landscaping gardens, public squares, and boulevards due to its impressive and colorful flowering. Many flowers appear on still leafless stems at the end of the dry season, making the floral display more conspicuous. They are useful as honey plants for bees, and are popular with certain hummingbirds. Naturalist Madhaviah Krishnan on the other hand once famously took offense at ipé grown in India, where it is not native.

Lapacho teaThe bark of several species has medical properties. The bark is dried, shredded, and then boiled making a bitter or sour-tasting brownish-colored tea. Tea from the inner bark of Pink Ipê (T. impetiginosa) is known as Lapacho or Taheebo. Its main active principles are lapachol, quercetin, and other flavonoids. It is also available in pill form. The herbal remedy is typically used during flu and cold season and for easing smoker's cough. It apparently works as expectorant, by promoting the lungs to cough up and free deeply embedded mucus and contaminants. However, lapachol is rather toxic and therefore a more topical use e.g. as antibiotic or pesticide may be advisable. Other species with significant folk medical use are T. alba and Yellow Lapacho (T. serratifolia)

Tabebuia heteropoda, T. incana, and other species are occasionally used as an additive to the entheogenic drink Ayahuasca.

Mycosphaerella tabebuiae, a plant pathogenic sac fungus, was first discovered on an ipê tree.

Tabebuia alba

Tabebuia anafensis

Tabebuia arimaoensis

Tabebuia aurea – Caribbean Trumpet Tree

Tabebuia bilbergii

Tabebuia bibracteolata

Tabebuia cassinoides

Tabebuia chrysantha – Araguaney, Yellow Ipê, tajibo (Bolivia), ipê-amarelo (Brazil), cañaguate (N Colombia)

Tabebuia chrysotricha – Golden Trumpet Tree

Tabebuia donnell-smithii Rose – Gold Tree, "Prima Vera", Cortez blanco (El Salvador), San Juan (Honduras), palo blanco (Guatemala),duranga (Mexico)

A native of Mexico and Central Americas, considered one of the most colorful of all Central American trees. The leaves are deciduous. Masses of golden-yellow flowers cover the crown after the leaves are shed.

Tabebuia dubia

Tabebuia ecuadorensis

Tabebuia elongata

Tabebuia furfuracea

Tabebuia geminiflora Rizz. & Mattos

Tabebuia guayacan (Seem.) Hemsl.

Tabebuia haemantha

Tabebuia heptaphylla (Vell.) Toledo – tajy

Tabebuia heterophylla – roble prieto

Tabebuia heteropoda

Tabebuia hypoleuca

Tabebuia impetiginosa – Pink Ipê, Pink Lapacho, ipê-cavatã, ipê-comum, ipê-reto, ipê-rosa, ipê-roxo-damata, pau d'arco-roxo, peúva, piúva (Brazil), lapacho negro (Spanish); not "brazilwood"

Tabebuia incana

Tabebuia jackiana

Tabebuia lapacho – lapacho amarillo

Tabebuia orinocensis A.H. Gentry[verification needed]

Tabebuia ochracea

Tabebuia oligolepis

Tabebuia pallida – Cuban Pink Trumpet Tree

Tabebuia platyantha

Tabebuia polymorpha

Tabebuia rosea (Bertol.) DC.[verification needed] (= T. pentaphylla (L.) Hemsley) – Pink Poui, Pink Tecoma, apama, apamate, matilisguate

A popular street tree in tropical cities because of its multi-annular masses of light pink to purple flowers and modest size. The roots are not especially destructive for roads and sidewalks. It is the national tree of El Salvador and the state tree of Cojedes, Venezuela

Tabebuia roseo-alba – White Ipê, ipê-branco (Brazil), lapacho blanco

Tabebuia serratifolia – Yellow Lapacho, Yellow Poui, ipê-roxo (Brazil)

Tabebuia shaferi

Tabebuia striata

Tabebuia subtilis Sprague & Sandwith

Tabebuia umbellata

Tabebuia vellosoi Toledo

 

Ipê-do-cerrado

Texto, em português, da Wikipédia, a enciclopédia livre.

Ipê-do-cerrado

Classificação científica

Reino: Plantae

Divisão: Magnoliophyta

Classe: Magnoliopsida

Subclasse: Asteridae

Ordem: Lamiales

Família: Bignoniaceae

Género: Tabebuia

Espécie: T. ochracea

Nome binomial

Tabebuia ochracea

(Cham.) Standl. 1832

Sinónimos

Bignonia tomentosa Pav. ex DC.

Handroanthus ochraceus (Cham.) Mattos

Tabebuia chrysantha (Jacq.) G. Nicholson

Tabebuia hypodictyon A. DC.) Standl.

Tabebuia neochrysantha A.H. Gentry

Tabebuia ochracea subsp. heteropoda (A. DC.) A.H. Gentry

Tabebuia ochracea subsp. neochrysantha (A.H. Gentry) A.H. Gentry

Tecoma campinae Kraenzl.

ecoma grandiceps Kraenzl.

Tecoma hassleri Sprague

Tecoma hemmendorffiana Kraenzl.

Tecoma heteropoda A. DC.

Tecoma hypodictyon A. DC.

Tecoma ochracea Cham.

Ipê-do-cerrado é um dos nomes populares da Tabebuia ochracea (Cham.) Standl. 1832, nativa do cerrado brasileiro, no estados de Amazonas, Pará, Maranhão, Piauí, Ceará, Pernambuco, Bahia, Espírito Santo, Goiás, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul, Minas Gerais, Rio de Janeiro, São Paulo e Paraná.

Está na lista de espécies ameaçadas do estado de São Paulo, onde é encontrda também no domínio da Mata Atlântica[1].

Ocorre também na Argentina, Paraguai, Bolívia, Equador, Peru, Venezuela, Guiana, El Salvador, Guatemala e Panamá[2].

Há uma espécie homônima descrita por A.H. Gentry em 1992.

Outros nomes populares: ipê-amarelo, ipê-cascudo, ipê-do-campo, ipê-pardo, pau-d'arco-do-campo, piúva, tarumã.

Características

Altura de 6 a 14 m. Tronco tortuso com até 50 cm de diâmetro. Folhas pilosas em ambas as faces, mais na inferior, que é mais clara.

Planta decídua, heliófita, xerófita, nativa do cerrado em solos bem drenados.

Floresce de julho a setembro. Os frutos amadurecem de setembro a outubro.

FloresProduz grande quantidade de sementes leves, aladas com pequenas reservas, e que perdem a viabilidade em menos de 90 dias após coleta. A sua conservação vem sendo estudada em termos de determinação da condição ideal de armazenamento, e tem demonstrado a importância de se conhecer o comportamento da espécie quando armazenada com diferentes teores de umidade inicial, e a umidade de equilíbrio crítica para a espécie (KANO; MÁRQUEZ & KAGEYAMA, 1978). As levíssimas sementes aladas da espécie não necessitam de quebra de dormência. Podem apenas ser expostas ao sol por cerca de 6 horas e semeadas diretamente nos saquinhos. A germinação ocorre após 30 dias e de 80%. As sementes são ortodoxas e há aproximadamente 72 000 sementes em cada quilo.

O desenvolvimento da planta é rápido.

Como outros ipês, a madeira é usada em tacos, assoalhos, e em dormentes e postes. Presta-se também para peças torneadas e instrumento musicais.

