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Lac de Serre-Ponçon

Le lac de Serre-Ponçon est un lac artificiel dans le sud des Alpes françaises à la limite des départements des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. Il a été créé par l'établissement d'un barrage sur la Durance, 2 km en aval de son confluent avec l'Ubaye.

Dans les Hautes-Alpes :

Embrun, rive droite de la Durance ; l'étendue de la retenue située dans la commune d'Embrun a été ceinturée et transformée en un plan d'eau aménagé dont le niveau est maintenu constant ; un port flottant et une plage sur le lac proprement dit ont été aménagés du côté du Club nautique alpin. Le port ne permet un mouillage qu'en été, lorsque le niveau du lac est suffisamment élevé ;

Crots, rive gauche de la Durance, sur 6 kilomètres ; deux zones de loisirs en bordure du lac de part et d'autre du torrent de Boscodon (plages de Chanterenne, plage des Eaux-Douces) ;

Puy-Sanières, rive droite de la Durance, sur 4 kilomètres, pas d'accès aménagé au lac depuis les villages, mais l'accès se fait par Embrun en direction du Chadenas ;

Savines-le-Lac, seule commune dont le territoire est situé sur les deux rives du lac, sur environ 5 kilomètres sur chaque rive ; plusieurs zones de loisirs aménagées sur la rive gauche, promenades sur le lac en saison ;

Prunières, rive droite de la Durance, sur 4 kilomètres, plusieurs accès au lac depuis la RN 94, zone de loisirs aménagée dans la baie Saint-Michel ;

Chorges, rive droite de la Durance, sur 5 kilomètres non compris la baie des Moulettes ; plage sur la baie Saint-Michel, site aménagé à Chanteloube ;

Rousset, rive droite de la Durance, sur 5 kilomètres, petits accès aménagés sur la baie des Lionnets ;

le Sauze-du-Lac, entre Durance et Ubaye, sur 6 kilomètres, site aménagé à Port-Saint-Pierre (unique accès au lac) ; depuis la mise en eau de la retenue, la commune n'a plus de contact terrestre avec les autres communes de son département.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence :

Pontis, rive gauche de la Durance, sur 3 kilomètres, accès au lac difficile ;

le Lauzet-Ubaye, rive droite de l'Ubaye, sur 6 kilomètres ; pas d'accès aménagé ;

la Bréole, rive gauche de l'Ubaye, sur 6 kilomètres, un seul accès au lac, spécialisé dans les loisirs nautiques ;

Saint-Vincent-les-Forts, rive gauche de l'Ubaye, sur 5 kilomètres ; zone de loisirs.

Aux environs de l'an 1020, l'abbaye Notre-Dame de Boscodon possédait un prieuré qui dominait la vallée de la Durance sur sa rive droite, entre Chorges et Prunières2. La chapelle, construite au XIIe siècle sur une petite éminence, associée à l'abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse2, fut détruite en 1692 par les troupes du duc de Savoie. Reconstruite au XVIIe siècle, elle devint un lieu de pèlerinage pour les paroissiens de Chorges et de Prunières, qui s'y rendaient en foule le 29 septembre, fête de la saint-Michel.

Lors de la construction du barrage, en 1961, la destruction de la chapelle était programmée, mais, comme elle était à une altitude légèrement supérieure à la cote maximale théorique du futur lac, elle fut finalement sauvegardée. Désormais la chapelle trône seule sur un îlot de quelques dizaines de mètres carrés au-dessus du niveau du lac. Le cimetière a été englouti, et la chapelle murée. On peut encore en approcher lors des basses eaux, mais pas y pénétrer. Des offices religieux sont parfois célébrés sur des embarcations à proximité de la chapelle.

