Quentin Verwaerde
Portrait, 1909, de George Besson, par Pierre Bonnard, 1867-1947, musée des Beaux-Arts de Besançon
Cartel :
« C'est à l'occasion d'une réception dans la villa du député socialiste Marcel Sembat que Félix Fénéon, directeur de la Revue Blanche, présente Pierre Bonnard à George Besson. Besson arrive tout juste de sa ville natale, Saint-Claude, pour commercialiser à Paris les pipes de son entreprise familiale. Il sillonne alors toute l'Europe, et grâce à ce fructueux commerce, acquiert d'importants tableaux, en particulier de Von Dongen et de Bonnard. "Ma première visite à Bonnard est de 1909 [...]. Je le connaissais à peine ; j'arrivais un matin de mai dans son atelier, la cellule d'un couvent désaffecté de la rue de Douai. Il me fit asseoir dans un vieux fauteuil devant une porte jaune [...]. Il peignait en fumant la pipe et en croquant les pralines qu'il tirait d'un minuscule sac en papier posé sur un petit poêle...".
C'est précisément lors de cette entrevue que l'artiste peint le Portrait de George Besson. Proche d'une photographie du collectionneur de 1912 (tirage argentique, archives Besson, Besançon), l'œuvre est réalisée rapidement, en trois jours. Fruit d'un travail de recomposition, elle se situe, par son atmosphère feutrée et floutée, à mi-chemin entre l'esthétique nabie et le style impressionniste. A mi-corps, les mains croisées, George Besson apparaît commeun jeune critique élégant qui prend la pose. On reconnaît bien le dandy qui signa ses premiers articles du nom de "George". La fusion entre le modèle et son environnement confèrent au portrait un caractère proustien. L'expression de Besson rappelle le regard intense que lançait Bonnard, derrière son lorgnon, dans le premier autorportrait qu'il réalisa en 1889. On y retrouve aussi l'aspect évanescent de l'Autoportrait de 1930 (Collection Triton Foundation, Pays-Bas), où la gouache et l'aquarelle, tout en offrant des tonalités fondues et safranées, concourent à unir le portraituré à l'espace qui l'entoure. Ce portrait est le témoin d'une amitié naissante qui marque le respect mutuel que se porteront les deux hommes, jusqu'à la mort de l'artiste en 1947. »
Portrait, 1909, de George Besson, par Pierre Bonnard, 1867-1947, musée des Beaux-Arts de Besançon
Cartel :
« C'est à l'occasion d'une réception dans la villa du député socialiste Marcel Sembat que Félix Fénéon, directeur de la Revue Blanche, présente Pierre Bonnard à George Besson. Besson arrive tout juste de sa ville natale, Saint-Claude, pour commercialiser à Paris les pipes de son entreprise familiale. Il sillonne alors toute l'Europe, et grâce à ce fructueux commerce, acquiert d'importants tableaux, en particulier de Von Dongen et de Bonnard. "Ma première visite à Bonnard est de 1909 [...]. Je le connaissais à peine ; j'arrivais un matin de mai dans son atelier, la cellule d'un couvent désaffecté de la rue de Douai. Il me fit asseoir dans un vieux fauteuil devant une porte jaune [...]. Il peignait en fumant la pipe et en croquant les pralines qu'il tirait d'un minuscule sac en papier posé sur un petit poêle...".
C'est précisément lors de cette entrevue que l'artiste peint le Portrait de George Besson. Proche d'une photographie du collectionneur de 1912 (tirage argentique, archives Besson, Besançon), l'œuvre est réalisée rapidement, en trois jours. Fruit d'un travail de recomposition, elle se situe, par son atmosphère feutrée et floutée, à mi-chemin entre l'esthétique nabie et le style impressionniste. A mi-corps, les mains croisées, George Besson apparaît commeun jeune critique élégant qui prend la pose. On reconnaît bien le dandy qui signa ses premiers articles du nom de "George". La fusion entre le modèle et son environnement confèrent au portrait un caractère proustien. L'expression de Besson rappelle le regard intense que lançait Bonnard, derrière son lorgnon, dans le premier autorportrait qu'il réalisa en 1889. On y retrouve aussi l'aspect évanescent de l'Autoportrait de 1930 (Collection Triton Foundation, Pays-Bas), où la gouache et l'aquarelle, tout en offrant des tonalités fondues et safranées, concourent à unir le portraituré à l'espace qui l'entoure. Ce portrait est le témoin d'une amitié naissante qui marque le respect mutuel que se porteront les deux hommes, jusqu'à la mort de l'artiste en 1947. »