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YEP! I did it! I fucked up my leg and now I am so pissed off with capitalism! What do you mean: "What is he talking about!"?

IT'S ALWAYS ABOUT CAPITALISM!

LOL!!!

ROFL!!!

Saturday 13th February 2016 / The Forge

AMMMMMM

Arte Muito Muito Mas Muito Moderna Mesmo

 

Segundo meu amigo Ricardo:

Um dia, eles vão parar em frente ao poster pra admirar a composição ao som de mozart e usando camisetas do che guevara

de sandĂĄlias de tiras de couro do tipo franciscanas

e com um copo de cerveja na mĂŁo. prq vinho Ă© coisa de burguesia

iria chamar T de poster

  

Bienal - Zeca Baleiro

 

Desmaterializando a obra de arte do fim do milĂȘnio

Faço um quadro com molĂ©culas de hidrogĂȘnio

Fios de pentelho de um velho armĂȘnio

Cuspe de mosca, pĂŁo dormido, asa de barata torta

 

Teu conceito parece, Ă  primeira vista,

Um barrococĂł figurativo neo-expressionista

Com pitadas de arte nouveau pĂłs-surrealista

Ao cabo da revalorização da natureza morta

 

Minha mĂŁe certa vez disse-me um dia,

Vendo minha obra exposta na galeria,

"Meu filho, isso Ă© mais estranho que o cu da gia

E muito mais feio que um hipopĂłtamo insone"

 

Pra entender um trabalho tĂŁo moderno

É preciso ler o segundo caderno,

Calcular o produto bruto interno,

Multiplicar pelo valor das contas de ĂĄgua, luz e telefone,

Rodopiando na fĂșria do ciclone,

Reinvento o céu e o inferno

 

Minha mĂŁe nĂŁo entendeu o subtexto

Da arte desmaterializada no presente contexto

Reciclando o lixo lĂĄ do cesto

Chego a um resultado estético bacana

 

Com a graça de Deus e Basquiå

Nova York, me espere que eu vou jĂĄ

Picharei com dendĂȘ de vatapĂĄ

Uma psicodélica baiana

 

Misturarei anĂĄguas de viĂșva

Com tampinhas de pepsi e fanta uva

Um penico com ĂĄgua da Ășltima chuva,

Ampolas de injeção de penicilina

 

Desmaterializando a matéria

Com a arte pulsando na artéria

Boto fogo no gelo da Sibéria

Faço até cair neve em Teresina

Com o clarĂŁo do raio da siribrina

Desintegro o poder da bactéria

 

Com o clarĂŁo do raio da siribrina

Desintegro o poder da bactéria

The sign translates as "Last Way" or "Last Path". In combination with the grave yard in the background, someone likes sarcasm ;)

I'm not sure if it's sarcasm or not.

 

What I am sure of is that most people walked past and looked but didn't really see.

 

They didn't see the amazing way that the light permeated the water droplets causing that slight magnifying effect of the texture of the leaf. The was the shadows fell across from the veins creating strange patterns in the sunlight. The way the pale green hue of the leaf contrasted against the the muddy red of the ground.

 

People often look without really seeing.

 

That's probably why I enjoy photography so much.

[sarcasm] Gee, think he'll be able to do it? [/sarcasm]

 

Ville nouvelle créée au milieu des marĂ©cages, dĂ©libĂ©rĂ©ment tournĂ©e vers les formes modernes, elle est l'Ɠuvre d'un architecte, Jean Balladur, qui a veillĂ© Ă  son destin durant plus d'un quart de siĂšcle de travail. C'est pour rĂ©pondre au dĂ©veloppement du tourisme de masse que l'Etat français s'est dĂ©cidĂ©, au dĂ©but des annĂ©es soixante, Ă  rendre habitable une cĂŽte languedocienne restĂ©e quasiment dĂ©sertique en planifiant la construction d'une sĂ©rie de stations dotĂ©es d'une grande capacitĂ© d'accueil. RĂ©alisation phare de l'amĂ©nagement du Languedoc-Roussillon, La Grande Motte a voulu offrir une alternative aux modĂšles dominants de l'urbanisme balnĂ©aire : de cette ambition est nĂ©e une vĂ©ritable ville dotĂ©e de rues, de places, d'Ă©quipements et de commerces, une ville comprenant aussi bien des logements collectifs que des villas et des terrains de camping. L'Ă©tude de cette " aventure " exemplaire, rĂ©alisĂ©e Ă  partir des archives souvent inĂ©dites de l'architecte, permet d'initier une nouvelle Ă©valuation de la pĂ©riode des " trente glorieuses ", souvent dĂ©criĂ©e, mais qu'il convient de nuancer : rapportĂ© Ă  des enjeux socio-Ă©conomiques clairement identifiĂ©s tout n'est pas sans qualitĂ© dans le foisonnement de systĂšmes et d'objets urbains et architecturaux qui caractĂ©rise cette pĂ©riode. En 2010, la station balnĂ©aire de La Grande Motte reçoit le label Patrimoine du XXe siĂšcle pour l'exceptionnelle qualitĂ© de son urbanisme, de son architecture et de son amĂ©nagement paysager. Il aura fallu un demi-siĂšcle d'incomprĂ©hension, d'aveuglement et de polĂ©mique, de sarcasmes souvent, pour que soit enfin consacrĂ©e cette rĂ©alisation majeure de l'architecture du XXe siĂšcle, qu'Ă  l'Ă©poque on n'hĂ©sitait pas Ă  qualifier de "Sarcelles-sur-Mer"... Ce retournement copernicien consacre le travail de spĂ©cialistes du patrimoine et d'historiens qui ont su s'extraire du dĂ©bat doctrinal passionnĂ© mais stĂ©rile de l'Ă©poque et ouvrir les yeux sur une citĂ© pensĂ©e comme une oeuvre d'art totale par Jean Balladur, qui en fut l'architecte et l'urbaniste en chef visionnaire pendant plus de deux dĂ©cennies. La construction ex nihilo de La Grande Motte dans un paysage sauvage et inhospitalier entre 1964 et la fin du XXe siĂšcle tĂ©moigne d'une fantastique aventure humaine autant que de l'invention du balnĂ©aire moderne des Trente Glorieuses. Jean Balladur, jeune architecte, y renouvelle alors le genre de la villĂ©giature en faisant preuve d'une formidable capacitĂ© de crĂ©ation. Aujourd'hui, la ville a atteint sa maturitĂ©. La vĂ©gĂ©tation a poussĂ© au-delĂ  des espĂ©rances, faisant de La Grande Motte une vĂ©ritable "ville verte". Le succĂšs de la station, plĂ©biscitĂ©e par le public, ne s'est jamais dĂ©menti, consolidĂ© au contraire depuis sa rĂ©cente valorisation patrimoniale. Elle le doit Ă  ses qualitĂ©s architecturales, urbaines et paysagĂšres, un ensemble d'une exceptionnelle dimension patrimoniale identitaire, dĂ©sormais pris en compte dans son dĂ©veloppement. Cet ouvrage retrace l'histoire de cette entreprise pharaonique et de sa rĂ©ception auprĂšs des spĂ©cialistes comme du grand public. Il apporte Ă  chacun, habitant, amateur d'architecture ou estivant, des clefs de lecture pour comprendre l'importance de La Grande Motte au sein de l'amĂ©nagement touristique de la cĂŽte du Languedoc-Roussillon et dans l'histoire de l'architecture du XXe siĂšcle. www.twitter.com/Memoire2cite LES GRANDS ENSEMBLES @ Bien qu’ils Ă©chappent Ă  une dĂ©finition unique, les grands ensembles sont ty-piquement des ensembles de logement collectif, souvent en nombre impor-tant (plusieurs centaines Ă  plusieurs milliers de logements), construits entre le milieu des annĂ©es 1950 et le milieu des annĂ©es 1970, marquĂ©s par un urba-nisme de barres et de tours inspirĂ© des prĂ©ceptes de l’architecture moderne.

Ces grands ensembles, dont plusieurs centaines ont Ă©tĂ© construits en France, ont permis un large accĂšs au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, Ă©quipements sanitaires, ascenseur
) pour les ouvriers des banlieues ouvriĂšres, les habitants des habitats insalubres, les rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie et la main-d’oeuvre des grandes industries.

Ils se retrouvent frĂ©quemment en crise sociale profonde Ă  partir des annĂ©es 1980, et sont, en France, l’une des raisons de la mise en place de ce qu’on appelle la politique de la Ville.

Définition

Il n’y a pas de consensus pour dĂ©finir un grand ensemble.

On peut toutefois en distinguer deux :

‱ Selon le service de l’Inventaire du ministĂšre de la Culture français, un grand ensemble est un «amĂ©nagement urbain comportant plusieurs bĂątiments isolĂ©s pouvant ĂȘtre sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan masse constituant une unitĂ© de conception. Il peut ĂȘtre Ă  l’usage d’activitĂ© et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements. Son foncier ne fait pas nĂ©cessairement l’objet d’un remembrement, il n’est pas divisĂ© par lots ce qui le diffĂ©rencie du lotissement concerté».

‱ Selon le «gĂ©opolitologue» Yves Lacoste, un grand ensemble est une «masse de logements organisĂ©e en un ensemble. Cette organisation n’est pas seulement la consĂ©quence d’un plan masse; elle repose sur la prĂ©sence d’équipement collectifs (Ă©coles, commerces, centre social, etc.) [
]. Le grand ensemble apparaĂźt donc comme une unitĂ© d’habitat relativement autonome formĂ©e de bĂątiments collectifs, Ă©difiĂ©e en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements».

Le gĂ©ographe HervĂ© Vieillard-Baron apporte des prĂ©cisions : c’est, selon lui, un amĂ©nagement en rupture avec le tissu urbain existant, sous la forme de barres et de tours, conçu de maniĂšre globale et introduisant des Ă©quipements rĂšglementaires, comportant un financement de l’État et/ou des Ă©tablissements publics. Toujours selon lui, un grand ensemble comporte un minimum de 500 logements (limite fixĂ©e pour les Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© (ZUP) en 1959). Enfin, un grand ensemble n’est pas nĂ©cessairement situĂ© en pĂ©riphĂ©rie d’une ag-glomĂ©ration.

Comme on le voit ci-dessus, la dĂ©termination d’un seuil de logements peut ĂȘtre dĂ©battue. Les formes du grand ensemble sont assez rĂ©currentes, inspirĂ©es (ou lĂ©gitimĂ©es) par des prĂ©ceptes de l’architecture moderne et en particulier des CIAM : ils se veulent une application de la Charte d’AthĂšnes4. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une application directe des principes de Le Corbusier. Ils sont aussi le fruit d’une industriali-sation progressive du secteur du bĂątiment et, notamment en France, des procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrication en bĂ©ton.

Histoire

La CitĂ© de la Muette Ă  Drancy, construite par EugĂšne Beaudouin, Marcel Lods et Jean ProuvĂ© entre 1931 et 1934 pour l’Office public HBM de la Seine, est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le premier grand en-semble en France. Elle est mĂȘme Ă  l’origine du terme de «grand ensemble» puisque c’est ainsi que la dĂ©signe pour la premiĂšre fois Marcel Rotival dans un article de l’époque6. Cette citĂ©, initialement conçue comme une citĂ©-jardin, se transforme en cours d’étude en un projet totalement inĂ©dit en France, avec ses 5 tours de 15 Ă©tages et son habitat totalement collectif. Cependant, cette initiative reste sans lendemain du moins dans l’immĂ©diat.

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, le temps est Ă  la reconstruction et la prioritĂ© n’est pas donnĂ©e Ă  l’habitat. Le premier plan quinquennal de Jean Monnet (1947-1952) a avant tout pour objectif la reconstruction des infrastructures de transport et le recouvrement des moyens de production. Par ailleurs, le secteur du bĂątiment en France est alors incapable de construire des logements en grande quantitĂ© et rapidement : ce sont encore de petites entreprises artisanales aux mĂ©thodes de constructions traditionnelles.

Les besoins sont pourtant considĂ©rables : sur 14,5 millions de logements, la moitiĂ© n’a pas l’eau courante, les 3/4 n’ont pas de WC, 90 % pas de salle de bain. On dĂ©nombre 350 000 taudis, 3 millions de logements surpeu-plĂ©s et un dĂ©ficit constatĂ© de 3 millions d’habitations. Le blocage des loyers depuis 19147, trĂšs partiellement attĂ©nuĂ© par la Loi de 1948, ne favorise pas les investissements privĂ©s.

L’État tente de changer la situation en impulsant Ă  l’industrialisation des entreprises du bĂątiment : en 1950, EugĂšne Claudius-Petit, ministre de la reconstruction, lance le concours de la CitĂ© Rotterdam Ă  Strasbourg. Ce programme doit comporter 800 logements, mais le concours, ouvert Ă  un architecte associĂ© Ă  une entreprise de BTP, prend en compte des critĂšres de coĂ»t et de rapiditĂ© d’exĂ©cution. Le projet est gagnĂ© par EugĂšne Beau-douin qui rĂ©alise un des premiers grands ensembles d’aprĂšs guerre en 1953. En 1953 toujours, Pierre Courant, Ministre de la Reconstruction et du Logement, fait voter une loi qui met en place une sĂ©rie d’interventions (appelĂ©e «Plan Courant») facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement (primes Ă  la construction, prĂȘts Ă  taux rĂ©duit, etc.) : la prioritĂ© est donnĂ©e clairement par le ministĂšre aux logements collectifs et Ă  la solution des grands ensembles.

La mĂȘme annĂ©e, la crĂ©ation de la contribution obligatoire des entreprises Ă  l’effort de construction (1 % de la masse des salaires pour les entreprises de plus de 10 salariĂ©s) introduit des ressources supplĂ©mentaires pour la rĂ©alisation de logements sociaux : c’est le fameux «1 % patronal». Ces fonds sont rĂ©unis par l’Office Central Interprofessionnel du Logement (OCIL), Ă  l’origine de la construction d’un certain nombre de grands ensembles.

Mais le vĂ©ritable choc psychologique intervient en 1954 : le terrible hiver et l’action de l’AbbĂ© Pierre engage le gouvernement Ă  lancer une politique de logement volontariste. Un programme de «Logements Ă©conomiques de premiĂšre nĂ©cessité» (LEPN) est lancĂ© en juillet 1955 : il s’agit de petites citĂ©s d’urgence sous la forme de pavillons en bandes. En rĂ©alitĂ©, ces rĂ©alisations prĂ©caires s’avĂšrent catastrophiques et se transforment en tau-dis insalubres dĂšs l’annĂ©e suivante. La prioritĂ© est donnĂ©e alors rĂ©solument Ă  l’habitat collectif de grande taille et Ă  la prĂ©fabrication en bĂ©ton, comme seule solution au manque de logements en France.

Une multitude de procédures administratives

Grands ensembles du quartier Villejean à Rennes par l’architecte Louis Arretche.

Il n’existe pas une procĂ©dure type de construction d’un grand ensemble pendant cette pĂ©riode. En effet, de trĂšs nombreuses procĂ©dures techniques ou financiĂšres sont utilisĂ©es. Elles servent souvent d’ailleurs Ă  dĂ©signer les bĂątiments ou quartiers construits Ă  l’époque : Secteur industrialisĂ©, LOPOFA (LOgements POpulaires FAmiliaux), Logecos (LOGements ÉCOnomiques et familiaux), LEN (Logements Ă©conomiques normalisĂ©s), l’opĂ©ration Million, l’opĂ©ration «Économie de main d’oeuvre». L’unique objectif de toutes ces procĂ©dures est de construire vite et en trĂšs grande quantitĂ©. Le cadre de la Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© intervient en 1959, avec des constructions qui ne commencent rĂ©ellement qu’en 1961-1962.

Les contextes de constructions

Le quartier de La RouviĂšre (9Ăšme arrondissement) Ă  Marseille construit par Xavier ArsĂšne-Henry.

On peut distinguer 3 contextes de construction de ces grands ensembles à la fin des années 1950 et début des années 1960 :

‱ de nouveaux quartiers pĂ©riphĂ©riques de villes anciennes ayant pour objectif de reloger des populations ins-tallĂ©es dans des logements insalubres en centre-ville ou pour accueillir des populations venues des campagnes environnantes (cas les plus frĂ©quents).

‱ des villes nouvelles liĂ©es Ă  l’implantation d’industries nouvelles ou Ă  la politique d’amĂ©nagement du ter-ritoire : c’est le cas de Mourenx (avec le Gaz de Lacq), Bagnols-sur-CĂšze ou Pierrelatte (liĂ©es Ă  l’industrie nuclĂ©aire). On voit aussi des cas hybrides avec la premiĂšre situation, avec des implantations proches de villes satellites de Paris, dans le but de contrebalancer l’influence de cette derniĂšre : c’est le cas de la politique des «3M» dans le dĂ©partement de Seine-et-Marne avec la construction de grands ensembles liĂ©s Ă  des zones in-dustrielles Ă  Meaux, Melun, Montereau-Fault-Yonne.

‱ des opĂ©rations de rĂ©novation de quartiers anciens : le quartier de la Porte de BĂąle Ă  Mulhouse, l’ülot BiĂšvre dans le 13e arrondissement de Paris, le centre-ville ancien de Chelles.

Il est Ă  noter qu’un grand ensemble n’est pas forcĂ©ment un ensemble de logements sociaux : il peut s’agir aussi de logements de standing, comme le quartier de la RouviĂšre Ă  Marseille.

Les modes de constructions

Le Haut du LiĂšvre (3000 logements, construits Ă  partir de 1954), deux des plus longues barres de France, construite par Bernard Zehrfuss sur une crĂȘte surplombant Nancy.

Tout est mis en oeuvre pour qu’un maximum d’économies soient rĂ©alisĂ©es sur le chantier :

‱ la prĂ©fabrication : de nombreux procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrications sont mis en oeuvre sur les chantiers permettant un gain de temps et d’argent. ExpĂ©rimentĂ©s au cours des chantiers de la Reconstruction aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, ces procĂ©dĂ©s permettent la construction en sĂ©rie de panneaux de bĂ©tons, d’escaliers, d’huisseries mais aussi d’élĂ©ments de salles de bains Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du logements. Ces procĂ©dĂ©s ont pour nom : Camus (expĂ©rimentĂ© au Havre et exportĂ© jusqu’en URSS), Estiot (au Haut-du-LiĂšvre Ă  Nancy) ou Tracoba (Ă  la Pierre Collinet Ă  Meaux). Les formes simples (barres, tours) sont privilĂ©giĂ©es le long du chemin de grue (grue posĂ©e sur des rails) avec des usines Ă  bĂ©ton installĂ©es Ă  proximitĂ© du chantier, toujours dans une recherche de gain de temps.

‱ une Ă©conomie de main d’oeuvre : la prĂ©fabrication permet de faire appel Ă  une main d’oeuvre peu qualifiĂ©e, souvent d’origine immigrĂ©e. De grands groupes de BTP bĂ©nĂ©ficient de contrats pour des chantiers de construc-tion gigantesques, favorisĂ©s par l’État.

‱ les maĂźtres d’ouvrages sont eux aussi trĂšs concentrĂ©s et favorise les grandes opĂ©rations. La Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations est ainsi l’un des financeurs incontournables de ce mouvement de construction avec notam-ment sa filiale, la SCIC (SociĂ©tĂ© Civile immobiliĂšre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations), créée en 1954. Elle fait appel Ă  des architectes majeurs des annĂ©es 1950 et 1960, tels que Jean Dubuisson, Marcel Lods, Jacques Henri Labourdette, Bernard Zehrfuss, Raymond Lopez, Charles-Gustave Stoskopf et elle est Ă  l’ori-gine de nombreux grands ensembles situĂ©s en rĂ©gion parisienne, tels que Sarcelles (le plus grand programme en France avec 10 000 logements), CrĂ©teil, Massy-Antony.

Les dĂ©signations de ces grands ensembles sont Ă  cette Ă©poque trĂšs diverses : unitĂ© de voisinage, unitĂ© d’habitation, ville nouvelle (sans aucun rapport avec les villes nouvelles de Paul Delouvrier), villes satellites, ou encore citĂ©s nouvelles, etc.Pendant 20 ans, on estime Ă  300 000 le nombre de logements construits ainsi par an, alors qu’au dĂ©but des annĂ©es 1950, on ne produisait que 10 000 logements chaque annĂ©e. 6 millions de logements sont ainsi construits au total. 90 % de ces constructions sont aidĂ©es par l’État.

En 1965, le programme des villes nouvelles est lancĂ©, se voulant en rupture avec l’urbanisme des grands ensembles. En 1969, les zones Ă  urbaniser en prioritĂ© sont abandonnĂ©es au profit des zones d’amĂ©nagement concertĂ©, créées deux ans auparavant. Enfin, le 21 mars 1973, une circulaire ministĂ©rielle signĂ©e par Olivier Guichard, ministre de l’Équipement, du Logement et des Transports, «visant Ă  prĂ©venir la rĂ©alisation des formes d’urbanisation dites « grands ensembles » et Ă  lutter contre la sĂ©grĂ©gation sociale par l’habitat», interdit toute construction d’ensembles de logements de plus de 500 unitĂ©s. La construction des grands ensembles est dĂ©finitivement abandonnĂ©e. La loi Barre de 1977 fait passer la prioritĂ© de l’aide gouvernementale de la construction collective Ă  l’aide aux mĂ©nages : c’est le retour du pavillonnaire et du logement.

Les guerres jouent un rĂŽle majeur dans l'histoire architecturale d'un pays. Alors que les commĂ©morations orchestrĂ©es par la mission Centenaire 1914-1918 battent leur plein, il paraĂźt intĂ©ressant de revenir sur ce que la Grande Guerre a reprĂ©sentĂ© pour les architectes, au-delĂ  des destructions et du traumatisme. Ce premier Ă©pisode de « mobilisation totale » - suivant les termes utilisĂ©s par Ernst JĂŒnger en 1930 -, a notamment entraĂźnĂ© une industrialisation accĂ©lĂ©rĂ© des processus de production, qui a marquĂ© les esprits. Certains architectes comme FĂ©lix Dumail et Marcel Lods se sont alors engagĂ©s dans la dĂ©finition d'un cadre urbanistique nouveau pour le logement social : au sein de l'Office public d'habitations Ă  bon marchĂ© du dĂ©partement de la Seine, ils ont largement contribuĂ© Ă  l'invention du « grand ensemble ».

La reconstruction de l'aprĂšs PremiĂšre Guerre mondiale a souvent Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme une occasion manquĂ©e. Cette antienne a mĂȘme servi de repoussoir aprĂšs la Seconde. C'est pourtant un bilan Ă  tempĂ©rer, puisqu'au sortir de l'une et l'autre, on est parvenu Ă  reconstruire un nombre de logements comparable en valeur relative, dans Ă  peu prĂšs le mĂȘme laps de temps. Plus gĂ©nĂ©ralement, les vicissitudes des chantiers de l'entre-deux-guerres tiennent au contexte Ă©conomique et politique, au problĂšme du moratoire des loyers, aux effets de la crise de 1929, etc., plutĂŽt qu'Ă  une dĂ©faillance des savoir-faire des entreprises et des architectes. Dans cette pĂ©riode ouverte cohabitent, au contraire, des procĂ©dĂ©s constructifs aussi nombreux qu'efficaces. L'Ă©laboration des programmes modernes - logement social, Ă©quipements sportifs, sociaux et Ă©ducatifs, grande distribution, etc. - est l'objet d'un Ă©ventail de recherches d'une grande pluralitĂ©. On aura rarement inventĂ© autant de types architecturaux. Ainsi, pour paraphraser ce que Jean-Louis Cohen Ă©crit de la Seconde Guerre (1), on peut suggĂ©rer que la PremiĂšre ne reprĂ©sente pas seulement quatre annĂ©es de « page blanche », ni mĂȘme une rĂ©pĂ©tition de la suivante, mais bien, elle aussi, un temps de condensation « technologique, typologique et esthĂ©tique ». Si la Seconde Guerre coĂŻncide avec la « victoire » et la « suprĂ©matie » de la modernitĂ© architecturale, la PremiĂšren'est pas en reste, qui pose les conditions de diffusion du fordisme, de la prĂ©fabrication des bĂątiments et dessine les contours urbanistiques de la construction de masse.

Certes, le XIXe siÚcle, avec le Paris d'Haussmann et les expositions universelles, avait largement plus que défricher les champs de la rapidité, de l'étendue et de la quantité, mais, spécifiquement, l'entre-deux-guerres est marqué par le perfectionnement de la répétition (2). Un des effets de la Grande Guerre réside dans l'accélération de la mise en place d'un cadre de production pour le logement collectif et dans la définition progressive du « grand ensemble ». Ce concept, apparu en juin 1935 sous la plume de Maurice Rotival dans L'Architecture d'aujourd'hui, ressortit à la tentative « d'un urbanisme contemporain : un urbanisme des habitations » (3). Son héraut est l'Office public d'habitations à bon marché du département de la Seine (OPHBMS) d'Henri Sellier, futur ministre de la Santé publique du Front populaire. Imaginé en 1913, organisé pendant la guerre, l'OPHBMS sera, avant 1939, le maßtre d'ouvrage de plus de 17 000 logements répartis en une vingtaine d'opérations banlieusardes.

Dans une perspective de gĂ©nĂ©alogie du logement de masse français, il y a grand intĂ©rĂȘt Ă  suivre les parcours des architectes de l'OPHBMS pendant la Grande Guerre. Parmi la vingtaine de protagonistes concernĂ©s, seuls deux Ă©taient trop ĂągĂ©s pour participer au conflit : RaphaĂ«l Loiseau (1856-1925), architecte-conseil, et Alexandre Maistrasse (1860-1951), qui s'applique dĂšs avant l'armistice au projet de la « citĂ©-jardins » de Suresnes, dont Sellier sera maire de 1919 Ă  1940. Il y livrera prĂšs de 2 500 logements. Bien que plus jeune, Maurice Payret-Dortail (1874-1929) n'est pas mobilisĂ© et participe Ă  la mise en place de l'Office durant la guerre, avant de travailler jusqu'Ă  son dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© Ă  une autre grande citĂ©-jardins, celle du Plessis-Robinson. NĂ©s entre 1868 et 1900, les autres architectes correspondent exactement aux classes d'Ăąge appelĂ©es au front.

Les figures de Marcel Lods et de Felix Dumail

Deux d'entre eux (4) ont laissĂ© des archives significatives sur ces annĂ©es : FĂ©lix Dumail (1883-1955), un des plus fidĂšles compagnons de Sellier, et Marcel Lods (1891-1978), brillant cadet entrĂ© dans un second temps Ă  l'OPHBMS avec son associĂ© EugĂšne Beaudouin (1898-1983). Dumail est diplĂŽmĂ© de l'Atelier Bernier en 1908 et lorsqu'il est mobilisĂ©, il figure dĂ©jĂ  parmi les pionniers du logement social. Lods, quant Ă  lui, est admis dans le mĂȘme atelier en 1911, mais, conscrit l'annĂ©e suivante, il ne quitte l'uniforme qu'une fois la guerre terminĂ©e. Il obtient son diplĂŽme en 1923, tout en collaborant dĂšs 1921 sur d'importantes opĂ©rations HBM avec Albert Beaudouin, architecte de la SociĂ©tĂ© des logements Ă©conomiques pour familles nombreuses depuis 1907. Celui-ci lui cĂ©dera son agence en 1929, ainsi qu'Ă  son neveu EugĂšne.

Vers des logements sociaux en grande série

Il faut rappeler qu'Ă  l'approche de la guerre, ce que l'on nomme le logement ouvrier se situe Ă  un tournant : fin 1912, la loi Bonnevay a affirmĂ© son caractĂšre public. Elle autorise alors les collectivitĂ©s locales Ă  constituer des offices d'habitations Ă  bon marchĂ©, domaine jusque-lĂ  rĂ©servĂ© des sociĂ©tĂ©s anonymes et des fondations philanthropiques. Peu avant, la Ville de Paris a obtenu la possibilitĂ© de produire elle-mĂȘme des logements sociaux. Si les rĂ©sultats du concours qu'elle lance en 1912 sont suspendus, du fait de ses terrains petits et irrĂ©gulier ayant inspirĂ© des propositions peu gĂ©nĂ©ralisables, quelques architectes se sont d'ores et dĂ©jĂ  essayĂ©s Ă  dĂ©cliner des plans en immeubles libres et cours ouvertes. C'est le cas de Payret-Dortail, laurĂ©at sur le site de l'avenue Émile-Zola, et du jeune groupement Dumail, Jean HĂ©brard et Antonin TrĂ©velas. Au concours de 1913, ce trio peut dĂ©velopper ses principes Ă  l'Ă©chelle plus favorable de vastes terrains. Il se retrouve laurĂ©at de 600 logements rue Marcadet, avec un projet dĂ©signĂ© dix ans plus tard comme un des plus avancĂ©s des « standards d'avant-guerre » (5). Ce deuxiĂšme concours, qui porte l'ambition d'entamer un processus de construction en grande sĂ©rie sur la base de plans-modĂšles, suscite l'engouement, puisque prĂšs de 700 chĂąssis ont Ă©tĂ© adressĂ©s et que, comme l'affirme L'Architecture : « On sent qu'il y a maintenant une gĂ©nĂ©ration d'architectes s'intĂ©ressant Ă  la question des habitations Ă  bon marchĂ©, et qui l'ont comprise. » (6) Sellier ne s'y trompe pas, qui forme, entre 1916 et 1921, la premiĂšre Ă©quipe d'architectes-directeurs de l'OPHBMS en puisant parmi les laurĂ©ats des concours parisiens : Albenque et Gonnot ; Arfvidson, Bassompierre et de RuttĂ© ; HĂ©brard et Dumail, Maistrasse, Payret-Dortail, Pelletier, Teisseire.