 

Tabebuia alba (Ipê-Amarelo)

Texto, em português, produzido pela Acadêmica Giovana Beatriz Theodoro Marto

Supervisão e orientação do Prof. Luiz Ernesto George Barrichelo e do Eng. Paulo Henrique Müller

Atualizado em 10/07/2006

 

O ipê amarelo é a árvore brasileira mais conhecida, a mais cultivada e, sem dúvida nenhuma, a mais bela. É na verdade um complexo de nove ou dez espécies com características mais ou menos semelhantes, com flores brancas, amarelas ou roxas. Não há região do país onde não exista pelo menos uma espécie dele, porém a existência do ipê em habitat natural nos dias atuais é rara entre a maioria das espécies (LORENZI,2000).

A espécie Tabebuia alba, nativa do Brasil, é uma das espécies do gênero Tabebuia que possui “Ipê Amarelo” como nome popular. O nome alba provém de albus (branco em latim) e é devido ao tomento branco dos ramos e folhas novas.

As árvores desta espécie proporcionam um belo espetáculo com sua bela floração na arborização de ruas em algumas cidades brasileiras. São lindas árvores que embelezam e promovem um colorido no final do inverno. Existe uma crença popular de que quando o ipê-amarelo floresce não vão ocorrer mais geadas. Infelizmente, a espécie é considerada vulnerável quanto à ameaça de extinção.

A Tabebuia alba, natural do semi-árido alagoano está adaptada a todas as regiões fisiográficas, levando o governo, por meio do Decreto nº 6239, a transformar a espécie como a árvore símbolo do estado, estando, pois sob a sua tutela, não mais podendo ser suprimida de seus habitats naturais.

Taxonomia

Família: Bignoniaceae

Espécie: Tabebuia Alba (Chamiso) Sandwith

Sinonímia botânica: Handroanthus albus (Chamiso) Mattos; Tecoma alba Chamisso

Outros nomes vulgares: ipê-amarelo, ipê, aipê, ipê-branco, ipê-mamono, ipê-mandioca, ipê-ouro, ipê-pardo, ipê-vacariano, ipê-tabaco, ipê-do-cerrado, ipê-dourado, ipê-da-serra, ipezeiro, pau-d’arco-amarelo, taipoca.

Aspectos Ecológicos

O ipê-amarelo é uma espécie heliófita (Planta adaptada ao crescimento em ambiente aberto ou exposto à luz direta) e decídua (que perde as folhas em determinada época do ano). Pertence ao grupo das espécies secundárias iniciais (DURIGAN & NOGUEIRA, 1990).

Abrange a Floresta Pluvial da Mata Atlântica e da Floresta Latifoliada Semidecídua, ocorrendo principalmente no interior da Floresta Primária Densa. É característica de sub-bosques dos pinhais, onde há regeneração regular.

Informações Botânicas

Morfologia

As árvores de Tabebuia alba possuem cerca de 30 metros de altura. O tronco é reto ou levemente tortuoso, com fuste de 5 a 8 m de altura. A casca externa é grisáceo-grossa, possuindo fissuras longitudinais esparas e profundas. A coloração desta é cinza-rosa intenso, com camadas fibrosas, muito resistentes e finas, porém bem distintas.

Com ramos grossos, tortuosos e compridos, o ipê-amarelo possui copa alongada e alargada na base. As raízes de sustentação e absorção são vigorosas e profundas.

As folhas, deciduais, são opostas, digitadas e compostas. A face superior destas folhas é verde-escura, e, a face inferior, acinzentada, sendo ambas as faces tomentosas. Os pecíolos das folhas medem de 2,5 a 10 cm de comprimento. Os folíolos, geralmente, apresentam-se em número de 5 a 7, possuindo de 7 a 18 cm de comprimento por 2 a 6 cm de largura. Quando jovem estes folíolos são densamente pilosos em ambas as faces. O ápice destes é pontiagudo, com base arredondada e margem serreada.

As flores, grandes e lanceoladas, são de coloração amarelo-ouro. Possuem em média 8X15 cm.

Quanto aos frutos, estes possuem forma de cápsula bivalvar e são secos e deiscentes. Do tipo síliqua, lembram uma vagem. Medem de 15 a 30 cm de comprimento por 1,5 a 2,5 cm de largura. As valvas são finamente tomentosas com pêlos ramificados. Possuem grande quantidade de sementes.

As sementes são membranáceas brilhantes e esbranquiçadas, de coloração marrom. Possuem de 2 a 3 cm de comprimento por 7 a 9 mm de largura e são aladas.

Reprodução

A espécie é caducifólia e a queda das folhas coincide com o período de floração. A floração inicia-se no final de agosto, podendo ocorrer alguma variação devido a fenômenos climáticos. Como a espécie floresce no final do inverno é influenciada pela intensidade do mesmo. Quanto mais frio e seco for o inverno, maior será a intensidade da florada do ipê amarelo.

As flores por sua exuberância, atraem abelhas e pássaros, principalmente beija-flores que são importantes agentes polinizadores. Segundo CARVALHO (2003), a espécie possui como vetor de polinização a abelha mamangava (Bombus morio).

As sementes são dispersas pelo vento.

A planta é hermafrodita, e frutifica nos meses de setembro, outubro, novembro, dezembro, janeiro e fevereiro, dependendo da sua localização. Em cultivo, a espécie inicia o processo reprodutivo após o terceiro ano.

Ocorrência Natural

Ocorre naturalmente na Floresta Estaciobal Semidecicual, Floresta de Araucária e no Cerrado.

Segundo o IBGE, a Tabebuia alba (Cham.) Sandw. é uma árvore do Cerrado, Cerradão e Mata Seca. Apresentando-se nos campos secos (savana gramíneo-lenhosa), próximo às escarpas.

Clima

Segundo a classificação de Köppen, o ipê-amarelo abrange locais de clima tropical (Aw), subtropical úmido (Cfa), sutropical de altitude (Cwa e Cwb) e temperado.

A T.alba pode tolerar até 81 geadas em um ano. Ocorre em locais onde a temperatura média anual varia de 14,4ºC como mínimo e 22,4ºC como máximo.

Solo

A espécie prefere solos úmidos, com drenagem lenta e geralmente não muito ondulados (LONGHI, 1995).

Aparece em terras de boa à média fertilidade, em solos profundos ou rasos, nas matas e raramente cerradões (NOGUEIRA, 1977).

Pragas e Doenças

De acordo com CARVALHO (2003), possui como praga a espécie de coleópteros Cydianerus bohemani da família Curculionoideae e um outro coleóptero da família Chrysomellidae. Apesar da constatação de elevados índices populacionais do primeiro, os danos ocasionados até o momento são leves. Nas praças e ruas de Curitiba - PR, 31% das árvores foram atacadas pela Cochonilha Ceroplastes grandis.

ZIDKO (2002), ao estudar no município de Piracicaba a associação de coleópteros em espécies arbóreas, verificou a presença de insetos adultos da espécie Sitophilus linearis da família de coleópteros, Curculionidae, em estruturas reprodutivas. Os insetos adultos da espécie emergiram das vagens do ipê, danificando as sementes desta espécie nativa.

ANDRADE (1928) assinalou diversas espécies de Cerambycidae atacando essências florestais vivas, como ingazeiro, cinamomo, cangerana, cedro, caixeta, jacarandá, araribá, jatobá, entre outras como o ipê amarelo.

A Madeira

A Tabebuia alba produz madeira de grande durabilidade e resistência ao apodrecimento (LONGHI,1995).

MANIERI (1970) caracteriza o cerne desta espécie como de cor pardo-havana-claro, pardo-havan-escuro, ou pardo-acastanhado, com reflexos esverdeados. A superfície da madeira é irregularmente lustrosa, lisa ao tato, possuindo textura media e grã-direita.

Com densidade entre 0,90 e 1,15 grama por centímetro cúbico, a madeira é muito dura (LORENZI, 1992), apresentando grande dificuldade ao serrar.

A madeira possui cheiro e gosto distintos. Segundo LORENZI (1992), o cheiro característico é devido à presença da substância lapachol, ou ipeína.

