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Musée d'Orsay - Paris

Edouard Manet (né le 23 janvier 1832 à Paris et mort le 30 avril 1883 dans la même ville)

 

Berthe Morisot à l’éventail (1872)

Huile sur Toile

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1. Contexte

 

Berthe Morisot (1841–1895) est à la fois modèle, amie et future belle-sœur de Manet (elle épousera son frère Eugène en 1874).

Elle est elle-même peintre, membre du cercle impressionniste, et deviendra l’une des artistes majeures du mouvement.

Ce portrait témoigne de leur complicité artistique et personnelle.

 

2. Le style

 

Manet rompt avec le portrait académique traditionnel :

Fond neutre et sombre, qui fait ressortir la figure.

Économie de détails : la sobriété renforce l’élégance et la modernité.

Jeu de contrastes : le noir de la robe, très travaillé, dialogue avec la pâleur du visage et le blanc de l’éventail.

 

La touche de Manet est visible, nerveuse, mais précise : il combine rigueur classique et modernité picturale.

 

3. La composition

 

Berthe est représentée à mi-corps, légèrement tournée, assise dans une pose simple mais élégante.

Elle tient un éventail fermé dans sa main droite, objet mondain mais traité avec sobriété.

Le visage, très clair, capte immédiatement le regard : c’est le centre lumineux de la composition.

L’arrière-plan vide isole le modèle et concentre toute l’attention sur sa présence.

 

4. La symbolique

 

Élégance et intériorité : le portrait ne cherche pas à flatter par des accessoires luxueux, mais à capter une présence intérieure, une personnalité.

L’éventail : signe de raffinement féminin dans la société bourgeoise du XIXe siècle, mais ici traité comme un simple prolongement naturel de la figure.

L’expression : Berthe n’est pas souriante, elle paraît sérieuse, presque mélancolique. Cela traduit peut-être la sensibilité profonde de la peintre qu’elle était.

Manet met en avant une modernité du portrait féminin : sobriété, psychologie, intensité silencieuse.

 

5. Importance

 

Ce tableau fait partie d’une série de portraits que Manet a consacrés à Berthe Morisot (elle a posé pour lui une dizaine de fois).

Il illustre à la fois leur relation intime et la manière dont Manet savait peindre la femme moderne, non pas comme une simple muse, mais comme une personnalité autonome.

 

Ce portrait est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre de la peinture de Manet et comme l’un des témoignages les plus forts de la rencontre entre deux figures majeures de l’impressionnisme.

 

Analyse approfondie :

 

1) Taille, datation et provenance précision importante

 

Dimensions et inventaire : selon le Musée d’Orsay (notice officielle), le tableau est indiqué H. 61,0 × L. 50,5 cm et figure dans les collections par dation (1999).

Datation : la datation n’est pas uniformément fixée dans la bibliographie : plusieurs sources répertorient l’œuvre sous 1872, tandis que la notice du Musée d’Orsay la date 1874. Cette divergence (fréquente pour des portraits peints sur plusieurs séances et parfois retouchés) est à garder en tête selon l’usage que tu veux en faire.

 

2) Style — ce que Manet met en jeu ici

 

Palette et valeur tonale : Manet privilégie des tons sobres noirs profonds, bruns chauds en arrière-plan et touches claires pour le visage et la main créant un fort contraste, presque vélasqué. Cette économie chromatique accentue la présence du modèle sans recours à un décor riche.

Touche et traitement de la matière : la peinture combine une application sûre, parfois rapide, et des plages plus travaillées (le visage, la main) résultat : un équilibre entre écriture picturale visible et rendu psychologique fin. Manet retrouve ici son mélange de rigueur académique et de modernité.

 

3) Composition — agencement, pose, cadrage

 

Cadrage et posture : Morisot est représentée à mi-corps, légèrement tournée ; la diagonale formée par sa jupe et son bras crée une dynamique élégante mais retenue. Le fond monochrome (ou très sobre) la met en avant sans distraction.

Le rôle du geste et de l’éventail : l’éventail fermé, tenu en demi-lune, sert de dispositif plastique et narratif : il effleure le visage, masque partiellement l’identification, et attire l’œil vers la main — Manet travaille volontiers ces gestes comme éléments signifiants.

Accent sur la main et le regard : la main, longue et expressive, devient presque le deuxième visage ; les lignes graphiques qu’elle trace (avec l’éventail) organisent la composition et ancrent la psychologie du portrait.

 

4) Symbolique — fan, distance, modernité féminine

 

L’éventail comme voile/barrière : plutôt que simple accessoire mondain, l’éventail joue ici le rôle d’un voile discret — il obscurcit l’identité, crée de l’ambiguïté et protège la pudeur ou l’intimité du modèle. Certains chercheurs voient dans ce masquage un jeu sur l’identification : Manet retient autant qu’il révèle.

Signe social et émotionnel : l’absence d’ornements ostentatoires, la sobriété du noir et la posture sérieuse renvoient à une image de femme moderne, consciente de sa dignité et de sa position sociale — mais aussi à une intériorité réservée. La bague/anneau et la tenue sont lus par certains comme indices biographiques et sociaux (statut, mariage), éléments que Manet intègre sans dramatiser.

Références picturales : l’œuvre montre l’influence de maîtres espagnols (Velázquez, Goya) dans la gestion des noirs et du modelé, et des emprunts formels à l’art japonais (sélection d’arrière-plans dépouillés) qui circulaient alors dans les milieux parisiens — tout cela participe à la modernité “réduite” du portrait.

 

5) Lecture synthétique et place dans l’œuvre de Manet

 

Ce portrait illustre la manière dont Manet transforme le portrait bourgeois en épreuve psychologique : sobriété chromatique, économie d’accessoires, emphasis sur le geste et la présence plongent le spectateur dans une relation intime mais maîtrisée avec le modèle. L’ambiguïté de la datation et les variantes d’état connues pour ses portraits renforcent l’idée d’une peinture en dialogue — entre artiste et modèle, entre tradition (Vélasquez) et modernité.

 

 

CES PHOTOS NE SONT PAS À VENDRE ET NE PEUVENT PAS ÊTRE REPRODUITES, MODIFIÉES, REDIFFUSÉES, EXPLOITÉES COMMERCIALEMENT OU RÉUTILISÉES DE QUELQUE MANIÈRE QUE CE SOIT.

UNIQUEMENT POUR LE PLAISIR DES YEUX.

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Uploaded on August 16, 2025