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Eglise Saint-Hérie de Matha

Eglise (partiellement) romane Saint-Hérie ; commune de Matha, Charente-Maritime 17, Poitou-Charentes, France

 

L'église Saint-Hérie du XIIe siècle présente une belle façade-écran romane malheureusement brisée. On y perçoit des vestiges d'un cavalier sculpté et d'une statue féminine vêtue d'un bliaud. La tradition locale y voit Sainte Blandine, mais aucune preuve historique ne corrobore cette attribution. Au revers de cette façade se trouvent deux gros chapiteaux romans, visiblement plus anciens, remontés dans l'église. Le chœur a été fortement remanié au XIVe siècle dans le style gothique rayonnant. Présentant des hautes baies ornées de remplages, il rappelle en version modeste l'élévation de la Sainte-Chapelle de Paris. Ce chœur a été entièrement restauré dans les années 1960 (réouverture des baies, réfection de la voûte, réalisation d'une clef de voûte). À la même époque, on ôta les peintures du XIXe siècle qui ornaient les murs et colonnes de la nef romane. Depuis, l'église présente un intérieur très sobre.

 

(extrait de : fr.wikipedia.org/wiki/Matha#Patrimoine_religieux)

 

Seule la façade, en partie mutilée, ainsi que certaines des fenêtres des murs goutterots nous retiendront, le reste de l'église ayant été reconstruit à diverses époques, notamment un chœur XVe siècle, assez élégant, avec corniche romane remployée. Cette façade est rectangulaire, comme souvent en Saintonge. Malgré la ruine de sa partie Nord, nous retrouvons aisément à Matha le dessin de cette grande page liminaire aux proportions nobles. Elle appartient au type aquitain des façades-écran, divisées en trois parties par de hautes colonnes et qui s'appliquent aussi bien aux églises à nef centrale et bas-côtés, comme ce fut le cas à l'origine et peut se déceler encore à l'intérieur, qu'aux nombreux sanctuaires à un seul vaisseau. Ici les contreforts-colonnes groupés par deux au centre ne montent pas jusqu'au sommet, mais reçoivent les retombées des arcs supérieurs. En revanche ils répondent aux élégantes colonnes qui amortissent les angles et soutiennent la belle corniche sculptée au chanfrein, au-dessus des modillons variés qui couronnent harmonieuse­ment le sommet. Horizontalement, un bandeau délimite les deux étages de trois arcs ; ceux du centre qui entourent respectivement la porte et la fenêtre ont une ampleur et une importance supérieures à celles des voussures latérales. Toutes ces arcatures et leurs archivoltes sont richement ornées de décorations animales, géométriques ou florales très soignées, de belles lignes pleines et souples, groupées par claveaux uniformes, ce qui leur donne, comme à l'abside de Marestay, une certaine sécheresse monotone, surtout à l'étage. Le rez-de-chaussée mieux traité, avec plus de rondeur, et dont un rouleau est plus vivant, formé au moins partiellement de monstres contorsionnés, reste plus plaisant. Quant aux voussures du haut, elles représentent bien une tendance décorative appliquée à quelques églises de la Saintonge. La disposition générale de cette façade-écran vient du Poitou et nous y retrouvons les grandes lignes de Parthenay-le-Vieux, suivies à l'Abbaye aux Dames de Saintes. Notons les petites ouvertures des écoinçons supérieurs, destinées à donner de l'air aux combles, et les légers entablements formant diamètre aux arcs et qu'on rencontre fréquemment. Mais cette disposition à larges arcades au premier étage appelle un motif familier dans l'Ouest, celui du cavalier, cher aux églises aquitaines. Il ne reste à Saint-Hérie qu'un fragment de ce qui fut une imposante statue équestre, mais son pendant subsiste, cette hautaine et svelte vision d'une femme à robe plissée, dont les manches si longues recouvrent les mains et tombent très bas, suivant la mode chère aux contemporaines d'Aliénor d'Aqui­taine; nous pouvons comparer cette statue, l'une des plus belles de nos provinces de l'Ouest, dont la tête malheureusement a dû être refaite, à l'une de celles de Chadenac. Si le sens du cavalier peut être parfois différent, il semble bien qu'ici, comme dans la majorité des cas, il représente Constantin en face de l'Église dont il fut en quelque sorte le chevalier libérateur. Le folklore local voulait reconnaître dans la femme sainte Blandine, sans doute à cause des têtes de lion ou de démon qui servent de support et auraient dévoré la sainte. Nous remarquerons encore le dessin soigné des fenêtres latérales Sud, sur lequel nous porterons le même jugement que sur les voussures de la façade. Au Nord, seule la dernière, proche de la façade, mérite d'être vue attentivement pour son amusante fantaisie. Déjà les claveaux de l'arc présentent une curieuse variété de chimères ailées à têtes diversifiées, mais le linteau échancré qui termine le plein cintre de l'ouverture offre une figuration étrange de cet âge où le démon hantait les imaginations : c'est une large tête diabolique renversée qui croque à belles dents deux damnés qui essaient de fuir par la commissure des lèvres, note caricaturale de Léviathan.

 

(extrait de : "Saintonge romane" ; François Eygun ; Coll. Nuit des Temps, Ed. du Zodiaque, pp. 194-195)

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Uploaded on October 29, 2010
Taken on June 6, 2010