Usos da Madeira

Sendo pesada, com cerne escuro, adquire grande valor comercial na marcenaria e carpintaria. Também é utilizada para fabricação de dormentes, moirões, pontes, postes, eixos de roda, varais de carroça, moendas de cana, etc.

Produtos Não-Madeireiros

A entrecasca do ipê-amarelo possui propriedades terapêuticas como adstringente, usada no tratamento de garganta e estomatites. É também usada como diurético.

O ipê-amarelo possui flores melíferas e que maduras podem ser utilizadas na alimentação humana.

Outros Usos

É comumente utilizada em paisagismo de parques e jardins pela beleza e porte. Além disso, é muito utilizada na arborização urbana.

Segundo MOREIRA & SOUZA (1987), o ipê-amarelo costuma povoar as beiras dos rios sendo, portanto, indicado para recomposição de matas ciliares. MARTINS (1986), também cita a espécie para recomposição de matas ciliares da Floresta Estacional Semidecidual, abrangendo alguns municípios das regiões Norte, Noroeste e parte do Oeste do Estado do Paraná.

Aspectos Silviculturais

Possui a tendência a crescer reto e sem bifurcações quando plantado em reflorestamento misto, pois é espécie monopodial. A desrrama se faz muito bem e a cicatrização é boa. Sendo assim, dificilmente encopa quando nova, a não ser que seja plantado em parques e jardins.

Ao ser utilizada em arborização urbana, o ipê amarelo requer podas de condução com freqüência mediana.

Espécie heliófila apresenta a pleno sol ramificação cimosa, registrando-se assim dicotomia para gema apical. Deve ser preconizada, para seu melhor aproveitamento madeireiro, podas de formação usuais (INQUE et al., 1983).

Produção de Mudas

A propagação deve realizada através de enxertia.

Os frutos devem ser coletados antes da dispersão, para evitar a perda de sementes. Após a coleta as sementes são postas em ambiente ventilado e a extração é feita manualmente. As sementes do ipê amarelo são ortodoxas, mantendo a viabilidade natural por até 3 meses em sala e por até 9 meses em vidro fechado, em câmara fria.

A condução das mudas deve ser feita a pleno sol. A muda atinge cerca de 30 cm em 9 meses, apresentando tolerância ao sol 3 semanas após a germinação.

Sementes

Os ipês, espécies do gênero Tabebuia, produzem uma grande quantidade de sementes leves, aladas com pequenas reservas, e que perdem a viabilidade em poucos dias após a sua coleta. A sua conservação vem sendo estudada em termos de determinação da condição ideal de armazenamento, e tem demonstrado a importância de se conhecer o comportamento da espécie quando armazenada com diferentes teores de umidade inicial, e a umidade de equilíbrio crítica para a espécie (KANO; MÁRQUEZ & KAGEYAMA, 1978).

As levíssimas sementes aladas da espécie não necessitam de quebra de dormência. Podem apenas ser expostas ao sol por cerca de 6 horas e semeadas diretamente nos saquinhos. A quebra natural leva cerca de 3 meses e a quebra na câmara leva 9 meses. A germinação ocorre após 30 dias e de 80%.

As sementes são ortodoxas e há aproximadamente 87000 sementes em cada quilo.

Preço da Madeira no Mercado

O preço médio do metro cúbico de pranchas de ipê no Estado do Pará cotado em Julho e Agosto de 2005 foi de R$1.200,00 o preço mínimo, R$ 1509,35 o médio e R$ 2.000,00 o preço máximo (CEPEA,2005).

Graphite from Ceylon (Sri Lanka). (public display, Carnegie Museum of Natural History, Pittsburgh, Pennsylvania, USA).

 

A mineral is a naturally-occurring, solid, inorganic, crystalline substance having a fairly definite chemical composition and having fairly definite physical properties. At its simplest, a mineral is a naturally-occurring solid chemical. Currently, there are over 5900 named and described minerals - about 200 of them are common and about 20 of them are very common. Mineral classification is based on anion chemistry. Major categories of minerals are: elements, sulfides, oxides, halides, carbonates, sulfates, phosphates, and silicates.

 

Elements are fundamental substances of matter - matter that is composed of the same types of atoms. At present, 118 elements are known (four of them are still unnamed). Of these, 98 occur naturally on Earth (hydrogen to californium). Most of these occur in rocks & minerals, although some occur in very small, trace amounts. Only some elements occur in their native elemental state as minerals.

 

To find a native element in nature, it must be relatively non-reactive and there must be some concentration process. Metallic, semimetallic (metalloid), and nonmetallic elements are known in their native state.

 

The element carbon principally occurs in its native state as the minerals graphite (C) and diamond (C). Graphite is the common & far less valuable polymorph of carbon. Graphite has a metallic luster and a silvery-gray color. It is very soft (H = 1), has a slick, greasy feel, and readily marks paper. Graphite does have cleavage, but it is not apparent at the hand specimen scale. The ability of graphite to mark paper, its softness, and its greasy feel are all a consequence of cleavage sheets easily slipping over each other on a microscopic scale.

 

Ese es uno de las más de 30 especies de encinos que hay aquí en Nuevo León, esta es bastante común en las partes altas de las montañas, como por ejemplo Chipinque.

 

Otras especies

 

ENCINO ROBLE (Quercus polymorpha)

 

ENCINO SIEMPRE VERDE (Quercus fusiformis)

 

Para que vean las diferencias en las hojas con otras especies:

 

Encino roble (Quercus polymorpha)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

I used some polymorph (black) to capture the shape of the SIEG 7xN mini-lathe ways, then oiled it and used some more (white) to make a positive mould. It's not very precise, but it should do until I can make a better one out of metal.

 

Why make it at all? Because if I make items that attach to the ways, it'll involve milling -- and it's a lot easier to verify fit and remain accurate when you don't have to dismount the work from the mill in order to test it against the lathe.

Illustration for a comparative ecophylogenetic analysis of local myrmecofaunas, based on r/K selection theory and intra / interspecific parabiosis / lestobiosis, particularly focused on allochthonous and invasive species.

 

[Camponotus Mayr 1861: 1,083+†29 (IT: 19+†0) spp (41.2-0.0 mya)]

 

Parabiotic of Crematogaster scutellaris, Lasius emarginatus, Lasius lasioides, Pheidole pallidula, Solenopsis fugax, Tapinoma magnum.

 

Camponotus is an extremely large and complex, globally distributed genus. At present, nearly 500 sspp belonging to 45 sgg have been described and it could well be the largest ant genus of all. The enormous species richness, high levels of intraspecific and geographic variation and polymorphism render the taxonomy of Camponotus one of the most complex and difficult. Revisionary studies are generally confined to species groups and/or small geographical regions. These ants live in a variety of habitats and microhabitats and the sheer size of the genus makes any characterisation of their biology challenging. Nests are built in the ground, in rotten branches or twigs, or rarely into living wood and most spp possess a highly generalistic diet.

 

REFERENCES

 

P. Klimeš & al. 2022: Camponotini phylogeny.

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Diamond (replica) from the Precambrian of South Africa. (public display, Denver Museum of Nature & Science, Denver, Colorado, USA)

 

A mineral is a naturally-occurring, solid, inorganic, crystalline substance having a fairly definite chemical composition and having fairly definite physical properties. At its simplest, a mineral is a naturally-occurring solid chemical. Currently, there are over 5200 named and described minerals - about 200 of them are common and about 20 of them are very common. Mineral classification is based on anion chemistry. Major categories of minerals are: elements, sulfides, oxides, halides, carbonates, sulfates, phosphates, and silicates.

