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Maladie de Wegener ,granulomatose avec polyangéite

La granulomatose avec polyangéite (anciennement maladie de Wegener) est une vascularite systémique caractérisée par une atteinte inflammatoire des vaisseaux sanguins. Elle fait partie de la famille des vascularites associées à des anticorps dirigés contre le cytoplasme (c'est-à-dire le contenu d'une cellule à l'exception du noyau) des polynucléaires neutrophiles (appelés ANCA), touchant des vaisseaux sanguins de très petite taille présents dans les différents organes.

La granulomatose avec polyangéite peut toucher de nombreux organes, expliquant pourquoi elle est considérée comme une maladie dite systémique.

Elle se présente habituellement au début par des symptômes généraux (fièvre, amaigrissement, fatigue, perte d'appétit), et parfois des douleurs musculaires et/ou des articulations. Ensuite, d'autres manifestations plus spécifiques de la maladie peuvent apparaître, en fonction des organes concernés par l'inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins. Le nombre de manifestations cliniques chez les patients est très variable d'un patient à un autre.

 

Atteinte du nez et des sinus

 

L'inflammation du nez et des sinus est fréquente au cours de la granulomatose avec polyangéite, présente dans plus de 80% des cas. Elle se manifeste par une impression de nez bouché, des croutes lors du mouchage, des saignements de nez (épistaxis), ou des douleurs au-dessus ou au-dessous des yeux (sinusites). Il peut exister également une baisse de l'audition témoignant d'une otite, une inflammation des cartilages de la face (base du nez, pavillons des oreilles), ou plus rarement des rétrécissements de la trachée ou des bronches.

 

Atteinte des poumons

 

Une inflammation des poumons s'observe chez 75% des patients atteints de granulomatose avec polyangéite. Les symptômes sont alors une toux, un essoufflement, une douleur dans la poitrine, ou des crachats contenant du sang lors d'un effort de toux. Ce saignement peut être particulièrement sévère à l'origine de difficultés très importantes pour respirer. La granulomatose avec polyangéite peut également provoquer des lésions arrondies dans les poumons, appelées nodules, ou des épanchements de liquide autour des poumons (pleurésie).

 

Atteinte des reins

 

Une atteinte des reins est observée dans environ 70% des cas. Elle est liée à une inflammation des vaisseaux sanguins irriguant les filtres dans lesquels passent le sang (appelés glomérules). Les anomalies les plus fréquentes sont un excès de protéines dans les urines (protéinurie) et la présence de sang dans les urines (hématurie). Une augmentation de la créatinine dans le sang, reflétant l'état de la fonction des reins, peut également s'observer. En l'absence de traitement, l'atteinte des reins peut évoluer vers une perte de la fonction des reins (insuffisance rénale), nécessitant alors la mise en place d'une dialyse.

 

Atteinte des yeux

 

La granulomatose avec polyangéite peut provoquer une inflammation des yeux dans environ 30% des cas. Cette atteinte se manifeste par des douleurs et des rougeurs des yeux, plus rarement par une baisse de la vision, et traduit une inflammation d'une enveloppe autour de l'œil (sclére), appelée sclérite.

 

Atteinte de la peau

 

L'atteinte de la peau se manifeste le plus souvent par des petites taches rouges (appelées purpura), présentes au niveau des membres inférieurs le plus souvent. Ces tâches peuvent se nécroser et former des plaies de taille variable appelées ulcérations. Cette atteinte s'observe dans 30% des cas.

 

Atteinte neurologique

 

L'atteinte neurologique est présente dans 30% des cas, et peut concerner à la fois le cerveau et/ou la moelle épinière (appelés système nerveux central) et/ou les nerfs périphériques qui transmettent l'information au cerveau.

L'atteinte du système nerveux central peut avoir des conséquences graves comme un accident vasculaire cérébral dû à une souffrance du cerveau par manque d'oxygène ou à une hémorragie cérébrale par rupture d'un vaisseau sanguin, ou comme une inflammation de l'enveloppe du cerveau ou de la moelle épinière (les méninges), appelée pachyméningite.

L'atteinte des nerfs périphériques (neuropathie périphérique) se manifeste par des sensations anormales à type de fourmillements ou de picotements, une baisse de la sensibilité au toucher et/ou une baisse de la force des muscles des membres.