L'entrĂ©e en guerre, dans un premier temps, coupe net l'Ă©lan de cette gĂ©nĂ©ration, avant de la dĂ©cimer. Ainsi, TrĂ©velas aura son nom gravĂ© sur le monument aux morts de la cour du mĂ»rier, au cƓur de l'École des beaux-arts. MobilisĂ© dans l'infanterie, Dumail dĂ©crit dans ses courriers et dans son journal, le manque d'organisation, la faim, la fatigue, les douleurs corporelles, l'ampleur des destructions et les atrocitĂ©s : blessures par obus, barricades Ă©levĂ©es avec des couches de cadavres, etc. Si l'Ă©pisode napolĂ©onien avait dĂ©jĂ  provoquĂ© des tueries de masse, celles-ci se singularisent. Leur mĂ©canisation et l'annihilation du territoire reprĂ©senteront une source inextinguible de rĂ©flexions pour les architectes, faisant Ă©cho Ă  une sensibilitĂ© rĂ©cente : les thĂ©ories premiĂšres de Prosper MĂ©rimĂ©e ou Viollet-le-Duc - suite au « vandalisme » de la rĂ©volution et aux effets de l'industrialisation - venaient justement d'accoucher le 31 dĂ©cembre 1913 de l'actuelle loi sur les monuments historiques. AprĂšs guerre, les architectes se passionneront du sort des monuments endommagĂ©s - la cathĂ©drale de Reims notamment - et du statut des ruines, quasi sacralisĂ©es par un Auguste Perret. SimultanĂ©ment les avant-gardes mettront en avant l'idĂ©e de la table rase. Le spectacle des manƓuvres de nuit sous le feu des projecteurs procure ainsi Ă  Dumail un sentiment ambigu de fascination-rĂ©pulsion, Ă©voquant la sidĂ©ration exprimĂ©e par un Apollinaire.

Dumail manifeste des capacitĂ©s d'observation hors du commun, qui lui vaudront la lĂ©gion d'honneur. Sous les bombardements, il exĂ©cute des plans et des panoramas des positions ennemies, permettant de mieux diriger les tirs. NommĂ© sous-lieutenant en octobre 1915, il entame des dĂ©marches pour ĂȘtre affectĂ© Ă  l'aviation. À l'appui de sa demande, il mentionne sa passion pour les sports mĂ©caniques, sa pratique assidue de la moto et souligne son succĂšs en 1912 au concours Chenavard consacrĂ© Ă  une Ă©cole d'aviation militaire. C'est pourtant un projet dans lequel l'aĂ©roport reprĂ©sentait surtout un emblĂšme. À l'instar, du reste, de l'aĂ©roport de la citĂ©-jardins du Grand Paris imaginĂ©e par l'OHBMS en 1919 en marge des projets du Plessis-Robinson et de la Butte-Rouge (ChĂątenay-Malabry), ou encore, Ă  partir de 1922, de celui qu'associe Le Corbusier Ă  une autoroute sur la rive droite de Paris, dans son fameux Plan Voisin soutenu par le fabricant automobile et aĂ©ronautique Ă©ponyme. Bien que Dumail juge plus aisĂ© de piloter un avion qu'une auto et malgrĂ© le soutien de ses officiers, ses dĂ©marches n'aboutissent pas. Pas plus que ses tentatives d'entrer au GĂ©nie puis au service technique de Peugeot ou encore, en 1917, ses propositions d'adaptation d'une mitrailleuse Hotchkiss auprĂšs du sous-secrĂ©tariat d'État des inventions. Comme beaucoup d'appelĂ©s, Dumail attendra sa dĂ©mobilisation quasiment jusqu'au traitĂ© de Versailles, en 1919. Durant ces annĂ©es incertaines, alors que ne se concrĂ©tisent ni le chantier de la rue Marcadet ni sa nomination dĂ©finitive par l'OPHBMS - il y est inscrit avec HĂ©brard sur la liste d'architectes depuis 1917 -, il voyage dans les rĂ©gions dĂ©vastĂ©es. Dumail et HĂ©brard sont agréés pour la reconstruction des Ardennes en 1921, au moment oĂč les Ă©tudes de la rue Marcadet reprennent et celles de la citĂ©-jardins de Gennevilliers deviennent opĂ©rationnelles.

Cette concentration de commandes explique que leur activitĂ© de reconstruction se limite au seul village d'Attigny (Ardennes), d'autant que leurs aspirations vont bientĂŽt dĂ©passer l'horizon hexagonal. En effet, lorsque Dumail retrouve HĂ©brard, celui-ci enseigne l'architecture dans le cadre de l'American Expeditionary Forces University, prolongeant son expĂ©rience Ă  l'universitĂ© Cornell-Ithaca entre 1906 et 1911. Leurs deux frĂšres, eux aussi architectes, sont Ă  l'Ă©tranger : GabrielDumail, fait prisonnier en 1915, est parti pour la Chine ; quant Ă  ErnestHĂ©brard, Grand Prix de Rome 1904, il a aussi Ă©tĂ© fait prisonnier avant de se voir confier, en 1918, la reconstruction de Salonique, puis de devenir architecte en chef d'Indochine. Pionnier de l'urbanisme - nĂ©ologisme de 1910 -, il est membre fondateur de la SociĂ©tĂ© française des architectes urbanistes en 1911, et l'une des premiĂšres figures de l'architecture internationale, voire « mondialisĂ©e ». Il avait entraĂźnĂ©, peu avant la guerre, son frĂšre et les Dumail dans l'aventure de l'International World Centre : un essai de capitale pour les États-Unis du monde, prĂ©curseur de la SociĂ©tĂ© des Nations, dans lequel La Construction moderne voyait en janvier 1914 « une Ă©cole mondiale de la paix »... arrivĂ©e trop tard ! De cette tentation de l'ailleurs, Dumail tire quelques rĂ©alisations en Indochine entre 1924 et 1928. Jean HĂ©brard, lui, s'expatrie en 1925 pour devenir un des thĂ©oriciens du City Planning dans les universitĂ©s de Pennsylvanie puis du Michigan.

Des chantiers d'expérience

Dumail consacrera dĂšs lors l'essentiel de sa carriĂšre Ă  l'OPHBMS, en tant qu'architecte-directeur des citĂ©s-jardins de Gennevilliers, du PrĂ©-Saint-Gervais, de Dugny, de l'achĂšvement de Suresnes, et d'un ensemble HBM pour militaires Ă  Saint-MandĂ©, immĂ©diatement reconnus pour la qualitĂ© de leurs logements et de leur greffe urbaine. Comme pour la citĂ© de la rue Marcadet, il y conçoit « des bĂątiments isolĂ©s, absolument entourĂ©s d'air et de lumiĂšre » (7). Ces « chantiers d'expĂ©riences », suivant une expression des annĂ©es 1920 qui deviendra emblĂ©matique Ă  la LibĂ©ration, sont souvent mis en Ɠuvre par des entreprises ayant fourbi leurs premiĂšres armes avec les troupes amĂ©ricaines pour des constructions de baraquements prĂ©fabriquĂ©s. Ils permettront Ă  Dumail de figurer parmi les rares architectes français Ă  avoir Ă©difiĂ© plus de 2 000 logements avant la Seconde Guerre, dans lesquels il Ă©trennera les chemins de grue et les principes de coffrage des Trente Glorieuses.On ne peut que faire le lien entre ses aspirations pendant la guerre, sa culture technique, son goĂ»t pour la mĂ©canique, et ceux d'autres acteurs de la modernitĂ© architecturale. Quelques annĂ©es avant lui, en 1904, son associĂ© HĂ©brard brille lui aussi au concours Chenavard, avec pour sujet un Palais de l'automobile. En 1908, le Salon de l'automobile accueille Ă  Paris ses premiers exposants aĂ©ronautiques et c'est justement un architecte de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration, AndrĂ©Granet (1881-1974), futur gendre d'Eiffel, qui contribue l'annĂ©e suivante Ă  lancer au Grand Palais la premiĂšre exposition internationale de la locomotion aĂ©rienne, ancĂȘtre du salon du Bourget. Plus prĂ©cisĂ©ment, le passage de l'observation militaire Ă  l'aviation renvoie Ă  WalterGropius (1883-1969). Comme Dumail ou encore AndrĂ© Lurçat, mais dans le camp d'en face, le fondateur du Bauhaus dessine d'abord ses repĂ©rages de ligne de front Ă  pied, avant d'ĂȘtre affectĂ© Ă  l'aviation et d'y connaĂźtre une rĂ©vĂ©lation, dĂ©terminante pour sa carriĂšre (😎. Cette passion de la photographie aĂ©rienne sera partagĂ©e par son alter ego français dans l'expĂ©rimentation de la prĂ©fabrication, Marcel Lods, en pleine rĂ©sonance avec une attention voulue « scientifique » au territoire et Ă  sa documentation - une des constantes des Ă©quipes de l'OPHBMS. Si Lods s'engage comme aviateur en 1939, il est vingt-cinq ans plus tĂŽt affectĂ© comme instructeur d'artillerie. Et il ne lui Ă©chappe pas qu'avec presque 900 millions d'obus tirĂ©s, son arme reprĂ©sente l'instrument par excellence de l'industrialisation de la guerre. Puis, il suit l'arrivĂ©e des troupes amĂ©ricaines et de leurs engins et se passionne pour le dĂ©veloppement spectaculaire des industries automobile et aĂ©ronautique aux États-Unis. Pays oĂč Ă©tait nĂ©e, dĂšs 1908, la fameuse Ford T, premier vĂ©hicule de sĂ©rie. Du dĂ©but des annĂ©es 1920 jusqu'Ă  la fin de sa carriĂšre, aux cĂŽtĂ©s de grands ingĂ©nieurs, Lods tente d'exporter ce modĂšle Ă  celui du bĂątiment et de ses composants. Ce seront notamment les chantiers de la CitĂ© du Champ des Oiseaux, Ă  Bagneux (1927-1933), et de La Muette, Ă  Drancy (1931-1934). Puis, aprĂšs guerre, les Grandes Terres de Marly-le-Roi (1952-1960) et surtout la Grand'Mare de Rouen (1960-1977). C'est aussi une myriade de petites rĂ©alisations prototypiques, Ă  commencer par l'aĂ©roclub de Buc abordĂ© au moment oĂč Lods obtient son brevet de pilote, en 1932.

Ses chantiers qui se veulent de pur montage, rĂȘvĂ©s en gants blanc, ne sont pas dĂ©nuĂ©s d'utopie. Ils participent au sentiment qui sourd au dĂ©but du XXe siĂšcle, selon lequel l'homme s'apprĂȘte Ă  faire quasi corps avec la machine. Charlie Chaplin a gĂ©nialement montrĂ© dans Les Temps modernes en 1936 la part tragique de cette nouvelle condition. Elle apparaĂźt comme un des effets les plus paradoxaux de la guerre, dans laquelle toute une gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© confrontĂ©e aux corps mutilĂ©s en masse, soumis aux Ă©lĂ©ments et Ă  la putrĂ©faction en plein champ, mais aussi possiblement transcendĂ©s par la mĂ©canisation et la science. Alfred Jarry en avait eu l'intuition dĂšs 1902 avec Le SurmĂąle : roman moderne dans lequel il dressait le rĂ©cit de la course - en forme d'hĂ©catombe - d'un train Ă  vapeur et de cyclistes dopĂ©s Ă  la « perpetual-motion food ». Le Corbusier est l'architecte qui, au contact des Planistes et du thĂ©oricien eugĂ©niste Alexis Carrel, captera le mieux ce nouveau rapport au corps, avec ses recherches sur l'immeuble-villa puis sur l'« unitĂ© d'habitation de grandeur conforme », instruments d'une « fabrique de l'homme nouveau » liant sport, biologie et habitation. IntĂ©grĂ© Ă  la fondation Carrel entre 1943 Ă  1945 (9), Dumail n'Ă©chappera pas Ă  ce programme « d'hygiĂšne sociale et de prophylaxie » Ă©noncĂ© par Sellier lui-mĂȘme au moins dĂšs 1921.Ces proches de Sellier que sont Dumail et Lods ont vu leurs rĂ©alisations de l'OPHBMS donnĂ©es en 1935 comme modĂšles du programme du grand ensemble du futur, dans cette pĂ©riode accidentĂ©e oĂč s'Ă©laborait une culture politique de gestion de la croissance des pĂ©riphĂ©ries urbaines. À la LibĂ©ration, ils affirment ensemble le logement comme la grande « affaire » du XXe siĂšcle dans un livret du comitĂ© Henri-Sellier (10). En 1951, ils s'engagent presque simultanĂ©ment dans les chantiers respectifs des deux SHAPE Villages : Dumail Ă  Saint-Germain-en-Laye, aux cĂŽtĂ©s de Jean Dubuisson, et Lods Ă  Fontainebleau. Les logements qu'ils bĂątissent, chacun Ă  sa façon mais tous deux en un temps record, pour les sous-officiers et officiers du quartier gĂ©nĂ©ral des forces alliĂ©es en Europe, constituent un des moments fondateurs de la politique de construction Ă  venir : les grands ensembles français ne sont dĂ©cidĂ©ment pas tombĂ©s du ciel avec la croissance et le baby-boom. * Architecte, Hubert Lempereur a consacrĂ© de nombreux articles Ă  la gĂ©nĂ©alogie et Ă  l'histoire matĂ©rielle et culturelle des premiers grands ensembles français et Ă  la construction de masse. À paraĂźtre, FĂ©lix Dumail, architecte de la « citĂ©-jardins », aux Ă©ditions du patrimoine et La Samaritaine, Paris, aux Ă©ditions Picard, ouvrage codirigĂ© avec Jean-François Cabestan. 1. J.-L. Cohen, Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale, Hazan/Centre Canadien d'Architecture, 2011. 2. Voir P. Chemetov et B. Marrey, Architectures. Paris 1848-1914, Dunod, 1980. 3. M. Rotival, « Urbanisme des H.B.M. - Formes de la citĂ© », L'Architecture d'aujourd'hui, n° 6, juin 1935. 4. Leurs archives sont conservĂ©es au centre d'archives d'architecture du XXe siĂšcle. La famille Dumail conserve de son cĂŽtĂ© ses correspondances de guerre. 5. J. Posener, « Historique des H.B.M. - Naissance du problĂšme, premiĂšres solutions », L'Architecture d'aujourd'hui, n° 6, juin 1935. 6. G. Ernest, « Concours pour la construction par la Ville de Paris d'immeubles collectifs Ă  bon marchĂ© », L'Architecture, 28 fĂ©v. 1914. 7. A. Gaillardin, « Les derniers concours de la Ville de Paris pour la construction d'habitations Ă  bon marchĂ© », La Construction moderne, 28 juin 1914. 8. J. Gubler, « L'aĂ©rostation, prĂ©lude Ă  l'aviation ? Notes sur la dĂ©couverte architecturale du paysage aĂ©rien », MatiĂšres, 1998. 9. H. Lempereur, « La fondation Carrel (1941-1945), Le Corbusier et FĂ©lix Dumail : portraits d'architectes en bio-sociologues », fabricA, 2009. 10. F. Dumail, P. GrĂŒnebaum-Ballin, R. Hummel, M. Lods, P. Pelletier et P. Sirvin, L'affaire du logement social, prĂ©face de LĂ©on Blum, Éditions de la LibertĂ©, 1947. TEXTE DU MONITEUR @ les #Constructions #Modernes #BANLIEUE @ l' #Urbanisme & l es #Chantiers d'#ApresGuerre ici #MĂ©moire2ville le #Logement Collectif* dans tous ses Ă©tats..#Histoire & #MĂ©moire de l'#Habitat / DĂ©partement territoire terroir region ville souvenirs du temps passĂ© d une Ă©poque revolue #Archives ANRU / #RĂ©tro #Banlieue / Renouvellement #Urbain / #Urbanisme / #HLM #postwar #postcard #cartepostale twitter.com/Memoire2cite Villes et rĂ©novation urbaine..Tout savoir tout connaitre sur le sujet ici via le PDF de l'UNION SOCIALE POUR L HABITAT (l'USH)... des textes Ă  savoir, Ă  apprendre, des techniques de demolition jusqu a la securisation..& bien plus encore.. union-habitat.org/.../files/articles/documents/...

www.dailymotion.com/video/xk6xui Quatre murs et un toit 1953 - Le Corbusier, l'architecte du bonheur 1957 conceptions architecturales le modulor, l'architecture de la ville radieuse, Chandigarh, Marseille, Nantes www.dailymotion.com/video/xw8prl Un documentaire consacrĂ© aux conceptions architecturales et urbanistiques de Le Corbusier.ExposĂ©es par l'architecte lui-mĂȘme et Ă©tayĂ©es par des plans, dessins et images de ses rĂ©alisations en France et Ă  l'Ă©tranger, ces thĂ©ories tĂ©moignent d'une rĂ©flexion approfondie et originale sur la ville et sa nĂ©cessaire adaptation Ă  la vie moderne, notamment Paris dont l'amĂ©nagement rĂ©volutionnaire rĂȘvĂ© par Le Corbusier est ici exposĂ©. Un classique du documentaire.Les premiers projets de Le Corbusier resteront Ă  l'Ă©tat de maquette : le plan de modernisation de la ville d'Alger. Certains seront rĂ©alisĂ©s par d'autres architectes : ministĂšre de l'Ă©ducation Ă  Rio de Janeiro, Palais de l'ONU Ă  New York. DĂšs l'aprĂšs-guerre en moins de 10 ans, Le Corbusier rĂ©alise de grandes unitĂ©s d'habitation Ă  Marseille, Nantes une chapelle Ă  Ronchamps, une usine Ă  Saint-DiĂ©, une ville Chandigarh en Inde. Par des schĂ©mas, l'architecte prĂ©sente sa thĂ©orie de la "ville radieuse", le modulor clef mathĂ©matique de son Ɠuvre ainsi que son projet de rĂ©organisation de la campagne, des citĂ©s industrielles et urbaine en un regroupement autour d'un systĂšme coopĂ©ratif. Le film expose les conceptions architecturales de Le Corbusier, dans la ligne des prĂ©curseurs de l'architecture moderne comme Claude-Nicolas Ledoux. Paris et le dĂ©sert français 1957 rĂ©alisation : Roger Leenhardt et Sydney Jezequel, rĂ©soudre le dĂ©sĂ©quilibre dĂ©mographique ville campagne www.dailymotion.com/video/x177lrp Film rĂ©alisĂ© par Roger Leenhardt et Sydney Jezequel en 1957, d'aprĂšs le livre de Jean-François Gravier. Document d'information gĂ©nĂ©ral proposant les solutions de l'Ă©poque pour Ă©viter la dĂ©sertification des campagnes et la folie concentrationnaire des villes. DĂšs 1957, la dĂ©sertification des campagnes prend des proportions tragiques. L'exemple est donnĂ© pour le village de Gourdon dans le Quercy.

Quelles Ă©volutions proposer pour Ă©viter l'exode rural et le dĂ©veloppement anarchique, qui s'amorce, des villes champignons, construites en plein champ sans urbanisme et sans Ăąme ? Le commentaire propose les solutions de l'Ă©poque : modernisation de l'agriculture, adaptation de l'artisanat, implantations d'industries dans les provinces. Gazoducs dans le sud-ouest, barrage en Haute-Savoie, polder en Bretagne semblaient Ă  l'Ă©poque pouvoir rĂ©soudre le dĂ©sĂ©quilibre ville campagne. Visages de la France 1957 Production - rĂ©alisation Atlantic-Film Marcel de Hubsch www.dailymotion.com/video/x19g59p Le film commence avec des vues de villages et d'architecture traditionnelle du Pays Basque, des Landes, de la Touraine, de la Normandie, de la Bretagne, d'Alsace. La voix off s'interroge : faut il transformer la France en un musĂ©e de ses vieilles demeures ? et poursuit : pourquoi des maisons de 10 Ă  15 mĂštres de hauteur Ă  Honfleur n'ont elles que 3 Ă  5 mĂštres de large ? Le commentaire se pose la question du nombre de maisons individuelles dans les villes qui entrainent l'Ă©talement urbain. Lorsque les villes ont bĂątit des immeubles, le commentaire se demande que cachent ces façades ? Des coures Ă©troites que le soleil ne visite jamais, un enchevĂȘtrement inouĂŻ de constructions hĂ©tĂ©roclites. L'Ă©poque de grande prospĂ©ritĂ© de la troisiĂšme rĂ©publique n'a rien su construire de grand poursuit la voix off. Ce document nous propose ensuite une animation de maquette pour l'amĂ©nagement d'une friche. Dans un premier temps Ă  la façon d'avant avec la maison individuelle. La voix off s'exclame : ce n'est pas autrement que d'affreuses banlieues naquirent que tant de villes furent Ă  jamais enlaidies, essayons autre chose. L'animation se met Ă  empiler les maisons individuelles et propose des bĂątiments collectifs dans des jardins. Le commentaire poursuit : maintenant c'est l'heure de l'urbaniste Ă  lui de rĂ©partir les constructions dans la citĂ©. Plusieurs organisation de logements collectifs sont proposĂ©es en maquettes. La voix off pointe les dĂ©fauts d'un urbanisme des grands ensemble trop ennuyeux. Puis une solution Ă©merge de l'animation : pour que la citĂ© vive il faut mettre au place d'honneur Ă©cole, dispensaire, bibliothĂšque, salle de rĂ©union, puis viennent les deux piĂšces maĂźtresse deux grands immeubles puis les rues se glissent dans la composition et enfin les pelouse et les jardins apparaissent et voila conclue le commentaire. Le film montre ensuite de rĂ©alisation de grands ensemble et on entre dans un immeuble au sein d'une famille : air et lumiĂšre sont au rendes-vous. On voit des enfants faire du patin Ă  roulette dans le parc de l'immeuble la voix off annonce : finit l'individualisme renfrognĂ© de l'Ă©choppe d'antan : la citĂ© tout entiĂšre est un jardin, les jeux d'enfants se mĂȘlent aux fleurs. Le film se termine sur des vues de rĂ©alisation de grands ensemble sur toute la France (vue entre autre de la citĂ© radieuse de Le Corbusier Ă  Marseille). Production Films Caravelle MRU (ministĂšre de la reconstruction et de l'urbanisme) Scenario et rĂ©alisation : Pierre JaLLAUDSur les routes de France les ponts renaissent 1945 reconstruction de la France aprĂšs la Seconde Guerre mondiale www.dailymotion.com/video/xuxrii?playlist=x34ije , www.twitter.com/Memoire2cite Les 30 Glorieuses . com et la carte postale.. Il existe de nos jours, de nombreux photographes qui privilĂ©gient la qualitĂ© artistique de leurs travaux cartophiles. A vous de dĂ©couvrir ces artistes inconnus aujourd’hui, mais qui seront peut-ĂȘtre les grands noms de demain. 69 BRON PARILLY LA VILLE NOUVELLE LES UC, UNE CITÉ DU FUTUR @ UN TOUR DE VILLE AUTOUR DU TEMPS

Le quartier des UC Ă  Parilly, a Ă©tĂ© la premiĂšre des grandes citĂ©s construites en France, au milieu du 20e siĂšcle, et fut en son temps un modĂšle. 1950. La Seconde guerre mondiale a laissĂ© derriĂšre elle un champ de ruines. En France, plus de 800.000 habitations ont Ă©tĂ© dĂ©truites. Partout on manque de logements : sur la cĂŽte atlantique, oĂč des villes entiĂšres ont Ă©tĂ© rasĂ©es, mais aussi Ă  Paris et en rĂ©gion lyonnaise. Pour couronner le tout, les Français se mettent Ă  faire des bĂ©bĂ©s Ă  tour de berceaux - le baby boom commence ! Du coup, les jeunes mariĂ©s ne peuvent dĂ©nicher un toit et restent chez leurs parents. Les mieux lotis s’entassent Ă  4 ou 5 dans une seule piĂšce, avec WC Ă  l’étage et un Ă©vier en guise de salle de bains. Les personnes sans le sou, elles, peuplent les bidonvilles qui cernent Lyon comme Ă  Bombay ou Ă  Rio. Souvenez-vous de l’abbĂ© Pierre, et de son appel de l’hiver 1954. Reloger la population constitue pourtant une prioritĂ© du gouvernement. On a nommĂ© ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme un hĂ©ros de la LibĂ©ration, pĂ©tri des idĂ©aux sociaux de la RĂ©sistance : le dĂ©putĂ© de la Loire, EugĂšne Claudius-Petit (1907-1989). Monsieur le Ministre veut non seulement redonner un toit aux Français, mais les doter du nec plus ultra en matiĂšre de logement, une architecture moderne et colorĂ©e, entourĂ©e de verdure et d’espace. DĂšs 1951, Claudius-Petit programme la construction de six grands ensembles : Ă  Angers (677 logements), Boulogne-Billancourt (800), Le Havre (1400), Pantin (800), Saint-Etienne (1262) et enfin Ă  Bron, oĂč doit naĂźtre la plus imposante de toutes ces citĂ©s, avec 2608 logements. Il en confie la rĂ©alisation Ă  l’Office des HLM du RhĂŽne, alors dirigĂ© par Laurent Bonnevay, tandis que sa conception revient Ă  de jeunes architectes Lyonnais disciples de Le Corbusier, dont RenĂ© GagĂšs et Franck Grimal.

L’emplacement de la future citĂ© est vite trouvĂ© : dans la partie nord du parc de Parilly, sur 27 hectares de terrains appartenant au Conseil gĂ©nĂ©ral. Ainsi, les immeubles se glisseront entre les arbres et les pelouses, en un mariage heureux de la nature et du bĂ©ton. La desserte du quartier sera assurĂ©e par le boulevard de Ceinture et par l’avenue Jean-Mermoz, deux belles avenues oĂč il fait bon se promener, Ă  pieds ou Ă  vĂ©lo, au milieu de quelques autos - l'une et l'autre n'ont pas encore Ă©tĂ© transformĂ©es en voies autoroutiĂšres
 Cinq ans Ă  peine, de 1951 Ă  1956, suffisent pour faire sortir de terre une douzaine de grands immeubles, l’équivalent d’une ville : les quatre tours et les deux barres en S des "UnitĂ©s de Construction" (UC) 5 et 7 le long du boulevard Laurent-Bonnevay ; l’UC 1 Ă  l’angle du boulevard et de l’autoroute A43 ; enfin les quatre immeubles en L des UC 2 Ă  5, le long de l’A43, Ă  l'endroit oĂč vous vous trouvez. Leur construction utilise des procĂ©dĂ©s rĂ©volutionnaires pour l’époque : chaque appartement, qu’il s’agisse d’un T2 ou d’un T6 en duplex, reproduit un plan type aux dimensions standardisĂ©es de 5 mĂštres de large, 11 mĂštres de long et 2,5 mĂštres de haut, dont les Ă©lĂ©ments sont fabriquĂ©s en usine et seulement assemblĂ©s sur le chantier, ce qui permet d’énormes gains de temps. Les premiers habitants dĂ©couvrent leurs appartements, Ă©bahis. Un F3 par exemple, leur offre une salle de sĂ©jour de 18 m2, deux chambres de 10 m2, une cuisine Ă©quipĂ©e de placards et plans de travail, des WC, une salle de bains, d’immenses baies vitrĂ©es et, luxe inouĂŻ, un grand balcon peint en jaune, en rouge ou en bleu vif, transformant leur immeuble en une mosaĂŻque multicolore. Les Brondillants passent d’un coup du taudis Ă  l’AmĂ©rique, et de Zola au 20e siĂšcle. Telles Ă©taient les UC, il y a une soixantaine d'annĂ©es. Une citĂ© modĂšle, dont les photos couvraient les cartes-postales locales, et les magazines du monde entier. AprĂšs les UC, d'autres grands ensembles voient le jour Ă  Bron au cours des annĂ©es 1950 Ă  1970 : les immeubles du quartier des Essarts, prĂšs des Galeries Lafayette ; les copropriĂ©tĂ©s de la route de Genas, Ă  cĂŽtĂ© de l'ancienne caserne Raby, et surtout les immeubles du quartier du Terraillon, au nord-est de Bron. Ces nouveaux logements, tous trĂšs prisĂ©s au moment de leur construction, font bondir la population de Bron de 12.500 habitants en 1946, Ă  42.000 habitants en 1968. Les experts de l'Ă©poque prĂ©disent mĂȘme que le seuil des 100.000 habitants serait atteint vers l'an 2000 ! Le temps du village Ă©tait rĂ©volu. Bron devenait une ville importante de la banlieue lyonnaise.