 

Elements are fundamental substances of matter - matter that is composed of the same types of atoms. At present, 118 elements are known (four of them are still unnamed). Of these, 98 occur naturally on Earth (hydrogen to californium). Most of these occur in rocks & minerals, although some occur in very small, trace amounts. Only some elements occur in their native elemental state as minerals.

 

To find a native element in nature, it must be relatively non-reactive and there must be some concentration process. Metallic, semimetallic (metalloid), and nonmetallic elements are known in their native state.

 

The element carbon occurs principally in its native state as graphite (C) and diamond (C). Graphite is the common & far less valuable polymorph of carbon. A scarce polymorph of carbon is diamond. The physical properties of diamond and graphite couldn’t be more different, considering they have the same chemistry. Diamond has a nonmetallic, adamantine luster, typically occurs in cubic or octahedral (double-pyramid) crystals, or subspherical to irregularly-shaped masses, and is extremely hard (H≡10). Diamonds can be almost any color, but are typically clearish, grayish, or yellowish. Many diamonds are noticeably fluorescent under black light (ultraviolet light), but the color and intensity of fluorescence varies. Some diamonds are phosphorescent - under certain conditions, they glow for a short interval on their own.

 

Very rarely, diamond is a rock-forming mineral (see diamondite - www.flickr.com/photos/jsjgeology/14618393527).

 

The specimen shown above is a replica of the Cullinan Diamond, the largest gem-quality diamond ever found. It came from the Premier Kimberlite Pipe near the town of Cullinan, ~30 km northeast of Pretoria, in northeastern South Africa. When discovered in 1905, the Cullinan Diamond measured 10.5 cm across at its widest (= 4.25 inches - about the size of a fist), and weighed ~1.5 pounds. Uncut, the Cullinan was 3026 carats. The Cullinan was cut into 105 gemstones, the largest of which is the Great Star of Africa (530 carats) (www.original-diamonds.com/images/famous_great_africa.jpg), on display with the British Crown Jewels in the Tower of London.

 

The Premier Kimberlite Pipe erupted about 1.2 billion years ago, during the Mesoproterozoic. It is significantly diamondiferous (some of the diamonds pictured here are from the Premier Kimberlite - www.johnbetts-fineminerals.com/jhbnyc/diambest.htm). Published inclusion dating studies have shown that Premier diamonds fall into three age groups:

1) ~1.2 billion year eclogitic diamonds (Mesoproterozoic)

2) ~1.9 billion year lherzolitic diamonds (Paleoproterozoic)

3) ~3.2 billion year diamonds (Mesoarchean)

 

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

As borboletas são insectos da ordem Lepidoptera classificados nas super-famílias Hesperioidea e Papilionoidea, que constituem o grupo informal Rhopalocera.

 

As borboletas têm dois pares de asas membranosas cobertas de escamas e peças bucais adaptadas a sucção. Distinguem-se das traças (mariposas) pelas antenas rectilíneas que terminam numa bola, pelos hábitos de vida diurnos, pela metamorfose que decorre dentro de uma crisálida rígida e pelo abdómen fino e alongado. Quando em repouso, as borboletas dobram as suas asas para cima.

 

As borboletas são importantes polinizadores de diversas espécies de plantas.

 

O ciclo de vida das borboletas engloba as seguintes etapas:

 

1) ovo→ fase pré-larval

2) larva→ chamada também de lagarta ou taturana,

3) pupa→ que se desenvolve dentro da crisálida (ou casulo)

4) imago→ fase adulta

_______________________

 

A butterfly is any of several groups of mainly day-flying insects of the order Lepidoptera, the butterflies and moths. Like other holometabolous insects, butterflies' life cycle consists of four parts, egg, larva, pupa and adult. Most species are diurnal. Butterflies have large, often brightly coloured wings, and conspicuous, fluttering flight. Butterflies comprise the true butterflies (superfamily Papilionoidea), the skippers (superfamily Hesperioidea) and the moth-butterflies (superfamily Hedyloidea). All the many other families within the Lepidoptera are referred to as moths.

 

Butterflies exhibit polymorphism, mimicry and aposematism. Some, like the Monarch, will migrate over long distances. Some butterflies have evolved symbiotic and parasitic relationships with social insects such as ants. Butterflies are important economically as agents of pollination. The caterpillars of some butterflies eat harmful insects. A few species are pests because in their larval stages they can damage domestic crops or trees. Culturally, butterflies are a popular motif in the visual and literary arts.

Diamonds from the Wyoming-Colorado border area, USA. (public display, Wyoming Geological Survey, Laramie, Wyoming, USA)

 

A mineral is a naturally-occurring, solid, inorganic, crystalline substance having a fairly definite chemical composition and having fairly definite physical properties. At its simplest, a mineral is a naturally-occurring solid chemical. Currently, there are over 5400 named and described minerals - about 200 of them are common and about 20 of them are very common. Mineral classification is based on anion chemistry. Major categories of minerals are: elements, sulfides, oxides, halides, carbonates, sulfates, phosphates, and silicates.

 

Elements are fundamental substances of matter - matter that is composed of the same types of atoms. At present, 118 elements are known. Of these, 98 occur naturally on Earth (hydrogen to californium). Most of these occur in rocks & minerals, although some occur in very small, trace amounts. Only some elements occur in their native elemental state as minerals.

 

To find a native element in nature, it must be relatively non-reactive and there must be some concentration process. Metallic, semimetallic (metalloid), and nonmetallic elements are known in their native state.

 

The element carbon occurs principally in its native state as graphite (C) and diamond (C). Graphite is the common & far less valuable polymorph of carbon. A scarce polymorph of carbon is diamond. The physical properties of diamond and graphite couldn’t be more different, considering they have the same chemistry. Diamond has a nonmetallic, adamantine luster, typically occurs in cubic or octahedral (double-pyramid) crystals, or subspherical to irregularly-shaped masses, and is extremely hard (H≡10). Diamonds can be almost any color, but are typically clearish, grayish, or yellowish. Many diamonds are noticeably fluorescent under black light (ultraviolet light), but the color and intensity of fluorescence varies. Some diamonds are phosphorescent - under certain conditions, they glow for a short interval on their own.

 

Very rarely, diamond is a rock-forming mineral (see diamondite - www.flickr.com/photos/jsjgeology/14618393527).

 

A decent number of kimberlite bodies have been identified in the Rocky Mountains along the Colorado-Wyoming border, forming the State Line Kimberlite Field. The field is traditionally considered to represent many kimberlite bodies emplaced at about the same time. Recent isotopic dating has indicated this is not the case.

 

Locality: undisclosed site accessible to Cominco American Incorporated

 

La Philharmonie au fond et l'ancienne cité de la musique à droite, vues du parc de la Villette

 

La Philharmonie est un équipement novateur à plus d’un titre. D’un point de vue strictement architectural tout d’abord, tant le projet de Jean Nouvel ne ressemble à rien de connu dans le paysage urbain. Un bâtiment minéral aux allures de butte, situé dans le parc de la Villette, et dont il sera même possible de parcourir le toit ! Par ses dimensions comme par ses matériaux (des façades en fonte d’aluminium et en inox brillant), cet édifice s’inscrit fièrement dans la modernité. extraits du site officiel

 

Malgré cette autosatisfaction sur la créativité de l'architecte star français, on constate aisément que le bâtiment de la Philharmonie (non terminé ce 18 janvier 2015) écrase totalement l'ancienne Cité de la musique conçue avec beaucoup plus de raffinement et de finesse architecturale par Christian de Portzampac.

 

Quant aux Folies de Bernard Tschumi, situées dans le parc à proximité de la Philharmonie, elles disparaissent dans la masse et semblent reléguées au rang de maisons des gardiens !