 

Atteinte intestinale

 

L'atteinte des intestins s'observe dans 10% des cas, et est à l'origine de douleurs souvent importantes au niveau de l'abdomen, de nausées, de vomissements ou de diarrhées parfois sanglantes. Rarement, les vascularites peuvent entrainer des ulcères dans la paroi des intestins et aboutir à une perforation. Ces atteintes peuvent mettre la vie en danger si un traitement souvent chirurgical n'est pas débuté en urgence.

 

Atteinte cardiaque

 

Les manifestations cardiaques sont retrouvées dans 5 à 10% des cas. Cette atteinte peut se manifester par des douleurs au niveau du thorax, des battements irréguliers du cœur (arythmie), ou une baisse de la fonction cardiaque à l'origine d'un essoufflement et d'une diminution de la quantité de sang délivrée aux organes.

Les examens complémentaires comprennent des analyses de sang, des analyses d'urine, des examens d'imagerie et des biopsies de lésions.

Les analyses de sang permettent de mettre en évidence la présence d'une inflammation, se traduisant par une augmentation des globules blancs et de la protéine C-réactive, une anémie éventuelle se traduisant par une baisse du taux d'hémoglobine, et une atteinte de la fonction des reins se traduisant par une augmentation de la créatinine. Les analyses de sang permettent également de rechercher des anticorps dirigés contre les polynucléaires neutrophiles (ANCA), qui sont très fortement associés à ce diagnostic. Au cours de la granulomatose avec polyangéite, les ANCA sont dirigés contre une molécule bien précise, la protéinase 3, qui est contenue dans ces globules blancs que l'on appelle les neutrophiles. On parle ainsi d'ANCA anti-protéinase 3 (PR3). Plus rarement, ces ANCA sont dirigés contre une autre molécule, la myéloperoxidase (MPO, on parle alors d'ANCA anti-MPO), ou être absents.

Les analyses d'urine permettent de déceler la présence anormale de protéines et/ou de sang, traduisant l'inflammation au niveau des reins.

Les examens d'imagerie recherchent des anomalies au niveau des sinus, des poumons, des intestins, du cerveau ou du cœur, organes atteints au cours de ces vascularites. Classiquement, le scanner retrouve un aspect de sinusite diffuse, et au niveau des poumons des images anormales appelées nodules, infiltrats ou condensations.

Enfin, la réalisation de biopsies est souvent indispensable pour confirmer le diagnostic de vascularite. La présence d'une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins associée à des granulomes permet alors de poser le diagnostic de cette vascularite, expliquant la dénomination de granulomatose avec polyangéite.

 

Plusieurs traitements médicamenteux sont utilisés au cours de la granulomatose avec polyangéite, dans le but de réduire l'inflammation présente dans la paroi des vaisseaux sanguins. Le traitement classique repose sur un traitement à base de corticoïdes, associés ou non à un traitement immunosuppresseur. On distingue 2 phases distinctes de traitement: le traitement d'attaque ou d'induction, et le traitement d'entretien. Le traitement d'induction a pour but de transformer une phase active de la maladie en une phase quiescente sans manifestation clinique, appelée rémission. Le traitement d'entretien a pour but d'empêcher que la maladie ne se réveille, ce que l'on appelle une rechute.

Les corticoïdes, largement utilisés, sont des anti-inflammatoires très puissants qui permettent de contrôler l'inflammation observée au cours des vascularites. Ils sont en général administrés à fortes doses et pour une durée prolongée, supérieure ou égale à 1 an et demi, mais les modalités d'administration des corticoïdes sont variables d'un patient à un autre.

Les immunosuppresseurs sont des médicaments qui permettent de réguler le système immunitaire et de limiter son activité exagérée et inadaptée, lorsque les corticoïdes seuls ne permettent pas de calmer la maladie ou que les manifestations en rapport avec la vascularite sont particulièrement graves. On utilise au cours de la granulomatose avec polyangéite le cyclophosphamide, le rituximab, le méthotrexate ou l'azathioprine. Comme pour les corticoïdes, ils sont en général administrés pour une durée prolongée, supérieure ou égale à 1 an et demi.

Le choix de chaque molécule est variable selon les manifestations cliniques, leur sévérité, le type de patient que l'on amenait à traiter, et selon que l'on est en phase de traitement d'induction ou d'entretien.

 

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Uploaded on October 29, 2016