@ LES GRANDS ENSEMBLES @ Bien qu’ils Ă©chappent Ă  une dĂ©finition unique, les grands ensembles sont ty-piquement des ensembles de logement collectif, souvent en nombre impor-tant (plusieurs centaines Ă  plusieurs milliers de logements), construits entre le milieu des annĂ©es 1950 et le milieu des annĂ©es 1970, marquĂ©s par un urba-nisme de barres et de tours inspirĂ© des prĂ©ceptes de l’architecture moderne.

Ces grands ensembles, dont plusieurs centaines ont Ă©tĂ© construits en France, ont permis un large accĂšs au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, Ă©quipements sanitaires, ascenseur
) pour les ouvriers des banlieues ouvriĂšres, les habitants des habitats insalubres, les rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie et la main-d’oeuvre des grandes industries.

Ils se retrouvent frĂ©quemment en crise sociale profonde Ă  partir des annĂ©es 1980, et sont, en France, l’une des raisons de la mise en place de ce qu’on appelle la politique de la Ville.

Définition

Il n’y a pas de consensus pour dĂ©finir un grand ensemble.

On peut toutefois en distinguer deux :

‱ Selon le service de l’Inventaire du ministĂšre de la Culture français, un grand ensemble est un «amĂ©nagement urbain comportant plusieurs bĂątiments isolĂ©s pouvant ĂȘtre sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan masse constituant une unitĂ© de conception. Il peut ĂȘtre Ă  l’usage d’activitĂ© et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements. Son foncier ne fait pas nĂ©cessairement l’objet d’un remembrement, il n’est pas divisĂ© par lots ce qui le diffĂ©rencie du lotissement concerté».

‱ Selon le «gĂ©opolitologue» Yves Lacoste, un grand ensemble est une «masse de logements organisĂ©e en un ensemble. Cette organisation n’est pas seulement la consĂ©quence d’un plan masse; elle repose sur la prĂ©sence d’équipement collectifs (Ă©coles, commerces, centre social, etc.) [
]. Le grand ensemble apparaĂźt donc comme une unitĂ© d’habitat relativement autonome formĂ©e de bĂątiments collectifs, Ă©difiĂ©e en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements».

Le gĂ©ographe HervĂ© Vieillard-Baron apporte des prĂ©cisions : c’est, selon lui, un amĂ©nagement en rupture avec le tissu urbain existant, sous la forme de barres et de tours, conçu de maniĂšre globale et introduisant des Ă©quipements rĂšglementaires, comportant un financement de l’État et/ou des Ă©tablissements publics. Toujours selon lui, un grand ensemble comporte un minimum de 500 logements (limite fixĂ©e pour les Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© (ZUP) en 1959). Enfin, un grand ensemble n’est pas nĂ©cessairement situĂ© en pĂ©riphĂ©rie d’une ag-glomĂ©ration.

Comme on le voit ci-dessus, la dĂ©termination d’un seuil de logements peut ĂȘtre dĂ©battue. Les formes du grand ensemble sont assez rĂ©currentes, inspirĂ©es (ou lĂ©gitimĂ©es) par des prĂ©ceptes de l’architecture moderne et en particulier des CIAM : ils se veulent une application de la Charte d’AthĂšnes4. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une application directe des principes de Le Corbusier. Ils sont aussi le fruit d’une industriali-sation progressive du secteur du bĂątiment et, notamment en France, des procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrication en bĂ©ton.

Histoire

La CitĂ© de la Muette Ă  Drancy, construite par EugĂšne Beaudouin, Marcel Lods et Jean ProuvĂ© entre 1931 et 1934 pour l’Office public HBM de la Seine, est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le premier grand en-semble en France. Elle est mĂȘme Ă  l’origine du terme de «grand ensemble» puisque c’est ainsi que la dĂ©signe pour la premiĂšre fois Marcel Rotival dans un article de l’époque6. Cette citĂ©, initialement conçue comme une citĂ©-jardin, se transforme en cours d’étude en un projet totalement inĂ©dit en France, avec ses 5 tours de 15 Ă©tages et son habitat totalement collectif. Cependant, cette initiative reste sans lendemain du moins dans l’immĂ©diat.

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, le temps est Ă  la reconstruction et la prioritĂ© n’est pas donnĂ©e Ă  l’habitat. Le premier plan quinquennal de Jean Monnet (1947-1952) a avant tout pour objectif la reconstruction des infrastructures de transport et le recouvrement des moyens de production. Par ailleurs, le secteur du bĂątiment en France est alors incapable de construire des logements en grande quantitĂ© et rapidement : ce sont encore de petites entreprises artisanales aux mĂ©thodes de constructions traditionnelles.

Les besoins sont pourtant considĂ©rables : sur 14,5 millions de logements, la moitiĂ© n’a pas l’eau courante, les 3/4 n’ont pas de WC, 90 % pas de salle de bain. On dĂ©nombre 350 000 taudis, 3 millions de logements surpeu-plĂ©s et un dĂ©ficit constatĂ© de 3 millions d’habitations. Le blocage des loyers depuis 19147, trĂšs partiellement attĂ©nuĂ© par la Loi de 1948, ne favorise pas les investissements privĂ©s.

L’État tente de changer la situation en impulsant Ă  l’industrialisation des entreprises du bĂątiment : en 1950, EugĂšne Claudius-Petit, ministre de la reconstruction, lance le concours de la CitĂ© Rotterdam Ă  Strasbourg. Ce programme doit comporter 800 logements, mais le concours, ouvert Ă  un architecte associĂ© Ă  une entreprise de BTP, prend en compte des critĂšres de coĂ»t et de rapiditĂ© d’exĂ©cution. Le projet est gagnĂ© par EugĂšne Beau-douin qui rĂ©alise un des premiers grands ensembles d’aprĂšs guerre en 1953. En 1953 toujours, Pierre Courant, Ministre de la Reconstruction et du Logement, fait voter une loi qui met en place une sĂ©rie d’interventions (appelĂ©e «Plan Courant») facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement (primes Ă  la construction, prĂȘts Ă  taux rĂ©duit, etc.) : la prioritĂ© est donnĂ©e clairement par le ministĂšre aux logements collectifs et Ă  la solution des grands ensembles.

La mĂȘme annĂ©e, la crĂ©ation de la contribution obligatoire des entreprises Ă  l’effort de construction (1 % de la masse des salaires pour les entreprises de plus de 10 salariĂ©s) introduit des ressources supplĂ©mentaires pour la rĂ©alisation de logements sociaux : c’est le fameux «1 % patronal». Ces fonds sont rĂ©unis par l’Office Central Interprofessionnel du Logement (OCIL), Ă  l’origine de la construction d’un certain nombre de grands ensembles.

Mais le vĂ©ritable choc psychologique intervient en 1954 : le terrible hiver et l’action de l’AbbĂ© Pierre engage le gouvernement Ă  lancer une politique de logement volontariste. Un programme de «Logements Ă©conomiques de premiĂšre nĂ©cessité» (LEPN) est lancĂ© en juillet 1955 : il s’agit de petites citĂ©s d’urgence sous la forme de pavillons en bandes. En rĂ©alitĂ©, ces rĂ©alisations prĂ©caires s’avĂšrent catastrophiques et se transforment en tau-dis insalubres dĂšs l’annĂ©e suivante. La prioritĂ© est donnĂ©e alors rĂ©solument Ă  l’habitat collectif de grande taille et Ă  la prĂ©fabrication en bĂ©ton, comme seule solution au manque de logements en France.

Une multitude de procédures administratives

Grands ensembles du quartier Villejean à Rennes par l’architecte Louis Arretche.

Il n’existe pas une procĂ©dure type de construction d’un grand ensemble pendant cette pĂ©riode. En effet, de trĂšs nombreuses procĂ©dures techniques ou financiĂšres sont utilisĂ©es. Elles servent souvent d’ailleurs Ă  dĂ©signer les bĂątiments ou quartiers construits Ă  l’époque : Secteur industrialisĂ©, LOPOFA (LOgements POpulaires FAmiliaux), Logecos (LOGements ÉCOnomiques et familiaux), LEN (Logements Ă©conomiques normalisĂ©s), l’opĂ©ration Million, l’opĂ©ration «Économie de main d’oeuvre». L’unique objectif de toutes ces procĂ©dures est de construire vite et en trĂšs grande quantitĂ©. Le cadre de la Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© intervient en 1959, avec des constructions qui ne commencent rĂ©ellement qu’en 1961-1962.

Les contextes de constructions

Le quartier de La RouviĂšre (9Ăšme arrondissement) Ă  Marseille construit par Xavier ArsĂšne-Henry.

On peut distinguer 3 contextes de construction de ces grands ensembles à la fin des années 1950 et début des années 1960 :

‱ de nouveaux quartiers pĂ©riphĂ©riques de villes anciennes ayant pour objectif de reloger des populations ins-tallĂ©es dans des logements insalubres en centre-ville ou pour accueillir des populations venues des campagnes environnantes (cas les plus frĂ©quents).

‱ des villes nouvelles liĂ©es Ă  l’implantation d’industries nouvelles ou Ă  la politique d’amĂ©nagement du ter-ritoire : c’est le cas de Mourenx (avec le Gaz de Lacq), Bagnols-sur-CĂšze ou Pierrelatte (liĂ©es Ă  l’industrie nuclĂ©aire). On voit aussi des cas hybrides avec la premiĂšre situation, avec des implantations proches de villes satellites de Paris, dans le but de contrebalancer l’influence de cette derniĂšre : c’est le cas de la politique des «3M» dans le dĂ©partement de Seine-et-Marne avec la construction de grands ensembles liĂ©s Ă  des zones in-dustrielles Ă  Meaux, Melun, Montereau-Fault-Yonne.

‱ des opĂ©rations de rĂ©novation de quartiers anciens : le quartier de la Porte de BĂąle Ă  Mulhouse, l’ülot BiĂšvre dans le 13e arrondissement de Paris, le centre-ville ancien de Chelles.

Il est Ă  noter qu’un grand ensemble n’est pas forcĂ©ment un ensemble de logements sociaux : il peut s’agir aussi de logements de standing, comme le quartier de la RouviĂšre Ă  Marseille.

Les modes de constructions

Le Haut du LiĂšvre (3000 logements, construits Ă  partir de 1954), deux des plus longues barres de France, construite par Bernard Zehrfuss sur une crĂȘte surplombant Nancy.

Tout est mis en oeuvre pour qu’un maximum d’économies soient rĂ©alisĂ©es sur le chantier :

‱ la prĂ©fabrication : de nombreux procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrications sont mis en oeuvre sur les chantiers permettant un gain de temps et d’argent. ExpĂ©rimentĂ©s au cours des chantiers de la Reconstruction aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, ces procĂ©dĂ©s permettent la construction en sĂ©rie de panneaux de bĂ©tons, d’escaliers, d’huisseries mais aussi d’élĂ©ments de salles de bains Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du logements. Ces procĂ©dĂ©s ont pour nom : Camus (expĂ©rimentĂ© au Havre et exportĂ© jusqu’en URSS), Estiot (au Haut-du-LiĂšvre Ă  Nancy) ou Tracoba (Ă  la Pierre Collinet Ă  Meaux). Les formes simples (barres, tours) sont privilĂ©giĂ©es le long du chemin de grue (grue posĂ©e sur des rails) avec des usines Ă  bĂ©ton installĂ©es Ă  proximitĂ© du chantier, toujours dans une recherche de gain de temps.

‱ une Ă©conomie de main d’oeuvre : la prĂ©fabrication permet de faire appel Ă  une main d’oeuvre peu qualifiĂ©e, souvent d’origine immigrĂ©e. De grands groupes de BTP bĂ©nĂ©ficient de contrats pour des chantiers de construc-tion gigantesques, favorisĂ©s par l’État.

‱ les maĂźtres d’ouvrages sont eux aussi trĂšs concentrĂ©s et favorise les grandes opĂ©rations. La Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations est ainsi l’un des financeurs incontournables de ce mouvement de construction avec notam-ment sa filiale, la SCIC (SociĂ©tĂ© Civile immobiliĂšre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations), créée en 1954. Elle fait appel Ă  des architectes majeurs des annĂ©es 1950 et 1960, tels que Jean Dubuisson, Marcel Lods, Jacques Henri Labourdette, Bernard Zehrfuss, Raymond Lopez, Charles-Gustave Stoskopf et elle est Ă  l’ori-gine de nombreux grands ensembles situĂ©s en rĂ©gion parisienne, tels que Sarcelles (le plus grand programme en France avec 10 000 logements), CrĂ©teil, Massy-Antony.

Les dĂ©signations de ces grands ensembles sont Ă  cette Ă©poque trĂšs diverses : unitĂ© de voisinage, unitĂ© d’habitation, ville nouvelle (sans aucun rapport avec les villes nouvelles de Paul Delouvrier), villes satellites, ou encore citĂ©s nouvelles, etc.

Pendant 20 ans, on estime Ă  300 000 le nombre de logements construits ainsi par an, alors qu’au dĂ©but des annĂ©es 1950, on ne produisait que 10 000 logements chaque annĂ©e. 6 millions de logements sont ainsi construits au total. 90 % de ces constructions sont aidĂ©es par l’État.

En 1965, le programme des villes nouvelles est lancĂ©, se voulant en rupture avec l’urbanisme des grands ensembles. En 1969, les zones Ă  urbaniser en prioritĂ© sont abandonnĂ©es au profit des zones d’amĂ©nagement concertĂ©, créées deux ans auparavant. Enfin, le 21 mars 1973, une circulaire ministĂ©rielle signĂ©e par Olivier Guichard, ministre de l’Équipement, du Logement et des Transports, «visant Ă  prĂ©venir la rĂ©alisation des formes d’urbanisation dites « grands ensembles » et Ă  lutter contre la sĂ©grĂ©gation sociale par l’habitat», interdit toute construction d’ensembles de logements de plus de 500 unitĂ©s. La construction des grands ensembles est dĂ©finitivement abandonnĂ©e. La loi Barre de 1977 fait passer la prioritĂ© de l’aide gouvernementale de la construction collective Ă  l’aide aux mĂ©nages : c’est le retour du pavillonnaire et du logement. Les banlieues populaires apparaissent dans les mĂ©dias Ă  travers le prisme de la dĂ©linquance et des Ă©meutes. Pourtant, leur histoire doit s’analyser dans la moyenne durĂ©e des deux siĂšcles d’urbanisation et d’industrialisation, puis de disparition de la sociĂ©tĂ© industrielle. Les banlieues françaises, Ă  la diffĂ©rence des suburbs anglo-saxonnes qui logent les classes moyennes blanches, ont Ă©tĂ© créées dĂšs la fin du XIX e siĂšcle pour loger les classes populaires. Les besoins de logement expliquent les strates des paysages urbains : petits immeubles de rapport de la Belle Époque, pavillons des lotissements dĂ©fectueux de l’entre-deux-guerres, barres et tours de logement social et villes nouvelles des Trente Glorieuses. Trois moments de la constitution des banlieues populaires se superposent, encore visibles dans les paysages-palimpsestes : l’ñge des faubourgs industriels, devenus peu Ă  peu friches avec la dĂ©sindustrialisation qui dĂ©bute dans les annĂ©es 50 ; le temps des banlieues rouges et du socialisme municipal ; la construction des grands ensembles et l’entrĂ©e en crise du modĂšle Ă  partir de 1970. Des faubourgs industriels Ă  la dĂ©sindustrialisation

La banlieue contemporaine naĂźt de l’entreprise de modernisation de la capitale et des grandes mĂ©tropoles sous le Second Empire. Le modĂšle haussmannien, bien connu, rĂ©gularise la ville ancienne par l’imposition de percĂ©es dans le tissu urbain existant, l’équipement en rĂ©seaux divers, la construction d’immeubles neufs le long des nouvelles percĂ©es et l’exode partiel des anciens habitants du centre vers les arrondissements annexĂ©s ou vers les faubourgs. L’agrandissement de Paris complĂšte les ambitions d’Haussmann et de NapolĂ©on III : au premier janvier 1860, en application de la loi du 3 novembre 1859, 5100 hectares sont ajoutĂ©s aux 3402 hectares de la capitale, qui trouve ainsi sa taille dĂ©finitive et passe de 12 Ă  20 arrondissements. L’annexion des communes suburbaines s’accompagne d’une vision, en creux, de la nouvelle banlieue au-delĂ  des murailles. Le projet est d’homogĂ©nĂ©iser la nouvelle ville-capitale en gĂ©nĂ©ralisant les Ă©quipements urbains, notamment le mĂ©tro Ă  partir de 1900, de desserrer la pression dĂ©mographique du centre vers l’extĂ©rieur, de transfĂ©rer l’industrie au-delĂ  des Fortifications. Dans ces « cayennes », les salaires sont plus bas qu’à Paris, la discipline plus rude, la taylorisation plus prĂ©coce que dans les ateliers parisiens ou lyonnais. La banlieue est livrĂ©e Ă  elle-mĂȘme, ignorĂ©e par la puissance publique. Ses espaces libres accueillent les entrepĂŽts, la grande industrie et les fonctions que la ville transformĂ©e rejette : cimetiĂšres, hĂŽpitaux, champs d’épandage, logements sociaux 1. Les dĂ©crets sur les Ă©tablissements classĂ©s, datant du Premier Empire et repris sous la Restauration, sont Ă  l’origine des zones d’industries polluantes en proche banlieue, notamment autour de la chimie organique. Aubervilliers est cĂ©lĂšbre par la concentration d’industries chimiques (Saint-Gobain
). Les derniers de ces Ă©tablissements classĂ©s ont cessĂ© leur activitĂ© il y a peu de temps, sous l’impact des revendications des associations Ă©cologistes : Ă  Saint-Denis, la Saria, entreprise d’incinĂ©ration de carcasses animales, a dĂ» fermer. L’industrialisation, comme l’avait envisagĂ© Haussmann, se fait par le transfert des grandes usines de la capitale vers la pĂ©riphĂ©rie. AprĂšs la crise Ă©conomique de la fin du XIXe siĂšcle, l’implantation de nouvelles technologies – automobile, aviation, constructions Ă©lectriques – transforme des communes (Boulogne-Billancourt, Puteaux, Suresnes, VĂ©nissieux) en technopoles de pointe. Dans ces « cayennes », les salaires sont plus bas qu’à Paris, la d

[116/365] "Sarcasm: the last refuge of modest and chaste-souled people when the privacy of their soul is coarsely and intrusively invaded." - Fyodor Dostoevsky

 

Plastic flowers for sarcastic people. How I pity them. hehe.. peace out. :D

sarcasm aside, all things considered, he took the news well that i wanted him to help me rake up 420 cubic feet of leaves. fooooor sure, i am super appreciative of his helping to get the yard ready for winter!

warning... sarcasm - via www.twitxr.com/tapps/updates/50767 - Location: E Congress St, Milwaukee, WI 53211, USA

Amsterdam, 2 July 2006.

Saturday 13th February 2016 / The Forge

Ville nouvelle créée au milieu des marĂ©cages, dĂ©libĂ©rĂ©ment tournĂ©e vers les formes modernes, elle est l'Ɠuvre d'un architecte, Jean Balladur, qui a veillĂ© Ă  son destin durant plus d'un quart de siĂšcle de travail. C'est pour rĂ©pondre au dĂ©veloppement du tourisme de masse que l'Etat français s'est dĂ©cidĂ©, au dĂ©but des annĂ©es soixante, Ă  rendre habitable une cĂŽte languedocienne restĂ©e quasiment dĂ©sertique en planifiant la construction d'une sĂ©rie de stations dotĂ©es d'une grande capacitĂ© d'accueil. RĂ©alisation phare de l'amĂ©nagement du Languedoc-Roussillon, La Grande Motte a voulu offrir une alternative aux modĂšles dominants de l'urbanisme balnĂ©aire : de cette ambition est nĂ©e une vĂ©ritable ville dotĂ©e de rues, de places, d'Ă©quipements et de commerces, une ville comprenant aussi bien des logements collectifs que des villas et des terrains de camping. L'Ă©tude de cette " aventure " exemplaire, rĂ©alisĂ©e Ă  partir des archives souvent inĂ©dites de l'architecte, permet d'initier une nouvelle Ă©valuation de la pĂ©riode des " trente glorieuses ", souvent dĂ©criĂ©e, mais qu'il convient de nuancer : rapportĂ© Ă  des enjeux socio-Ă©conomiques clairement identifiĂ©s tout n'est pas sans qualitĂ© dans le foisonnement de systĂšmes et d'objets urbains et architecturaux qui caractĂ©rise cette pĂ©riode. En 2010, la station balnĂ©aire de La Grande Motte reçoit le label Patrimoine du XXe siĂšcle pour l'exceptionnelle qualitĂ© de son urbanisme, de son architecture et de son amĂ©nagement paysager. Il aura fallu un demi-siĂšcle d'incomprĂ©hension, d'aveuglement et de polĂ©mique, de sarcasmes souvent, pour que soit enfin consacrĂ©e cette rĂ©alisation majeure de l'architecture du XXe siĂšcle, qu'Ă  l'Ă©poque on n'hĂ©sitait pas Ă  qualifier de "Sarcelles-sur-Mer"... Ce retournement copernicien consacre le travail de spĂ©cialistes du patrimoine et d'historiens qui ont su s'extraire du dĂ©bat doctrinal passionnĂ© mais stĂ©rile de l'Ă©poque et ouvrir les yeux sur une citĂ© pensĂ©e comme une oeuvre d'art totale par Jean Balladur, qui en fut l'architecte et l'urbaniste en chef visionnaire pendant plus de deux dĂ©cennies. La construction ex nihilo de La Grande Motte dans un paysage sauvage et inhospitalier entre 1964 et la fin du XXe siĂšcle tĂ©moigne d'une fantastique aventure humaine autant que de l'invention du balnĂ©aire moderne des Trente Glorieuses. Jean Balladur, jeune architecte, y renouvelle alors le genre de la villĂ©giature en faisant preuve d'une formidable capacitĂ© de crĂ©ation. Aujourd'hui, la ville a atteint sa maturitĂ©. La vĂ©gĂ©tation a poussĂ© au-delĂ  des espĂ©rances, faisant de La Grande Motte une vĂ©ritable "ville verte". Le succĂšs de la station, plĂ©biscitĂ©e par le public, ne s'est jamais dĂ©menti, consolidĂ© au contraire depuis sa rĂ©cente valorisation patrimoniale. Elle le doit Ă  ses qualitĂ©s architecturales, urbaines et paysagĂšres, un ensemble d'une exceptionnelle dimension patrimoniale identitaire, dĂ©sormais pris en compte dans son dĂ©veloppement. Cet ouvrage retrace l'histoire de cette entreprise pharaonique et de sa rĂ©ception auprĂšs des spĂ©cialistes comme du grand public. Il apporte Ă  chacun, habitant, amateur d'architecture ou estivant, des clefs de lecture pour comprendre l'importance de La Grande Motte au sein de l'amĂ©nagement touristique de la cĂŽte du Languedoc-Roussillon et dans l'histoire de l'architecture du XXe siĂšcle. www.twitter.com/Memoire2cite LES GRANDS ENSEMBLES @ Bien qu’ils Ă©chappent Ă  une dĂ©finition unique, les grands ensembles sont ty-piquement des ensembles de logement collectif, souvent en nombre impor-tant (plusieurs centaines Ă  plusieurs milliers de logements), construits entre le milieu des annĂ©es 1950 et le milieu des annĂ©es 1970, marquĂ©s par un urba-nisme de barres et de tours inspirĂ© des prĂ©ceptes de l’architecture moderne.

Ces grands ensembles, dont plusieurs centaines ont Ă©tĂ© construits en France, ont permis un large accĂšs au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, Ă©quipements sanitaires, ascenseur
) pour les ouvriers des banlieues ouvriĂšres, les habitants des habitats insalubres, les rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie et la main-d’oeuvre des grandes industries.

Ils se retrouvent frĂ©quemment en crise sociale profonde Ă  partir des annĂ©es 1980, et sont, en France, l’une des raisons de la mise en place de ce qu’on appelle la politique de la Ville.

Définition

Il n’y a pas de consensus pour dĂ©finir un grand ensemble.

On peut toutefois en distinguer deux :

‱ Selon le service de l’Inventaire du ministĂšre de la Culture français, un grand ensemble est un «amĂ©nagement urbain comportant plusieurs bĂątiments isolĂ©s pouvant ĂȘtre sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan masse constituant une unitĂ© de conception. Il peut ĂȘtre Ă  l’usage d’activitĂ© et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements. Son foncier ne fait pas nĂ©cessairement l’objet d’un remembrement, il n’est pas divisĂ© par lots ce qui le diffĂ©rencie du lotissement concerté».

‱ Selon le «gĂ©opolitologue» Yves Lacoste, un grand ensemble est une «masse de logements organisĂ©e en un ensemble. Cette organisation n’est pas seulement la consĂ©quence d’un plan masse; elle repose sur la prĂ©sence d’équipement collectifs (Ă©coles, commerces, centre social, etc.) [
]. Le grand ensemble apparaĂźt donc comme une unitĂ© d’habitat relativement autonome formĂ©e de bĂątiments collectifs, Ă©difiĂ©e en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements».

Le gĂ©ographe HervĂ© Vieillard-Baron apporte des prĂ©cisions : c’est, selon lui, un amĂ©nagement en rupture avec le tissu urbain existant, sous la forme de barres et de tours, conçu de maniĂšre globale et introduisant des Ă©quipements rĂšglementaires, comportant un financement de l’État et/ou des Ă©tablissements publics. Toujours selon lui, un grand ensemble comporte un minimum de 500 logements (limite fixĂ©e pour les Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© (ZUP) en 1959). Enfin, un grand ensemble n’est pas nĂ©cessairement situĂ© en pĂ©riphĂ©rie d’une ag-glomĂ©ration.

Comme on le voit ci-dessus, la dĂ©termination d’un seuil de logements peut ĂȘtre dĂ©battue. Les formes du grand ensemble sont assez rĂ©currentes, inspirĂ©es (ou lĂ©gitimĂ©es) par des prĂ©ceptes de l’architecture moderne et en particulier des CIAM : ils se veulent une application de la Charte d’AthĂšnes4. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une application directe des principes de Le Corbusier. Ils sont aussi le fruit d’une industriali-sation progressive du secteur du bĂątiment et, notamment en France, des procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrication en bĂ©ton.

Histoire

La CitĂ© de la Muette Ă  Drancy, construite par EugĂšne Beaudouin, Marcel Lods et Jean ProuvĂ© entre 1931 et 1934 pour l’Office public HBM de la Seine, est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le premier grand en-semble en France. Elle est mĂȘme Ă  l’origine du terme de «grand ensemble» puisque c’est ainsi que la dĂ©signe pour la premiĂšre fois Marcel Rotival dans un article de l’époque6. Cette citĂ©, initialement conçue comme une citĂ©-jardin, se transforme en cours d’étude en un projet totalement inĂ©dit en France, avec ses 5 tours de 15 Ă©tages et son habitat totalement collectif. Cependant, cette initiative reste sans lendemain du moins dans l’immĂ©diat.

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, le temps est Ă  la reconstruction et la prioritĂ© n’est pas donnĂ©e Ă  l’habitat. Le premier plan quinquennal de Jean Monnet (1947-1952) a avant tout pour objectif la reconstruction des infrastructures de transport et le recouvrement des moyens de production. Par ailleurs, le secteur du bĂątiment en France est alors incapable de construire des logements en grande quantitĂ© et rapidement : ce sont encore de petites entreprises artisanales aux mĂ©thodes de constructions traditionnelles.

Les besoins sont pourtant considĂ©rables : sur 14,5 millions de logements, la moitiĂ© n’a pas l’eau courante, les 3/4 n’ont pas de WC, 90 % pas de salle de bain. On dĂ©nombre 350 000 taudis, 3 millions de logements surpeu-plĂ©s et un dĂ©ficit constatĂ© de 3 millions d’habitations. Le blocage des loyers depuis 19147, trĂšs partiellement attĂ©nuĂ© par la Loi de 1948, ne favorise pas les investissements privĂ©s.

