kristobalite
Eglise Sant-Vincenc de Cardona
Eglise romane Sant-Vicenc ; commune de Cardona, comarque de Barges, province de Barcelona, Catalogne, Espagne
L'église s'étend sur un plan basilical à trois nefs avec transept surmonté d'un dôme, et chevet triabsidal. A l'entrée un portique supporte une galerie ouverte à l'intérieur. Les nefs sont divisées par deux rangs de trois piliers massifs de 2 m. 65 d'épaisseur, de plan cruciforme et comportant des saillies d'où partent les gros arcs qui élèvent à une hauteur de 19 m. 80 la voûte - en berceau ininterrompu - de la nef centrale, ainsi que les doubleaux qui la partagent en trois travées et retombent sur des demi-pilastres engagés dans les murs latéraux. Les bas-côtés sont recouverts de voûtes d'arêtes, à raison de trois par travée. Leur hauteur a 9 m. de moins que celle de la nef principale, ce qui permet que cette dernière soit éclairée directement par les fenêtres ouvertes sur le mur qui surplombe les bas-côtés, et dont le rythme de distribution est identique à celui des fenêtres pratiquées tout le long des collatéraux.
Le transept dont les bras aux voûtes semi-circulaires dépassent de peu le plan des nefs, soutient la coupole centrale développée sur trompes d'angles. Au fond de chaque côté s'ouvrent des absidioles lisses, encadrant le sanctuaire formé d'un espace rectangulaire qui précède l'hémicycle de la grande abside. On y accède au moyen de deux escaliers dus au dénivellement causé par la crypte à laquelle conduit un escalier central. L'ensemble de cette enceinte est modelé par la présence, sur les murs des côtés, de deux hautes niches, éléments que l'on retrouve dans le circuit interne de l'abside. L'éclairage du chevet est assuré par des fenêtres ouvertes respectivement au milieu de chaque absidiole et sur les murs du fond du transept, en plus de celles pratiquées de chaque côté du sanctuaire, à l'intérieur des niches. Comme dans les constructions antérieures, toutes les fenêtres sont à simple ébrasement vers l'intérieur, et avec des douelles taillées.
La crypte dont la surface coïncide avec celles du sanctuaire et de l'abside centrale, occupe un espace de 10 m. de long sur 5 m. de large pour une hauteur de 2 m. 67. Elle est recouverte d'une voûte d'arêtes et divisée en trois nefs par deux rangs de cinq colonnes provenant sans doute de l'ancienne église, et surmontées de blocs rustiques tenant lieu de chapiteaux. Ces blocs ne sont pas sculptés mais façonnés de manière à faciliter le passage de la base circulaire à la base carrée des arcs et des arêtes élevées qui retombent sur les murs latéraux en formant des saillies s'appuyant sur une banquette, exactement comme à la crypte de la cathédrale de Vich, sa contemporaine.
L'atrium précède l'accès du temple, adossé à la façade dont la partie haute est percée d'une unique baie circulaire. Il comprend trois travées recouvertes de voûtes d'arêtes et aux extrémités desquelles se développent les escaliers hélicoïdaux à l'intérieur de tours disparues qui montaient au toit. Dans sa partie supérieure il forme une galerie, située au fond de la nef centrale et servant de tribune aux habitants du château.
Les voûtes de l'atrium avaient été couvertes au XIIe siècle de fresques de la même main que celles de l'abside de Polinya. On a réussi à sauver une grande partie de cette décoration faite de franges ornementales entourant un cercle central dans lequel étaient représentés le Pantocrator, la Sainte Vierge et le thème de la Présentation au temple. Les murs de l'atrium avaient été ornés au cours du XVe siècle, de nouvelles peintures comprenant des figurations historiques dont la plupart ont disparu.
L'aspect extérieur de l'édifice est défiguré par le surhaussement de la couverture des bas-côtés, probablement terminée en terrasse, et par d'autres constructions qui enlaidissent le dôme. Mais les murs latéraux, renforcés par des contreforts rudimentaires, montrent librement la riche décoration de doubles arcatures entre lésènes qui s'étend au transept et revêt les absides. De même qu'à Cassérres et à Ripoll des fenêtres aveugles sont placées sous les arcatures de la grande abside et envahissent aussi les murs, tout proches, du transept.
