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Le hangar à dirigeables d’Ecausseville, Manche, Cotentin, Normandie, France

Pendant la Première Guerre mondiale, une base de la Marine nationale accueillait une unité de dirigeables sur le territoire de la commune d’Ecausseville. Elle comprenait notamment un hangar en bois d’où les dirigeables partaient en patrouille le long des côtes de la Manche. En 1917, la construction d’un nouveau hangar à dirigeables débute, cette fois en structure métallique, recouverte de 3 552 tuiles en ciment armé. Cette base militaire a cessé ses activités dans les années 1930 face à la montée en puissance des avions de reconnaissance qui ont progressivement remplacé les ballons dirigeables. En 1933, le hangar en bois est démoli.

Malgré la disparition des dirigeables, l’imposant hangar métallique est conservé par l’armée française qui utilise ses dimensions hors normes pour le stockage de matériel militaire : d’une longueur de 150 mètres, il occupe une superficie au sol de 6 000 m² et s’élève à 31 mètres de hauteur.

Pendant l’Occupation, les Allemands s’installent en juin 1940 sur la commune d’Ecausseville, et stockent à leur tour des équipements de guerre dans le hangar, notamment des canons de 155 mm appartenant à deux batteries. Ils mettent à jour le plan de défense du site, plaçant des positions pour mitrailleuse ainsi qu’une batterie de canons antiaériens de 88 mm.

Lorsque la bataille de Normandie commence le 6 juin 1944, les troupes américaines cherchent à s’emparer du site militaire, défendu par les Allemands du Grenadier-Regiment 922 (243. Infanterie-Division) et du Sturm-Bataillon AOK 7 (709. Infanterie-Division). Durant l’après-midi du 9 juin 1944, les Américains du 8th Infantry Regiment (4th US Infantry Regiment) appuyés des chars de l’escadron C du 70th Tank Battalion atteignent Ecausseville et observent le hangar qui se détache clairement de la ligne d’horizon. La compagne I du 3e bataillon du 8th Infantry Regiment s’engage dans le grand découvert aux abords du site et sont pris sous un feu violent qui les oblige à rejoindre un couvert au nord de la position, subissant de lourdes pertes. La compagnie L aux ordres du capitaine John Reckord relance l’action, appuyée par la compagnie K du capitaine John Spangler : les Américains parviennent en début de soirée à repousser les derniers défenseurs à l’extérieur de la base du hangar, livrant des combats au sein même de la construction métallique. Les Allemands abandonnent finalement tout espoir de reprendre pied sur le site et décident de se réarticuler sur une nouvelle ligne de défense plus au sud, à la faveur de la nuit.

Après les combats, les Américains occupent à leur tour le site de l’ancienne base de la Marine française et l’emploient successivement comme camp de prisonniers puis comme centre logistique. De nombreux véhicules y sont stationnés ainsi que des réserves de carburant ou encore d’importantes quantités de pneumatiques, sous la responsabilité de la 860th Ordonance Compagny (105th Ordnance Battalion). De nombreux graffitis sur les murs témoignent encore de la présence de ses différents occupants au fil de l’histoire. A la fin de la guerre, de nombreux matériels sont laissés par les Américains et récupérés par la population locale.

De 1967 à 1969, la DAMCEA (direction des applications militaires du commissariat à l’énergie atomique) utilise le hangar pour réaliser une série de tests secrets sur de nouveaux ballons. Ces études visaient à valider des systèmes de maintien, de communication et d’alimentation électrique pour des ballons utilisés lors des essais des premières bombes H françaises. La Marine abandonne définitivement cette base en 1994, dont les infrastructures restantes sont placées sous la responsabilité de la communauté d’agglomération du Cotentin.

Aujourd’hui, le hangar à dirigeables peut être visité grâce à une association locale qui fait la promotion de la sauvegarde du site.

 

During the First World War, a French Navy base hosted an airship unit in the municipality of Ecausseville. It notably included a wooden hangar from which the airships went on patrol along the Channel coast. In 1917, the construction of a new airship hangar began, this time in a metal structure, covered with 3,552 reinforced cement tiles. This military base ceased its activities in the 1930s in the face of the rise of reconnaissance planes which gradually replaced airships. In 1933, the wooden shed was demolished.

Despite the disappearance of the airships, the imposing metal hangar is preserved by the French army which uses its extraordinary dimensions for the storage of military equipment: with a length of 150 meters, it occupies a floor area of 6,000 m² and stands 31 meters high.

During the Occupation, the Germans settled in the town of Ecausseville in June 1940, and in turn stored war equipment in the hangar, notably 155 mm cannons belonging to two batteries. They update the site defense plan, placing machine gun positions as well as a battery of 88mm anti-aircraft guns.

When the Battle of Normandy began on June 6, 1944, American troops sought to seize the military site, defended by the Germans of the Grenadier-Regiment 922 (243. Infanterie-Division) and the Sturm-Bataillon AOK 7 (709. Infanterie -Division). During the afternoon of June 9, 1944, the Americans of the 8th Infantry Regiment (4th US Infantry Regiment) supported by the tanks of Squadron C of the 70th Tank Battalion reached Ecausseville and observed the hangar which clearly stood out from the line of defense. horizon. Companion I of the 3rd Battalion of the 8th Infantry Regiment engaged in the great open on the outskirts of the site and were caught under violent fire which forced them to reach cover to the north of the position, suffering heavy losses. Company L under the orders of Captain John Reckord relaunches the action, supported by Company K of Captain John Spangler: the Americans manage at the beginning of the evening to push the last defenders outside the hangar base, fighting at within metal construction itself. The Germans finally abandoned all hope of regaining a foothold on the site and decided to reorganize on a new line of defense further south, under cover of night.

After the fighting, the Americans in turn occupied the site of the former French Navy base and used it successively as a prison camp then as a logistics center. Many vehicles are parked there as well as fuel reserves and large quantities of tires, under the responsibility of the 860th Ordonance Company (105th Ordnance Battalion). Numerous graffiti on the walls still bear witness to the presence of its various occupants throughout history. At the end of the war, many materials were left behind by the Americans and recovered by the local population.

From 1967 to 1969, the DAMCEA (military applications department of the Atomic Energy Commission) used the hangar to carry out a series of secret tests on new balloons. These studies aimed to validate maintenance, communication and electrical power systems for balloons used during the tests of the first French H bombs. The Navy definitively abandoned this base in 1994, the remaining infrastructure of which was placed under the responsibility of the Cotentin urban community.

Today, the airship hangar can be visited thanks to a local association which promotes the preservation of the site.

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Uploaded on December 2, 2023