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Musée d'Orsay - Paris

Edouard Manet (né le 23 janvier 1832 à Paris et mort le 30 avril 1883 dans la même ville)

 

Olympia

(1863)

Huile sur Toile

Dimensions : 130,5 × 190 cm

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Website : GALERIE JUGUET

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Website : MÉMOIRE DES PIERRES

© All rights reserved ®

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Contexte et importance :

 

Olympia est l’une des œuvres les plus célèbres et controversées de Manet. Présentée au Salon de 1865, elle a provoqué un scandale en raison de son réalisme cru et de la modernité du sujet : une femme nue, allongée sur un lit, fixant le spectateur sans pudeur. Contrairement aux nus idéalisés de la tradition académique, Manet peint ici une courtisane contemporaine, inspirée de la Vénus d’Urbino du Titien.

 

Le tableau marque une rupture avec la peinture académique et annonce la naissance de la modernité picturale.

 

Analyse détaillée :

 

Composition

 

La scène est d’une économie très calculée : une femme nue est allongée sur un lit, en diagonale légèrement ascendante de gauche à droite, occupée au premier plan tandis que l’arrière-plan reste presque plat un rideau sombre et un panneau décoratif limitent l’espace et écrasent la profondeur. À droite se tient une servante qui présente un bouquet ; au pied du lit, un chat noir tourne le dos au spectateur. La figure d’Olympia occupe la majeure partie de la surface picturale : son corps est peint en larges masses de teintes pâles, la lumière le détache violemment du fond sombre, et son regard fixe le spectateur de face regard direct et assuré, loin du regard détourné du nu académique.

 

Points formels notables : la profondeur est réduite, les transitions de tons sont abruptes (peu de sfumato), les touches sont visibles et rapides — Manet privilégie la surface et le plan pictural plutôt que la finesse illusionniste. Cette mise en scène produit une présence immédiate et « moderne » du corps.

 

Symbolique et iconographie

 

Manet s’appuie explicitement sur la tradition (notamment la Vénus d’Urbino du Titien) tout en la subvertissant :

 

Référence à Titien : composition comparable (nu allongé, servante, bouquet), mais l’effet et le sens changent : la Vénus est mythologique et idéalisée, Olympia est contemporaine et « sociale ».

Le chat noir remplace le petit chien fidèle de Titien : il est lu comme un symbole de sexualité nocturne et d’infidélité le mot français chatte ayant des connotations vulgaires, le chat accentue la charge érotique et provocante.

Le bouquet présenté par la servante est généralement interprété comme un présent d’un client objet éphémère, « jetable » (fleurs coupées) en miroir de la condition de demi-mondaine.

Accessoires (fleur dans les cheveux, perles, ruban noir au cou, chaussure retardée) : indices de luxe et de professionnalisation du corps (parure, commerce du désir), le ruban noir peut aussi souligner la découpe dramatique du cou sur la peau pâle.

La servante noire : sa présence renvoie à la hiérarchie sociale et raciale du temps ; son rôle accentue la mise en scène de la maîtresse comme objet social mais aussi sujet qui commande le regard. L’iconographie ici ouvre des lectures de genre et de race et suscite des débats contemporains sur stéréotypes et représentation.

 

Réception au Salon de 1865 la polémique

 

Quand Olympia fut exposée au Salon officiel de 1865, la réaction du public et de la critique fut violente : rires, outrages, épithètes du type « vulgaire » ou « immorale ». Le choc tenait à la conjonction de deux éléments : la nudité traitée sans idéalisation mythologique et le regard frontal, assuré, de la femme qui rompt l’illusion classique de l’objet contemplé. Des critiques parlèrent même de coloris cruels (comparaisons avec un « cadavre »), et certains pensèrent que la toile aurait dû être retirée. Émile Zola, pour sa part, chercha à déplacer la discussion sur la qualité picturale (ironisant que Manet avait pris « Olympia » comme « le premier nu venu »), tandis que des témoignages font état d’un quasi-braquage contre l’œuvre lors de l’exposition.

 

Technique et langage pictural

 

Manet rompt avec la finition académique : surfaces unies, ombres coupées, gestion de la lumière comme plaque. Cette facture « non finie » et sa palette volontairement contrastée renforcent l’effet de présence et de contemporanéité. On sent aussi l’influence des préoccupations photographiques (éclairage frontal, cadrage serré) et une volonté de montrer la peinture comme objet moderne, non comme simple fenêtre illusionniste. Comparé à contemporains académiques (ex. Cabanel), Manet privilégie l’authenticité matérielle de la peinture.

 

Lectures critiques et débats

 

Olympia a généré au fil du temps une multitude d’interprétations, souvent contradictoires :

 

Lecture féministe : le regard d’Olympia peut être lu comme une affirmation d’agentivité elle domine la relation regardante/observée et refuse la posture passive. D’autres analyses insistent que cette « force » est ambivalente car liée à la marchandisation du corps.

Lecture sociale / morale : l’œuvre rend visible une figure marginale (la demi-mondaine) dans l’espace public du Salon, confrontant la bourgeoisie à sa propre hypocrisie.

Lecture raciale et postcoloniale : la figure de la servante noire invite à analyser les rapports de classe et de race dans la Paris du Second Empire ; certains critiques contemporains examinent la façon dont la représentation renforce ou questionne les stéréotypes.

Lecture formelle : pour des historiens de l’art formalistes, Olympia est surtout une rupture stylistique qui annonce la modernité picturale (insistance sur la surface, le plan, la touche visible).

 

Ces lectures ne s’excluent pas et l’intérêt durable de l’œuvre vient précisément de cette richesse d’interprétations possibles.

 

Héritage

 

Olympia a contribué puissamment à la redéfinition du nu dans la peinture moderne : en présentant une figure contemporaine, non mythifiée, et en affirmant la matérialité picturale, Manet ouvre un chemin suivi par les impressionnistes et les avant-gardes du XIXe et XXe siècle. L’œuvre est aujourd’hui canonisée et étudiée comme un des jalons de l’art moderne.

 

Pour finir (synthèse rapide)

 

Rupture picturale : facture sèche, surface, lumière frontale.

Rupture iconographique : nu « contemporain » et affiché comme corps social/économique (demi-mondaine).

Réception : scandale public au Salon de 1865, mais postérité immense.

 

CES PHOTOS NE SONT PAS À VENDRE ET NE PEUVENT PAS ÊTRE REPRODUITES, MODIFIÉES, REDIFFUSÉES, EXPLOITÉES COMMERCIALEMENT OU RÉUTILISÉES DE QUELQUE MANIÈRE QUE CE SOIT.

UNIQUEMENT POUR LE PLAISIR DES YEUX.

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Uploaded on October 10, 2025