Les petits blocs caractéristiques en pierre taillée, utilisés dans cette construction, offrent un parement régulier au service de la structure. Si celle-ci présente à l'extérieur l'ornement d'arcatures, de lésènes et d'arcs aveugles, l'intérieur par contre est parfaitement lisse et n'a d'autres saillies que celles des doubleaux, formerets et simples impostes qui s'interposent pour recevoir les grands arcs. La forme, inspirée de la distribution basilicale, unie à un transept soutenant la coupole, trouve le moyen de couvrir les espaces en utilisant la voûte en berceau ininterrompu dans la nef centrale et les bras du transept, et en berceau combiné avec des arêtes dans les collatéraux, sur croisement d'arcs réduits à un minimum de supports. On a pu obtenir ainsi une plus grande élévation du corps central qui permet de profiter de la lumière des hautes fenêtres tout en maintenant l'équilibre de la construction au moyen de contreforts rudimentaires qui reçoivent à l'extérieur la poussée des doubleaux. Les admirables proportions, sensibles dans la distribution des enceintes, la sveltesse des arcs, même la hauteur des absides, dénotent une maîtrise absolue de ce genre de constructions qui, selon Puig i Cadafalch, suppose un artiste connaisseur de son art et formé par une tradition antérieure. Celui-ci soigna son œuvre à tel point que l'on n'y trouve aucune trace de tâtonnement ou d'essai. Il n'y a pas d'éléments nouveaux qui ne proviennent du domaine de l'art lombard le plus rapproché des types basilicaux; tant dans la disposition que dans les détails, ou même dans la profusion des niches entourant le sanctuaire. La savante ordonnance avec laquelle tous ces éléments sont choisis et harmonisés dans la création de l'ensemble, répond à une structure fidèle aux principes mais qui atteint ici à un équilibre parfait dans les proportions. Peu d'œuvres la surpassent dans l'évolution des formes basilicales qui, à cette époque encore, se multipliaient dans le pays, et offraient à ce moment même une immense richesse d'éléments dont on trouve l'emploi dans une foule d'églises. On peut donc présenter avec raison l'église de Cardona comme le modèle le plus achevé qui mérite de caractériser cette époque.
(extrait de : "Catalogne romane 1 ; Edouard Junyent, Ed. Zodiaque, 2ème édition, Coll. Nuit des temps, pp. 89-99)
Eglise Sant-Vincenc de Cardona
Eglise romane Sant-Vicenc ; commune de Cardona, comarque de Barges, province de Barcelona, Catalogne, Espagne
L'église s'étend sur un plan basilical à trois nefs avec transept surmonté d'un dôme, et chevet triabsidal. A l'entrée un portique supporte une galerie ouverte à l'intérieur. Les nefs sont divisées par deux rangs de trois piliers massifs de 2 m. 65 d'épaisseur, de plan cruciforme et comportant des saillies d'où partent les gros arcs qui élèvent à une hauteur de 19 m. 80 la voûte - en berceau ininterrompu - de la nef centrale, ainsi que les doubleaux qui la partagent en trois travées et retombent sur des demi-pilastres engagés dans les murs latéraux. Les bas-côtés sont recouverts de voûtes d'arêtes, à raison de trois par travée. Leur hauteur a 9 m. de moins que celle de la nef principale, ce qui permet que cette dernière soit éclairée directement par les fenêtres ouvertes sur le mur qui surplombe les bas-côtés, et dont le rythme de distribution est identique à celui des fenêtres pratiquées tout le long des collatéraux.
Le transept dont les bras aux voûtes semi-circulaires dépassent de peu le plan des nefs, soutient la coupole centrale développée sur trompes d'angles. Au fond de chaque côté s'ouvrent des absidioles lisses, encadrant le sanctuaire formé d'un espace rectangulaire qui précède l'hémicycle de la grande abside. On y accède au moyen de deux escaliers dus au dénivellement causé par la crypte à laquelle conduit un escalier central. L'ensemble de cette enceinte est modelé par la présence, sur les murs des côtés, de deux hautes niches, éléments que l'on retrouve dans le circuit interne de l'abside. L'éclairage du chevet est assuré par des fenêtres ouvertes respectivement au milieu de chaque absidiole et sur les murs du fond du transept, en plus de celles pratiquées de chaque côté du sanctuaire, à l'intérieur des niches. Comme dans les constructions antérieures, toutes les fenêtres sont à simple ébrasement vers l'intérieur, et avec des douelles taillées.