L’État tente de changer la situation en impulsant Ă  l’industrialisation des entreprises du bĂątiment : en 1950, EugĂšne Claudius-Petit, ministre de la reconstruction, lance le concours de la CitĂ© Rotterdam Ă  Strasbourg. Ce programme doit comporter 800 logements, mais le concours, ouvert Ă  un architecte associĂ© Ă  une entreprise de BTP, prend en compte des critĂšres de coĂ»t et de rapiditĂ© d’exĂ©cution. Le projet est gagnĂ© par EugĂšne Beau-douin qui rĂ©alise un des premiers grands ensembles d’aprĂšs guerre en 1953. En 1953 toujours, Pierre Courant, Ministre de la Reconstruction et du Logement, fait voter une loi qui met en place une sĂ©rie d’interventions (appelĂ©e «Plan Courant») facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement (primes Ă  la construction, prĂȘts Ă  taux rĂ©duit, etc.) : la prioritĂ© est donnĂ©e clairement par le ministĂšre aux logements collectifs et Ă  la solution des grands ensembles.

La mĂȘme annĂ©e, la crĂ©ation de la contribution obligatoire des entreprises Ă  l’effort de construction (1 % de la masse des salaires pour les entreprises de plus de 10 salariĂ©s) introduit des ressources supplĂ©mentaires pour la rĂ©alisation de logements sociaux : c’est le fameux «1 % patronal». Ces fonds sont rĂ©unis par l’Office Central Interprofessionnel du Logement (OCIL), Ă  l’origine de la construction d’un certain nombre de grands ensembles.

Mais le vĂ©ritable choc psychologique intervient en 1954 : le terrible hiver et l’action de l’AbbĂ© Pierre engage le gouvernement Ă  lancer une politique de logement volontariste. Un programme de «Logements Ă©conomiques de premiĂšre nĂ©cessité» (LEPN) est lancĂ© en juillet 1955 : il s’agit de petites citĂ©s d’urgence sous la forme de pavillons en bandes. En rĂ©alitĂ©, ces rĂ©alisations prĂ©caires s’avĂšrent catastrophiques et se transforment en tau-dis insalubres dĂšs l’annĂ©e suivante. La prioritĂ© est donnĂ©e alors rĂ©solument Ă  l’habitat collectif de grande taille et Ă  la prĂ©fabrication en bĂ©ton, comme seule solution au manque de logements en France.

Une multitude de procédures administratives

Grands ensembles du quartier Villejean à Rennes par l’architecte Louis Arretche.

Il n’existe pas une procĂ©dure type de construction d’un grand ensemble pendant cette pĂ©riode. En effet, de trĂšs nombreuses procĂ©dures techniques ou financiĂšres sont utilisĂ©es. Elles servent souvent d’ailleurs Ă  dĂ©signer les bĂątiments ou quartiers construits Ă  l’époque : Secteur industrialisĂ©, LOPOFA (LOgements POpulaires FAmiliaux), Logecos (LOGements ÉCOnomiques et familiaux), LEN (Logements Ă©conomiques normalisĂ©s), l’opĂ©ration Million, l’opĂ©ration «Économie de main d’oeuvre». L’unique objectif de toutes ces procĂ©dures est de construire vite et en trĂšs grande quantitĂ©. Le cadre de la Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© intervient en 1959, avec des constructions qui ne commencent rĂ©ellement qu’en 1961-1962.

Les contextes de constructions

Le quartier de La RouviĂšre (9Ăšme arrondissement) Ă  Marseille construit par Xavier ArsĂšne-Henry.

On peut distinguer 3 contextes de construction de ces grands ensembles à la fin des années 1950 et début des années 1960 :

‱ de nouveaux quartiers pĂ©riphĂ©riques de villes anciennes ayant pour objectif de reloger des populations ins-tallĂ©es dans des logements insalubres en centre-ville ou pour accueillir des populations venues des campagnes environnantes (cas les plus frĂ©quents).

‱ des villes nouvelles liĂ©es Ă  l’implantation d’industries nouvelles ou Ă  la politique d’amĂ©nagement du ter-ritoire : c’est le cas de Mourenx (avec le Gaz de Lacq), Bagnols-sur-CĂšze ou Pierrelatte (liĂ©es Ă  l’industrie nuclĂ©aire). On voit aussi des cas hybrides avec la premiĂšre situation, avec des implantations proches de villes satellites de Paris, dans le but de contrebalancer l’influence de cette derniĂšre : c’est le cas de la politique des «3M» dans le dĂ©partement de Seine-et-Marne avec la construction de grands ensembles liĂ©s Ă  des zones in-dustrielles Ă  Meaux, Melun, Montereau-Fault-Yonne.

‱ des opĂ©rations de rĂ©novation de quartiers anciens : le quartier de la Porte de BĂąle Ă  Mulhouse, l’ülot BiĂšvre dans le 13e arrondissement de Paris, le centre-ville ancien de Chelles.

Il est Ă  noter qu’un grand ensemble n’est pas forcĂ©ment un ensemble de logements sociaux : il peut s’agir aussi de logements de standing, comme le quartier de la RouviĂšre Ă  Marseille.

Les modes de constructions

Le Haut du LiĂšvre (3000 logements, construits Ă  partir de 1954), deux des plus longues barres de France, construite par Bernard Zehrfuss sur une crĂȘte surplombant Nancy.

Tout est mis en oeuvre pour qu’un maximum d’économies soient rĂ©alisĂ©es sur le chantier :

‱ la prĂ©fabrication : de nombreux procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrications sont mis en oeuvre sur les chantiers permettant un gain de temps et d’argent. ExpĂ©rimentĂ©s au cours des chantiers de la Reconstruction aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, ces procĂ©dĂ©s permettent la construction en sĂ©rie de panneaux de bĂ©tons, d’escaliers, d’huisseries mais aussi d’élĂ©ments de salles de bains Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du logements. Ces procĂ©dĂ©s ont pour nom : Camus (expĂ©rimentĂ© au Havre et exportĂ© jusqu’en URSS), Estiot (au Haut-du-LiĂšvre Ă  Nancy) ou Tracoba (Ă  la Pierre Collinet Ă  Meaux). Les formes simples (barres, tours) sont privilĂ©giĂ©es le long du chemin de grue (grue posĂ©e sur des rails) avec des usines Ă  bĂ©ton installĂ©es Ă  proximitĂ© du chantier, toujours dans une recherche de gain de temps.

‱ une Ă©conomie de main d’oeuvre : la prĂ©fabrication permet de faire appel Ă  une main d’oeuvre peu qualifiĂ©e, souvent d’origine immigrĂ©e. De grands groupes de BTP bĂ©nĂ©ficient de contrats pour des chantiers de construc-tion gigantesques, favorisĂ©s par l’État.

‱ les maĂźtres d’ouvrages sont eux aussi trĂšs concentrĂ©s et favorise les grandes opĂ©rations. La Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations est ainsi l’un des financeurs incontournables de ce mouvement de construction avec notam-ment sa filiale, la SCIC (SociĂ©tĂ© Civile immobiliĂšre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations), créée en 1954. Elle fait appel Ă  des architectes majeurs des annĂ©es 1950 et 1960, tels que Jean Dubuisson, Marcel Lods, Jacques Henri Labourdette, Bernard Zehrfuss, Raymond Lopez, Charles-Gustave Stoskopf et elle est Ă  l’ori-gine de nombreux grands ensembles situĂ©s en rĂ©gion parisienne, tels que Sarcelles (le plus grand programme en France avec 10 000 logements), CrĂ©teil, Massy-Antony.

Les dĂ©signations de ces grands ensembles sont Ă  cette Ă©poque trĂšs diverses : unitĂ© de voisinage, unitĂ© d’habitation, ville nouvelle (sans aucun rapport avec les villes nouvelles de Paul Delouvrier), villes satellites, ou encore citĂ©s nouvelles, etc.Pendant 20 ans, on estime Ă  300 000 le nombre de logements construits ainsi par an, alors qu’au dĂ©but des annĂ©es 1950, on ne produisait que 10 000 logements chaque annĂ©e. 6 millions de logements sont ainsi construits au total. 90 % de ces constructions sont aidĂ©es par l’État.

En 1965, le programme des villes nouvelles est lancĂ©, se voulant en rupture avec l’urbanisme des grands ensembles. En 1969, les zones Ă  urbaniser en prioritĂ© sont abandonnĂ©es au profit des zones d’amĂ©nagement concertĂ©, créées deux ans auparavant. Enfin, le 21 mars 1973, une circulaire ministĂ©rielle signĂ©e par Olivier Guichard, ministre de l’Équipement, du Logement et des Transports, «visant Ă  prĂ©venir la rĂ©alisation des formes d’urbanisation dites « grands ensembles » et Ă  lutter contre la sĂ©grĂ©gation sociale par l’habitat», interdit toute construction d’ensembles de logements de plus de 500 unitĂ©s. La construction des grands ensembles est dĂ©finitivement abandonnĂ©e. La loi Barre de 1977 fait passer la prioritĂ© de l’aide gouvernementale de la construction collective Ă  l’aide aux mĂ©nages : c’est le retour du pavillonnaire et du logement.

Les guerres jouent un rĂŽle majeur dans l'histoire architecturale d'un pays. Alors que les commĂ©morations orchestrĂ©es par la mission Centenaire 1914-1918 battent leur plein, il paraĂźt intĂ©ressant de revenir sur ce que la Grande Guerre a reprĂ©sentĂ© pour les architectes, au-delĂ  des destructions et du traumatisme. Ce premier Ă©pisode de « mobilisation totale » - suivant les termes utilisĂ©s par Ernst JĂŒnger en 1930 -, a notamment entraĂźnĂ© une industrialisation accĂ©lĂ©rĂ© des processus de production, qui a marquĂ© les esprits. Certains architectes comme FĂ©lix Dumail et Marcel Lods se sont alors engagĂ©s dans la dĂ©finition d'un cadre urbanistique nouveau pour le logement social : au sein de l'Office public d'habitations Ă  bon marchĂ© du dĂ©partement de la Seine, ils ont largement contribuĂ© Ă  l'invention du « grand ensemble ».

La reconstruction de l'aprĂšs PremiĂšre Guerre mondiale a souvent Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme une occasion manquĂ©e. Cette antienne a mĂȘme servi de repoussoir aprĂšs la Seconde. C'est pourtant un bilan Ă  tempĂ©rer, puisqu'au sortir de l'une et l'autre, on est parvenu Ă  reconstruire un nombre de logements comparable en valeur relative, dans Ă  peu prĂšs le mĂȘme laps de temps. Plus gĂ©nĂ©ralement, les vicissitudes des chantiers de l'entre-deux-guerres tiennent au contexte Ă©conomique et politique, au problĂšme du moratoire des loyers, aux effets de la crise de 1929, etc., plutĂŽt qu'Ă  une dĂ©faillance des savoir-faire des entreprises et des architectes. Dans cette pĂ©riode ouverte cohabitent, au contraire, des procĂ©dĂ©s constructifs aussi nombreux qu'efficaces. L'Ă©laboration des programmes modernes - logement social, Ă©quipements sportifs, sociaux et Ă©ducatifs, grande distribution, etc. - est l'objet d'un Ă©ventail de recherches d'une grande pluralitĂ©. On aura rarement inventĂ© autant de types architecturaux. Ainsi, pour paraphraser ce que Jean-Louis Cohen Ă©crit de la Seconde Guerre (1), on peut suggĂ©rer que la PremiĂšre ne reprĂ©sente pas seulement quatre annĂ©es de « page blanche », ni mĂȘme une rĂ©pĂ©tition de la suivante, mais bien, elle aussi, un temps de condensation « technologique, typologique et esthĂ©tique ». Si la Seconde Guerre coĂŻncide avec la « victoire » et la « suprĂ©matie » de la modernitĂ© architecturale, la PremiĂšren'est pas en reste, qui pose les conditions de diffusion du fordisme, de la prĂ©fabrication des bĂątiments et dessine les contours urbanistiques de la construction de masse.

Certes, le XIXe siÚcle, avec le Paris d'Haussmann et les expositions universelles, avait largement plus que défricher les champs de la rapidité, de l'étendue et de la quantité, mais, spécifiquement, l'entre-deux-guerres est marqué par le perfectionnement de la répétition (2). Un des effets de la Grande Guerre réside dans l'accélération de la mise en place d'un cadre de production pour le logement collectif et dans la définition progressive du « grand ensemble ». Ce concept, apparu en juin 1935 sous la plume de Maurice Rotival dans L'Architecture d'aujourd'hui, ressortit à la tentative « d'un urbanisme contemporain : un urbanisme des habitations » (3). Son héraut est l'Office public d'habitations à bon marché du département de la Seine (OPHBMS) d'Henri Sellier, futur ministre de la Santé publique du Front populaire. Imaginé en 1913, organisé pendant la guerre, l'OPHBMS sera, avant 1939, le maßtre d'ouvrage de plus de 17 000 logements répartis en une vingtaine d'opérations banlieusardes.

Dans une perspective de gĂ©nĂ©alogie du logement de masse français, il y a grand intĂ©rĂȘt Ă  suivre les parcours des architectes de l'OPHBMS pendant la Grande Guerre. Parmi la vingtaine de protagonistes concernĂ©s, seuls deux Ă©taient trop ĂągĂ©s pour participer au conflit : RaphaĂ«l Loiseau (1856-1925), architecte-conseil, et Alexandre Maistrasse (1860-1951), qui s'applique dĂšs avant l'armistice au projet de la « citĂ©-jardins » de Suresnes, dont Sellier sera maire de 1919 Ă  1940. Il y livrera prĂšs de 2 500 logements. Bien que plus jeune, Maurice Payret-Dortail (1874-1929) n'est pas mobilisĂ© et participe Ă  la mise en place de l'Office durant la guerre, avant de travailler jusqu'Ă  son dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© Ă  une autre grande citĂ©-jardins, celle du Plessis-Robinson. NĂ©s entre 1868 et 1900, les autres architectes correspondent exactement aux classes d'Ăąge appelĂ©es au front.

Les figures de Marcel Lods et de Felix Dumail

Deux d'entre eux (4) ont laissĂ© des archives significatives sur ces annĂ©es : FĂ©lix Dumail (1883-1955), un des plus fidĂšles compagnons de Sellier, et Marcel Lods (1891-1978), brillant cadet entrĂ© dans un second temps Ă  l'OPHBMS avec son associĂ© EugĂšne Beaudouin (1898-1983). Dumail est diplĂŽmĂ© de l'Atelier Bernier en 1908 et lorsqu'il est mobilisĂ©, il figure dĂ©jĂ  parmi les pionniers du logement social. Lods, quant Ă  lui, est admis dans le mĂȘme atelier en 1911, mais, conscrit l'annĂ©e suivante, il ne quitte l'uniforme qu'une fois la guerre terminĂ©e. Il obtient son diplĂŽme en 1923, tout en collaborant dĂšs 1921 sur d'importantes opĂ©rations HBM avec Albert Beaudouin, architecte de la SociĂ©tĂ© des logements Ă©conomiques pour familles nombreuses depuis 1907. Celui-ci lui cĂ©dera son agence en 1929, ainsi qu'Ă  son neveu EugĂšne.

Vers des logements sociaux en grande série

Il faut rappeler qu'Ă  l'approche de la guerre, ce que l'on nomme le logement ouvrier se situe Ă  un tournant : fin 1912, la loi Bonnevay a affirmĂ© son caractĂšre public. Elle autorise alors les collectivitĂ©s locales Ă  constituer des offices d'habitations Ă  bon marchĂ©, domaine jusque-lĂ  rĂ©servĂ© des sociĂ©tĂ©s anonymes et des fondations philanthropiques. Peu avant, la Ville de Paris a obtenu la possibilitĂ© de produire elle-mĂȘme des logements sociaux. Si les rĂ©sultats du concours qu'elle lance en 1912 sont suspendus, du fait de ses terrains petits et irrĂ©gulier ayant inspirĂ© des propositions peu gĂ©nĂ©ralisables, quelques architectes se sont d'ores et dĂ©jĂ  essayĂ©s Ă  dĂ©cliner des plans en immeubles libres et cours ouvertes. C'est le cas de Payret-Dortail, laurĂ©at sur le site de l'avenue Émile-Zola, et du jeune groupement Dumail, Jean HĂ©brard et Antonin TrĂ©velas. Au concours de 1913, ce trio peut dĂ©velopper ses principes Ă  l'Ă©chelle plus favorable de vastes terrains. Il se retrouve laurĂ©at de 600 logements rue Marcadet, avec un projet dĂ©signĂ© dix ans plus tard comme un des plus avancĂ©s des « standards d'avant-guerre » (5). Ce deuxiĂšme concours, qui porte l'ambition d'entamer un processus de construction en grande sĂ©rie sur la base de plans-modĂšles, suscite l'engouement, puisque prĂšs de 700 chĂąssis ont Ă©tĂ© adressĂ©s et que, comme l'affirme L'Architecture : « On sent qu'il y a maintenant une gĂ©nĂ©ration d'architectes s'intĂ©ressant Ă  la question des habitations Ă  bon marchĂ©, et qui l'ont comprise. » (6) Sellier ne s'y trompe pas, qui forme, entre 1916 et 1921, la premiĂšre Ă©quipe d'architectes-directeurs de l'OPHBMS en puisant parmi les laurĂ©ats des concours parisiens : Albenque et Gonnot ; Arfvidson, Bassompierre et de RuttĂ© ; HĂ©brard et Dumail, Maistrasse, Payret-Dortail, Pelletier, Teisseire.

L'entrĂ©e en guerre, dans un premier temps, coupe net l'Ă©lan de cette gĂ©nĂ©ration, avant de la dĂ©cimer. Ainsi, TrĂ©velas aura son nom gravĂ© sur le monument aux morts de la cour du mĂ»rier, au cƓur de l'École des beaux-arts. MobilisĂ© dans l'infanterie, Dumail dĂ©crit dans ses courriers et dans son journal, le manque d'organisation, la faim, la fatigue, les douleurs corporelles, l'ampleur des destructions et les atrocitĂ©s : blessures par obus, barricades Ă©levĂ©es avec des couches de cadavres, etc. Si l'Ă©pisode napolĂ©onien avait dĂ©jĂ  provoquĂ© des tueries de masse, celles-ci se singularisent. Leur mĂ©canisation et l'annihilation du territoire reprĂ©senteront une source inextinguible de rĂ©flexions pour les architectes, faisant Ă©cho Ă  une sensibilitĂ© rĂ©cente : les thĂ©ories premiĂšres de Prosper MĂ©rimĂ©e ou Viollet-le-Duc - suite au « vandalisme » de la rĂ©volution et aux effets de l'industrialisation - venaient justement d'accoucher le 31 dĂ©cembre 1913 de l'actuelle loi sur les monuments historiques. AprĂšs guerre, les architectes se passionneront du sort des monuments endommagĂ©s - la cathĂ©drale de Reims notamment - et du statut des ruines, quasi sacralisĂ©es par un Auguste Perret. SimultanĂ©ment les avant-gardes mettront en avant l'idĂ©e de la table rase. Le spectacle des manƓuvres de nuit sous le feu des projecteurs procure ainsi Ă  Dumail un sentiment ambigu de fascination-rĂ©pulsion, Ă©voquant la sidĂ©ration exprimĂ©e par un Apollinaire.

Dumail manifeste des capacitĂ©s d'observation hors du commun, qui lui vaudront la lĂ©gion d'honneur. Sous les bombardements, il exĂ©cute des plans et des panoramas des positions ennemies, permettant de mieux diriger les tirs. NommĂ© sous-lieutenant en octobre 1915, il entame des dĂ©marches pour ĂȘtre affectĂ© Ă  l'aviation. À l'appui de sa demande, il mentionne sa passion pour les sports mĂ©caniques, sa pratique assidue de la moto et souligne son succĂšs en 1912 au concours Chenavard consacrĂ© Ă  une Ă©cole d'aviation militaire. C'est pourtant un projet dans lequel l'aĂ©roport reprĂ©sentait surtout un emblĂšme. À l'instar, du reste, de l'aĂ©roport de la citĂ©-jardins du Grand Paris imaginĂ©e par l'OHBMS en 1919 en marge des projets du Plessis-Robinson et de la Butte-Rouge (ChĂątenay-Malabry), ou encore, Ă  partir de 1922, de celui qu'associe Le Corbusier Ă  une autoroute sur la rive droite de Paris, dans son fameux Plan Voisin soutenu par le fabricant automobile et aĂ©ronautique Ă©ponyme. Bien que Dumail juge plus aisĂ© de piloter un avion qu'une auto et malgrĂ© le soutien de ses officiers, ses dĂ©marches n'aboutissent pas. Pas plus que ses tentatives d'entrer au GĂ©nie puis au service technique de Peugeot ou encore, en 1917, ses propositions d'adaptation d'une mitrailleuse Hotchkiss auprĂšs du sous-secrĂ©tariat d'État des inventions. Comme beaucoup d'appelĂ©s, Dumail attendra sa dĂ©mobilisation quasiment jusqu'au traitĂ© de Versailles, en 1919. Durant ces annĂ©es incertaines, alors que ne se concrĂ©tisent ni le chantier de la rue Marcadet ni sa nomination dĂ©finitive par l'OPHBMS - il y est inscrit avec HĂ©brard sur la liste d'architectes depuis 1917 -, il voyage dans les rĂ©gions dĂ©vastĂ©es. Dumail et HĂ©brard sont agréés pour la reconstruction des Ardennes en 1921, au moment oĂč les Ă©tudes de la rue Marcadet reprennent et celles de la citĂ©-jardins de Gennevilliers deviennent opĂ©rationnelles.

Cette concentration de commandes explique que leur activitĂ© de reconstruction se limite au seul village d'Attigny (Ardennes), d'autant que leurs aspirations vont bientĂŽt dĂ©passer l'horizon hexagonal. En effet, lorsque Dumail retrouve HĂ©brard, celui-ci enseigne l'architecture dans le cadre de l'American Expeditionary Forces University, prolongeant son expĂ©rience Ă  l'universitĂ© Cornell-Ithaca entre 1906 et 1911. Leurs deux frĂšres, eux aussi architectes, sont Ă  l'Ă©tranger : GabrielDumail, fait prisonnier en 1915, est parti pour la Chine ; quant Ă  ErnestHĂ©brard, Grand Prix de Rome 1904, il a aussi Ă©tĂ© fait prisonnier avant de se voir confier, en 1918, la reconstruction de Salonique, puis de devenir architecte en chef d'Indochine. Pionnier de l'urbanisme - nĂ©ologisme de 1910 -, il est membre fondateur de la SociĂ©tĂ© française des architectes urbanistes en 1911, et l'une des premiĂšres figures de l'architecture internationale, voire « mondialisĂ©e ». Il avait entraĂźnĂ©, peu avant la guerre, son frĂšre et les Dumail dans l'aventure de l'International World Centre : un essai de capitale pour les États-Unis du monde, prĂ©curseur de la SociĂ©tĂ© des Nations, dans lequel La Construction moderne voyait en janvier 1914 « une Ă©cole mondiale de la paix »... arrivĂ©e trop tard ! De cette tentation de l'ailleurs, Dumail tire quelques rĂ©alisations en Indochine entre 1924 et 1928. Jean HĂ©brard, lui, s'expatrie en 1925 pour devenir un des thĂ©oriciens du City Planning dans les universitĂ©s de Pennsylvanie puis du Michigan.

Des chantiers d'expérience

Dumail consacrera dĂšs lors l'essentiel de sa carriĂšre Ă  l'OPHBMS, en tant qu'architecte-directeur des citĂ©s-jardins de Gennevilliers, du PrĂ©-Saint-Gervais, de Dugny, de l'achĂšvement de Suresnes, et d'un ensemble HBM pour militaires Ă  Saint-MandĂ©, immĂ©diatement reconnus pour la qualitĂ© de leurs logements et de leur greffe urbaine. Comme pour la citĂ© de la rue Marcadet, il y conçoit « des bĂątiments isolĂ©s, absolument entourĂ©s d'air et de lumiĂšre » (7). Ces « chantiers d'expĂ©riences », suivant une expression des annĂ©es 1920 qui deviendra emblĂ©matique Ă  la LibĂ©ration, sont souvent mis en Ɠuvre par des entreprises ayant fourbi leurs premiĂšres armes avec les troupes amĂ©ricaines pour des constructions de baraquements prĂ©fabriquĂ©s. Ils permettront Ă  Dumail de figurer parmi les rares architectes français Ă  avoir Ă©difiĂ© plus de 2 000 logements avant la Seconde Guerre, dans lesquels il Ă©trennera les chemins de grue et les principes de coffrage des Trente Glorieuses.On ne peut que faire le lien entre ses aspirations pendant la guerre, sa culture technique, son goĂ»t pour la mĂ©canique, et ceux d'autres acteurs de la modernitĂ© architecturale. Quelques annĂ©es avant lui, en 1904, son associĂ© HĂ©brard brille lui aussi au concours Chenavard, avec pour sujet un Palais de l'automobile. En 1908, le Salon de l'automobile accueille Ă  Paris ses premiers exposants aĂ©ronautiques et c'est justement un architecte de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration, AndrĂ©Granet (1881-1974), futur gendre d'Eiffel, qui contribue l'annĂ©e suivante Ă  lancer au Grand Palais la premiĂšre exposition internationale de la locomotion aĂ©rienne, ancĂȘtre du salon du Bourget. Plus prĂ©cisĂ©ment, le passage de l'observation militaire Ă  l'aviation renvoie Ă  WalterGropius (1883-1969). Comme Dumail ou encore AndrĂ© Lurçat, mais dans le camp d'en face, le fondateur du Bauhaus dessine d'abord ses repĂ©rages de ligne de front Ă  pied, avant d'ĂȘtre affectĂ© Ă  l'aviation et d'y connaĂźtre une rĂ©vĂ©lation, dĂ©terminante pour sa carriĂšre (😎. Cette passion de la photographie aĂ©rienne sera partagĂ©e par son alter ego français dans l'expĂ©rimentation de la prĂ©fabrication, Marcel Lods, en pleine rĂ©sonance avec une attention voulue « scientifique » au territoire et Ă  sa documentation - une des constantes des Ă©quipes de l'OPHBMS. Si Lods s'engage comme aviateur en 1939, il est vingt-cinq ans plus tĂŽt affectĂ© comme instructeur d'artillerie. Et il ne lui Ă©chappe pas qu'avec presque 900 millions d'obus tirĂ©s, son arme reprĂ©sente l'instrument par excellence de l'industrialisation de la guerre. Puis, il suit l'arrivĂ©e des troupes amĂ©ricaines et de leurs engins et se passionne pour le dĂ©veloppement spectaculaire des industries automobile et aĂ©ronautique aux États-Unis. Pays oĂč Ă©tait nĂ©e, dĂšs 1908, la fameuse Ford T, premier vĂ©hicule de sĂ©rie. Du dĂ©but des annĂ©es 1920 jusqu'Ă  la fin de sa carriĂšre, aux cĂŽtĂ©s de grands ingĂ©nieurs, Lods tente d'exporter ce modĂšle Ă  celui du bĂątiment et de ses composants. Ce seront notamment les chantiers de la CitĂ© du Champ des Oiseaux, Ă  Bagneux (1927-1933), et de La Muette, Ă  Drancy (1931-1934). Puis, aprĂšs guerre, les Grandes Terres de Marly-le-Roi (1952-1960) et surtout la Grand'Mare de Rouen (1960-1977). C'est aussi une myriade de petites rĂ©alisations prototypiques, Ă  commencer par l'aĂ©roclub de Buc abordĂ© au moment oĂč Lods obtient son brevet de pilote, en 1932.