L'îlot Saint-Michel est aujourd'hui l'un des sites les plus photographiés du département des Hautes-Alpes

Pour essayer d’assagir la Durance, notamment après les crues dévastatrices de 1843 et 1856, la construction d’un barrage en travers de la cluse de Serre-Ponçon, verrou glaciaire large d’environ 150 m au niveau du lit majeur de la rivière, à l’aval du confluent de l’Ubaye, autre gros torrent aux crues violentes, avait été envisagée. Dès 1896 Ivan Wilhem, ingénieur des Ponts-et-Chaussées né à Moscou, avait proposé la construction d’un barrage-poids et à partir de 1909, il avait présenté plusieurs variantes, enrochement, maçonnerie, béton. Ce projet avait alors paru dangereux et a été abandonné en raison de la mauvaise qualité apparente du rocher des versants, un calcaire en petits bancs diaclasés, séparés par des lits marneux, plus ou moins fracturés notamment en rive gauche, et en raison de l’épaisseur des alluvions estimée à une quarantaine de mètres. Toutefois, il n’a pas été oublié : en 1912, un puits et une galerie d’étude ont été forés dans le rocher en rive droite ; la galerie a été arrêtée par une grosse venue d’eaux thermo-minérales à 60° et l’étude a été interrompue. Une nouvelle campagne de sondages, entreprise en 1927, a conduit à estimer la présence du rocher à une profondeur de plus de 90 m, sous des alluvions graveleuses aquifères, ce qui interdisait la construction du barrage avec les techniques et moyens dont on disposait à l’époque.

Aux États-Unis, les études de Terzaghi sur les grands barrages-digues « en terre » longtemps jugés dangereux – une trentaine de ruines en une centaine d’années –, avaient permis la construction rationnelle et sûre de ces ouvrages ; en France, la possibilité d’un aménagement hydroélectrique du site a relancé les études en 1946, par EDF maître d'ouvrage et le bureau d'étude Coyne et Bellier maître d'œuvre.

Ainsi, le barrage projeté aurait quatre fonctions principales, écrêtement des crues, production hydroélectrique, tête de l’aménagement hydroélectrique et de l’irrigation agricole de la vallée de la Durance en aval, ce qui justifiait largement sa construction ; il a eu ensuite une fonction accessoire devenue importante, l’aménagement touristique de sa retenue.

Le barrage n’a finalement jamais été inauguré du fait des événements d’Algérie. Alors que sa construction fut achevée en 1961, le Général de Gaulle qui devait présider la cérémonie de lancement n’a jamais pu remplir cet office. Pourtant l’édifice est à sa mesure puisqu’il représentait alors le « plus grand barrage d'Europe en capacité ».

Deux galeries au rocher de 900 m de long et 10,5 m de diamètre avaient préalablement été forées en rive gauche pour assurer la dérivation provisoire de la rivière ; dès le début des travaux, elles ont étalé la crue du 14 juin 1957 – 1 700 m3/s – particulièrement catastrophique en amont dans la vallée du Guil ; elles renforcent maintenant au besoin l’évacuateur de crues capable de débiter 3 500 m3/s.

La centrale électrique – architecte Jean de Mailly aidé de Jean Prouvé - est installée dans deux grandes chambres au rocher sur la rive gauche.

Le bassin de compensation a été aménagé dans la fouille d’extraction de grave d’Espinasses, barrée à l’aval par le pont-barrage de la RD 900 fondé sur un rideau de pieux sécants, ancêtre des parois moulées ; c’est un barrage en béton au fil de l’eau équipé de quatre vannes permettant le passage des grandes crues et assurant la prise du canal de la chute de Curbans, premier bief de l’aménagement hydroélectrique de la Durance.

L’aménagement de la retenue du barrage principal, en grande partie dans les terres Noires marneuses, a imposé la destruction de deux villages et le déplacement d’environ 1 500 personnes - Ubaye non reconstruit et Savines reconstruit plus haut sur la rive gauche, la restructuration des réseaux ferroviaire (~15 km) et routier (~50 km), avec en particulier pour traversée de la retenue par la RN 100 devant le nouveau Savines, la construction d’un pont-poutre de 924 m de long, comportant 24 fines demi-travées précontraintes en encorbellement de 38,5 m, portées par 12 piles fondées dans la marne, ouvrage exceptionnel à l’époque, toujours remarquable aujourd’hui.

En 1958, l'évacuation des habitants et la mise en eau de la retenue inspirèrent le film L'Eau vive de François Villiers, sur un scénario de Jean Giono. La chanson L'Eau vive, chantée par Guy Béart est devenue un classique de la chanson française.

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Uploaded on August 18, 2015
Taken on July 22, 2015