La crypte dont la surface coïncide avec celles du sanctuaire et de l'abside centrale, occupe un espace de 10 m. de long sur 5 m. de large pour une hauteur de 2 m. 67. Elle est recouverte d'une voûte d'arêtes et divisée en trois nefs par deux rangs de cinq colonnes provenant sans doute de l'ancienne église, et surmontées de blocs rustiques tenant lieu de chapiteaux. Ces blocs ne sont pas sculptés mais façonnés de manière à faciliter le passage de la base circulaire à la base carrée des arcs et des arêtes élevées qui retombent sur les murs latéraux en formant des saillies s'appuyant sur une banquette, exactement comme à la crypte de la cathédrale de Vich, sa contemporaine.
L'atrium précède l'accès du temple, adossé à la façade dont la partie haute est percée d'une unique baie circulaire. Il comprend trois travées recouvertes de voûtes d'arêtes et aux extrémités desquelles se développent les escaliers hélicoïdaux à l'intérieur de tours disparues qui montaient au toit. Dans sa partie supérieure il forme une galerie, située au fond de la nef centrale et servant de tribune aux habitants du château.
Les voûtes de l'atrium avaient été couvertes au XIIe siècle de fresques de la même main que celles de l'abside de Polinya. On a réussi à sauver une grande partie de cette décoration faite de franges ornementales entourant un cercle central dans lequel étaient représentés le Pantocrator, la Sainte Vierge et le thème de la Présentation au temple. Les murs de l'atrium avaient été ornés au cours du XVe siècle, de nouvelles peintures comprenant des figurations historiques dont la plupart ont disparu.
L'aspect extérieur de l'édifice est défiguré par le surhaussement de la couverture des bas-côtés, probablement terminée en terrasse, et par d'autres constructions qui enlaidissent le dôme. Mais les murs latéraux, renforcés par des contreforts rudimentaires, montrent librement la riche décoration de doubles arcatures entre lésènes qui s'étend au transept et revêt les absides. De même qu'à Cassérres et à Ripoll des fenêtres aveugles sont placées sous les arcatures de la grande abside et envahissent aussi les murs, tout proches, du transept.
Les petits blocs caractéristiques en pierre taillée, utilisés dans cette construction, offrent un parement régulier au service de la structure. Si celle-ci présente à l'extérieur l'ornement d'arcatures, de lésènes et d'arcs aveugles, l'intérieur par contre est parfaitement lisse et n'a d'autres saillies que celles des doubleaux, formerets et simples impostes qui s'interposent pour recevoir les grands arcs. La forme, inspirée de la distribution basilicale, unie à un transept soutenant la coupole, trouve le moyen de couvrir les espaces en utilisant la voûte en berceau ininterrompu dans la nef centrale et les bras du transept, et en berceau combiné avec des arêtes dans les collatéraux, sur croisement d'arcs réduits à un minimum de supports. On a pu obtenir ainsi une plus grande élévation du corps central qui permet de profiter de la lumière des hautes fenêtres tout en maintenant l'équilibre de la construction au moyen de contreforts rudimentaires qui reçoivent à l'extérieur la poussée des doubleaux. Les admirables proportions, sensibles dans la distribution des enceintes, la sveltesse des arcs, même la hauteur des absides, dénotent une maîtrise absolue de ce genre de constructions qui, selon Puig i Cadafalch, suppose un artiste connaisseur de son art et formé par une tradition antérieure. Celui-ci soigna son œuvre à tel point que l'on n'y trouve aucune trace de tâtonnement ou d'essai. Il n'y a pas d'éléments nouveaux qui ne proviennent du domaine de l'art lombard le plus rapproché des types basilicaux; tant dans la disposition que dans les détails, ou même dans la profusion des niches entourant le sanctuaire. La savante ordonnance avec laquelle tous ces éléments sont choisis et harmonisés dans la création de l'ensemble, répond à une structure fidèle aux principes mais qui atteint ici à un équilibre parfait dans les proportions. Peu d'œuvres la surpassent dans l'évolution des formes basilicales qui, à cette époque encore, se multipliaient dans le pays, et offraient à ce moment même une immense richesse d'éléments dont on trouve l'emploi dans une foule d'églises. On peut donc présenter avec raison l'église de Cardona comme le modèle le plus achevé qui mérite de caractériser cette époque.
(extrait de : "Catalogne romane 1 ; Edouard Junyent, Ed. Zodiaque, 2ème édition, Coll. Nuit des temps, pp. 89-99)