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Les palettes de couleurs tendres du printemps 2019.

C'était vers le 21 mars de cette année 2019, en sortant dans le jardin, j'aperçus les premières pâquerettes et primevères et je me dis qu'enfin l'on sortait de cet hiver difficile avec son cortège de maladies épidémiques et de sa monotonie donnant à l'âme une langueur mélancolique. Alors, je partis au parc arboretum de Montfermeil pour voir ce qu'il en était et j'y rencontrais les premières splendeurs de la nouvelle saison qui allaient se produire cette année en plusieurs périodes de renaissance.

D'abord dans le sous étang, quelle surprise en voyant ces énormes brochets d'un bon mettre de long, une dizaine environ qui font comme un chemin de ronde en quête d'une pitance. On dit qu'un brochet de cette taille peut, à la façon d'un requin, arriver par-dessous un canard qui patauge et lui arracher une partie de l'arrière-train… digne des 'dents de l'étang'. Je comprends pourquoi l'étang est interdit. Au milieu de l'eau une digue, ornée d'arbres rares tel cet arbuste pleureur qui fleurit façon cascade lumineuse, délice des premières abeilles séduites par son apparence de cerf-volant déployant ses ailes en des milliers de papillons semblables à des saphirs roses et exhalant une senteur de "Baby-Doll" (ysl). S'il avait pu se déplacer, c'eût été tel, un voile venu de nulle part, dansant dans la première brise de l'aurore, avec ses fleurs semblables à des lucioles qui n'ont pas su s'endormir au matin, après leur tournoiement de folie en la nuit, et que le soleil d'Icare va sublimer en irradiant leur gemme rose de diamants.

En m'avançant plus loin je découvre une armada de pousses de prêles bien décidées à envahir prairies et ruisseaux. Ah ! si c'eût été des morilles ! Quel festin aux fines herbes dignes d'un prince m'eut été donné ! mais, en fait, cette plante va se métamorphoser et s'étoffer comme un plumeau tout vert.

Et puis, cachée dans une zone de nidification installée par la main de l'homme, une maman cygne couve en paix. Qui lui a dit que cet endroit était prévu spécialement pour ça ? elle me regarde, inquiète, mais en silence et discrètement je fais une première image, puis deux, elle prend confiance, je pousse à quatre et je m'en vais sans bruit. Elle me suit de l'œil et je disparais sans bruit dans les sentiers secrets de l'esquive.

Le 31 mars les pâquerettes se font légions et dansent la farandole du printemps et me donnent un tourbillon d'étoiles embaumées d'une émanation sauvage pour me séduire et me renvoyer me vautrer dans ces décors de rêve. Alors, j'attends que le soleil me soit présent, et ce fut au 12 avril qu'il se plaça en règne dans un azur sans voile. Et là commença une farandole de révérences que m'offraient les branches basses fleuries, qui signaient en l'élégance tel un bras qui s'avance et se courbe pour me souhaiter la bienvenue. Dans de grandes plaines vertes s'étalent comme un étal de charme les hêtres des chênes les érables et les charmes et un énorme cerisier du Japon. Sous tous ces géants, il me plut d'imaginer en ces lieux chargés du temps passé, l'apparence des belles dames de ces 'belles époques' où ombrelles et crinolines amenaient le charme de l'élégance. Là où la branche fleurie semble inviter la belle dame à quelques pas de danse ou quelques pas de promenade.

Au 15 avril les tulipes Saxatilis arrivent en groupe et jouent du Charleston en descendant les boulevards des prés dansants. Au 17 des arbrisseaux forment leurs fleurs pompon digne de bonbons au coco, alors que papa Cygne ondule son coup en signe de sa fine élégance majestueuse. Le long d'une digue aux arbres de prunes et de noix, une dame d'antan s'en va saluer des cimes des géants aux branches tentaculaires et dont les troncs sont gardiens de foret. Des plantes basses forment une terrasse de choix, moquette douce et goûteuse pour l'insecte qui me prend pour Gullivert. Et puis je reste songeur devant les branches de cet arbre aux fleurs tombantes telles des tiges suspendues qui s'étirent vers des sols trop bas qu'ils n'atteindront pas. La brise les fait bouger en un carrousel en boucle comme des mains d'enfants qui s'agitent joyeusement.

Peu après sur un chemin en méandre séparé de bosquets et d'arbustes des dames d'avant pourraient se rencontrer et se conter, effarées, les histoires de maintenant, mais le soleil d'Icare les fait s'évaporer pour leur ôter leur tourment. Proche d'un grand cèdre, une dame, ma dame, semble regarder cette autre dame en fleurs venue de nulle part et qui disparaît ailleurs, sous d'autres ombrages en d'autres toilettes.

Enfin, quand on lève la tête vers la cime des géants que sont les chênes et cèdre multi centenaires, sentinelles du temps et de l'histoire des hommes, sémaphores des forêts et saisons, aux sculptures informes en une armée des ombres possédant les secrets des terres de la vie. Alors que je suis à côté des géants, à mes pieds, sur sa plate-forme feuillue, une timide coccinelle s'offre son repas, indifférente que je sois là. Même mon approche avec mon Canon ne l'effraie pas, j'ai peut-être encore une bonne tête et mon regard azur la rassure, car cela lui change des cieux obscurs.

Après avoir passé les sept marches du château, où je salue au passage trois petits renards inoffensifs, je vais finir mes ballades du printemps au pied d'un cèdre en bord de source où une dame pose depuis la nuit des temps pour les peintres et poètes et s'en retourne dès le soleil couchant. Seul l'œil de l'imaginaire peut la voir dans la poésie de l'âme.

Après le méli-mélo des cimes d'arbres qui se parlent et se content la beauté des peintures champêtres et forestières du plus grand Maître d'œuvre, un tapis de Sclarée est irradié et rend les sols en des joyaux précieux. Tout est là pour ravir l'esprit et apporter la paix et la sérénité dont les humains fragiles que nous sommes avons tant besoin. Tout est là dans ce havre d'Eden pour nous rappeler la beauté de notre demeure, la terre, la forêt, les plaines, les montagnes, les mers dont on doit prendre soin pour ne pas disparaître nous-mêmes. Le parc aux cèdres inspire à la poésie de l'écriture, de la peinture, de l'image. Si le 'grand Auteur' permettait à ces géants de parler, ils conteraient les récits de l'Histoire, les joies et les peines de la vie. Eux qui savent peut-être la couleur de la brise et du vent s'ils en ont une, la forme de l'eau si elle nous regardait, l'âge du temps s'il nous attendait. Ils nous offriraient des diamants de pluie trouvés dans les sols asséchés de l'été pour apaiser notre soif de vérité et du savoir. L'envers de la pensée qui mène au sublime du délice de l'Eden. Ils feraient un monde où l'amour serait loi où nous en serions esclaves et princes à la fois. Ils nous souffleraient les mots inconnus qui obligent à la paix sur la terre. Alors, même ces phrases d'apparence insensées mais lourdes de sens, qui inventent ce qui ne te semble pas être, ce qu'elles t'imaginent, font que tu les comprendras.

François PARIS

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Uploaded on May 2, 2019
Taken on April 18, 2019