Ses chantiers qui se veulent de pur montage, rĂȘvĂ©s en gants blanc, ne sont pas dĂ©nuĂ©s d'utopie. Ils participent au sentiment qui sourd au dĂ©but du XXe siĂšcle, selon lequel l'homme s'apprĂȘte Ă  faire quasi corps avec la machine. Charlie Chaplin a gĂ©nialement montrĂ© dans Les Temps modernes en 1936 la part tragique de cette nouvelle condition. Elle apparaĂźt comme un des effets les plus paradoxaux de la guerre, dans laquelle toute une gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© confrontĂ©e aux corps mutilĂ©s en masse, soumis aux Ă©lĂ©ments et Ă  la putrĂ©faction en plein champ, mais aussi possiblement transcendĂ©s par la mĂ©canisation et la science. Alfred Jarry en avait eu l'intuition dĂšs 1902 avec Le SurmĂąle : roman moderne dans lequel il dressait le rĂ©cit de la course - en forme d'hĂ©catombe - d'un train Ă  vapeur et de cyclistes dopĂ©s Ă  la « perpetual-motion food ». Le Corbusier est l'architecte qui, au contact des Planistes et du thĂ©oricien eugĂ©niste Alexis Carrel, captera le mieux ce nouveau rapport au corps, avec ses recherches sur l'immeuble-villa puis sur l'« unitĂ© d'habitation de grandeur conforme », instruments d'une « fabrique de l'homme nouveau » liant sport, biologie et habitation. IntĂ©grĂ© Ă  la fondation Carrel entre 1943 Ă  1945 (9), Dumail n'Ă©chappera pas Ă  ce programme « d'hygiĂšne sociale et de prophylaxie » Ă©noncĂ© par Sellier lui-mĂȘme au moins dĂšs 1921.Ces proches de Sellier que sont Dumail et Lods ont vu leurs rĂ©alisations de l'OPHBMS donnĂ©es en 1935 comme modĂšles du programme du grand ensemble du futur, dans cette pĂ©riode accidentĂ©e oĂč s'Ă©laborait une culture politique de gestion de la croissance des pĂ©riphĂ©ries urbaines. À la LibĂ©ration, ils affirment ensemble le logement comme la grande « affaire » du XXe siĂšcle dans un livret du comitĂ© Henri-Sellier (10). En 1951, ils s'engagent presque simultanĂ©ment dans les chantiers respectifs des deux SHAPE Villages : Dumail Ă  Saint-Germain-en-Laye, aux cĂŽtĂ©s de Jean Dubuisson, et Lods Ă  Fontainebleau. Les logements qu'ils bĂątissent, chacun Ă  sa façon mais tous deux en un temps record, pour les sous-officiers et officiers du quartier gĂ©nĂ©ral des forces alliĂ©es en Europe, constituent un des moments fondateurs de la politique de construction Ă  venir : les grands ensembles français ne sont dĂ©cidĂ©ment pas tombĂ©s du ciel avec la croissance et le baby-boom. * Architecte, Hubert Lempereur a consacrĂ© de nombreux articles Ă  la gĂ©nĂ©alogie et Ă  l'histoire matĂ©rielle et culturelle des premiers grands ensembles français et Ă  la construction de masse. À paraĂźtre, FĂ©lix Dumail, architecte de la « citĂ©-jardins », aux Ă©ditions du patrimoine et La Samaritaine, Paris, aux Ă©ditions Picard, ouvrage codirigĂ© avec Jean-François Cabestan. 1. J.-L. Cohen, Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale, Hazan/Centre Canadien d'Architecture, 2011. 2. Voir P. Chemetov et B. Marrey, Architectures. Paris 1848-1914, Dunod, 1980. 3. M. Rotival, « Urbanisme des H.B.M. - Formes de la citĂ© », L'Architecture d'aujourd'hui, n° 6, juin 1935. 4. Leurs archives sont conservĂ©es au centre d'archives d'architecture du XXe siĂšcle. La famille Dumail conserve de son cĂŽtĂ© ses correspondances de guerre. 5. J. Posener, « Historique des H.B.M. - Naissance du problĂšme, premiĂšres solutions », L'Architecture d'aujourd'hui, n° 6, juin 1935. 6. G. Ernest, « Concours pour la construction par la Ville de Paris d'immeubles collectifs Ă  bon marchĂ© », L'Architecture, 28 fĂ©v. 1914. 7. A. Gaillardin, « Les derniers concours de la Ville de Paris pour la construction d'habitations Ă  bon marchĂ© », La Construction moderne, 28 juin 1914. 8. J. Gubler, « L'aĂ©rostation, prĂ©lude Ă  l'aviation ? Notes sur la dĂ©couverte architecturale du paysage aĂ©rien », MatiĂšres, 1998. 9. H. Lempereur, « La fondation Carrel (1941-1945), Le Corbusier et FĂ©lix Dumail : portraits d'architectes en bio-sociologues », fabricA, 2009. 10. F. Dumail, P. GrĂŒnebaum-Ballin, R. Hummel, M. Lods, P. Pelletier et P. Sirvin, L'affaire du logement social, prĂ©face de LĂ©on Blum, Éditions de la LibertĂ©, 1947. TEXTE DU MONITEUR @ les #Constructions #Modernes #BANLIEUE @ l' #Urbanisme & l es #Chantiers d'#ApresGuerre ici #MĂ©moire2ville le #Logement Collectif* dans tous ses Ă©tats..#Histoire & #MĂ©moire de l'#Habitat / DĂ©partement territoire terroir region ville souvenirs du temps passĂ© d une Ă©poque revolue #Archives ANRU / #RĂ©tro #Banlieue / Renouvellement #Urbain / #Urbanisme / #HLM #postwar #postcard #cartepostale twitter.com/Memoire2cite Villes et rĂ©novation urbaine..Tout savoir tout connaitre sur le sujet ici via le PDF de l'UNION SOCIALE POUR L HABITAT (l'USH)... des textes Ă  savoir, Ă  apprendre, des techniques de demolition jusqu a la securisation..& bien plus encore.. union-habitat.org/.../files/articles/documents/...

www.dailymotion.com/video/xk6xui Quatre murs et un toit 1953 - Le Corbusier, l'architecte du bonheur 1957 conceptions architecturales le modulor, l'architecture de la ville radieuse, Chandigarh, Marseille, Nantes www.dailymotion.com/video/xw8prl Un documentaire consacrĂ© aux conceptions architecturales et urbanistiques de Le Corbusier.ExposĂ©es par l'architecte lui-mĂȘme et Ă©tayĂ©es par des plans, dessins et images de ses rĂ©alisations en France et Ă  l'Ă©tranger, ces thĂ©ories tĂ©moignent d'une rĂ©flexion approfondie et originale sur la ville et sa nĂ©cessaire adaptation Ă  la vie moderne, notamment Paris dont l'amĂ©nagement rĂ©volutionnaire rĂȘvĂ© par Le Corbusier est ici exposĂ©. Un classique du documentaire.Les premiers projets de Le Corbusier resteront Ă  l'Ă©tat de maquette : le plan de modernisation de la ville d'Alger. Certains seront rĂ©alisĂ©s par d'autres architectes : ministĂšre de l'Ă©ducation Ă  Rio de Janeiro, Palais de l'ONU Ă  New York. DĂšs l'aprĂšs-guerre en moins de 10 ans, Le Corbusier rĂ©alise de grandes unitĂ©s d'habitation Ă  Marseille, Nantes une chapelle Ă  Ronchamps, une usine Ă  Saint-DiĂ©, une ville Chandigarh en Inde. Par des schĂ©mas, l'architecte prĂ©sente sa thĂ©orie de la "ville radieuse", le modulor clef mathĂ©matique de son Ɠuvre ainsi que son projet de rĂ©organisation de la campagne, des citĂ©s industrielles et urbaine en un regroupement autour d'un systĂšme coopĂ©ratif. Le film expose les conceptions architecturales de Le Corbusier, dans la ligne des prĂ©curseurs de l'architecture moderne comme Claude-Nicolas Ledoux. Paris et le dĂ©sert français 1957 rĂ©alisation : Roger Leenhardt et Sydney Jezequel, rĂ©soudre le dĂ©sĂ©quilibre dĂ©mographique ville campagne www.dailymotion.com/video/x177lrp Film rĂ©alisĂ© par Roger Leenhardt et Sydney Jezequel en 1957, d'aprĂšs le livre de Jean-François Gravier. Document d'information gĂ©nĂ©ral proposant les solutions de l'Ă©poque pour Ă©viter la dĂ©sertification des campagnes et la folie concentrationnaire des villes. DĂšs 1957, la dĂ©sertification des campagnes prend des proportions tragiques. L'exemple est donnĂ© pour le village de Gourdon dans le Quercy.

Quelles Ă©volutions proposer pour Ă©viter l'exode rural et le dĂ©veloppement anarchique, qui s'amorce, des villes champignons, construites en plein champ sans urbanisme et sans Ăąme ? Le commentaire propose les solutions de l'Ă©poque : modernisation de l'agriculture, adaptation de l'artisanat, implantations d'industries dans les provinces. Gazoducs dans le sud-ouest, barrage en Haute-Savoie, polder en Bretagne semblaient Ă  l'Ă©poque pouvoir rĂ©soudre le dĂ©sĂ©quilibre ville campagne. Visages de la France 1957 Production - rĂ©alisation Atlantic-Film Marcel de Hubsch www.dailymotion.com/video/x19g59p Le film commence avec des vues de villages et d'architecture traditionnelle du Pays Basque, des Landes, de la Touraine, de la Normandie, de la Bretagne, d'Alsace. La voix off s'interroge : faut il transformer la France en un musĂ©e de ses vieilles demeures ? et poursuit : pourquoi des maisons de 10 Ă  15 mĂštres de hauteur Ă  Honfleur n'ont elles que 3 Ă  5 mĂštres de large ? Le commentaire se pose la question du nombre de maisons individuelles dans les villes qui entrainent l'Ă©talement urbain. Lorsque les villes ont bĂątit des immeubles, le commentaire se demande que cachent ces façades ? Des coures Ă©troites que le soleil ne visite jamais, un enchevĂȘtrement inouĂŻ de constructions hĂ©tĂ©roclites. L'Ă©poque de grande prospĂ©ritĂ© de la troisiĂšme rĂ©publique n'a rien su construire de grand poursuit la voix off. Ce document nous propose ensuite une animation de maquette pour l'amĂ©nagement d'une friche. Dans un premier temps Ă  la façon d'avant avec la maison individuelle. La voix off s'exclame : ce n'est pas autrement que d'affreuses banlieues naquirent que tant de villes furent Ă  jamais enlaidies, essayons autre chose. L'animation se met Ă  empiler les maisons individuelles et propose des bĂątiments collectifs dans des jardins. Le commentaire poursuit : maintenant c'est l'heure de l'urbaniste Ă  lui de rĂ©partir les constructions dans la citĂ©. Plusieurs organisation de logements collectifs sont proposĂ©es en maquettes. La voix off pointe les dĂ©fauts d'un urbanisme des grands ensemble trop ennuyeux. Puis une solution Ă©merge de l'animation : pour que la citĂ© vive il faut mettre au place d'honneur Ă©cole, dispensaire, bibliothĂšque, salle de rĂ©union, puis viennent les deux piĂšces maĂźtresse deux grands immeubles puis les rues se glissent dans la composition et enfin les pelouse et les jardins apparaissent et voila conclue le commentaire. Le film montre ensuite de rĂ©alisation de grands ensemble et on entre dans un immeuble au sein d'une famille : air et lumiĂšre sont au rendes-vous. On voit des enfants faire du patin Ă  roulette dans le parc de l'immeuble la voix off annonce : finit l'individualisme renfrognĂ© de l'Ă©choppe d'antan : la citĂ© tout entiĂšre est un jardin, les jeux d'enfants se mĂȘlent aux fleurs. Le film se termine sur des vues de rĂ©alisation de grands ensemble sur toute la France (vue entre autre de la citĂ© radieuse de Le Corbusier Ă  Marseille). Production Films Caravelle MRU (ministĂšre de la reconstruction et de l'urbanisme) Scenario et rĂ©alisation : Pierre JaLLAUDSur les routes de France les ponts renaissent 1945 reconstruction de la France aprĂšs la Seconde Guerre mondiale www.dailymotion.com/video/xuxrii?playlist=x34ije , www.twitter.com/Memoire2cite Les 30 Glorieuses . com et la carte postale.. Il existe de nos jours, de nombreux photographes qui privilĂ©gient la qualitĂ© artistique de leurs travaux cartophiles. A vous de dĂ©couvrir ces artistes inconnus aujourd’hui, mais qui seront peut-ĂȘtre les grands noms de demain. 69 BRON PARILLY LA VILLE NOUVELLE LES UC, UNE CITÉ DU FUTUR @ UN TOUR DE VILLE AUTOUR DU TEMPS

Le quartier des UC Ă  Parilly, a Ă©tĂ© la premiĂšre des grandes citĂ©s construites en France, au milieu du 20e siĂšcle, et fut en son temps un modĂšle. 1950. La Seconde guerre mondiale a laissĂ© derriĂšre elle un champ de ruines. En France, plus de 800.000 habitations ont Ă©tĂ© dĂ©truites. Partout on manque de logements : sur la cĂŽte atlantique, oĂč des villes entiĂšres ont Ă©tĂ© rasĂ©es, mais aussi Ă  Paris et en rĂ©gion lyonnaise. Pour couronner le tout, les Français se mettent Ă  faire des bĂ©bĂ©s Ă  tour de berceaux - le baby boom commence ! Du coup, les jeunes mariĂ©s ne peuvent dĂ©nicher un toit et restent chez leurs parents. Les mieux lotis s’entassent Ă  4 ou 5 dans une seule piĂšce, avec WC Ă  l’étage et un Ă©vier en guise de salle de bains. Les personnes sans le sou, elles, peuplent les bidonvilles qui cernent Lyon comme Ă  Bombay ou Ă  Rio. Souvenez-vous de l’abbĂ© Pierre, et de son appel de l’hiver 1954. Reloger la population constitue pourtant une prioritĂ© du gouvernement. On a nommĂ© ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme un hĂ©ros de la LibĂ©ration, pĂ©tri des idĂ©aux sociaux de la RĂ©sistance : le dĂ©putĂ© de la Loire, EugĂšne Claudius-Petit (1907-1989). Monsieur le Ministre veut non seulement redonner un toit aux Français, mais les doter du nec plus ultra en matiĂšre de logement, une architecture moderne et colorĂ©e, entourĂ©e de verdure et d’espace. DĂšs 1951, Claudius-Petit programme la construction de six grands ensembles : Ă  Angers (677 logements), Boulogne-Billancourt (800), Le Havre (1400), Pantin (800), Saint-Etienne (1262) et enfin Ă  Bron, oĂč doit naĂźtre la plus imposante de toutes ces citĂ©s, avec 2608 logements. Il en confie la rĂ©alisation Ă  l’Office des HLM du RhĂŽne, alors dirigĂ© par Laurent Bonnevay, tandis que sa conception revient Ă  de jeunes architectes Lyonnais disciples de Le Corbusier, dont RenĂ© GagĂšs et Franck Grimal.

L’emplacement de la future citĂ© est vite trouvĂ© : dans la partie nord du parc de Parilly, sur 27 hectares de terrains appartenant au Conseil gĂ©nĂ©ral. Ainsi, les immeubles se glisseront entre les arbres et les pelouses, en un mariage heureux de la nature et du bĂ©ton. La desserte du quartier sera assurĂ©e par le boulevard de Ceinture et par l’avenue Jean-Mermoz, deux belles avenues oĂč il fait bon se promener, Ă  pieds ou Ă  vĂ©lo, au milieu de quelques autos - l'une et l'autre n'ont pas encore Ă©tĂ© transformĂ©es en voies autoroutiĂšres
 Cinq ans Ă  peine, de 1951 Ă  1956, suffisent pour faire sortir de terre une douzaine de grands immeubles, l’équivalent d’une ville : les quatre tours et les deux barres en S des "UnitĂ©s de Construction" (UC) 5 et 7 le long du boulevard Laurent-Bonnevay ; l’UC 1 Ă  l’angle du boulevard et de l’autoroute A43 ; enfin les quatre immeubles en L des UC 2 Ă  5, le long de l’A43, Ă  l'endroit oĂč vous vous trouvez. Leur construction utilise des procĂ©dĂ©s rĂ©volutionnaires pour l’époque : chaque appartement, qu’il s’agisse d’un T2 ou d’un T6 en duplex, reproduit un plan type aux dimensions standardisĂ©es de 5 mĂštres de large, 11 mĂštres de long et 2,5 mĂštres de haut, dont les Ă©lĂ©ments sont fabriquĂ©s en usine et seulement assemblĂ©s sur le chantier, ce qui permet d’énormes gains de temps. Les premiers habitants dĂ©couvrent leurs appartements, Ă©bahis. Un F3 par exemple, leur offre une salle de sĂ©jour de 18 m2, deux chambres de 10 m2, une cuisine Ă©quipĂ©e de placards et plans de travail, des WC, une salle de bains, d’immenses baies vitrĂ©es et, luxe inouĂŻ, un grand balcon peint en jaune, en rouge ou en bleu vif, transformant leur immeuble en une mosaĂŻque multicolore. Les Brondillants passent d’un coup du taudis Ă  l’AmĂ©rique, et de Zola au 20e siĂšcle. Telles Ă©taient les UC, il y a une soixantaine d'annĂ©es. Une citĂ© modĂšle, dont les photos couvraient les cartes-postales locales, et les magazines du monde entier. AprĂšs les UC, d'autres grands ensembles voient le jour Ă  Bron au cours des annĂ©es 1950 Ă  1970 : les immeubles du quartier des Essarts, prĂšs des Galeries Lafayette ; les copropriĂ©tĂ©s de la route de Genas, Ă  cĂŽtĂ© de l'ancienne caserne Raby, et surtout les immeubles du quartier du Terraillon, au nord-est de Bron. Ces nouveaux logements, tous trĂšs prisĂ©s au moment de leur construction, font bondir la population de Bron de 12.500 habitants en 1946, Ă  42.000 habitants en 1968. Les experts de l'Ă©poque prĂ©disent mĂȘme que le seuil des 100.000 habitants serait atteint vers l'an 2000 ! Le temps du village Ă©tait rĂ©volu. Bron devenait une ville importante de la banlieue lyonnaise.

@ LES GRANDS ENSEMBLES @ Bien qu’ils Ă©chappent Ă  une dĂ©finition unique, les grands ensembles sont ty-piquement des ensembles de logement collectif, souvent en nombre impor-tant (plusieurs centaines Ă  plusieurs milliers de logements), construits entre le milieu des annĂ©es 1950 et le milieu des annĂ©es 1970, marquĂ©s par un urba-nisme de barres et de tours inspirĂ© des prĂ©ceptes de l’architecture moderne.

Ces grands ensembles, dont plusieurs centaines ont Ă©tĂ© construits en France, ont permis un large accĂšs au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, Ă©quipements sanitaires, ascenseur
) pour les ouvriers des banlieues ouvriĂšres, les habitants des habitats insalubres, les rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie et la main-d’oeuvre des grandes industries.

Ils se retrouvent frĂ©quemment en crise sociale profonde Ă  partir des annĂ©es 1980, et sont, en France, l’une des raisons de la mise en place de ce qu’on appelle la politique de la Ville.

Définition

Il n’y a pas de consensus pour dĂ©finir un grand ensemble.

On peut toutefois en distinguer deux :

‱ Selon le service de l’Inventaire du ministĂšre de la Culture français, un grand ensemble est un «amĂ©nagement urbain comportant plusieurs bĂątiments isolĂ©s pouvant ĂȘtre sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan masse constituant une unitĂ© de conception. Il peut ĂȘtre Ă  l’usage d’activitĂ© et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements. Son foncier ne fait pas nĂ©cessairement l’objet d’un remembrement, il n’est pas divisĂ© par lots ce qui le diffĂ©rencie du lotissement concerté».

‱ Selon le «gĂ©opolitologue» Yves Lacoste, un grand ensemble est une «masse de logements organisĂ©e en un ensemble. Cette organisation n’est pas seulement la consĂ©quence d’un plan masse; elle repose sur la prĂ©sence d’équipement collectifs (Ă©coles, commerces, centre social, etc.) [
]. Le grand ensemble apparaĂźt donc comme une unitĂ© d’habitat relativement autonome formĂ©e de bĂątiments collectifs, Ă©difiĂ©e en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements».

Le gĂ©ographe HervĂ© Vieillard-Baron apporte des prĂ©cisions : c’est, selon lui, un amĂ©nagement en rupture avec le tissu urbain existant, sous la forme de barres et de tours, conçu de maniĂšre globale et introduisant des Ă©quipements rĂšglementaires, comportant un financement de l’État et/ou des Ă©tablissements publics. Toujours selon lui, un grand ensemble comporte un minimum de 500 logements (limite fixĂ©e pour les Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© (ZUP) en 1959). Enfin, un grand ensemble n’est pas nĂ©cessairement situĂ© en pĂ©riphĂ©rie d’une ag-glomĂ©ration.

Comme on le voit ci-dessus, la dĂ©termination d’un seuil de logements peut ĂȘtre dĂ©battue. Les formes du grand ensemble sont assez rĂ©currentes, inspirĂ©es (ou lĂ©gitimĂ©es) par des prĂ©ceptes de l’architecture moderne et en particulier des CIAM : ils se veulent une application de la Charte d’AthĂšnes4. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une application directe des principes de Le Corbusier. Ils sont aussi le fruit d’une industriali-sation progressive du secteur du bĂątiment et, notamment en France, des procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrication en bĂ©ton.

Histoire

La CitĂ© de la Muette Ă  Drancy, construite par EugĂšne Beaudouin, Marcel Lods et Jean ProuvĂ© entre 1931 et 1934 pour l’Office public HBM de la Seine, est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le premier grand en-semble en France. Elle est mĂȘme Ă  l’origine du terme de «grand ensemble» puisque c’est ainsi que la dĂ©signe pour la premiĂšre fois Marcel Rotival dans un article de l’époque6. Cette citĂ©, initialement conçue comme une citĂ©-jardin, se transforme en cours d’étude en un projet totalement inĂ©dit en France, avec ses 5 tours de 15 Ă©tages et son habitat totalement collectif. Cependant, cette initiative reste sans lendemain du moins dans l’immĂ©diat.

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, le temps est Ă  la reconstruction et la prioritĂ© n’est pas donnĂ©e Ă  l’habitat. Le premier plan quinquennal de Jean Monnet (1947-1952) a avant tout pour objectif la reconstruction des infrastructures de transport et le recouvrement des moyens de production. Par ailleurs, le secteur du bĂątiment en France est alors incapable de construire des logements en grande quantitĂ© et rapidement : ce sont encore de petites entreprises artisanales aux mĂ©thodes de constructions traditionnelles.

Les besoins sont pourtant considĂ©rables : sur 14,5 millions de logements, la moitiĂ© n’a pas l’eau courante, les 3/4 n’ont pas de WC, 90 % pas de salle de bain. On dĂ©nombre 350 000 taudis, 3 millions de logements surpeu-plĂ©s et un dĂ©ficit constatĂ© de 3 millions d’habitations. Le blocage des loyers depuis 19147, trĂšs partiellement attĂ©nuĂ© par la Loi de 1948, ne favorise pas les investissements privĂ©s.

L’État tente de changer la situation en impulsant Ă  l’industrialisation des entreprises du bĂątiment : en 1950, EugĂšne Claudius-Petit, ministre de la reconstruction, lance le concours de la CitĂ© Rotterdam Ă  Strasbourg. Ce programme doit comporter 800 logements, mais le concours, ouvert Ă  un architecte associĂ© Ă  une entreprise de BTP, prend en compte des critĂšres de coĂ»t et de rapiditĂ© d’exĂ©cution. Le projet est gagnĂ© par EugĂšne Beau-douin qui rĂ©alise un des premiers grands ensembles d’aprĂšs guerre en 1953. En 1953 toujours, Pierre Courant, Ministre de la Reconstruction et du Logement, fait voter une loi qui met en place une sĂ©rie d’interventions (appelĂ©e «Plan Courant») facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement (primes Ă  la construction, prĂȘts Ă  taux rĂ©duit, etc.) : la prioritĂ© est donnĂ©e clairement par le ministĂšre aux logements collectifs et Ă  la solution des grands ensembles.

La mĂȘme annĂ©e, la crĂ©ation de la contribution obligatoire des entreprises Ă  l’effort de construction (1 % de la masse des salaires pour les entreprises de plus de 10 salariĂ©s) introduit des ressources supplĂ©mentaires pour la rĂ©alisation de logements sociaux : c’est le fameux «1 % patronal». Ces fonds sont rĂ©unis par l’Office Central Interprofessionnel du Logement (OCIL), Ă  l’origine de la construction d’un certain nombre de grands ensembles.

Mais le vĂ©ritable choc psychologique intervient en 1954 : le terrible hiver et l’action de l’AbbĂ© Pierre engage le gouvernement Ă  lancer une politique de logement volontariste. Un programme de «Logements Ă©conomiques de premiĂšre nĂ©cessité» (LEPN) est lancĂ© en juillet 1955 : il s’agit de petites citĂ©s d’urgence sous la forme de pavillons en bandes. En rĂ©alitĂ©, ces rĂ©alisations prĂ©caires s’avĂšrent catastrophiques et se transforment en tau-dis insalubres dĂšs l’annĂ©e suivante. La prioritĂ© est donnĂ©e alors rĂ©solument Ă  l’habitat collectif de grande taille et Ă  la prĂ©fabrication en bĂ©ton, comme seule solution au manque de logements en France.

Une multitude de procédures administratives

Grands ensembles du quartier Villejean à Rennes par l’architecte Louis Arretche.

Il n’existe pas une procĂ©dure type de construction d’un grand ensemble pendant cette pĂ©riode. En effet, de trĂšs nombreuses procĂ©dures techniques ou financiĂšres sont utilisĂ©es. Elles servent souvent d’ailleurs Ă  dĂ©signer les bĂątiments ou quartiers construits Ă  l’époque : Secteur industrialisĂ©, LOPOFA (LOgements POpulaires FAmiliaux), Logecos (LOGements ÉCOnomiques et familiaux), LEN (Logements Ă©conomiques normalisĂ©s), l’opĂ©ration Million, l’opĂ©ration «Économie de main d’oeuvre». L’unique objectif de toutes ces procĂ©dures est de construire vite et en trĂšs grande quantitĂ©. Le cadre de la Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© intervient en 1959, avec des constructions qui ne commencent rĂ©ellement qu’en 1961-1962.

Les contextes de constructions

Le quartier de La RouviĂšre (9Ăšme arrondissement) Ă  Marseille construit par Xavier ArsĂšne-Henry.

On peut distinguer 3 contextes de construction de ces grands ensembles à la fin des années 1950 et début des années 1960 :

‱ de nouveaux quartiers pĂ©riphĂ©riques de villes anciennes ayant pour objectif de reloger des populations ins-tallĂ©es dans des logements insalubres en centre-ville ou pour accueillir des populations venues des campagnes environnantes (cas les plus frĂ©quents).

‱ des villes nouvelles liĂ©es Ă  l’implantation d’industries nouvelles ou Ă  la politique d’amĂ©nagement du ter-ritoire : c’est le cas de Mourenx (avec le Gaz de Lacq), Bagnols-sur-CĂšze ou Pierrelatte (liĂ©es Ă  l’industrie nuclĂ©aire). On voit aussi des cas hybrides avec la premiĂšre situation, avec des implantations proches de villes satellites de Paris, dans le but de contrebalancer l’influence de cette derniĂšre : c’est le cas de la politique des «3M» dans le dĂ©partement de Seine-et-Marne avec la construction de grands ensembles liĂ©s Ă  des zones in-dustrielles Ă  Meaux, Melun, Montereau-Fault-Yonne.

‱ des opĂ©rations de rĂ©novation de quartiers anciens : le quartier de la Porte de BĂąle Ă  Mulhouse, l’ülot BiĂšvre dans le 13e arrondissement de Paris, le centre-ville ancien de Chelles.

Il est Ă  noter qu’un grand ensemble n’est pas forcĂ©ment un ensemble de logements sociaux : il peut s’agir aussi de logements de standing, comme le quartier de la RouviĂšre Ă  Marseille.

Les modes de constructions

Le Haut du LiĂšvre (3000 logements, construits Ă  partir de 1954), deux des plus longues barres de France, construite par Bernard Zehrfuss sur une crĂȘte surplombant Nancy.

Tout est mis en oeuvre pour qu’un maximum d’économies soient rĂ©alisĂ©es sur le chantier :

‱ la prĂ©fabrication : de nombreux procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrications sont mis en oeuvre sur les chantiers permettant un gain de temps et d’argent. ExpĂ©rimentĂ©s au cours des chantiers de la Reconstruction aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, ces procĂ©dĂ©s permettent la construction en sĂ©rie de panneaux de bĂ©tons, d’escaliers, d’huisseries mais aussi d’élĂ©ments de salles de bains Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du logements. Ces procĂ©dĂ©s ont pour nom : Camus (expĂ©rimentĂ© au Havre et exportĂ© jusqu’en URSS), Estiot (au Haut-du-LiĂšvre Ă  Nancy) ou Tracoba (Ă  la Pierre Collinet Ă  Meaux). Les formes simples (barres, tours) sont privilĂ©giĂ©es le long du chemin de grue (grue posĂ©e sur des rails) avec des usines Ă  bĂ©ton installĂ©es Ă  proximitĂ© du chantier, toujours dans une recherche de gain de temps.

‱ une Ă©conomie de main d’oeuvre : la prĂ©fabrication permet de faire appel Ă  une main d’oeuvre peu qualifiĂ©e, souvent d’origine immigrĂ©e. De grands groupes de BTP bĂ©nĂ©ficient de contrats pour des chantiers de construc-tion gigantesques, favorisĂ©s par l’État.

