kristobalite
Eglise San Gemiliano de Samassi
Eglise romane San-Gemiliano ; commune de Samassi, province du Medio Campidano, Sardaigne, Italie
... [l']ex-église paroissiale dédiée à San Gemiliano (localement Santu Millanu, de San Mamiliano), érigée au cours des dernières décennies du XIIIe siècle dans une zone cimitérale où l'on a retrouvé des sépultures du haut Moyen Age et une tombe byzantine avec hypogée voûté d'un berceau, en opus quadratum. Des indications sur un édifice antérieur à San Gemiliano reconstruit à l'époque romane tardive nous sont fournis par une charte de 1119 qui mentionne à Samassi une église sous le même patronage appartenant au monastère San Mamiliano de l'île de Montecristo. La préexistence d'un édifice byzantin se trouverait confirmée par les deux pièces de marbre réutilisées dans la construction romane, fragments d'un petit pilier à rosaces godronnées, comparables pour le style et la date (Xe siècle / début du XIe) à des éléments semblables de Sant' Antioco et de nombreux centres du « Campidano » de Cagliari. L'édifice, entièrement en grès, est à nef unique avec une abside à l'Est, et s'élève sur une plinthe avec un talus à cavet d'où partent des pilastres aux bases moulurées de façon semblable aux chapiteaux carrés, à cavet et listel. Au-dessus de la série d'arceaux monolithiques à voussure double et fine en plein cintre (au flanc Nord certains ont un cintre brisé) s'étend une hauteur de parement lisse jusqu'au faîte à double listel chanfreine qui fait brièvement retour en façade et au chevet. La façade est divisée en trois panneaux en retrait par rapport aux pilastres d'angle et à l'arcature horizontale sculptée à la base d'un pignon lisse dont les rampants, dépourvus de corniche terminale soutiennent un clocher-peigne à deux ouvertures en plein cintre. Entre les rampants s'inscrivait une fenêtre, probablement double, obturée aujourd'hui. Au-dessus du pilastre de gauche est encastré dans le parement une pierre sculptée avec un réseau d'étoiles à huit branches, qui reprend des thèmes décoratifs archaïques (Saint-Pantaléon de Dolianova, San Lussorio de Selargius, Saint-Sauveur de Sestu et Saint-Pierre de Terralba) offrant des variations sur le décor à pointes de diamant, que l'on peut repérer en d'autres endroits à l'extérieur. Dans le panneau médian s'ouvre le portail aux piédroits non monolithiques adossés aux pilastres ; à gauche l'appareil enchâsse un fragment en marbre du Moyen Age byzantin, avec des rosaces à seize pétales et une croix aux bras égaux renflés aux extrémités qui naît d'une grappe de raisins. Le linteau peu épais, en calcaire plus clair, prend appui sur des corbeaux à feuilles d'acanthe stylisées et caulicoles, se détachant par sa couleur sur le tympan semi-circulaire, un peu en retrait par rapport à l'arc de décharge bordé d'un seul sourcil, l^es petites têtes humaines placées sur le chanfrein des modillons recevant le sourcil ont une physionomie particulière intéressante : front fuyant, avec de rares incisions suggérant les cheveux ; oreilles toutes petites et arrondies ; yeux elliptiques où la pupille n'est pas marquée; nez aplati et énormes lèvres charnues. Sur la tête de gauche, sphérique par rapport à l'autre piriforme, les lèvres entrouvertes laissent apercevoir de minuscules dents pointues. Dans chacun des trois panneaux du flanc Nord, s'ouvre une fenêtre à double ébrasement. Dans le panneau médian se trouve une porte analogue, par ses proportions et son mode de composition, à celle déjà examinée ; à côté se voit un fragment de petit pilier des Xe siècle / début du XIe, qui porte encore deux rosaces à godrons. Il faut noter les chapiteaux des pilastres, à deux couronnes de feuilles d'acanthe. Dans quelques-uns seulement on retrouve l'extrémité retournée sur les contours effrangés; le plus souvent les pointes des feuilles se trouvent les unes en face des autres et à l'endroit de la nervure centrale sort un caulicole aux extrémités frisées. Le charme de ces sculptures tient à la maîtrise technique certaine du sculpteur, capable d'obtenir des effets comme ceux du métal en fusion. Le flanc Sud offre une rangée de fenêtres au cintre monolithique. Les modillons des arceaux sont