 

Les dimensions de la Philharmonie, grise et lourde, sont inutilement imposantes, car elles dépassent largement celles de la grande salle de concert qu'elle abrite. Le mur-rideau qui donne cette impression de massivité n'a, à ma connaissance, qu'une fonction de belvédère accessible aux visiteurs pour admirer le parc et la banlieue environnante dont on peut pourtant douter de l'intérêt exceptionnel.

 

Cet ensemble architectural nouveau ressemble à un château médiéval construit sur une butte dominant un village. Au-delà de son rôle défensif, la taille du château avait aussi à cette époque la fonction de rappeler à la population la puissance du pouvoir dont elle dépendait. Il semble en être de même du bâtiment de Jean Nouvel.

 

Le service de communication de la Philharmonie écrit candidement que ce bâtiment ne cherche pas à dominer le site, et que cet édifice s’inscrit dans le contexte urbain et architectural, dialoguant avec les autres architectes du site.

 

On peut vraiment douter d'une telle affirmation contredite par le bon sens, tant ce manque d'équilibre entre les volumes architecturaux, proches les uns des autres, saute aux yeux.

 

Il existe heureusement des raisons de se réjouir de l'ouverture de la Philharmonie car la salle de concert est très réussie et les espaces éducatifs sont vastes et diversifiés ; cet équipement, qui a coûté très cher aux contribuables français, contribuera heureusement à mieux satisfaire la demande sociale vis à vis de la musique qui s'exprime largement en Ile-de-France. Mais une fois de plus, il est situé à Paris, et renforce encore la centralisation culturelle de notre pays.

 

Enfin, l'appellation "Cité de la musique" qui pourtant traduisait bien le caractère original et polymorphe du site de la Villette disparaît au profit de Philharmonie 1 pour le bâtiment de Jean Nouvel et Philharmonie 2 pour celui de Christian de Portzampac (le conservatoire reste distinct).

 

C'est le souci de rivaliser avec Berlin ou Rome qui a, paraît-il, prévalu afin de montrer qu'enfin Paris était doté de la salle symphonique qui lui manquait, comme l'a affirmé Pierre Boulez durant des décennies !

  

Le site de la Philharmonie de Paris

www.philharmoniedeparis.fr/fr/batiments/le-nouveau-batiment

Les Sources Occultes 008/999

 

Un film de Laurent Courau, d'après un scénario de Thierry Ehrmann.

 

Réalisation : Laurent Courau

Scénario : Thierry Ehrmann

Comédienne : Elora Bessey

Artificier : Thierry Loir

 

Remerciements à Jolan Bessey, Carine Dubois et Rodolphe Bessey.

 

© Les Amis de l'Esprit de la Salamandre 1999

 

Entre effroi et merveilles, une zone mouvante aux portes du futur et des enfers...

 

Les Sources Occultes vous entraînent au coeur d'un univers polymorphe dont les clés et les motifs se révéleront au fur et à mesure des épisodes de cette série de fictions. En attendant un final apocalyptique, au sens premier du terme, qui révélera la structure générale sous la forme d'un long-métrage...

 

Les Sources Occultes offrent aussi une nouvelle porte d'entrée dans le labyrinthe multidimensionnel de la Demeure du Chaos à celles et ceux qui postulent à notre casting, une occasion unique de pénétrer les arcanes de l'esprit de la Salamandre.

 

Secrets revealed of the Abode of Chaos (112 pages, adult only) >>>

Podarcis muralis male heads illustrating the colour variability in pentamorphic populations. Bonus ball: mutant blue individual!

The butterflies of North America

Boston :Houghton, Mifflin,1884.

biodiversitylibrary.org/page/56558141

Chairlift @ Lollapalooza 2016, Grant Park, Chicago, IL, on Saturday, July 30, 2016.

 

Lollapalooza 2016 Setlist:

 

Look Up

Polymorphing

Amanaemonesia

I Belong in Your Arms

Show U Off

Romeo

Crying In Public

Moth to the Flame

Ch-Ching

Get Real

As borboletas são insectos da ordem Lepidoptera classificados nas super-famílias Hesperioidea e Papilionoidea, que constituem o grupo informal Rhopalocera.

 

As borboletas têm dois pares de asas membranosas cobertas de escamas e peças bucais adaptadas a sucção. Distinguem-se das traças (mariposas) pelas antenas rectilíneas que terminam numa bola, pelos hábitos de vida diurnos, pela metamorfose que decorre dentro de uma crisálida rígida e pelo abdómen fino e alongado. Quando em repouso, as borboletas dobram as suas asas para cima.

 

As borboletas são importantes polinizadores de diversas espécies de plantas.

 

O ciclo de vida das borboletas engloba as seguintes etapas:

 

1) ovo→ fase pré-larval

2) larva→ chamada também de lagarta ou taturana,

3) pupa→ que se desenvolve dentro da crisálida (ou casulo)

4) imago→ fase adulta

_______________________

 

A butterfly is any of several groups of mainly day-flying insects of the order Lepidoptera, the butterflies and moths. Like other holometabolous insects, butterflies' life cycle consists of four parts, egg, larva, pupa and adult. Most species are diurnal. Butterflies have large, often brightly coloured wings, and conspicuous, fluttering flight. Butterflies comprise the true butterflies (superfamily Papilionoidea), the skippers (superfamily Hesperioidea) and the moth-butterflies (superfamily Hedyloidea). All the many other families within the Lepidoptera are referred to as moths.

 

Butterflies exhibit polymorphism, mimicry and aposematism. Some, like the Monarch, will migrate over long distances. Some butterflies have evolved symbiotic and parasitic relationships with social insects such as ants. Butterflies are important economically as agents of pollination. The caterpillars of some butterflies eat harmful insects. A few species are pests because in their larval stages they can damage domestic crops or trees. Culturally, butterflies are a popular motif in the visual and literary arts.

The butterflies of North America

Boston :Houghton, Mifflin,1884.

biodiversitylibrary.org/page/56558137

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Illustration for a comparative ecophylogenetic analysis of local myrmecofaunas, based on r/K selection theory and intra / interspecific parabiosis / lestobiosis, particularly focused on allochthonous and invasive species.

 

[Colobopsis Mayr 1861: 96+†0 (IT: 2+†0) spp]

 

Conspecific parapatric ☿, sx side; conspecific parapatric ♂♂, dorsal habitus and sx side.

 

Parabiotic of Camponotus lateralis, Crematogaster scutellaris, Lasius lasioides, Messor minor, Messor wasmanni, Solenopsis fugax.

 

Camponotus is an extremely large and complex, globally distributed genus. At present, nearly 500 sspp belonging to 45 sgg have been described and it could well be the largest ant genus of all. The enormous species richness, high levels of intraspecific and geographic variation and polymorphism render the taxonomy of Camponotus one of the most complex and difficult. Revisionary studies are generally confined to species groups and/or small geographical regions. These ants live in a variety of habitats and microhabitats and the sheer size of the genus makes any characterisation of their biology challenging. Nests are built in the ground, in rotten branches or twigs, or rarely into living wood and most spp possess a highly generalistic diet. Since 1889, Colobopsis has been used as a subgenus to include those Camponotus spp with sharply truncated heads in soldier ☿☿, as well as spp in which the anterior truncated surface of the head in major ☿☿ and in ♀♀ is distinctly marginate and in which even the mandibles have a sharp external ridge separating an anterior from a lateroventral face. In these spp the head presents a peculiar sculpture consisting of umbilicate punctures and there is an absence of a cocoon in the pupal stages of all the phases.

 

REFERENCES

 

P. Klimeš & al. 2022: Camponotini phylogeny.

S. Cantone 2018: Winged ants - queen.

P.S. Ward & al. 2015: A revised phylogenetic classification of Formicinæ, with resurrection of Colobopsis and Dinomyrmex.

