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Monastère Sant Pere de Casserres

Monastère roman Sant Pere ; commune de Casserres, comarque d'Osona, province de Barcelona, Catalogne, Espagne

 

Ancien monastère bénédictin, datant du XIème siècle, situé à l'intérieur d'un méandre prononcé de la rivière Ter, sur la commune des Masies de Roda.

 

Le monument se dresse à l'extrémité Nord d'une longue péninsule d'un méandre du Ter sur la roche nue et légèrement en pente; il occupe toute la largeur de la plate-forme, ayant son abside presque suspendue au-dessus de la falaise. De l'autre côté, une partie des dépendances monastiques (à moitié en ruines) se trouve portée par un soutènement arqué qui gagne du terrain sur la roche. La gradation de lignes des corps d'édifices subsistants, fondue en un ensemble de pierre noircie par le temps d'où émerge la tour du clocher, ne donne pas la saisissante impression de grandeur que produit l'intérieur de l'église avec son écrasante masse de pierre incurvée en arcs et en voûtes à une hauteur peu habi­tuelle dans des édifices similaires. Et ceci malgré l'amputation, moyennant un mur, d'un des collatéraux. Cette amputation, réalisée après le tremblement de terre de 1427, réduisit la surface interne, impossible à conser­ver alors, puisque l'on ne pouvait plus refaire la voûte effondrée. (A l'heure actuelle, la voûte du collatéral Nord a été reconstituée et ce dernier "ré-ouvert")

La basilique de Cassérres se développe sur une surface presque carrée, divisée par deux piliers cruciformes massifs recevant les deux grands arcs de séparation des nefs, et servant d'appui aux formerets qui divisent ces nefs par leur milieu. Les énormes voûtes en berceau s'alignent parallèlement à celles des collatéraux, un peu moins élevées que celle de la nef centrale, afin de constituer un ensemble massif sous les deux versants simples de la couverture. Le sol s'élève vers le chevet et disparaît aux trois marches qui nivel­lent le sol du sanctuaire où se trouvaient les autels dédiés à saint Pierre, sainte Marie et saint Jean. Ce sanctuaire est constitué par les absidioles précédées de l'arc qui perce le mur du fond à la fermeture des collatéraux, et par un formeret qui prolonge la voûte de la nef principale sur un espace rectangulaire précédant la grande abside.

La structure de l'ensemble se développe en suivant strictement le plan établi, sans une interruption dans les murs, sans une concession à des fragmentations visuelles, rigide dans la sévérité des formes, qui comptent pour tout effet sur les incurvations des voûtes et des absides. La rusticité des blocs employés dans la construction, réalisée en pierre de taille, fait place à une plus grande perfection dans les parties hautes où la régularité des douelles des arcs semble conditionner l'usage d'une grosseur déterminée dans les parements des murs, alors que sur les piliers la diversité des tailles est évidente.

La faible lumière est tamisée par les trois fenêtres de la grande abside et par celles ouver­tes respectivement dans chaque absidiole, de chaque côté du sanctuaire et dans chacun des murs latéraux, à proximité du transept, et aussi par les deux fenêtres du mur occidental correspondant au fond des collatéraux. Toutes ces fenêtres sont à double ébrasement à l'excep­tion de la simple et longue fente avec douelles, pratiquée au milieu de la façade et des petits œils de bœuf circulaires perforant le mur au-dessus des absides. Outre l'entrée du cloître au milieu du mur du Midi, et celle du cimetière dans le mur opposé, il faut signaler la porte d'accès se détachant sur la façade avec son linteau en bois surmonté d'un arc en douelles qui offre la saillie externe d'une petite corniche.

Vu de l'extérieur, l'édifice forme une masse énorme aux murs absolument lisses sur le corps des trois nefs. Seul l'extérieur du chevet présente des saillies; sur chaque côté du corps qui précède la grande abside ainsi que sur les absidioles, elles sont formées par deux groupes de trois arcatures séparés par une lésène, mais sur l'abside centrale les arcatures se réduisent à deux et encadrent les fenêtres aveugles qui se développent sous une simple corniche formée d'un rang de dents de scie.

La tour carrée du clocher, érigée presque en même temps que l'église, fut adossée au mur méridional de cette dernière, dont on profita pour constituer une des faces de la tour. Le corps inférieur lisse qui dépasse en hauteur la nef latérale, est couvert d'une voûte en arc de cloître de plan octogonal avec trompes sur les angles, selon une solution adoptée dans la construction des coupoles. L'étage supérieur, moins élevé, est recouvert d'une simple voûte en arc de cloître sur plan carré, revêtue d'une toiture à quatre versants. Sur chaque face de la tour s'ouvrent deux fenêtres dans le parement du mur placé quelque peu en retrait, entre les piliers d'angle, réunis dans leur partie supérieure par une légère corniche appuyée sur des consoles.

Le cloître aux simples arcades comme les cloîtres monas­tiques du Canigou, de La Pobla et de La Portella, et couvert en bois, permet l'identifi­cation des profondes transformations que l'on devine aux arcs des angles et surtout à la colonne surmontée d'un simple chapiteau orné dans sa partie supérieure d'arcatures encadrant une tresse, qui se trouve engagée dans le pilier de renfort formant angle, en face de la porte de l'église.

 

(extrait de : "Catalogne romane 1 ; Edouard Junyent, Ed. Zodiaque, 2ème édition, Coll. Nuit des temps, pp. 101-110)

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Uploaded on January 2, 2011
Taken on July 23, 2010