fort usés; ils ne présentent pas cependant la forme allongée et la variété de thèmes ornementaux typiques des modèles importés en Sardaigne par des équipes à l'œuvre pour la première fois dans l'agrandissement de Sainte-Marie de Bonarcado (1242-1268). Certaines caractéristiques de l'église — comme les détails des portails et les panneaux de très faible largeur qui flanquent l'abside — renvoient respectivement à l'achèvement de Saint-Pantaléon de Dolianova (1261-1289) et à San Gemiliano de Sestu (1250-1270 ), et en général à une équipe «passablement variée et composite» (Delogu, 1953), qui - opérant selon un plan répandu en Arborea au XIIe siècle (Sainte-Marie de Norbello, Saint-Grégoire le Grand de Solarussa, Saint-Pierre de Bidonî) — réalise à Samassi une greffe de motifs propres à la tradition romane du Sud de la Sardaigne. Telles sont, en effet, les feuilles pointues ornant les modillons des arceaux à l'extrémité opposé du mur Est — qui curieusement sont au nombre de trois à gauche et de deux à droite -exactement comme les feuilles des impostes cylindriques à l'intérieur de Sainte-Marie de Trat alias (1213-1282). Une abside vaste et relativement basse fait saillie au chevet que n'encadrent pas des pilastres d'angle mais qui comporte, de chaque côté de l'abside, un seul panneau étroit, terminé par un seul arc faisant suite aux arceaux situés au même niveau sur la ligne de départ du cul-de-four. Les panneaux sont en retrait par rapport au talus d'une plinthe plus haute que sur les flancs, tandis que le soubassement n'est pas marquée à l'abside, où font défaut les lésènes mais où la division tripartite est évoquée par les trois larges fenêtres à double ébrasement avec appui en pente. Au pignon s'ouvre une grande fenêtre, source de lumière pour l'intérieur complètement nu, ...
(extrait de : Sardaigne romane ; Renata Serra, Ed. du Zodiaque, Coll. La Nuit des Temps, 1979, pp. 125-126)
Descriptif de l'édifice en italien (avec coordonnées GPS) : "Carta e Guida alle Chiese Romaniche della Sardegna" ; Sando Mezzolani, Collana NATURA e ARCHEOLOGIA, Alpha Editoriale, 2. éd. 2007
Eglise San Gemiliano de Samassi
Eglise romane San-Gemiliano ; commune de Samassi, province du Medio Campidano, Sardaigne, Italie
... [l']ex-église paroissiale dédiée à San Gemiliano (localement Santu Millanu, de San Mamiliano), érigée au cours des dernières décennies du XIIIe siècle dans une zone cimitérale où l'on a retrouvé des sépultures du haut Moyen Age et une tombe byzantine avec hypogée voûté d'un berceau, en opus quadratum. Des indications sur un édifice antérieur à San Gemiliano reconstruit à l'époque romane tardive nous sont fournis par une charte de 1119 qui mentionne à Samassi une église sous le même patronage appartenant au monastère San Mamiliano de l'île de Montecristo. La préexistence d'un édifice byzantin se trouverait confirmée par les deux pièces de marbre réutilisées dans la construction romane, fragments d'un petit pilier à rosaces godronnées, comparables pour le style et la date (Xe siècle / début du XIe) à des éléments semblables de Sant' Antioco et de nombreux centres du « Campidano » de Cagliari. L'édifice, entièrement en grès, est à nef unique avec une abside à l'Est, et s'élève sur une plinthe avec un talus à cavet d'où partent des pilastres aux bases moulurées de façon semblable aux chapiteaux carrés, à cavet et listel. Au-dessus de la série d'arceaux monolithiques à voussure double et fine en plein cintre (au flanc Nord certains ont un cintre brisé) s'étend une hauteur de parement lisse jusqu'au faîte à double listel chanfreine qui fait brièvement retour en façade et au chevet. La façade est divisée en trois panneaux en retrait par rapport aux pilastres d'angle et à l'arcature horizontale sculptée à la base d'un pignon lisse dont les rampants, dépourvus de corniche terminale soutiennent un clocher-peigne à deux ouvertures en plein cintre. Entre les rampants s'inscrivait une fenêtre, probablement double, obturée aujourd'hui. Au-dessus du pilastre de gauche est encastré dans le parement une pierre sculptée avec un réseau d'étoiles à huit branches, qui reprend des thèmes décoratifs archaïques (Saint-Pantaléon de Dolianova, San Lussorio