Photo de type "Photomaton" - photo booth picture. États-Unis. Années 1920.
Une lettre restée pour l'instant sans réponse :
Madame,
Votre petite photo est arrivée aujourd’hui. J’ignore par quel hasard elle s’est retrouvée dans la boutique en ligne qui me l’a vendue. Parmi toutes les photos que cette boutique proposait, la vôtre m’a plu tout de suite. Vous faites un geste de la main dont je ne suis pas certain de comprendre le sens, mais votre sourire m’a séduit, et j’en suis venu à imaginer que nous pourrions nous donner rendez-vous pour boire un verre. Vous direz peut-être que 2012 vous paraît loin : le voyage pourrait vous faire perdre un peu de la fraîcheur de votre âge, et, sans doute, votre bonnet se sera démodé d’ici là. Admettez pourtant qu'à l’échelle des temps géologiques, 80 ou 90 années ce n’est véritablement rien du tout. Prenons donc, si vous le voulez bien, la liberté d’oublier ce détail qui nous sépare : j’attrape le premier avion pour les Roaring Twenties et ce soir même je vous invite au dancing. Nous y danserons d'abord des fox-trot, des charlestons et des boogie-woogies. Puis nous nous installerons dans un coûteux canapé art déco - un Follot ou un Ruhlmann, que l’on aura apporté spécialement pour nous. Un verre de champagne à la main nous discuterons (vous corrigerez un peu mon anglais, vous serez indulgente), nous referons le monde (le vôtre, le mien si vous voulez) ; et, pendant que par la magie d’un phonographe dernier cri la grande Joséphine chantera près de nous « J’ai deux amours », nous nous moquerons ensemble des regrets et du temps qui passe en dévorant des crèmes glacées et des macarons au chocolat.
Photo de type "Photomaton" - photo booth picture. États-Unis. Années 1920.
Une lettre restée pour l'instant sans réponse :
Madame,
Votre petite photo est arrivée aujourd’hui. J’ignore par quel hasard elle s’est retrouvée dans la boutique en ligne qui me l’a vendue. Parmi toutes les photos que cette boutique proposait, la vôtre m’a plu tout de suite. Vous faites un geste de la main dont je ne suis pas certain de comprendre le sens, mais votre sourire m’a séduit, et j’en suis venu à imaginer que nous pourrions nous donner rendez-vous pour boire un verre. Vous direz peut-être que 2012 vous paraît loin : le voyage pourrait vous faire perdre un peu de la fraîcheur de votre âge, et, sans doute, votre bonnet se sera démodé d’ici là. Admettez pourtant qu'à l’échelle des temps géologiques, 80 ou 90 années ce n’est véritablement rien du tout. Prenons donc, si vous le voulez bien, la liberté d’oublier ce détail qui nous sépare : j’attrape le premier avion pour les Roaring Twenties et ce soir même je vous invite au dancing. Nous y danserons d'abord des fox-trot, des charlestons et des boogie-woogies. Puis nous nous installerons dans un coûteux canapé art déco - un Follot ou un Ruhlmann, que l’on aura apporté spécialement pour nous. Un verre de champagne à la main nous discuterons (vous corrigerez un peu mon anglais, vous serez indulgente), nous referons le monde (le vôtre, le mien si vous voulez) ; et, pendant que par la magie d’un phonographe dernier cri la grande Joséphine chantera près de nous « J’ai deux amours », nous nous moquerons ensemble des regrets et du temps qui passe en dévorant des crèmes glacées et des macarons au chocolat.