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

The Danaid Eggfly shows female-limited mimetic polymorphism in Batesian mimicry. Here the two different forms of Danaid Eggfly Females are shown. ( See the comments )

The top one is in more common form ,known as Misippus form

The second one is known as Inaria ,shown below in comments of this picture

 

In short, they both are Danaid Eggfly (females) but in different forms.

 

They show female-limited polymorphism in Batesian mimicry. Hypolimnas misippus: across western India and Africa, males are monomorphic and nonmimetic whereas females are trimorphic, each mimicking a different form of the model, Danaus chrysippus. There are no male-like nonmimetic females in this species (Ford 1975; Smith 1984; Wynter-Blyth 1957).

 

For further Reading :

 

www.people.fas.harvard.edu/~kunte/Kunte08Wallace.pdf

en.wikipedia.org/wiki/Hypolimnas_misippus

 

Diamond from Sierra Leone, West Africa. (public display, Carnegie Museum of Natural History, Pittsburgh, Pennsylvania, USA)

 

A mineral is a naturally-occurring, solid, inorganic, crystalline substance having a fairly definite chemical composition and having fairly definite physical properties. At its simplest, a mineral is a naturally-occurring solid chemical. Currently, there are over 5200 named and described minerals - about 200 of them are common and about 20 of them are very common. Mineral classification is based on anion chemistry. Major categories of minerals are: elements, sulfides, oxides, halides, carbonates, sulfates, phosphates, and silicates.

 

Elements are fundamental substances of matter - matter that is composed of the same types of atoms. At present, 118 elements are known (four of them are still unnamed). Of these, 98 occur naturally on Earth (hydrogen to californium). Most of these occur in rocks & minerals, although some occur in very small, trace amounts. Only some elements occur in their native elemental state as minerals.

 

To find a native element in nature, it must be relatively non-reactive and there must be some concentration process. Metallic, semimetallic (metalloid), and nonmetallic elements are known in their native state.

 

The element carbon occurs principally in its native state as graphite (C) and diamond (C). Graphite is the common & far less valuable polymorph of carbon. A scarce polymorph of carbon is diamond. The physical properties of diamond and graphite couldn’t be more different, considering they have the same chemistry. Diamond has a nonmetallic, adamantine luster, typically occurs in cubic or octahedral (double-pyramid) crystals, or subspherical to irregularly-shaped masses, and is extremely hard (H≡10). Diamonds can be almost any color, but are typically clearish, grayish, or yellowish. Many diamonds are noticeably fluorescent under black light (ultraviolet light), but the color and intensity of fluorescence varies. Some diamonds are phosphorescent - under certain conditions, they glow for a short interval on their own.

 

Very rarely, diamond is a rock-forming mineral (see diamondite - www.flickr.com/photos/jsjgeology/14618393527).

 

The specimen shown above is a natural (rough) diamond crystal from Sierra Leone in western Africa. Many diamond crystals have a triangular shape like this - they are referred to as macles.

 

The butterflies of North America

Philadelphia :American Entomological Society,1868-1872.

biodiversitylibrary.org/page/56524469

Dolls Rendezvous Paris Doll Show was so fun! Thank you everyone who came to say hi! I felt so welcome! And special thanks to Sigfrid and Darek, and to the mysterious lady and her adorable custom violet (sorry, I am terrible for names, contact me, I wish to befriend you :D)

 

Sweet Becky, my Aileendoll bunny dragon nanny is angry at me because I could not take her out for the Paris Doll Show to meet all the dragons! I am sorry Becky, next time, you will be on the booth!

11:06 am CEST -> El misterio de Cepaea nemoralis. El patrón de coloración de la concha, determinado genéticamente, es muy variable, tanto para el color de fondo (marrón, amarillo, rosa) como para la presencia de bandas oscuras y la anchura e intensidad de estas. El número de bandas puede variar entre 0 y 5. El control del color y patrón de bandeo está asociado a diferentes locus, pero el significado evolutivo de este polimorfismo aún no esta claro. Entre las hipótesis propuestas, la que lo vincula al riesgo de depredación parece bastante sólida. Conchas de color pálido, rosáceo y sin bandas son más frecuentes en bosques y hábitats umbríos, mientras que los diseños listados y fondos amarillos suelen estar asociados a prados y zonas abiertas, lo que podría implicar una respuesta a la presencia de depredadores visuales. También se ha sugerido que esa variabilidad podría estar ligada al ambiente térmico y tener algún papel en la termorregulación.

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11:06 am CEST -> Cepaea nemoralis, a mystery. The colour pattern of the grove snail is highly variable. Background colors are yellow, pink, red, pale brown and dark brown. In addition, they show different banding designg, from unbanded to multiple bands forms. Background colours and the banding design is controlled by different genes, but the evolutionary significance of such variability remains a matter of debate. One of the more sound hypothesis is that this polymorphism is associated to predation risk by visual predators. The spatial distribution of banded and unbanded forms, differing among habitats, suggests it might be related to the abundance of specific predators. Other hypotheses point to differences in the thermal environment along altitudinal and latitudinal gradients, and a role in the process of thermorregulation.

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About genetics of banded snails

 

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Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

.

L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

Con más de 30 especies de encinos en Nuevo León, hay pocos estados que nos superen en México... entonces... ¿como le hacemos para saber cual es cual?, muy sencillo el secreto está en los detalles, para muestra un botón, aqui les dejo:

 

ENCINO DURAZNILLO (Quercus canbyi)

ENCINO ROBLE (Quercus polymorpha)

 

VISTA DE UNA RAMA

The Meadow Brown (Maniola jurtina) is a butterfly found in European meadows, where its larvae feed on grasses, such as Sheep's Fescue.

 

Similar species are Gatekeeper (which prefers to rest with its wings open) and Small Heath (which is smaller).

 

There is marked sexual dimorphism in this species. Males are less colorful, with smaller eyespots and much reduced orange areas on the upper forewings. They are also much more active and range far about, while females fly less and often may not away from the area where they grew up.

 

A variable number of smaller eyespots are usually found on the hindwing undersides. These may number up to 12 per individual butterfly, with up to 6 on each wing. The factors that govern polymorphism in this trait are not resolved, although a number of theories have been proposed (Stevens 2005). On the other hand, the evolutionary significance of the upperwing eyespots is more obvious: The more active males have a markedly more cryptic upperside pattern, whereas the females have more often opportunity to present their eyespots in a sudden display of colors and patterns that presumably make neophobic predators hesitate so that the butterfly has better chances of escaping. (Source en.wikipedia.org/wiki/Meadow_Brown)

 

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Abbatiale romane Notre-Dame ; commune de Payerne, canton de Vaud, Suisse

 

L'abbatiale protestante Notre-Dame est un édifice religieux de la ville de Payerne. Elle est considérée comme la plus grande église romane de Suisse. Elle était, avant la Réforme, l'église de l'abbaye bénédictine de Payerne. Une partie adjacente à l'édifice - le musée - fut grandement endommagé par un incendie en 1987. L'architecture de l'abbatiale est considérée comme romane, et construite selon un schéma clunisien (XIe siècle). De nombreux éléments proviennent toutefois d'une inspiration gothique plus tardive (XVe siècle). De nombreux chapiteaux peints sont encore visibles. De nombreuses fresques des XIe et XIIe siècles habillent les murs du narthex : Christ en Croix soutenu par Dieu le père, Vierge de miséricorde, Christ du jugement dernier devant les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Payerne)

 

LES EXTÉRIEURS :