de Selargius, Saint-Sauveur de Sestu et Saint-Pierre de Terralba) offrant des variations sur le décor à pointes de diamant, que l'on peut repérer en d'autres endroits à l'extérieur. Dans le panneau médian s'ouvre le portail aux piédroits non monolithiques adossés aux pilastres ; à gauche l'appareil enchâsse un fragment en marbre du Moyen Age byzantin, avec des rosaces à seize pétales et une croix aux bras égaux renflés aux extrémités qui naît d'une grappe de raisins. Le linteau peu épais, en calcaire plus clair, prend appui sur des corbeaux à feuilles d'acanthe stylisées et caulicoles, se détachant par sa couleur sur le tympan semi-circulaire, un peu en retrait par rapport à l'arc de décharge bordé d'un seul sourcil, l^es petites têtes humaines placées sur le chanfrein des modillons recevant le sourcil ont une physionomie particulière intéressante : front fuyant, avec de rares incisions suggérant les cheveux ; oreilles toutes petites et arrondies ; yeux elliptiques où la pupille n'est pas marquée; nez aplati et énormes lèvres charnues. Sur la tête de gauche, sphérique par rapport à l'autre piriforme, les lèvres entrouvertes laissent apercevoir de minuscules dents pointues. Dans chacun des trois panneaux du flanc Nord, s'ouvre une fenêtre à double ébrasement. Dans le panneau médian se trouve une porte analogue, par ses proportions et son mode de composition, à celle déjà examinée ; à côté se voit un fragment de petit pilier des Xe siècle / début du XIe, qui porte encore deux rosaces à godrons. Il faut noter les chapiteaux des pilastres, à deux couronnes de feuilles d'acanthe. Dans quelques-uns seulement on retrouve l'extrémité retournée sur les contours effrangés; le plus souvent les pointes des feuilles se trouvent les unes en face des autres et à l'endroit de la nervure centrale sort un caulicole aux extrémités frisées. Le charme de ces sculptures tient à la maîtrise technique certaine du sculpteur, capable d'obtenir des effets comme ceux du métal en fusion. Le flanc Sud offre une rangée de fenêtres au cintre monolithique. Les modillons des arceaux sont fort usés; ils ne présentent pas cependant la forme allongée et la variété de thèmes ornementaux typiques des modèles importés en Sardaigne par des équipes à l'œuvre pour la première fois dans l'agrandissement de Sainte-Marie de Bonarcado (1242-1268). Certaines caractéristiques de l'église — comme les détails des portails et les panneaux de très faible largeur qui flanquent l'abside — renvoient respectivement à l'achèvement de Saint-Pantaléon de Dolianova (1261-1289) et à San Gemiliano de Sestu (1250-1270 ), et en général à une équipe «passablement variée et composite» (Delogu, 1953), qui - opérant selon un plan répandu en Arborea au XIIe siècle (Sainte-Marie de Norbello, Saint-Grégoire le Grand de Solarussa, Saint-Pierre de Bidonî) — réalise à Samassi une greffe de motifs propres à la tradition romane du Sud de la Sardaigne. Telles sont, en effet, les feuilles pointues ornant les modillons des arceaux à l'extrémité opposé du mur Est — qui curieusement sont au nombre de trois à gauche et de deux à droite -exactement comme les feuilles des impostes cylindriques à l'intérieur de Sainte-Marie de Trat alias (1213-1282). Une abside vaste et relativement basse fait saillie au chevet que n'encadrent pas des pilastres d'angle mais qui comporte, de chaque côté de l'abside, un seul panneau étroit, terminé par un seul arc faisant suite aux arceaux situés au même niveau sur la ligne de départ du cul-de-four. Les panneaux sont en retrait par rapport au talus d'une plinthe plus haute que sur les flancs, tandis que le soubassement n'est pas marquée à l'abside, où font défaut les lésènes mais où la division tripartite est évoquée par les trois larges fenêtres à double ébrasement avec appui en pente. Au pignon s'ouvre une grande fenêtre, source de lumière pour l'intérieur complètement nu, ...
(extrait de : Sardaigne romane ; Renata Serra, Ed. du Zodiaque, Coll. La Nuit des Temps, 1979, pp. 125-126)
Descriptif de l'édifice en italien (avec coordonnées GPS) : "Carta e Guida alle Chiese Romaniche della Sardegna" ; Sando Mezzolani, Collana NATURA e ARCHEOLOGIA, Alpha Editoriale, 2. éd. 2007