‱ les maĂźtres d’ouvrages sont eux aussi trĂšs concentrĂ©s et favorise les grandes opĂ©rations. La Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations est ainsi l’un des financeurs incontournables de ce mouvement de construction avec notam-ment sa filiale, la SCIC (SociĂ©tĂ© Civile immobiliĂšre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations), créée en 1954. Elle fait appel Ă  des architectes majeurs des annĂ©es 1950 et 1960, tels que Jean Dubuisson, Marcel Lods, Jacques Henri Labourdette, Bernard Zehrfuss, Raymond Lopez, Charles-Gustave Stoskopf et elle est Ă  l’ori-gine de nombreux grands ensembles situĂ©s en rĂ©gion parisienne, tels que Sarcelles (le plus grand programme en France avec 10 000 logements), CrĂ©teil, Massy-Antony.

Les dĂ©signations de ces grands ensembles sont Ă  cette Ă©poque trĂšs diverses : unitĂ© de voisinage, unitĂ© d’habitation, ville nouvelle (sans aucun rapport avec les villes nouvelles de Paul Delouvrier), villes satellites, ou encore citĂ©s nouvelles, etc.

Pendant 20 ans, on estime Ă  300 000 le nombre de logements construits ainsi par an, alors qu’au dĂ©but des annĂ©es 1950, on ne produisait que 10 000 logements chaque annĂ©e. 6 millions de logements sont ainsi construits au total. 90 % de ces constructions sont aidĂ©es par l’État.

En 1965, le programme des villes nouvelles est lancĂ©, se voulant en rupture avec l’urbanisme des grands ensembles. En 1969, les zones Ă  urbaniser en prioritĂ© sont abandonnĂ©es au profit des zones d’amĂ©nagement concertĂ©, créées deux ans auparavant. Enfin, le 21 mars 1973, une circulaire ministĂ©rielle signĂ©e par Olivier Guichard, ministre de l’Équipement, du Logement et des Transports, «visant Ă  prĂ©venir la rĂ©alisation des formes d’urbanisation dites « grands ensembles » et Ă  lutter contre la sĂ©grĂ©gation sociale par l’habitat», interdit toute construction d’ensembles de logements de plus de 500 unitĂ©s. La construction des grands ensembles est dĂ©finitivement abandonnĂ©e. La loi Barre de 1977 fait passer la prioritĂ© de l’aide gouvernementale de la construction collective Ă  l’aide aux mĂ©nages : c’est le retour du pavillonnaire et du logement. Les banlieues populaires apparaissent dans les mĂ©dias Ă  travers le prisme de la dĂ©linquance et des Ă©meutes. Pourtant, leur histoire doit s’analyser dans la moyenne durĂ©e des deux siĂšcles d’urbanisation et d’industrialisation, puis de disparition de la sociĂ©tĂ© industrielle. Les banlieues françaises, Ă  la diffĂ©rence des suburbs anglo-saxonnes qui logent les classes moyennes blanches, ont Ă©tĂ© créées dĂšs la fin du XIX e siĂšcle pour loger les classes populaires. Les besoins de logement expliquent les strates des paysages urbains : petits immeubles de rapport de la Belle Époque, pavillons des lotissements dĂ©fectueux de l’entre-deux-guerres, barres et tours de logement social et villes nouvelles des Trente Glorieuses. Trois moments de la constitution des banlieues populaires se superposent, encore visibles dans les paysages-palimpsestes : l’ñge des faubourgs industriels, devenus peu Ă  peu friches avec la dĂ©sindustrialisation qui dĂ©bute dans les annĂ©es 50 ; le temps des banlieues rouges et du socialisme municipal ; la construction des grands ensembles et l’entrĂ©e en crise du modĂšle Ă  partir de 1970. Des faubourgs industriels Ă  la dĂ©sindustrialisation

La banlieue contemporaine naĂźt de l’entreprise de modernisation de la capitale et des grandes mĂ©tropoles sous le Second Empire. Le modĂšle haussmannien, bien connu, rĂ©gularise la ville ancienne par l’imposition de percĂ©es dans le tissu urbain existant, l’équipement en rĂ©seaux divers, la construction d’immeubles neufs le long des nouvelles percĂ©es et l’exode partiel des anciens habitants du centre vers les arrondissements annexĂ©s ou vers les faubourgs. L’agrandissement de Paris complĂšte les ambitions d’Haussmann et de NapolĂ©on III : au premier janvier 1860, en application de la loi du 3 novembre 1859, 5100 hectares sont ajoutĂ©s aux 3402 hectares de la capitale, qui trouve ainsi sa taille dĂ©finitive et passe de 12 Ă  20 arrondissements. L’annexion des communes suburbaines s’accompagne d’une vision, en creux, de la nouvelle banlieue au-delĂ  des murailles. Le projet est d’homogĂ©nĂ©iser la nouvelle ville-capitale en gĂ©nĂ©ralisant les Ă©quipements urbains, notamment le mĂ©tro Ă  partir de 1900, de desserrer la pression dĂ©mographique du centre vers l’extĂ©rieur, de transfĂ©rer l’industrie au-delĂ  des Fortifications. Dans ces « cayennes », les salaires sont plus bas qu’à Paris, la discipline plus rude, la taylorisation plus prĂ©coce que dans les ateliers parisiens ou lyonnais. La banlieue est livrĂ©e Ă  elle-mĂȘme, ignorĂ©e par la puissance publique. Ses espaces libres accueillent les entrepĂŽts, la grande industrie et les fonctions que la ville transformĂ©e rejette : cimetiĂšres, hĂŽpitaux, champs d’épandage, logements sociaux 1. Les dĂ©crets sur les Ă©tablissements classĂ©s, datant du Premier Empire et repris sous la Restauration, sont Ă  l’origine des zones d’industries polluantes en proche banlieue, notamment autour de la chimie organique. Aubervilliers est cĂ©lĂšbre par la concentration d’industries chimiques (Saint-Gobain
). Les derniers de ces Ă©tablissements classĂ©s ont cessĂ© leur activitĂ© il y a peu de temps, sous l’impact des revendications des associations Ă©cologistes : Ă  Saint-Denis, la Saria, entreprise d’incinĂ©ration de carcasses animales, a dĂ» fermer. L’industrialisation, comme l’avait envisagĂ© Haussmann, se fait par le transfert des grandes usines de la capitale vers la pĂ©riphĂ©rie. AprĂšs la crise Ă©conomique de la fin du XIXe siĂšcle, l’implantation de nouvelles technologies – automobile, aviation, constructions Ă©lectriques – transforme des communes (Boulogne-Billancourt, Puteaux, Suresnes, VĂ©nissieux) en technopoles de pointe. Dans ces « cayennes », les salaires sont plus bas qu’à Paris, la d

Of COURSE it was held in a bar. (Green Dragon)

Yeah, I wonder where she gets the sarcasm from ;)

First day of grade 11!! Kay (aka storyofthismorningglory) & I went together. This photo was taken in sarcasm, but in the end the day wasn't actually that bad. Here's a rundown of how it went:

 

English (homeroom)

Good group of people. Teacher told us straight-up that he's "very strict" & "not very creative." Greeeat.. He mispronounced "Beelzebub," which, considering the fact that he's an english teacher, does not especially impress me. Got assigned my locker in the science hallway.

 

Improv (or, "improvisational acting")

The peer tutor is a girl I don't really get along with so well, but other than that, I adore this class so far. Lots of amazing people, a fabulous teacher, & it's IMPROV!

 

Drawing & Painting

I know a few people. The teacher has an adorable Irish accent. He got us to transport a bunch of really heavy canvases for him. Met a girl who knows a couple of my best friends; she seems really sweet & cool. I think I am getting more confident lately.

 

Environmental Studies

Teacher seems nice, though my buddy Morgan says she has no sense of humor (I guess I'll find out). The course seems genuinely interesting & like it might teach me things that will come up in conversation often in future. This course has no textbook! There is a cute, smart, hippie-ish guy in my class.

 

American History

Okay, it was supposed to be American History, but it turns out they cancelled that course & put me in World History instead. As I'm not keen on learning 3500 years' worth of various civilizations' history, & I don't know many people in the class, I'm going to transfer into World Religions.

 

After school

Went out with some friends to Chocolate Heaven where we got lunch & cake.

 

Overall it was a pretty good day. Tomorrow, though, I have to go to core drama, which I didn't sign up for & don't really know why it's on my timetable. My appointment with guidance to fix everything isn't for ten days. Arrrghh.

1 of 3 copies

 

Haendel - Suite No.2 pour Piano, Chopin - Etude op.10, Rachmaninov - Etude-tableau No.5 op.39, Prokofiev - Sarcasmes op.17 No.4 & No.6, Melodia 553.030

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Polemic Friday

 

Sarcasm. Indicator of the higher intelligence or just a fancy word for rudeness?

While I was out and about on Sunday in Prince Edward county, I picked up a monster butternut squash (now baking in my oven), some fabulous maple syrup and Derek picked me up some honey from the Bloomfield Bicycle Co. when I wasn't looking. Can't wait to taste 'em all!

 

www.bloomfieldbicycle.ca

 

Sandi & Ed Taylor

RR #8 Sandy Hook Road

Picton, Ontario

K0K 2T0

You don't go to Gary unless you want to die! There are THUGS ON EVERY CORNER who will shoot you on sight!!

 

...wait, is it THUGS on every corner, or SHRUBS? I forget.

Ville nouvelle créée au milieu des marĂ©cages, dĂ©libĂ©rĂ©ment tournĂ©e vers les formes modernes, elle est l'Ɠuvre d'un architecte, Jean Balladur, qui a veillĂ© Ă  son destin durant plus d'un quart de siĂšcle de travail. C'est pour rĂ©pondre au dĂ©veloppement du tourisme de masse que l'Etat français s'est dĂ©cidĂ©, au dĂ©but des annĂ©es soixante, Ă  rendre habitable une cĂŽte languedocienne restĂ©e quasiment dĂ©sertique en planifiant la construction d'une sĂ©rie de stations dotĂ©es d'une grande capacitĂ© d'accueil. RĂ©alisation phare de l'amĂ©nagement du Languedoc-Roussillon, La Grande Motte a voulu offrir une alternative aux modĂšles dominants de l'urbanisme balnĂ©aire : de cette ambition est nĂ©e une vĂ©ritable ville dotĂ©e de rues, de places, d'Ă©quipements et de commerces, une ville comprenant aussi bien des logements collectifs que des villas et des terrains de camping. L'Ă©tude de cette " aventure " exemplaire, rĂ©alisĂ©e Ă  partir des archives souvent inĂ©dites de l'architecte, permet d'initier une nouvelle Ă©valuation de la pĂ©riode des " trente glorieuses ", souvent dĂ©criĂ©e, mais qu'il convient de nuancer : rapportĂ© Ă  des enjeux socio-Ă©conomiques clairement identifiĂ©s tout n'est pas sans qualitĂ© dans le foisonnement de systĂšmes et d'objets urbains et architecturaux qui caractĂ©rise cette pĂ©riode. En 2010, la station balnĂ©aire de La Grande Motte reçoit le label Patrimoine du XXe siĂšcle pour l'exceptionnelle qualitĂ© de son urbanisme, de son architecture et de son amĂ©nagement paysager. Il aura fallu un demi-siĂšcle d'incomprĂ©hension, d'aveuglement et de polĂ©mique, de sarcasmes souvent, pour que soit enfin consacrĂ©e cette rĂ©alisation majeure de l'architecture du XXe siĂšcle, qu'Ă  l'Ă©poque on n'hĂ©sitait pas Ă  qualifier de "Sarcelles-sur-Mer"... Ce retournement copernicien consacre le travail de spĂ©cialistes du patrimoine et d'historiens qui ont su s'extraire du dĂ©bat doctrinal passionnĂ© mais stĂ©rile de l'Ă©poque et ouvrir les yeux sur une citĂ© pensĂ©e comme une oeuvre d'art totale par Jean Balladur, qui en fut l'architecte et l'urbaniste en chef visionnaire pendant plus de deux dĂ©cennies. La construction ex nihilo de La Grande Motte dans un paysage sauvage et inhospitalier entre 1964 et la fin du XXe siĂšcle tĂ©moigne d'une fantastique aventure humaine autant que de l'invention du balnĂ©aire moderne des Trente Glorieuses. Jean Balladur, jeune architecte, y renouvelle alors le genre de la villĂ©giature en faisant preuve d'une formidable capacitĂ© de crĂ©ation. Aujourd'hui, la ville a atteint sa maturitĂ©. La vĂ©gĂ©tation a poussĂ© au-delĂ  des espĂ©rances, faisant de La Grande Motte une vĂ©ritable "ville verte". Le succĂšs de la station, plĂ©biscitĂ©e par le public, ne s'est jamais dĂ©menti, consolidĂ© au contraire depuis sa rĂ©cente valorisation patrimoniale. Elle le doit Ă  ses qualitĂ©s architecturales, urbaines et paysagĂšres, un ensemble d'une exceptionnelle dimension patrimoniale identitaire, dĂ©sormais pris en compte dans son dĂ©veloppement. Cet ouvrage retrace l'histoire de cette entreprise pharaonique et de sa rĂ©ception auprĂšs des spĂ©cialistes comme du grand public. Il apporte Ă  chacun, habitant, amateur d'architecture ou estivant, des clefs de lecture pour comprendre l'importance de La Grande Motte au sein de l'amĂ©nagement touristique de la cĂŽte du Languedoc-Roussillon et dans l'histoire de l'architecture du XXe siĂšcle. www.twitter.com/Memoire2cite LES GRANDS ENSEMBLES @ Bien qu’ils Ă©chappent Ă  une dĂ©finition unique, les grands ensembles sont ty-piquement des ensembles de logement collectif, souvent en nombre impor-tant (plusieurs centaines Ă  plusieurs milliers de logements), construits entre le milieu des annĂ©es 1950 et le milieu des annĂ©es 1970, marquĂ©s par un urba-nisme de barres et de tours inspirĂ© des prĂ©ceptes de l’architecture moderne.

Ces grands ensembles, dont plusieurs centaines ont Ă©tĂ© construits en France, ont permis un large accĂšs au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, Ă©quipements sanitaires, ascenseur
) pour les ouvriers des banlieues ouvriĂšres, les habitants des habitats insalubres, les rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie et la main-d’oeuvre des grandes industries.

Ils se retrouvent frĂ©quemment en crise sociale profonde Ă  partir des annĂ©es 1980, et sont, en France, l’une des raisons de la mise en place de ce qu’on appelle la politique de la Ville.

Définition

Il n’y a pas de consensus pour dĂ©finir un grand ensemble.

On peut toutefois en distinguer deux :

‱ Selon le service de l’Inventaire du ministĂšre de la Culture français, un grand ensemble est un «amĂ©nagement urbain comportant plusieurs bĂątiments isolĂ©s pouvant ĂȘtre sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan masse constituant une unitĂ© de conception. Il peut ĂȘtre Ă  l’usage d’activitĂ© et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements. Son foncier ne fait pas nĂ©cessairement l’objet d’un remembrement, il n’est pas divisĂ© par lots ce qui le diffĂ©rencie du lotissement concerté».

‱ Selon le «gĂ©opolitologue» Yves Lacoste, un grand ensemble est une «masse de logements organisĂ©e en un ensemble. Cette organisation n’est pas seulement la consĂ©quence d’un plan masse; elle repose sur la prĂ©sence d’équipement collectifs (Ă©coles, commerces, centre social, etc.) [
]. Le grand ensemble apparaĂźt donc comme une unitĂ© d’habitat relativement autonome formĂ©e de bĂątiments collectifs, Ă©difiĂ©e en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements».

Le gĂ©ographe HervĂ© Vieillard-Baron apporte des prĂ©cisions : c’est, selon lui, un amĂ©nagement en rupture avec le tissu urbain existant, sous la forme de barres et de tours, conçu de maniĂšre globale et introduisant des Ă©quipements rĂšglementaires, comportant un financement de l’État et/ou des Ă©tablissements publics. Toujours selon lui, un grand ensemble comporte un minimum de 500 logements (limite fixĂ©e pour les Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© (ZUP) en 1959). Enfin, un grand ensemble n’est pas nĂ©cessairement situĂ© en pĂ©riphĂ©rie d’une ag-glomĂ©ration.

Comme on le voit ci-dessus, la dĂ©termination d’un seuil de logements peut ĂȘtre dĂ©battue. Les formes du grand ensemble sont assez rĂ©currentes, inspirĂ©es (ou lĂ©gitimĂ©es) par des prĂ©ceptes de l’architecture moderne et en particulier des CIAM : ils se veulent une application de la Charte d’AthĂšnes4. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une application directe des principes de Le Corbusier. Ils sont aussi le fruit d’une industriali-sation progressive du secteur du bĂątiment et, notamment en France, des procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrication en bĂ©ton.

Histoire

La CitĂ© de la Muette Ă  Drancy, construite par EugĂšne Beaudouin, Marcel Lods et Jean ProuvĂ© entre 1931 et 1934 pour l’Office public HBM de la Seine, est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le premier grand en-semble en France. Elle est mĂȘme Ă  l’origine du terme de «grand ensemble» puisque c’est ainsi que la dĂ©signe pour la premiĂšre fois Marcel Rotival dans un article de l’époque6. Cette citĂ©, initialement conçue comme une citĂ©-jardin, se transforme en cours d’étude en un projet totalement inĂ©dit en France, avec ses 5 tours de 15 Ă©tages et son habitat totalement collectif. Cependant, cette initiative reste sans lendemain du moins dans l’immĂ©diat.

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, le temps est Ă  la reconstruction et la prioritĂ© n’est pas donnĂ©e Ă  l’habitat. Le premier plan quinquennal de Jean Monnet (1947-1952) a avant tout pour objectif la reconstruction des infrastructures de transport et le recouvrement des moyens de production. Par ailleurs, le secteur du bĂątiment en France est alors incapable de construire des logements en grande quantitĂ© et rapidement : ce sont encore de petites entreprises artisanales aux mĂ©thodes de constructions traditionnelles.

Les besoins sont pourtant considĂ©rables : sur 14,5 millions de logements, la moitiĂ© n’a pas l’eau courante, les 3/4 n’ont pas de WC, 90 % pas de salle de bain. On dĂ©nombre 350 000 taudis, 3 millions de logements surpeu-plĂ©s et un dĂ©ficit constatĂ© de 3 millions d’habitations. Le blocage des loyers depuis 19147, trĂšs partiellement attĂ©nuĂ© par la Loi de 1948, ne favorise pas les investissements privĂ©s.

L’État tente de changer la situation en impulsant Ă  l’industrialisation des entreprises du bĂątiment : en 1950, EugĂšne Claudius-Petit, ministre de la reconstruction, lance le concours de la CitĂ© Rotterdam Ă  Strasbourg. Ce programme doit comporter 800 logements, mais le concours, ouvert Ă  un architecte associĂ© Ă  une entreprise de BTP, prend en compte des critĂšres de coĂ»t et de rapiditĂ© d’exĂ©cution. Le projet est gagnĂ© par EugĂšne Beau-douin qui rĂ©alise un des premiers grands ensembles d’aprĂšs guerre en 1953. En 1953 toujours, Pierre Courant, Ministre de la Reconstruction et du Logement, fait voter une loi qui met en place une sĂ©rie d’interventions (appelĂ©e «Plan Courant») facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement (primes Ă  la construction, prĂȘts Ă  taux rĂ©duit, etc.) : la prioritĂ© est donnĂ©e clairement par le ministĂšre aux logements collectifs et Ă  la solution des grands ensembles.

La mĂȘme annĂ©e, la crĂ©ation de la contribution obligatoire des entreprises Ă  l’effort de construction (1 % de la masse des salaires pour les entreprises de plus de 10 salariĂ©s) introduit des ressources supplĂ©mentaires pour la rĂ©alisation de logements sociaux : c’est le fameux «1 % patronal». Ces fonds sont rĂ©unis par l’Office Central Interprofessionnel du Logement (OCIL), Ă  l’origine de la construction d’un certain nombre de grands ensembles.

Mais le vĂ©ritable choc psychologique intervient en 1954 : le terrible hiver et l’action de l’AbbĂ© Pierre engage le gouvernement Ă  lancer une politique de logement volontariste. Un programme de «Logements Ă©conomiques de premiĂšre nĂ©cessité» (LEPN) est lancĂ© en juillet 1955 : il s’agit de petites citĂ©s d’urgence sous la forme de pavillons en bandes. En rĂ©alitĂ©, ces rĂ©alisations prĂ©caires s’avĂšrent catastrophiques et se transforment en tau-dis insalubres dĂšs l’annĂ©e suivante. La prioritĂ© est donnĂ©e alors rĂ©solument Ă  l’habitat collectif de grande taille et Ă  la prĂ©fabrication en bĂ©ton, comme seule solution au manque de logements en France.

Une multitude de procédures administratives

Grands ensembles du quartier Villejean à Rennes par l’architecte Louis Arretche.

Il n’existe pas une procĂ©dure type de construction d’un grand ensemble pendant cette pĂ©riode. En effet, de trĂšs nombreuses procĂ©dures techniques ou financiĂšres sont utilisĂ©es. Elles servent souvent d’ailleurs Ă  dĂ©signer les bĂątiments ou quartiers construits Ă  l’époque : Secteur industrialisĂ©, LOPOFA (LOgements POpulaires FAmiliaux), Logecos (LOGements ÉCOnomiques et familiaux), LEN (Logements Ă©conomiques normalisĂ©s), l’opĂ©ration Million, l’opĂ©ration «Économie de main d’oeuvre». L’unique objectif de toutes ces procĂ©dures est de construire vite et en trĂšs grande quantitĂ©. Le cadre de la Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© intervient en 1959, avec des constructions qui ne commencent rĂ©ellement qu’en 1961-1962.

Les contextes de constructions

Le quartier de La RouviĂšre (9Ăšme arrondissement) Ă  Marseille construit par Xavier ArsĂšne-Henry.

On peut distinguer 3 contextes de construction de ces grands ensembles à la fin des années 1950 et début des années 1960 :

‱ de nouveaux quartiers pĂ©riphĂ©riques de villes anciennes ayant pour objectif de reloger des populations ins-tallĂ©es dans des logements insalubres en centre-ville ou pour accueillir des populations venues des campagnes environnantes (cas les plus frĂ©quents).

‱ des villes nouvelles liĂ©es Ă  l’implantation d’industries nouvelles ou Ă  la politique d’amĂ©nagement du ter-ritoire : c’est le cas de Mourenx (avec le Gaz de Lacq), Bagnols-sur-CĂšze ou Pierrelatte (liĂ©es Ă  l’industrie nuclĂ©aire). On voit aussi des cas hybrides avec la premiĂšre situation, avec des implantations proches de villes satellites de Paris, dans le but de contrebalancer l’influence de cette derniĂšre : c’est le cas de la politique des «3M» dans le dĂ©partement de Seine-et-Marne avec la construction de grands ensembles liĂ©s Ă  des zones in-dustrielles Ă  Meaux, Melun, Montereau-Fault-Yonne.

‱ des opĂ©rations de rĂ©novation de quartiers anciens : le quartier de la Porte de BĂąle Ă  Mulhouse, l’ülot BiĂšvre dans le 13e arrondissement de Paris, le centre-ville ancien de Chelles.

Il est Ă  noter qu’un grand ensemble n’est pas forcĂ©ment un ensemble de logements sociaux : il peut s’agir aussi de logements de standing, comme le quartier de la RouviĂšre Ă  Marseille.

Les modes de constructions

Le Haut du LiĂšvre (3000 logements, construits Ă  partir de 1954), deux des plus longues barres de France, construite par Bernard Zehrfuss sur une crĂȘte surplombant Nancy.

Tout est mis en oeuvre pour qu’un maximum d’économies soient rĂ©alisĂ©es sur le chantier :

‱ la prĂ©fabrication : de nombreux procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrications sont mis en oeuvre sur les chantiers permettant un gain de temps et d’argent. ExpĂ©rimentĂ©s au cours des chantiers de la Reconstruction aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, ces procĂ©dĂ©s permettent la construction en sĂ©rie de panneaux de bĂ©tons, d’escaliers, d’huisseries mais aussi d’élĂ©ments de salles de bains Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du logements. Ces procĂ©dĂ©s ont pour nom : Camus (expĂ©rimentĂ© au Havre et exportĂ© jusqu’en URSS), Estiot (au Haut-du-LiĂšvre Ă  Nancy) ou Tracoba (Ă  la Pierre Collinet Ă  Meaux). Les formes simples (barres, tours) sont privilĂ©giĂ©es le long du chemin de grue (grue posĂ©e sur des rails) avec des usines Ă  bĂ©ton installĂ©es Ă  proximitĂ© du chantier, toujours dans une recherche de gain de temps.

‱ une Ă©conomie de main d’oeuvre : la prĂ©fabrication permet de faire appel Ă  une main d’oeuvre peu qualifiĂ©e, souvent d’origine immigrĂ©e. De grands groupes de BTP bĂ©nĂ©ficient de contrats pour des chantiers de construc-tion gigantesques, favorisĂ©s par l’État.

‱ les maĂźtres d’ouvrages sont eux aussi trĂšs concentrĂ©s et favorise les grandes opĂ©rations. La Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations est ainsi l’un des financeurs incontournables de ce mouvement de construction avec notam-ment sa filiale, la SCIC (SociĂ©tĂ© Civile immobiliĂšre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations), créée en 1954. Elle fait appel Ă  des architectes majeurs des annĂ©es 1950 et 1960, tels que Jean Dubuisson, Marcel Lods, Jacques Henri Labourdette, Bernard Zehrfuss, Raymond Lopez, Charles-Gustave Stoskopf et elle est Ă  l’ori-gine de nombreux grands ensembles situĂ©s en rĂ©gion parisienne, tels que Sarcelles (le plus grand programme en France avec 10 000 logements), CrĂ©teil, Massy-Antony.

Les dĂ©signations de ces grands ensembles sont Ă  cette Ă©poque trĂšs diverses : unitĂ© de voisinage, unitĂ© d’habitation, ville nouvelle (sans aucun rapport avec les villes nouvelles de Paul Delouvrier), villes satellites, ou encore citĂ©s nouvelles, etc.Pendant 20 ans, on estime Ă  300 000 le nombre de logements construits ainsi par an, alors qu’au dĂ©but des annĂ©es 1950, on ne produisait que 10 000 logements chaque annĂ©e. 6 millions de logements sont ainsi construits au total. 90 % de ces constructions sont aidĂ©es par l’État.

En 1965, le programme des villes nouvelles est lancĂ©, se voulant en rupture avec l’urbanisme des grands ensembles. En 1969, les zones Ă  urbaniser en prioritĂ© sont abandonnĂ©es au profit des zones d’amĂ©nagement concertĂ©, créées deux ans auparavant. Enfin, le 21 mars 1973, une circulaire ministĂ©rielle signĂ©e par Olivier Guichard, ministre de l’Équipement, du Logement et des Transports, «visant Ă  prĂ©venir la rĂ©alisation des formes d’urbanisation dites « grands ensembles » et Ă  lutter contre la sĂ©grĂ©gation sociale par l’habitat», interdit toute construction d’ensembles de logements de plus de 500 unitĂ©s. La construction des grands ensembles est dĂ©finitivement abandonnĂ©e. La loi Barre de 1977 fait passer la prioritĂ© de l’aide gouvernementale de la construction collective Ă  l’aide aux mĂ©nages : c’est le retour du pavillonnaire et du logement.

Les guerres jouent un rĂŽle majeur dans l'histoire architecturale d'un pays. Alors que les commĂ©morations orchestrĂ©es par la mission Centenaire 1914-1918 battent leur plein, il paraĂźt intĂ©ressant de revenir sur ce que la Grande Guerre a reprĂ©sentĂ© pour les architectes, au-delĂ  des destructions et du traumatisme. Ce premier Ă©pisode de « mobilisation totale » - suivant les termes utilisĂ©s par Ernst JĂŒnger en 1930 -, a notamment entraĂźnĂ© une industrialisation accĂ©lĂ©rĂ© des processus de production, qui a marquĂ© les esprits. Certains architectes comme FĂ©lix Dumail et Marcel Lods se sont alors engagĂ©s dans la dĂ©finition d'un cadre urbanistique nouveau pour le logement social : au sein de l'Office public d'habitations Ă  bon marchĂ© du dĂ©partement de la Seine, ils ont largement contribuĂ© Ă  l'invention du « grand ensemble ».

