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Baptistère San Giovanni à Florence

Baptistère roman San Giovanni ; commune de Firenze, province de Firenze, région de Toscane, Italie

 

Un problème … est celui de savoir si le baptistère florentin de San Giovanni est la réfection d’un édifice paléochrétien antérieur ou s’il est le résultat d’une reconstruction radicale survenue au XIe siècle. Il est difficile de donner une réponse à ce problème chronologique de fond, même s’il est incontestable que le « beau San Giovanni », sous l’aspect architectural qu’il revêt aujourd’hui, constitue l’expression la plus significative de l’art roman tel qu’il s’est formé dans le milieu florentin entre le XIe et le XIIIe siècle. De toute façon, l’importance de l’édifice dans l’histoire du développement de l’architecture et de la sculpture à Florence est considérable : mieux que n’importe quelle autre architecture urbaine de la période romane, le baptistère exprime cette préférence pour les formes géométriques et pour la netteté des espaces qui, dès ses premières manifestations, caractérisera la conception architecturale florentine, attachée par tant d’aspects à une interprétation classique de l’espace, entendue comme une forme plutôt que comme une force. Selon l’hypothèse suggestive mise en avant par Argan, une explication plausible du classicisme florentin est à chercher moins dans la persistance d’une fidélité générale à l’antique que dans « l’orientation doctrinale de l’intense vie religieuse de la cité » où le milieu culturel du XIe siècle soutient la thèse, d’origine bénédictine, selon laquelle est considérée comme superflue toute argumentation logique sur la « vérité qui est en elle-même rationnelle et dont la démonstration est implicite dans la clarté de l’énoncé de la forme ». Tels sont les principes sous-jacents à l’origine d’une conception artistique où l’architecture devra s’exprimer en des formes géométriques évidentes qui en révèlent immédiatement la rationalité. Le plan de l’édifice se rattache aux édifices baptismaux des origines chrétiennes; en ce qui concerne l’élévation, selon les principes architecturaux de l’âge classique, le poids de la coupole, à la double couverture renforcée par des arcs diaphragmes, charge ses murs gouttereaux mais aussi ses colonnes et ses pilastres adossés aux murs, selon une solution ingénieuse qui reflète les conquêtes de l’architecture byzantine et qui permet de traduire en motifs architecturaux de toute beauté les nécessités d’ordre statique. A l’extérieur, l’édifice ne possédait pas à l’origine cette clarté dans la répartition des volumes qui lui vient surtout de la partie supérieure, avec sa couverture octogonale heureusement raccordée au prisme octogonal de base. Dans la construction telle qu’elle se présente aujourd’hui, on observe une nette prédominance des lignes droites, qui n’est troublée par aucun élément curviligne, du fait que l’abside semi-circulaire a été remplacée par la scarsella, et les arcades aveugles qui se déroulent sur les faces de l’octogone s’y posent comme de simples formes de géométrie plane et de ce fait ne possèdent qu’une signification graphique. A la netteté des structures s’accordent les dessins du parement externe bicolore, à incrustation de serpentine verte dans des marbres blancs, parfois de remploi comme le montrent certains fragments d’inscriptions. Chaque face de l’octogone est divisée par des pilastres surmontés d’un entablement dans la partie basse et couronnés dans la partie haute d’arcs aveugles entourant des fenêtres à édicule avec fronton triangulaire ou curviligne. Ces dernières se réfèrent évidemment à des modèles classiques, réinterprétés cependant avec une originalité qui s’exprime en termes d’une « gracieuse élégance ». En particulier le motif de la fenêtre rectangulaire surmontée du triangle du tympan représentera ultérieurement pour l’architecture florentine un type qui connaîtra une grande fortune « non seulement comme modèle, mais surtout comme indice d’un sens beaucoup plus architectural que décoratif dans le traitement des détails » (G. Fanelli). Entre les arcades aveugles et les pilastres à entablement de la partie inférieure se déploie une suite de petites galeries stylisées de réminiscence lombarde, mais obtenues simplement par les incrustations et donc réduites, elles aussi, à de purs symboles graphiques.

Dans la partie supérieure se trouve l’attique ajouté au XIIIe siècle pour recevoir le toit pyramidal de la couverture qui masque la coupole. Du point de vue décoratif, ce troisième registre se caractérise par la pureté des surfaces sur lesquelles se déploient les sobres incrustations géométriques en deux couleurs et les pilastres, en faible relief, qui ne se distinguent guère du fond que par le contraste de couleur. Les

plaques de marbre blanc de la couverture pyramidale, parfaitement lisse, mettent au maximum en évidence le volume de l’édifice qui dans la partie supérieure tend à apparaître comme une sorte de templum cristallinum. La lanterne qui surmonte le toit reprend à son tour le thème de l’octogone dans le très décoratif entablement porté par des colonnettes. La légèreté de l’appareil décoratif à l’extérieur devait ressortir davantage avant que les arêtes n’aient été renforcées par la solution malheureuse des solides pilastres d’angle : leur dichromie horizontale contraste aussi bien avec l’allure des pilastres qui forment les arcades qu’avec la fonction propre des arêtes qui devrait être de délimiter les faces et non d’en opérer la jonction. …

 

(extrait de : Toscane romane ; Italo Moretti et Renato Stopani, Ed. Zodiaque, Coll. La nuit des Temps, 1982, pp. 121-127)

 

Coordonnées GPS : N43°46’24 ; E11°15’17

 

 

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Uploaded on September 14, 2014
Taken on August 26, 2013