Les masses imposantes de l'édifice roman sont surmontées par une tour de croisée sommée d'une flèche effilée. Le massif occidental accuse deux étages, un nar-thex à l'étage bas, une chapelle dédiée à Saint-Michel en haut. Autrefois cette façade devait se terminer par deux tours comme il en a existé à Romainmôtier et comme il en subsiste à Paray-le-Monial, à Tournus et en bien d'autres édifices bourguignons. Probablement incen­diées au xve siècle, ces tours ont été rem­placées par le couronnement en molasse et le grand toit actuel. Le jeu de la lumière sur le petit appareil de calcaire jaune est remarquable sur la façade nord, surtout en fin d'après-midi. Cette façade est divisée par des lésènes supportant de petites arcatures, éléments qui appartiennent encore au « premier art roman ». Avec le massif occi­dental cette façade est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel. Ce mur nord a subi diverses transformations, déjà au cours de la construc­tion de l'église. Poursuivant votre promenade, vous abordez le transept puis le chevet; placez-vous au nord-est, assez loin de l'édifice et de là admirez le subtil agencement des masses du transept et des cinq absides. Il y a encore quelques hési­tations et des maladresses dans les toitures des chapelles extérieures mais quelle habileté dans l'échelonnement des volumes, tant en plan qu'en élévation. La grande abside centrale est rythmée à l'étage inférieur par des contreforts à deux ressauts se transformant en colonnette appuyée à un dosseret à l'étage haut. Ces colonnes aux chapiteaux primitifs, dont certains n'ont pas été achevés, supportent de petites arcatures soutenant elles-mêmes une corniche moulurée.

Au passage, remarquez, sous la corniche de la façade sud de la chapelle méridionale un fragment de corniche romaine remployé comme console. La majeure partie des matériaux ayant servi à élever l'église sont en effet d'origine romaine. ...

 

Passant sous la voûte, à l'angle sud-ouest de la place ..., on tra­verse le bâtiment qui abritait la salle capitulaire et le dortoir, et l'on parvient dans la cour du cloître. Là, trois cloîtres successifs ont tour à tour disparu. Ils ont laissé de nombreuses traces dans le mur sud de l'église et dans le mur du bâtiment oriental du couvent. Les deux autres côtés de la cour sont occupés par des bâtiments plus récents : ... La façade ouest du croisillon sud du transept est percée d'une grande porte qui donnait autrefois accès à l'église depuis le cloître; dans le haut de cette façade, la corniche est portée par des modilIons sculptés intéressants qui sont probable­ment des remplois. Les toitures actuelles des bas-côtés, trop inclinées, masquent partiellement les fenêtres hautes de la nef. De plus, la forte saillie de l'avant-toit assombrit les fenêtres des bas-côtés. ... Dans son état actuel, la toiture de la nef doit dater du XVIe ou XVIIe siècle. Contre la face occidentale de la tour de croisée, un renvoi d'eau haut placé semble indiquer une toiture très élevée sur la nef, toiture peut-être prévue mais qui n'a pro­bablement jamais existé. Les toitures du chœur et du transept sont à peu près conformes aux dispositions originales. Quant aux toits des chapelles et des absidioles, ils ont été rétablis selon leurs dispositions primitives mais malheu­reusement couverts de tuiles trop régulières et trop foncées. La tour de croisée prévue au XIe siècle devait être soit une tour carrée terminée par un toit à quatre pans, soit une tour octogo­nale semblable aux tours de Saint-Pierre de Clages ou du transept de Cluny III. Non exé­cutée ou détruite, elle fut remplacée au XVe siècle par la tour gothique actuelle dont la flèche, détruite par un ouragan, fut recons­truite au début du xvne siècle. Cette flèche était couverte d'écaillés de fer blanc qui, en rouillant, prennent une belle teinte brun-rouge foncé. Lors de la récente restauration, le même effet a été obtenu avec des écailles de cuivre, matériel beaucoup plus durable. Les arcatures gothiques qui décorent la flèche ont été entièrement restaurées. ...

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L'INTÉRIEUR :

... Après avoir traversé le narthex décoré de peintures murales intéressantes remontant à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle, on monte quelques marches pour passer la grande porte autrefois ornée de pentures en fer et de deux belles têtes de lion en bronze. ... La porte franchie, on s'arrêtera pour jouir de la splendeur de la nef, splendeur qui n'est due qu'à la qualité des proportions et à l'admi­rable jeu de matériaux. Dès l'abord, on sent que le chevet est plus récent que la nef, plus richement orné, plus clair, mais le monument n'en perd pas pour autant son admirable unité. Le raccord entre les deux étapes principales de la construction se situe entre la sixième et septième travée de la nef. ... Dix piles d'un type assez particulier (constitué d'un massif rectangulaire formant pilastres pour les doubleaux de la nef et des bas-côtés et contre lequel viennent s'accoler deux demi-colonnes correspondant aux grandes arcades) soutien­nent les voûtes. Ce type de pilier se retrouve à Lomello (près de Pavie), dans la vaste église Santa Maria que Porter date de 1025 environ. La nef centrale est remarquablement élevée comparativement à sa largeur : 13 m 40 de haut pour 5 m. de largeur dans la première travée occidentale. On est bien là dans la tra­dition bourguignonne qui allait élever, peu après Payerne, la formidable Abbatiale de Cluny III. L'alternance des matériaux respectée stricte­ment pour les deux premières piles occiden­tales (une assise de calcaire jaune succédant à une assise de grès coquille gris) devient plus libre aux piles suivantes, mais on sent là une volonté décorative. Pas de bases ; les piles sont fichées à même le dallage. Chapiteaux rudimentaires, si tant est que l'on puisse considérer comme des chapi­teaux les raccords prismatiques entre les demi-colonnes et les arcs. On distingue pourtant ici et là des ébauches de décor : palmettes, animaux à deux corps. Ces chapiteaux rudimen­taires rappellent les triangles qui jouent le même rôle à Lómelo, Romainmôtier et Chapaize, mais où les piles sont en petit appareil tandis qu'à Payerne elles sont exécutées en pierre de taille. Arcades et doubleaux sont à arêtes vives, à un seul rouleau. La nef est cou­verte d'un berceau sur doubleaux, les bas-côtés le sont par des voûtes d'arête. Les fenêtres des bas-côtés sont très haut placées; les trois premières du bas-côté nord ne sont ébrasées qu'à l'intérieur, les autres sont à double ébrasement. Les fenêtres hautes de la nef sont placées près des clefs des arcades, mais malgré cela les fenêtres viennent partiellement entailler la voûte en formant des lunettes d'un heureux effet. Dans le mur occidental de la nef un pilastre, maintenant sans utilité, atteste un premier projet de reconstruction de la nef, vite aban­donné. Dans sa partie haute, le mur présente une saillie amortie en console à arêtes vives. C'est là le revers de l'abside de la chapelle Saint-Michel. Les piles recevant à l'est les arcades de la sixième travée étaient, dans le projet du pre­mier maître d'œuvre, destinées à amorcer la croisée et probablement à porter une tour.

 

... Les travaux en étaient là lorsque, vers 1050, un nouveau maître d'œuvre entreprit le chevet en modifiant le plan primitif. Il ajoute aux six travées élevées par son prédécesseur une sep­tième travée, puis développe un large transept et un chevet d'un style plus savant et plus hardi que celui de la nef. Il englobe dans les maçon­neries du mur sud de sa septième travée le pilier déjà préparé pour amorcer le transept par son prédécesseur (pilier laissé apparent à l'extérieur lors de la restauration) et implante quatre nouveaux piliers plus écartés que les piles de la nef, pour supporter la tour de croisée. Dans toute la partie orientale de l'édifice, les piles sont accusées par des ressauts, et les colonnes qui apparaissent aux arcades mettant en communication le chœur avec les deux cha­pelles qui le flanquent ... Les arcs d'entrée des chapelles du transept sont fortement brisés, type dont l'emploi deviendra systématique dans la grande Abba­tiale de saint Hugues à Cluny; les arcs de la croisée et du chœur ne le sont par contre que très faiblement.