La reconstruction de l'aprĂšs PremiĂšre Guerre mondiale a souvent Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme une occasion manquĂ©e. Cette antienne a mĂȘme servi de repoussoir aprĂšs la Seconde. C'est pourtant un bilan Ă  tempĂ©rer, puisqu'au sortir de l'une et l'autre, on est parvenu Ă  reconstruire un nombre de logements comparable en valeur relative, dans Ă  peu prĂšs le mĂȘme laps de temps. Plus gĂ©nĂ©ralement, les vicissitudes des chantiers de l'entre-deux-guerres tiennent au contexte Ă©conomique et politique, au problĂšme du moratoire des loyers, aux effets de la crise de 1929, etc., plutĂŽt qu'Ă  une dĂ©faillance des savoir-faire des entreprises et des architectes. Dans cette pĂ©riode ouverte cohabitent, au contraire, des procĂ©dĂ©s constructifs aussi nombreux qu'efficaces. L'Ă©laboration des programmes modernes - logement social, Ă©quipements sportifs, sociaux et Ă©ducatifs, grande distribution, etc. - est l'objet d'un Ă©ventail de recherches d'une grande pluralitĂ©. On aura rarement inventĂ© autant de types architecturaux. Ainsi, pour paraphraser ce que Jean-Louis Cohen Ă©crit de la Seconde Guerre (1), on peut suggĂ©rer que la PremiĂšre ne reprĂ©sente pas seulement quatre annĂ©es de « page blanche », ni mĂȘme une rĂ©pĂ©tition de la suivante, mais bien, elle aussi, un temps de condensation « technologique, typologique et esthĂ©tique ». Si la Seconde Guerre coĂŻncide avec la « victoire » et la « suprĂ©matie » de la modernitĂ© architecturale, la PremiĂšren'est pas en reste, qui pose les conditions de diffusion du fordisme, de la prĂ©fabrication des bĂątiments et dessine les contours urbanistiques de la construction de masse.

Certes, le XIXe siÚcle, avec le Paris d'Haussmann et les expositions universelles, avait largement plus que défricher les champs de la rapidité, de l'étendue et de la quantité, mais, spécifiquement, l'entre-deux-guerres est marqué par le perfectionnement de la répétition (2). Un des effets de la Grande Guerre réside dans l'accélération de la mise en place d'un cadre de production pour le logement collectif et dans la définition progressive du « grand ensemble ». Ce concept, apparu en juin 1935 sous la plume de Maurice Rotival dans L'Architecture d'aujourd'hui, ressortit à la tentative « d'un urbanisme contemporain : un urbanisme des habitations » (3). Son héraut est l'Office public d'habitations à bon marché du département de la Seine (OPHBMS) d'Henri Sellier, futur ministre de la Santé publique du Front populaire. Imaginé en 1913, organisé pendant la guerre, l'OPHBMS sera, avant 1939, le maßtre d'ouvrage de plus de 17 000 logements répartis en une vingtaine d'opérations banlieusardes.

Dans une perspective de gĂ©nĂ©alogie du logement de masse français, il y a grand intĂ©rĂȘt Ă  suivre les parcours des architectes de l'OPHBMS pendant la Grande Guerre. Parmi la vingtaine de protagonistes concernĂ©s, seuls deux Ă©taient trop ĂągĂ©s pour participer au conflit : RaphaĂ«l Loiseau (1856-1925), architecte-conseil, et Alexandre Maistrasse (1860-1951), qui s'applique dĂšs avant l'armistice au projet de la « citĂ©-jardins » de Suresnes, dont Sellier sera maire de 1919 Ă  1940. Il y livrera prĂšs de 2 500 logements. Bien que plus jeune, Maurice Payret-Dortail (1874-1929) n'est pas mobilisĂ© et participe Ă  la mise en place de l'Office durant la guerre, avant de travailler jusqu'Ă  son dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© Ă  une autre grande citĂ©-jardins, celle du Plessis-Robinson. NĂ©s entre 1868 et 1900, les autres architectes correspondent exactement aux classes d'Ăąge appelĂ©es au front.

Les figures de Marcel Lods et de Felix Dumail

Deux d'entre eux (4) ont laissĂ© des archives significatives sur ces annĂ©es : FĂ©lix Dumail (1883-1955), un des plus fidĂšles compagnons de Sellier, et Marcel Lods (1891-1978), brillant cadet entrĂ© dans un second temps Ă  l'OPHBMS avec son associĂ© EugĂšne Beaudouin (1898-1983). Dumail est diplĂŽmĂ© de l'Atelier Bernier en 1908 et lorsqu'il est mobilisĂ©, il figure dĂ©jĂ  parmi les pionniers du logement social. Lods, quant Ă  lui, est admis dans le mĂȘme atelier en 1911, mais, conscrit l'annĂ©e suivante, il ne quitte l'uniforme qu'une fois la guerre terminĂ©e. Il obtient son diplĂŽme en 1923, tout en collaborant dĂšs 1921 sur d'importantes opĂ©rations HBM avec Albert Beaudouin, architecte de la SociĂ©tĂ© des logements Ă©conomiques pour familles nombreuses depuis 1907. Celui-ci lui cĂ©dera son agence en 1929, ainsi qu'Ă  son neveu EugĂšne.

Vers des logements sociaux en grande série

Il faut rappeler qu'Ă  l'approche de la guerre, ce que l'on nomme le logement ouvrier se situe Ă  un tournant : fin 1912, la loi Bonnevay a affirmĂ© son caractĂšre public. Elle autorise alors les collectivitĂ©s locales Ă  constituer des offices d'habitations Ă  bon marchĂ©, domaine jusque-lĂ  rĂ©servĂ© des sociĂ©tĂ©s anonymes et des fondations philanthropiques. Peu avant, la Ville de Paris a obtenu la possibilitĂ© de produire elle-mĂȘme des logements sociaux. Si les rĂ©sultats du concours qu'elle lance en 1912 sont suspendus, du fait de ses terrains petits et irrĂ©gulier ayant inspirĂ© des propositions peu gĂ©nĂ©ralisables, quelques architectes se sont d'ores et dĂ©jĂ  essayĂ©s Ă  dĂ©cliner des plans en immeubles libres et cours ouvertes. C'est le cas de Payret-Dortail, laurĂ©at sur le site de l'avenue Émile-Zola, et du jeune groupement Dumail, Jean HĂ©brard et Antonin TrĂ©velas. Au concours de 1913, ce trio peut dĂ©velopper ses principes Ă  l'Ă©chelle plus favorable de vastes terrains. Il se retrouve laurĂ©at de 600 logements rue Marcadet, avec un projet dĂ©signĂ© dix ans plus tard comme un des plus avancĂ©s des « standards d'avant-guerre » (5). Ce deuxiĂšme concours, qui porte l'ambition d'entamer un processus de construction en grande sĂ©rie sur la base de plans-modĂšles, suscite l'engouement, puisque prĂšs de 700 chĂąssis ont Ă©tĂ© adressĂ©s et que, comme l'affirme L'Architecture : « On sent qu'il y a maintenant une gĂ©nĂ©ration d'architectes s'intĂ©ressant Ă  la question des habitations Ă  bon marchĂ©, et qui l'ont comprise. » (6) Sellier ne s'y trompe pas, qui forme, entre 1916 et 1921, la premiĂšre Ă©quipe d'architectes-directeurs de l'OPHBMS en puisant parmi les laurĂ©ats des concours parisiens : Albenque et Gonnot ; Arfvidson, Bassompierre et de RuttĂ© ; HĂ©brard et Dumail, Maistrasse, Payret-Dortail, Pelletier, Teisseire.

L'entrĂ©e en guerre, dans un premier temps, coupe net l'Ă©lan de cette gĂ©nĂ©ration, avant de la dĂ©cimer. Ainsi, TrĂ©velas aura son nom gravĂ© sur le monument aux morts de la cour du mĂ»rier, au cƓur de l'École des beaux-arts. MobilisĂ© dans l'infanterie, Dumail dĂ©crit dans ses courriers et dans son journal, le manque d'organisation, la faim, la fatigue, les douleurs corporelles, l'ampleur des destructions et les atrocitĂ©s : blessures par obus, barricades Ă©levĂ©es avec des couches de cadavres, etc. Si l'Ă©pisode napolĂ©onien avait dĂ©jĂ  provoquĂ© des tueries de masse, celles-ci se singularisent. Leur mĂ©canisation et l'annihilation du territoire reprĂ©senteront une source inextinguible de rĂ©flexions pour les architectes, faisant Ă©cho Ă  une sensibilitĂ© rĂ©cente : les thĂ©ories premiĂšres de Prosper MĂ©rimĂ©e ou Viollet-le-Duc - suite au « vandalisme » de la rĂ©volution et aux effets de l'industrialisation - venaient justement d'accoucher le 31 dĂ©cembre 1913 de l'actuelle loi sur les monuments historiques. AprĂšs guerre, les architectes se passionneront du sort des monuments endommagĂ©s - la cathĂ©drale de Reims notamment - et du statut des ruines, quasi sacralisĂ©es par un Auguste Perret. SimultanĂ©ment les avant-gardes mettront en avant l'idĂ©e de la table rase. Le spectacle des manƓuvres de nuit sous le feu des projecteurs procure ainsi Ă  Dumail un sentiment ambigu de fascination-rĂ©pulsion, Ă©voquant la sidĂ©ration exprimĂ©e par un Apollinaire.

Dumail manifeste des capacitĂ©s d'observation hors du commun, qui lui vaudront la lĂ©gion d'honneur. Sous les bombardements, il exĂ©cute des plans et des panoramas des positions ennemies, permettant de mieux diriger les tirs. NommĂ© sous-lieutenant en octobre 1915, il entame des dĂ©marches pour ĂȘtre affectĂ© Ă  l'aviation. À l'appui de sa demande, il mentionne sa passion pour les sports mĂ©caniques, sa pratique assidue de la moto et souligne son succĂšs en 1912 au concours Chenavard consacrĂ© Ă  une Ă©cole d'aviation militaire. C'est pourtant un projet dans lequel l'aĂ©roport reprĂ©sentait surtout un emblĂšme. À l'instar, du reste, de l'aĂ©roport de la citĂ©-jardins du Grand Paris imaginĂ©e par l'OHBMS en 1919 en marge des projets du Plessis-Robinson et de la Butte-Rouge (ChĂątenay-Malabry), ou encore, Ă  partir de 1922, de celui qu'associe Le Corbusier Ă  une autoroute sur la rive droite de Paris, dans son fameux Plan Voisin soutenu par le fabricant automobile et aĂ©ronautique Ă©ponyme. Bien que Dumail juge plus aisĂ© de piloter un avion qu'une auto et malgrĂ© le soutien de ses officiers, ses dĂ©marches n'aboutissent pas. Pas plus que ses tentatives d'entrer au GĂ©nie puis au service technique de Peugeot ou encore, en 1917, ses propositions d'adaptation d'une mitrailleuse Hotchkiss auprĂšs du sous-secrĂ©tariat d'État des inventions. Comme beaucoup d'appelĂ©s, Dumail attendra sa dĂ©mobilisation quasiment jusqu'au traitĂ© de Versailles, en 1919. Durant ces annĂ©es incertaines, alors que ne se concrĂ©tisent ni le chantier de la rue Marcadet ni sa nomination dĂ©finitive par l'OPHBMS - il y est inscrit avec HĂ©brard sur la liste d'architectes depuis 1917 -, il voyage dans les rĂ©gions dĂ©vastĂ©es. Dumail et HĂ©brard sont agréés pour la reconstruction des Ardennes en 1921, au moment oĂč les Ă©tudes de la rue Marcadet reprennent et celles de la citĂ©-jardins de Gennevilliers deviennent opĂ©rationnelles.

Cette concentration de commandes explique que leur activitĂ© de reconstruction se limite au seul village d'Attigny (Ardennes), d'autant que leurs aspirations vont bientĂŽt dĂ©passer l'horizon hexagonal. En effet, lorsque Dumail retrouve HĂ©brard, celui-ci enseigne l'architecture dans le cadre de l'American Expeditionary Forces University, prolongeant son expĂ©rience Ă  l'universitĂ© Cornell-Ithaca entre 1906 et 1911. Leurs deux frĂšres, eux aussi architectes, sont Ă  l'Ă©tranger : GabrielDumail, fait prisonnier en 1915, est parti pour la Chine ; quant Ă  ErnestHĂ©brard, Grand Prix de Rome 1904, il a aussi Ă©tĂ© fait prisonnier avant de se voir confier, en 1918, la reconstruction de Salonique, puis de devenir architecte en chef d'Indochine. Pionnier de l'urbanisme - nĂ©ologisme de 1910 -, il est membre fondateur de la SociĂ©tĂ© française des architectes urbanistes en 1911, et l'une des premiĂšres figures de l'architecture internationale, voire « mondialisĂ©e ». Il avait entraĂźnĂ©, peu avant la guerre, son frĂšre et les Dumail dans l'aventure de l'International World Centre : un essai de capitale pour les États-Unis du monde, prĂ©curseur de la SociĂ©tĂ© des Nations, dans lequel La Construction moderne voyait en janvier 1914 « une Ă©cole mondiale de la paix »... arrivĂ©e trop tard ! De cette tentation de l'ailleurs, Dumail tire quelques rĂ©alisations en Indochine entre 1924 et 1928. Jean HĂ©brard, lui, s'expatrie en 1925 pour devenir un des thĂ©oriciens du City Planning dans les universitĂ©s de Pennsylvanie puis du Michigan.

Des chantiers d'expérience

Dumail consacrera dĂšs lors l'essentiel de sa carriĂšre Ă  l'OPHBMS, en tant qu'architecte-directeur des citĂ©s-jardins de Gennevilliers, du PrĂ©-Saint-Gervais, de Dugny, de l'achĂšvement de Suresnes, et d'un ensemble HBM pour militaires Ă  Saint-MandĂ©, immĂ©diatement reconnus pour la qualitĂ© de leurs logements et de leur greffe urbaine. Comme pour la citĂ© de la rue Marcadet, il y conçoit « des bĂątiments isolĂ©s, absolument entourĂ©s d'air et de lumiĂšre » (7). Ces « chantiers d'expĂ©riences », suivant une expression des annĂ©es 1920 qui deviendra emblĂ©matique Ă  la LibĂ©ration, sont souvent mis en Ɠuvre par des entreprises ayant fourbi leurs premiĂšres armes avec les troupes amĂ©ricaines pour des constructions de baraquements prĂ©fabriquĂ©s. Ils permettront Ă  Dumail de figurer parmi les rares architectes français Ă  avoir Ă©difiĂ© plus de 2 000 logements avant la Seconde Guerre, dans lesquels il Ă©trennera les chemins de grue et les principes de coffrage des Trente Glorieuses.On ne peut que faire le lien entre ses aspirations pendant la guerre, sa culture technique, son goĂ»t pour la mĂ©canique, et ceux d'autres acteurs de la modernitĂ© architecturale. Quelques annĂ©es avant lui, en 1904, son associĂ© HĂ©brard brille lui aussi au concours Chenavard, avec pour sujet un Palais de l'automobile. En 1908, le Salon de l'automobile accueille Ă  Paris ses premiers exposants aĂ©ronautiques et c'est justement un architecte de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration, AndrĂ©Granet (1881-1974), futur gendre d'Eiffel, qui contribue l'annĂ©e suivante Ă  lancer au Grand Palais la premiĂšre exposition internationale de la locomotion aĂ©rienne, ancĂȘtre du salon du Bourget. Plus prĂ©cisĂ©ment, le passage de l'observation militaire Ă  l'aviation renvoie Ă  WalterGropius (1883-1969). Comme Dumail ou encore AndrĂ© Lurçat, mais dans le camp d'en face, le fondateur du Bauhaus dessine d'abord ses repĂ©rages de ligne de front Ă  pied, avant d'ĂȘtre affectĂ© Ă  l'aviation et d'y connaĂźtre une rĂ©vĂ©lation, dĂ©terminante pour sa carriĂšre (😎. Cette passion de la photographie aĂ©rienne sera partagĂ©e par son alter ego français dans l'expĂ©rimentation de la prĂ©fabrication, Marcel Lods, en pleine rĂ©sonance avec une attention voulue « scientifique » au territoire et Ă  sa documentation - une des constantes des Ă©quipes de l'OPHBMS. Si Lods s'engage comme aviateur en 1939, il est vingt-cinq ans plus tĂŽt affectĂ© comme instructeur d'artillerie. Et il ne lui Ă©chappe pas qu'avec presque 900 millions d'obus tirĂ©s, son arme reprĂ©sente l'instrument par excellence de l'industrialisation de la guerre. Puis, il suit l'arrivĂ©e des troupes amĂ©ricaines et de leurs engins et se passionne pour le dĂ©veloppement spectaculaire des industries automobile et aĂ©ronautique aux États-Unis. Pays oĂč Ă©tait nĂ©e, dĂšs 1908, la fameuse Ford T, premier vĂ©hicule de sĂ©rie. Du dĂ©but des annĂ©es 1920 jusqu'Ă  la fin de sa carriĂšre, aux cĂŽtĂ©s de grands ingĂ©nieurs, Lods tente d'exporter ce modĂšle Ă  celui du bĂątiment et de ses composants. Ce seront notamment les chantiers de la CitĂ© du Champ des Oiseaux, Ă  Bagneux (1927-1933), et de La Muette, Ă  Drancy (1931-1934). Puis, aprĂšs guerre, les Grandes Terres de Marly-le-Roi (1952-1960) et surtout la Grand'Mare de Rouen (1960-1977). C'est aussi une myriade de petites rĂ©alisations prototypiques, Ă  commencer par l'aĂ©roclub de Buc abordĂ© au moment oĂč Lods obtient son brevet de pilote, en 1932.

Ses chantiers qui se veulent de pur montage, rĂȘvĂ©s en gants blanc, ne sont pas dĂ©nuĂ©s d'utopie. Ils participent au sentiment qui sourd au dĂ©but du XXe siĂšcle, selon lequel l'homme s'apprĂȘte Ă  faire quasi corps avec la machine. Charlie Chaplin a gĂ©nialement montrĂ© dans Les Temps modernes en 1936 la part tragique de cette nouvelle condition. Elle apparaĂźt comme un des effets les plus paradoxaux de la guerre, dans laquelle toute une gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© confrontĂ©e aux corps mutilĂ©s en masse, soumis aux Ă©lĂ©ments et Ă  la putrĂ©faction en plein champ, mais aussi possiblement transcendĂ©s par la mĂ©canisation et la science. Alfred Jarry en avait eu l'intuition dĂšs 1902 avec Le SurmĂąle : roman moderne dans lequel il dressait le rĂ©cit de la course - en forme d'hĂ©catombe - d'un train Ă  vapeur et de cyclistes dopĂ©s Ă  la « perpetual-motion food ». Le Corbusier est l'architecte qui, au contact des Planistes et du thĂ©oricien eugĂ©niste Alexis Carrel, captera le mieux ce nouveau rapport au corps, avec ses recherches sur l'immeuble-villa puis sur l'« unitĂ© d'habitation de grandeur conforme », instruments d'une « fabrique de l'homme nouveau » liant sport, biologie et habitation. IntĂ©grĂ© Ă  la fondation Carrel entre 1943 Ă  1945 (9), Dumail n'Ă©chappera pas Ă  ce programme « d'hygiĂšne sociale et de prophylaxie » Ă©noncĂ© par Sellier lui-mĂȘme au moins dĂšs 1921.Ces proches de Sellier que sont Dumail et Lods ont vu leurs rĂ©alisations de l'OPHBMS donnĂ©es en 1935 comme modĂšles du programme du grand ensemble du futur, dans cette pĂ©riode accidentĂ©e oĂč s'Ă©laborait une culture politique de gestion de la croissance des pĂ©riphĂ©ries urbaines. À la LibĂ©ration, ils affirment ensemble le logement comme la grande « affaire » du XXe siĂšcle dans un livret du comitĂ© Henri-Sellier (10). En 1951, ils s'engagent presque simultanĂ©ment dans les chantiers respectifs des deux SHAPE Villages : Dumail Ă  Saint-Germain-en-Laye, aux cĂŽtĂ©s de Jean Dubuisson, et Lods Ă  Fontainebleau. Les logements qu'ils bĂątissent, chacun Ă  sa façon mais tous deux en un temps record, pour les sous-officiers et officiers du quartier gĂ©nĂ©ral des forces alliĂ©es en Europe, constituent un des moments fondateurs de la politique de construction Ă  venir : les grands ensembles français ne sont dĂ©cidĂ©ment pas tombĂ©s du ciel avec la croissance et le baby-boom. * Architecte, Hubert Lempereur a consacrĂ© de nombreux articles Ă  la gĂ©nĂ©alogie et Ă  l'histoire matĂ©rielle et culturelle des premiers grands ensembles français et Ă  la construction de masse. À paraĂźtre, FĂ©lix Dumail, architecte de la « citĂ©-jardins », aux Ă©ditions du patrimoine et La Samaritaine, Paris, aux Ă©ditions Picard, ouvrage codirigĂ© avec Jean-François Cabestan. 1. J.-L. Cohen, Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale, Hazan/Centre Canadien d'Architecture, 2011. 2. Voir P. Chemetov et B. Marrey, Architectures. Paris 1848-1914, Dunod, 1980. 3. M. Rotival, « Urbanisme des H.B.M. - Formes de la citĂ© », L'Architecture d'aujourd'hui, n° 6, juin 1935. 4. Leurs archives sont conservĂ©es au centre d'archives d'architecture du XXe siĂšcle. La famille Dumail conserve de son cĂŽtĂ© ses correspondances de guerre. 5. J. Posener, « Historique des H.B.M. - Naissance du problĂšme, premiĂšres solutions », L'Architecture d'aujourd'hui, n° 6, juin 1935. 6. G. Ernest, « Concours pour la construction par la Ville de Paris d'immeubles collectifs Ă  bon marchĂ© », L'Architecture, 28 fĂ©v. 1914. 7. A. Gaillardin, « Les derniers concours de la Ville de Paris pour la construction d'habitations Ă  bon marchĂ© », La Construction moderne, 28 juin 1914. 8. J. Gubler, « L'aĂ©rostation, prĂ©lude Ă  l'aviation ? Notes sur la dĂ©couverte architecturale du paysage aĂ©rien », MatiĂšres, 1998. 9. H. Lempereur, « La fondation Carrel (1941-1945), Le Corbusier et FĂ©lix Dumail : portraits d'architectes en bio-sociologues », fabricA, 2009. 10. F. Dumail, P. GrĂŒnebaum-Ballin, R. Hummel, M. Lods, P. Pelletier et P. Sirvin, L'affaire du logement social, prĂ©face de LĂ©on Blum, Éditions de la LibertĂ©, 1947. TEXTE DU MONITEUR @ les #Constructions #Modernes #BANLIEUE @ l' #Urbanisme & l es #Chantiers d'#ApresGuerre ici #MĂ©moire2ville le #Logement Collectif* dans tous ses Ă©tats..#Histoire & #MĂ©moire de l'#Habitat / DĂ©partement territoire terroir region ville souvenirs du temps passĂ© d une Ă©poque revolue #Archives ANRU / #RĂ©tro #Banlieue / Renouvellement #Urbain / #Urbanisme / #HLM #postwar #postcard #cartepostale twitter.com/Memoire2cite Villes et rĂ©novation urbaine..Tout savoir tout connaitre sur le sujet ici via le PDF de l'UNION SOCIALE POUR L HABITAT (l'USH)... des textes Ă  savoir, Ă  apprendre, des techniques de demolition jusqu a la securisation..& bien plus encore.. union-habitat.org/.../files/articles/documents/...

www.dailymotion.com/video/xk6xui Quatre murs et un toit 1953 - Le Corbusier, l'architecte du bonheur 1957 conceptions architecturales le modulor, l'architecture de la ville radieuse, Chandigarh, Marseille, Nantes www.dailymotion.com/video/xw8prl Un documentaire consacrĂ© aux conceptions architecturales et urbanistiques de Le Corbusier.ExposĂ©es par l'architecte lui-mĂȘme et Ă©tayĂ©es par des plans, dessins et images de ses rĂ©alisations en France et Ă  l'Ă©tranger, ces thĂ©ories tĂ©moignent d'une rĂ©flexion approfondie et originale sur la ville et sa nĂ©cessaire adaptation Ă  la vie moderne, notamment Paris dont l'amĂ©nagement rĂ©volutionnaire rĂȘvĂ© par Le Corbusier est ici exposĂ©. Un classique du documentaire.Les premiers projets de Le Corbusier resteront Ă  l'Ă©tat de maquette : le plan de modernisation de la ville d'Alger. Certains seront rĂ©alisĂ©s par d'autres architectes : ministĂšre de l'Ă©ducation Ă  Rio de Janeiro, Palais de l'ONU Ă  New York. DĂšs l'aprĂšs-guerre en moins de 10 ans, Le Corbusier rĂ©alise de grandes unitĂ©s d'habitation Ă  Marseille, Nantes une chapelle Ă  Ronchamps, une usine Ă  Saint-DiĂ©, une ville Chandigarh en Inde. Par des schĂ©mas, l'architecte prĂ©sente sa thĂ©orie de la "ville radieuse", le modulor clef mathĂ©matique de son Ɠuvre ainsi que son projet de rĂ©organisation de la campagne, des citĂ©s industrielles et urbaine en un regroupement autour d'un systĂšme coopĂ©ratif. Le film expose les conceptions architecturales de Le Corbusier, dans la ligne des prĂ©curseurs de l'architecture moderne comme Claude-Nicolas Ledoux. Paris et le dĂ©sert français 1957 rĂ©alisation : Roger Leenhardt et Sydney Jezequel, rĂ©soudre le dĂ©sĂ©quilibre dĂ©mographique ville campagne www.dailymotion.com/video/x177lrp Film rĂ©alisĂ© par Roger Leenhardt et Sydney Jezequel en 1957, d'aprĂšs le livre de Jean-François Gravier. Document d'information gĂ©nĂ©ral proposant les solutions de l'Ă©poque pour Ă©viter la dĂ©sertification des campagnes et la folie concentrationnaire des villes. DĂšs 1957, la dĂ©sertification des campagnes prend des proportions tragiques. L'exemple est donnĂ© pour le village de Gourdon dans le Quercy.

Quelles Ă©volutions proposer pour Ă©viter l'exode rural et le dĂ©veloppement anarchique, qui s'amorce, des villes champignons, construites en plein champ sans urbanisme et sans Ăąme ? Le commentaire propose les solutions de l'Ă©poque : modernisation de l'agriculture, adaptation de l'artisanat, implantations d'industries dans les provinces. Gazoducs dans le sud-ouest, barrage en Haute-Savoie, polder en Bretagne semblaient Ă  l'Ă©poque pouvoir rĂ©soudre le dĂ©sĂ©quilibre ville campagne. Visages de la France 1957 Production - rĂ©alisation Atlantic-Film Marcel de Hubsch www.dailymotion.com/video/x19g59p Le film commence avec des vues de villages et d'architecture traditionnelle du Pays Basque, des Landes, de la Touraine, de la Normandie, de la Bretagne, d'Alsace. La voix off s'interroge : faut il transformer la France en un musĂ©e de ses vieilles demeures ? et poursuit : pourquoi des maisons de 10 Ă  15 mĂštres de hauteur Ă  Honfleur n'ont elles que 3 Ă  5 mĂštres de large ? Le commentaire se pose la question du nombre de maisons individuelles dans les villes qui entrainent l'Ă©talement urbain. Lorsque les villes ont bĂątit des immeubles, le commentaire se demande que cachent ces façades ? Des coures Ă©troites que le soleil ne visite jamais, un enchevĂȘtrement inouĂŻ de constructions hĂ©tĂ©roclites. L'Ă©poque de grande prospĂ©ritĂ© de la troisiĂšme rĂ©publique n'a rien su construire de grand poursuit la voix off. Ce document nous propose ensuite une animation de maquette pour l'amĂ©nagement d'une friche. Dans un premier temps Ă  la façon d'avant avec la maison individuelle. La voix off s'exclame : ce n'est pas autrement que d'affreuses banlieues naquirent que tant de villes furent Ă  jamais enlaidies, essayons autre chose. L'animation se met Ă  empiler les maisons individuelles et propose des bĂątiments collectifs dans des jardins. Le commentaire poursuit : maintenant c'est l'heure de l'urbaniste Ă  lui de rĂ©partir les constructions dans la citĂ©. Plusieurs organisation de logements collectifs sont proposĂ©es en maquettes. La voix off pointe les dĂ©fauts d'un urbanisme des grands ensemble trop ennuyeux. Puis une solution Ă©merge de l'animation : pour que la citĂ© vive il faut mettre au place d'honneur Ă©cole, dispensaire, bibliothĂšque, salle de rĂ©union, puis viennent les deux piĂšces maĂźtresse deux grands immeubles puis les rues se glissent dans la composition et enfin les pelouse et les jardins apparaissent et voila conclue le commentaire. Le film montre ensuite de rĂ©alisation de grands ensemble et on entre dans un immeuble au sein d'une famille : air et lumiĂšre sont au rendes-vous. On voit des enfants faire du patin Ă  roulette dans le parc de l'immeuble la voix off annonce : finit l'individualisme renfrognĂ© de l'Ă©choppe d'antan : la citĂ© tout entiĂšre est un jardin, les jeux d'enfants se mĂȘlent aux fleurs. Le film se termine sur des vues de rĂ©alisation de grands ensemble sur toute la France (vue entre autre de la citĂ© radieuse de Le Corbusier Ă  Marseille). Production Films Caravelle MRU (ministĂšre de la reconstruction et de l'urbanisme) Scenario et rĂ©alisation : Pierre JaLLAUDSur les routes de France les ponts renaissent 1945 reconstruction de la France aprĂšs la Seconde Guerre mondiale www.dailymotion.com/video/xuxrii?playlist=x34ije , www.twitter.com/Memoire2cite Les 30 Glorieuses . com et la carte postale.. Il existe de nos jours, de nombreux photographes qui privilĂ©gient la qualitĂ© artistique de leurs travaux cartophiles. A vous de dĂ©couvrir ces artistes inconnus aujourd’hui, mais qui seront peut-ĂȘtre les grands noms de demain. 69 BRON PARILLY LA VILLE NOUVELLE LES UC, UNE CITÉ DU FUTUR @ UN TOUR DE VILLE AUTOUR DU TEMPS

Le quartier des UC Ă  Parilly, a Ă©tĂ© la premiĂšre des grandes citĂ©s construites en France, au milieu du 20e siĂšcle, et fut en son temps un modĂšle. 1950. La Seconde guerre mondiale a laissĂ© derriĂšre elle un champ de ruines. En France, plus de 800.000 habitations ont Ă©tĂ© dĂ©truites. Partout on manque de logements : sur la cĂŽte atlantique, oĂč des villes entiĂšres ont Ă©tĂ© rasĂ©es, mais aussi Ă  Paris et en rĂ©gion lyonnaise. Pour couronner le tout, les Français se mettent Ă  faire des bĂ©bĂ©s Ă  tour de berceaux - le baby boom commence ! Du coup, les jeunes mariĂ©s ne peuvent dĂ©nicher un toit et restent chez leurs parents. Les mieux lotis s’entassent Ă  4 ou 5 dans une seule piĂšce, avec WC Ă  l’étage et un Ă©vier en guise de salle de bains. Les personnes sans le sou, elles, peuplent les bidonvilles qui cernent Lyon comme Ă  Bombay ou Ă  Rio. Souvenez-vous de l’abbĂ© Pierre, et de son appel de l’hiver 1954. Reloger la population constitue pourtant une prioritĂ© du gouvernement. On a nommĂ© ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme un hĂ©ros de la LibĂ©ration, pĂ©tri des idĂ©aux sociaux de la RĂ©sistance : le dĂ©putĂ© de la Loire, EugĂšne Claudius-Petit (1907-1989). Monsieur le Ministre veut non seulement redonner un toit aux Français, mais les doter du nec plus ultra en matiĂšre de logement, une architecture moderne et colorĂ©e, entourĂ©e de verdure et d’espace. DĂšs 1951, Claudius-Petit programme la construction de six grands ensembles : Ă  Angers (677 logements), Boulogne-Billancourt (800), Le Havre (1400), Pantin (800), Saint-Etienne (1262) et enfin Ă  Bron, oĂč doit naĂźtre la plus imposante de toutes ces citĂ©s, avec 2608 logements. Il en confie la rĂ©alisation Ă  l’Office des HLM du RhĂŽne, alors dirigĂ© par Laurent Bonnevay, tandis que sa conception revient Ă  de jeunes architectes Lyonnais disciples de Le Corbusier, dont RenĂ© GagĂšs et Franck Grimal.

L’emplacement de la future citĂ© est vite trouvĂ© : dans la partie nord du parc de Parilly, sur 27 hectares de terrains appartenant au Conseil gĂ©nĂ©ral. Ainsi, les immeubles se glisseront entre les arbres et les pelouses, en un mariage heureux de la nature et du bĂ©ton. La desserte du quartier sera assurĂ©e par le boulevard de Ceinture et par l’avenue Jean-Mermoz, deux belles avenues oĂč il fait bon se promener, Ă  pieds ou Ă  vĂ©lo, au milieu de quelques autos - l'une et l'autre n'ont pas encore Ă©tĂ© transformĂ©es en voies autoroutiĂšres
 Cinq ans Ă  peine, de 1951 Ă  1956, suffisent pour faire sortir de terre une douzaine de grands immeubles, l’équivalent d’une ville : les quatre tours et les deux barres en S des "UnitĂ©s de Construction" (UC) 5 et 7 le long du boulevard Laurent-Bonnevay ; l’UC 1 Ă  l’angle du boulevard et de l’autoroute A43 ; enfin les quatre immeubles en L des UC 2 Ă  5, le long de l’A43, Ă  l'endroit oĂč vous vous trouvez. Leur construction utilise des procĂ©dĂ©s rĂ©volutionnaires pour l’époque : chaque appartement, qu’il s’agisse d’un T2 ou d’un T6 en duplex, reproduit un plan type aux dimensions standardisĂ©es de 5 mĂštres de large, 11 mĂštres de long et 2,5 mĂštres de haut, dont les Ă©lĂ©ments sont fabriquĂ©s en usine et seulement assemblĂ©s sur le chantier, ce qui permet d’énormes gains de temps. Les premiers habitants dĂ©couvrent leurs appartements, Ă©bahis. Un F3 par exemple, leur offre une salle de sĂ©jour de 18 m2, deux chambres de 10 m2, une cuisine Ă©quipĂ©e de placards et plans de travail, des WC, une salle de bains, d’immenses baies vitrĂ©es et, luxe inouĂŻ, un grand balcon peint en jaune, en rouge ou en bleu vif, transformant leur immeuble en une mosaĂŻque multicolore. Les Brondillants passent d’un coup du taudis Ă  l’AmĂ©rique, et de Zola au 20e siĂšcle. Telles Ă©taient les UC, il y a une soixantaine d'annĂ©es. Une citĂ© modĂšle, dont les photos couvraient les cartes-postales locales, et les magazines du monde entier. AprĂšs les UC, d'autres grands ensembles voient le jour Ă  Bron au cours des annĂ©es 1950 Ă  1970 : les immeubles du quartier des Essarts, prĂšs des Galeries Lafayette ; les copropriĂ©tĂ©s de la route de Genas, Ă  cĂŽtĂ© de l'ancienne caserne Raby, et surtout les immeubles du quartier du Terraillon, au nord-est de Bron. Ces nouveaux logements, tous trĂšs prisĂ©s au moment de leur construction, font bondir la population de Bron de 12.500 habitants en 1946, Ă  42.000 habitants en 1968. Les experts de l'Ă©poque prĂ©disent mĂȘme que le seuil des 100.000 habitants serait atteint vers l'an 2000 ! Le temps du village Ă©tait rĂ©volu. Bron devenait une ville importante de la banlieue lyonnaise.

@ LES GRANDS ENSEMBLES @ Bien qu’ils Ă©chappent Ă  une dĂ©finition unique, les grands ensembles sont ty-piquement des ensembles de logement collectif, souvent en nombre impor-tant (plusieurs centaines Ă  plusieurs milliers de logements), construits entre le milieu des annĂ©es 1950 et le milieu des annĂ©es 1970, marquĂ©s par un urba-nisme de barres et de tours inspirĂ© des prĂ©ceptes de l’architecture moderne.

Ces grands ensembles, dont plusieurs centaines ont Ă©tĂ© construits en France, ont permis un large accĂšs au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, Ă©quipements sanitaires, ascenseur
) pour les ouvriers des banlieues ouvriĂšres, les habitants des habitats insalubres, les rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie et la main-d’oeuvre des grandes industries.

Ils se retrouvent frĂ©quemment en crise sociale profonde Ă  partir des annĂ©es 1980, et sont, en France, l’une des raisons de la mise en place de ce qu’on appelle la politique de la Ville.

Définition

Il n’y a pas de consensus pour dĂ©finir un grand ensemble.

On peut toutefois en distinguer deux :

‱ Selon le service de l’Inventaire du ministĂšre de la Culture français, un grand ensemble est un «amĂ©nagement urbain comportant plusieurs bĂątiments isolĂ©s pouvant ĂȘtre sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan masse constituant une unitĂ© de conception. Il peut ĂȘtre Ă  l’usage d’activitĂ© et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements. Son foncier ne fait pas nĂ©cessairement l’objet d’un remembrement, il n’est pas divisĂ© par lots ce qui le diffĂ©rencie du lotissement concerté».

‱ Selon le «gĂ©opolitologue» Yves Lacoste, un grand ensemble est une «masse de logements organisĂ©e en un ensemble. Cette organisation n’est pas seulement la consĂ©quence d’un plan masse; elle repose sur la prĂ©sence d’équipement collectifs (Ă©coles, commerces, centre social, etc.) [
]. Le grand ensemble apparaĂźt donc comme une unitĂ© d’habitat relativement autonome formĂ©e de bĂątiments collectifs, Ă©difiĂ©e en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements».

Le gĂ©ographe HervĂ© Vieillard-Baron apporte des prĂ©cisions : c’est, selon lui, un amĂ©nagement en rupture avec le tissu urbain existant, sous la forme de barres et de tours, conçu de maniĂšre globale et introduisant des Ă©quipements rĂšglementaires, comportant un financement de l’État et/ou des Ă©tablissements publics. Toujours selon lui, un grand ensemble comporte un minimum de 500 logements (limite fixĂ©e pour les Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© (ZUP) en 1959). Enfin, un grand ensemble n’est pas nĂ©cessairement situĂ© en pĂ©riphĂ©rie d’une ag-glomĂ©ration.

Comme on le voit ci-dessus, la dĂ©termination d’un seuil de logements peut ĂȘtre dĂ©battue. Les formes du grand ensemble sont assez rĂ©currentes, inspirĂ©es (ou lĂ©gitimĂ©es) par des prĂ©ceptes de l’architecture moderne et en particulier des CIAM : ils se veulent une application de la Charte d’AthĂšnes4. Pour autant, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une application directe des principes de Le Corbusier. Ils sont aussi le fruit d’une industriali-sation progressive du secteur du bĂątiment et, notamment en France, des procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrication en bĂ©ton.

Histoire

La CitĂ© de la Muette Ă  Drancy, construite par EugĂšne Beaudouin, Marcel Lods et Jean ProuvĂ© entre 1931 et 1934 pour l’Office public HBM de la Seine, est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le premier grand en-semble en France. Elle est mĂȘme Ă  l’origine du terme de «grand ensemble» puisque c’est ainsi que la dĂ©signe pour la premiĂšre fois Marcel Rotival dans un article de l’époque6. Cette citĂ©, initialement conçue comme une citĂ©-jardin, se transforme en cours d’étude en un projet totalement inĂ©dit en France, avec ses 5 tours de 15 Ă©tages et son habitat totalement collectif. Cependant, cette initiative reste sans lendemain du moins dans l’immĂ©diat.

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, le temps est Ă  la reconstruction et la prioritĂ© n’est pas donnĂ©e Ă  l’habitat. Le premier plan quinquennal de Jean Monnet (1947-1952) a avant tout pour objectif la reconstruction des infrastructures de transport et le recouvrement des moyens de production. Par ailleurs, le secteur du bĂątiment en France est alors incapable de construire des logements en grande quantitĂ© et rapidement : ce sont encore de petites entreprises artisanales aux mĂ©thodes de constructions traditionnelles.

Les besoins sont pourtant considĂ©rables : sur 14,5 millions de logements, la moitiĂ© n’a pas l’eau courante, les 3/4 n’ont pas de WC, 90 % pas de salle de bain. On dĂ©nombre 350 000 taudis, 3 millions de logements surpeu-plĂ©s et un dĂ©ficit constatĂ© de 3 millions d’habitations. Le blocage des loyers depuis 19147, trĂšs partiellement attĂ©nuĂ© par la Loi de 1948, ne favorise pas les investissements privĂ©s.

L’État tente de changer la situation en impulsant Ă  l’industrialisation des entreprises du bĂątiment : en 1950, EugĂšne Claudius-Petit, ministre de la reconstruction, lance le concours de la CitĂ© Rotterdam Ă  Strasbourg. Ce programme doit comporter 800 logements, mais le concours, ouvert Ă  un architecte associĂ© Ă  une entreprise de BTP, prend en compte des critĂšres de coĂ»t et de rapiditĂ© d’exĂ©cution. Le projet est gagnĂ© par EugĂšne Beau-douin qui rĂ©alise un des premiers grands ensembles d’aprĂšs guerre en 1953. En 1953 toujours, Pierre Courant, Ministre de la Reconstruction et du Logement, fait voter une loi qui met en place une sĂ©rie d’interventions (appelĂ©e «Plan Courant») facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement (primes Ă  la construction, prĂȘts Ă  taux rĂ©duit, etc.) : la prioritĂ© est donnĂ©e clairement par le ministĂšre aux logements collectifs et Ă  la solution des grands ensembles.

La mĂȘme annĂ©e, la crĂ©ation de la contribution obligatoire des entreprises Ă  l’effort de construction (1 % de la masse des salaires pour les entreprises de plus de 10 salariĂ©s) introduit des ressources supplĂ©mentaires pour la rĂ©alisation de logements sociaux : c’est le fameux «1 % patronal». Ces fonds sont rĂ©unis par l’Office Central Interprofessionnel du Logement (OCIL), Ă  l’origine de la construction d’un certain nombre de grands ensembles.

Mais le vĂ©ritable choc psychologique intervient en 1954 : le terrible hiver et l’action de l’AbbĂ© Pierre engage le gouvernement Ă  lancer une politique de logement volontariste. Un programme de «Logements Ă©conomiques de premiĂšre nĂ©cessité» (LEPN) est lancĂ© en juillet 1955 : il s’agit de petites citĂ©s d’urgence sous la forme de pavillons en bandes. En rĂ©alitĂ©, ces rĂ©alisations prĂ©caires s’avĂšrent catastrophiques et se transforment en tau-dis insalubres dĂšs l’annĂ©e suivante. La prioritĂ© est donnĂ©e alors rĂ©solument Ă  l’habitat collectif de grande taille et Ă  la prĂ©fabrication en bĂ©ton, comme seule solution au manque de logements en France.

Une multitude de procédures administratives

Grands ensembles du quartier Villejean à Rennes par l’architecte Louis Arretche.

Il n’existe pas une procĂ©dure type de construction d’un grand ensemble pendant cette pĂ©riode. En effet, de trĂšs nombreuses procĂ©dures techniques ou financiĂšres sont utilisĂ©es. Elles servent souvent d’ailleurs Ă  dĂ©signer les bĂątiments ou quartiers construits Ă  l’époque : Secteur industrialisĂ©, LOPOFA (LOgements POpulaires FAmiliaux), Logecos (LOGements ÉCOnomiques et familiaux), LEN (Logements Ă©conomiques normalisĂ©s), l’opĂ©ration Million, l’opĂ©ration «Économie de main d’oeuvre». L’unique objectif de toutes ces procĂ©dures est de construire vite et en trĂšs grande quantitĂ©. Le cadre de la Zone Ă  urbaniser en prioritĂ© intervient en 1959, avec des constructions qui ne commencent rĂ©ellement qu’en 1961-1962.

Les contextes de constructions

Le quartier de La RouviĂšre (9Ăšme arrondissement) Ă  Marseille construit par Xavier ArsĂšne-Henry.

On peut distinguer 3 contextes de construction de ces grands ensembles à la fin des années 1950 et début des années 1960 :

‱ de nouveaux quartiers pĂ©riphĂ©riques de villes anciennes ayant pour objectif de reloger des populations ins-tallĂ©es dans des logements insalubres en centre-ville ou pour accueillir des populations venues des campagnes environnantes (cas les plus frĂ©quents).

‱ des villes nouvelles liĂ©es Ă  l’implantation d’industries nouvelles ou Ă  la politique d’amĂ©nagement du ter-ritoire : c’est le cas de Mourenx (avec le Gaz de Lacq), Bagnols-sur-CĂšze ou Pierrelatte (liĂ©es Ă  l’industrie nuclĂ©aire). On voit aussi des cas hybrides avec la premiĂšre situation, avec des implantations proches de villes satellites de Paris, dans le but de contrebalancer l’influence de cette derniĂšre : c’est le cas de la politique des «3M» dans le dĂ©partement de Seine-et-Marne avec la construction de grands ensembles liĂ©s Ă  des zones in-dustrielles Ă  Meaux, Melun, Montereau-Fault-Yonne.

‱ des opĂ©rations de rĂ©novation de quartiers anciens : le quartier de la Porte de BĂąle Ă  Mulhouse, l’ülot BiĂšvre dans le 13e arrondissement de Paris, le centre-ville ancien de Chelles.

Il est Ă  noter qu’un grand ensemble n’est pas forcĂ©ment un ensemble de logements sociaux : il peut s’agir aussi de logements de standing, comme le quartier de la RouviĂšre Ă  Marseille.

Les modes de constructions

Le Haut du LiĂšvre (3000 logements, construits Ă  partir de 1954), deux des plus longues barres de France, construite par Bernard Zehrfuss sur une crĂȘte surplombant Nancy.

Tout est mis en oeuvre pour qu’un maximum d’économies soient rĂ©alisĂ©es sur le chantier :

‱ la prĂ©fabrication : de nombreux procĂ©dĂ©s de prĂ©fabrications sont mis en oeuvre sur les chantiers permettant un gain de temps et d’argent. ExpĂ©rimentĂ©s au cours des chantiers de la Reconstruction aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, ces procĂ©dĂ©s permettent la construction en sĂ©rie de panneaux de bĂ©tons, d’escaliers, d’huisseries mais aussi d’élĂ©ments de salles de bains Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du logements. Ces procĂ©dĂ©s ont pour nom : Camus (expĂ©rimentĂ© au Havre et exportĂ© jusqu’en URSS), Estiot (au Haut-du-LiĂšvre Ă  Nancy) ou Tracoba (Ă  la Pierre Collinet Ă  Meaux). Les formes simples (barres, tours) sont privilĂ©giĂ©es le long du chemin de grue (grue posĂ©e sur des rails) avec des usines Ă  bĂ©ton installĂ©es Ă  proximitĂ© du chantier, toujours dans une recherche de gain de temps.

‱ une Ă©conomie de main d’oeuvre : la prĂ©fabrication permet de faire appel Ă  une main d’oeuvre peu qualifiĂ©e, souvent d’origine immigrĂ©e. De grands groupes de BTP bĂ©nĂ©ficient de contrats pour des chantiers de construc-tion gigantesques, favorisĂ©s par l’État.

‱ les maĂźtres d’ouvrages sont eux aussi trĂšs concentrĂ©s et favorise les grandes opĂ©rations. La Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations est ainsi l’un des financeurs incontournables de ce mouvement de construction avec notam-ment sa filiale, la SCIC (SociĂ©tĂ© Civile immobiliĂšre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations), créée en 1954. Elle fait appel Ă  des architectes majeurs des annĂ©es 1950 et 1960, tels que Jean Dubuisson, Marcel Lods, Jacques Henri Labourdette, Bernard Zehrfuss, Raymond Lopez, Charles-Gustave Stoskopf et elle est Ă  l’ori-gine de nombreux grands ensembles situĂ©s en rĂ©gion parisienne, tels que Sarcelles (le plus grand programme en France avec 10 000 logements), CrĂ©teil, Massy-Antony.

Les dĂ©signations de ces grands ensembles sont Ă  cette Ă©poque trĂšs diverses : unitĂ© de voisinage, unitĂ© d’habitation, ville nouvelle (sans aucun rapport avec les villes nouvelles de Paul Delouvrier), villes satellites, ou encore citĂ©s nouvelles, etc.

Pendant 20 ans, on estime Ă  300 000 le nombre de logements construits ainsi par an, alors qu’au dĂ©but des annĂ©es 1950, on ne produisait que 10 000 logements chaque annĂ©e. 6 millions de logements sont ainsi construits au total. 90 % de ces constructions sont aidĂ©es par l’État.

En 1965, le programme des villes nouvelles est lancĂ©, se voulant en rupture avec l’urbanisme des grands ensembles. En 1969, les zones Ă  urbaniser en prioritĂ© sont abandonnĂ©es au profit des zones d’amĂ©nagement concertĂ©, créées deux ans auparavant. Enfin, le 21 mars 1973, une circulaire ministĂ©rielle signĂ©e par Olivier Guichard, ministre de l’Équipement, du Logement et des Transports, «visant Ă  prĂ©venir la rĂ©alisation des formes d’urbanisation dites « grands ensembles » et Ă  lutter contre la sĂ©grĂ©gation sociale par l’habitat», interdit toute construction d’ensembles de logements de plus de 500 unitĂ©s. La construction des grands ensembles est dĂ©finitivement abandonnĂ©e. La loi Barre de 1977 fait passer la prioritĂ© de l’aide gouvernementale de la construction collective Ă  l’aide aux mĂ©nages : c’est le retour du pavillonnaire et du logement. Les banlieues populaires apparaissent dans les mĂ©dias Ă  travers le prisme de la dĂ©linquance et des Ă©meutes. Pourtant, leur histoire doit s’analyser dans la moyenne durĂ©e des deux siĂšcles d’urbanisation et d’industrialisation, puis de disparition de la sociĂ©tĂ© industrielle. Les banlieues françaises, Ă  la diffĂ©rence des suburbs anglo-saxonnes qui logent les classes moyennes blanches, ont Ă©tĂ© créées dĂšs la fin du XIX e siĂšcle pour loger les classes populaires. Les besoins de logement expliquent les strates des paysages urbains : petits immeubles de rapport de la Belle Époque, pavillons des lotissements dĂ©fectueux de l’entre-deux-guerres, barres et tours de logement social et villes nouvelles des Trente Glorieuses. Trois moments de la constitution des banlieues populaires se superposent, encore visibles dans les paysages-palimpsestes : l’ñge des faubourgs industriels, devenus peu Ă  peu friches avec la dĂ©sindustrialisation qui dĂ©bute dans les annĂ©es 50 ; le temps des banlieues rouges et du socialisme municipal ; la construction des grands ensembles et l’entrĂ©e en crise du modĂšle Ă  partir de 1970. Des faubourgs industriels Ă  la dĂ©sindustrialisation

La banlieue contemporaine naĂźt de l’entreprise de modernisation de la capitale et des grandes mĂ©tropoles sous le Second Empire. Le modĂšle haussmannien, bien connu, rĂ©gularise la ville ancienne par l’imposition de percĂ©es dans le tissu urbain existant, l’équipement en rĂ©seaux divers, la construction d’immeubles neufs le long des nouvelles percĂ©es et l’exode partiel des anciens habitants du centre vers les arrondissements annexĂ©s ou vers les faubourgs. L’agrandissement de Paris complĂšte les ambitions d’Haussmann et de NapolĂ©on III : au premier janvier 1860, en application de la loi du 3 novembre 1859, 5100 hectares sont ajoutĂ©s aux 3402 hectares de la capitale, qui trouve ainsi sa taille dĂ©finitive et passe de 12 Ă  20 arrondissements. L’annexion des communes suburbaines s’accompagne d’une vision, en creux, de la nouvelle banlieue au-delĂ  des murailles. Le projet est d’homogĂ©nĂ©iser la nouvelle ville-capitale en gĂ©nĂ©ralisant les Ă©quipements urbains, notamment le mĂ©tro Ă  partir de 1900, de desserrer la pression dĂ©mographique du centre vers l’extĂ©rieur, de transfĂ©rer l’industrie au-delĂ  des Fortifications. Dans ces « cayennes », les salaires sont plus bas qu’à Paris, la discipline plus rude, la taylorisation plus prĂ©coce que dans les ateliers parisiens ou lyonnais. La banlieue est livrĂ©e Ă  elle-mĂȘme, ignorĂ©e par la puissance publique. Ses espaces libres accueillent les entrepĂŽts, la grande industrie et les fonctions que la ville transformĂ©e rejette : cimetiĂšres, hĂŽpitaux, champs d’épandage, logements sociaux 1. Les dĂ©crets sur les Ă©tablissements classĂ©s, datant du Premier Empire et repris sous la Restauration, sont Ă  l’origine des zones d’industries polluantes en proche banlieue, notamment autour de la chimie organique. Aubervilliers est cĂ©lĂšbre par la concentration d’industries chimiques (Saint-Gobain
). Les derniers de ces Ă©tablissements classĂ©s ont cessĂ© leur activitĂ© il y a peu de temps, sous l’impact des revendications des associations Ă©cologistes : Ă  Saint-Denis, la Saria, entreprise d’incinĂ©ration de carcasses animales, a dĂ» fermer. L’industrialisation, comme l’avait envisagĂ© Haussmann, se fait par le transfert des grandes usines de la capitale vers la pĂ©riphĂ©rie. AprĂšs la crise Ă©conomique de la fin du XIXe siĂšcle, l’implantation de nouvelles technologies – automobile, aviation, constructions Ă©lectriques – transforme des communes (Boulogne-Billancourt, Puteaux, Suresnes, VĂ©nissieux) en technopoles de pointe. Dans ces « cayennes », les salaires sont plus bas qu’à Paris, la d

"What does the holiday of your dreams look like?"

Needed cardboard to cover the wooden stairs that I had just stripped...

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Saturday 13th February 2016 / The Forge

From xkcd.com/c55.html a "webcomic of romance, sarcasm, math and language"...

 

Also available as a T-shirt

Another big movie being shot on Berry around N8th where Teddy's is. Multiple Sarcasms (http://imdb.com/title/tt0984210/) has a pretty good cast as far as celebrity spotting goes. Timothy Hutton, Mira Sorvino, Stockard Channing, Dana Delany, Mario Van Peebles

The members of the band Sarcasm (from left to right)

Chris (drums), Brad (lead vocal/guitar), Keri (bass), Mike (guitar/vocals) pose with a wiffleball. For more, visit www.sarcasm-music.com.

 

via Instagram bit.ly/1fWE9l4 Omg Canada has communist marshmallows ew curse their healthcare #jk #sarcasm #hopefullyobvious

Saturday 13th February 2016 / The Forge

Una confessione su politica e solidarietĂ .

Di natura non amo la competizione, né la discussione effimera, preferisco il dibattito, il dialogo anche cruento, di solito non offendo né calcolo i feriti e i morti.

Alla battaglia preferisco la strategia, alla scazzottata privilegio il duello all’arma bianca, come il fioretto, che ha solo la punta che ferisce e va diritto allo scopo, e alle urla preferisco il tono ironico o sarcastico.

E di solito non mi arrendo subito.

Cerco di dimostrare la mia tesi con convinzione e veemenza (enfatica e colorita nelle espressioni e fantasiosa nelle metafore), sempre che non riescano a convincermi del contrario, perchĂ© sĂŹ, sono testardo ma aperto al dialogo, sempre pronto agli onori all’antagonista che si batte lealmente, e capace di chiedere scusa se ho sbagliato, anche se vendo cara la pelle.

Tuttavia questi ultimi tempi mi sembrano un periodo di resa e non di sana contesa.

Conosco persone che pur essendo d’intelligenza vivace, d’iniziativa facile, di grinta e di grande volontĂ  si fermano davanti alla paura che niente cambi e neanche ci provano, tanto “non ne vale la pena”, perchĂ© poi mettersi in gioco per un principio, un concetto, un‘ideale, un’ingiustizia? Tanto tutto va secondo la legge del piĂč forte!

Io non ci sto e lo dico con l’enfasi e la determinazione che occorre quando si crede nelle proprie idee. In realtà non mi arrendo con facilità.

Voglio credere ancora che il buon esempio, una onesta azione, un sorriso gratis, una mano tesa, una polemica costruttiva, uno schiaffo educativo, possa cambiare le cose, anche poco, ma che almeno le cose del mondo si muovano, piano piano ma costantemente, come la luce delle stelle che continua a illuminare il nostro cielo anche a distanze immense, anche se sono stelle morte, anche se si sono trasformate, ma che comunque sono lĂŹ, a rendere la volta celeste un quadro, su cui disegnare e far sognare nuovamente.

Possiamo ancora fare qualcosa, per chi necessita.

Simansi Preview Team ci riprova.

  

We don't need no education.

 

Another brick...

 

Sin ĂĄnimo de ofender a los seguidores de Pink Floyd pero sin las ilustraciones de Gerald Scarfe esta pelĂ­cula no serĂ­a legendaria, grandiosa.

 

TĂ­tulo Original: The Wall (1982)

Alan Parker

  

@elcinesana

Oooh - on the high side today. Watch your step! ;p

 

WW:chalk

Infografika o typach kobiet w social mediach

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