La couverture des croisillons et de la travée droite du chœur est réalisée par de vastes voûtes d'arête de près de 60 m2 chacune. La voûte de la croisée, refaite sans doute posté­rieurement, est montée sur croisée d'ogives. Si la nef est pratiquement dépourvue de décorations, il n'en est pas de même du chevet. On distingue deux séries de chapiteaux très différentes l'une de l'autre : la première est formée de neufs chapiteaux assez archaïques, incorporés aux angles des croisillons et à l'entrée de la septième travée. A ce même groupe appartient en outre une base de colonne torse, engagée maintenant entre les deux fenêtres hautes de la façade sud du croisillon méridional. La seconde série comporte les douze beaux chapiteaux portés par les colonnes hautes de l'abside principale.

 

... Les chapiteaux de l'abside, d'un travail accompli, témoignent d'une connaissance approfondie du jeu des ombres et des lumières. La plupart d'entre eux sont simplement décoratifs. Mais le sculpteur y introduit volontiers, tout un monde. Les bêtes sont dressées à dessein pour souligner par leur verticalité l'angle du tailloir; une figure humaine comme pendue sous la volute, contraste, en son extrême douceur — presque XIIe siècle — avec la rudesse des autres figures, en particulier celle de l'homme moustachu qui transperce une chèvre, elle aussi dressée sous l'angle opposé. Au centre, deux doubles chapiteaux représentent d'une part saint Michel terrassant le dragon, qui ressemble curieusement à un poisson pris à l'hameçon, de l'autre le Christ et saint Pierre, tous deux inscrits dans une mandorle. Cette dis­position, assez rare sur des chapiteaux, fait immédiatement penser aux grandes sculptures du chœur de Cluny. Le style même, quoique plus rude, est bien de la même veine que celui des figures de l'abbatiale de saint Hugues. Les chapiteaux du transept sont vraiment d'un autre esprit. A vrai dire, on y retrouve des éléments semblables (en particulier l'arc tendu qui s'épanouit en volute, et jusqu'à un trait gravé en dents de scie), ainsi que la même affection pour un décor polymorphe extrê­mement touffu. Mais ici, le dessin est roi, et il multiplie les lignes parallèles comme simple­ment gravées : plis des vêtements, lignes sinu­soïdales, arceaux entrelacés. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que l'on ait souvent attribu. ces chapiteaux au Xe siècle. Ils correspondent bien à ce que nous savons par ailleurs de la sculpture à cette époque. Le traitement des visages, au surplus, dont la taille est d'une finesse incomparable, use d'un canon — gros yeux ronds accrochés en binocle sur un nez triangulaire — qui n'est pas sans rappeler le chapiteau archaïque remployé (lui aussi !) au transept de Saint-Benoît-sur-Loire, ou cer­taines sculptures de Tournus. ... Il n'est pas beaucoup plus facile d'en déchiffrer l'iconographie. Nous nous sentons perdus comme des illettrés devant ce livre grouillant d'images. Un cerf nous évoque bien celui du psaume 42, altéré d'eaux vives. Mais que signi­fient ces oiseaux, ce lièvre ? Le plus énigmatique. peut-être, est celui [qui montre une] femme tenant un enfant entre ses bras [une piéta ?] [et une] figure humaine encore à moitié engloutie par un poisson ? [un Jonas ?]. Le parallélisme des obliques tracées par les corps de ce Jonas et de ce Christ (englouti dans la mort et promis à la résurrection comme Jonas) aurait en ce cas une valeur de rapprochement que l'on pourra supposer volontaire. Ce thème du Nouveau Testament venant accomplir l'Ancien se retrouve en tous cas d'une façon tout à fait claire dans le plus fameux de ces chapiteaux. Les quatre figures juchées sur quatre autres têtes — ce qui permet un jeu savant des huit mains — représentent les quatre évangélistes portés par les quatre prophètes, ... Quant à la règle de saint Benoît, elle se trouve glorifiée, en ce prieuré clunisien, sur un chapiteau du croisillon sud. Au centre, un abbé, avec la crosse, ce qui n'a rien d'extraordinaire, mais marqué au front d'une croix, ce qui l'est davantage. Est-ce une allu­sion à la définition donnée par la Règle : « L'Abbé tient lieu du Christ dans le monas­tère » ? Ainsi l'entendent du moins les quatre moines qui l'entourent et suivent son ensei­gnement, tenant, comme lui, un livre — la Règle — sur leur poitrine. Ainsi prémunis, ils foulent aux pieds (littéralement) deux espèces de bassets débonnaires qui pourraient bien être l'illustration de ce verset du psaume 90 : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu écraseras le lion et le dragon », toutes bêtes démoniaques. Que signifie alors la tête perchée au-dessus de l'abbé, qui évoque un ange, la ligne ondulée, figure classique de l'eau vive, et ces grappes (que l'on retrouve aussi sur le cha­piteau mystérieux ? Ce n'est pas telle­ment différent de ce que l'on retrouvera de part et d'autre du Christ, en haut du tympan de Vézelay : symbole des fleuves vivifiants de la doctrine (prêchée par l'abbé), et des fruits qu'ils produisent. Tout cela, il est vrai, reste bien conjectural. Ce qui ne l'est point, c'est la plénitude plastique de ces visages, surtout dans le chapiteau des évangélistes. On peut bien leur opposer la truculence et la grossièreté voulue de la triple figure qui orne la base réemployée dans ce même croisillon sud. Il semble vraiment bien difficile d'y voir une trinité ! Prodigieuse variété d'un art, d'apparence, démuni de moyens.

 

La peinture murale reste représentée à Payerne, à côté d'œuvres mineures par deux ensembles, l'un de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, dans le narthex, l'autre de la seconde moitié du XVe, dans la deuxième chapelle du croisillon sud.

 

LES PEINTURES DU NARTHEX :

Autrefois les murs et les voûtes étaient sans doute entièrement couverts de peintures. Au début du XIXe siècle, l'aménagement d'une prison dans cette partie de l'édifice a fait dis­paraître les enduits de la partie inférieure des murs; au même moment la voûte de la travée centrale fut détruite, pour laisser place à un escalier ; enfin des fenêtres sont venues éventrer les voûtes des travées extrêmes. Les peintures qui nous sont parvenues sont donc seulement des restes mutilés, heureusement encore impor­tants, mais qui ont, au surplus, subi une restau­ration excessive. Sur le mur nord, le Christ de majesté trône entre deux séraphins. On distingue encore à l'angle inférieur droit quelques fragments de la Jérusalem céleste. Sur le berceau de la travée nord du narthex, les vingt-quatre vieillards, assis deux par deux sur des trônes, louent le Seigneur. Le registre inférieur présentait un jugement dernier, il en subsiste un saint Michel pesant les âmes, quelques diables maltraitant des damnés et, sur le mur opposé, les trois patriaches Abraham, Isaac et Jacob, trônant sous des arbres, Abraham tenant les élus sur son sein suivant une représentation fréquente au Moyen-Age. Dans la travée sud, le Christ de majesté est encadré par la Vierge et Jean-Baptiste. Les douze Apôtres occupent la partie inférieure de la voûte; quelques visages sont encore bien conservés.

 

(extrait de : Suisse romane ; André Burmeister et al., Ed. du Zodiaque (1958), Coll. La Nuit des Temps, pp. 57-67)

With kind permission from Paul Fisher, visualisation with GraphViz.

 

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