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Collégiale de San Quirico d'Orcia
Collégiale romane ; commune de San Quirico d’Orcia, province de Sienne, région de Toscane, Italie
Le plan de la collégiale de San Quirico d’Orcia se rattache à un schéma très répandu, surtout dans l’architecture monastique : la croix latine à nef unique et transept saillant. L’édifice se terminait, comme nous l’avons dit, par une abside semi-circulaire, mais la forme polygonale des absidioles des bras du transept est tout à fait inhabituelle, au moins en Toscane. Ce qui semble plus surprenant dans cet édifice de dimensions modestes et de structure simple - il lui manque par exemple une coupole avec tour-lanterne souvent présente dans certains types de plans - c’est la richesse des éléments architecturaux tels que les portails et les fenêtres. Si l’abondance du décor peut se justifier par l’importance prise par San Quirico d’Orcia comme résidence des vicaires impériaux et comme étape sur la via Fraucigena, c’est la présence de cette route, une des plus fréquentées du Moyen Age, qui explique la diversité des influences artistiques. Du reste la splendide pierre tombale du comte de Nassau, mort à San Quirico au cours du voyage de retour du jubilé de 1450 et enterré dans la collégiale, nous rappelle que la localité était un lieu de passage pour les pèlerins, et pas seulement pour eux. La façade de la collégiale, précédée d’un escalier de quelques marches, est couronné d’arceaux légèrement brisés dont l’axe est perpendiculaire aux rampants du fronton - comme dans la collégiale d’Asciano -, trait de saveur déjà gothique, comme aussi la baie circulaire à rose en rayons de roue. Mais l’imposant portail qui s’y ouvre - en vérité hors de proportions avec les dimensions de la façade - est le plus complet des portails en saillie à la manière lombarde dans tout le territoire siennois, et on le rattache à l’avant-dernière décennie du XIIe siècle. Le portail est précédé d’un avant-corps en légère saillie, dont l’arc finement décoré est reçu par deux paires de colonnettes nouées, posées sur deux lions couchés et disposés parallèlement à la façade
Au-dessous, le portail présente un large ébrasement garni de faisceaux de colonnettes soutenant une série d’arcs concentriques formés de voussures, de tores et de bandeaux. Les chapiteaux des colon- nettes sont en général constitués de feuillage, tandis que deux d’entre eux ont pour tailloir des têtes d’animaux. Sur le linteau se trouve un bas-relief avec un combat d’animaux fantastiques, et dans le tympan est insérée une statuette byzantinisante où l’on croit reconnaître le pape saint Damase II. De la sculpture de ce portail Salmi a dit « qu’elle évoque, comme aucune autre en Toscane, l’effrayant monde des symboles de l’époque romane » et qu’on peut la considérer comme « le plus grand labeur ornemental de la région siennoise vers la fin du XIIe siècle ». Dans le mur Sud de la collégiale qui longe l’antique via Franeigena et est couronné d’une frise d’arceaux trilobés, s’ouvre un autre portail flanqué de deux fenêtres. Chacune de celles-ci se compose de deux ouvertures jumelées au profond ébrasement, inscrites dans un arc et ornées d’un boudin sur la partie interne des piédroits. Sur la fenêtre à droite de la porte, le boudin central est supporté, à la façon d’une cariatide, par un petit homme à l’expression vigoureuse, de nette influence pisane. C’est également à l’art pisan qu’il faut rattacher le portail. Il s’inscrit dans un avant-corps surmonté d’un gable et porté par deux solides cariatides posées sur des lions. Le gable est décoré sur les côtés de deux colonnettes appuyées sur le dos de deux animaux. Les voussures de l’avant-corps comme celles du portail ont leur extrados légèrement surhaussé à la manière pisane, mais assurément le décor du linteau et des chapiteaux des piédroits qui encadrent l’ouverture de la porte présentent un type d’ornementation assez répandu dans la région siennoise. Les sculptures des cariatides et des lions paraissent l’œuvre d’un artiste à la personnalité éminente appartenant à la tradition gothique vécue par Pise. L’inscription JOHES au fronton du gable avait fait avancer le nom de Giovanni Pisano, depuis 1287 directeur en chef de l’Opéra del Duomo de Sienne. Mais cette indication semble plutôt se rapporter aux fonts baptismaux placés précisément en face de ce portail. Il paraît assuré que l’artiste qui a travaillé au portail méridional de la collégiale de San Quirico devait se considérer comme un bon élève de Giovanni, ou du moins comme appartenant à son école. Un troisième portail, plus modeste que les précédents, s’ouvre à l’extrémité du bras droit du transept et une inscription du linteau nous dit qu’il a été exécuté en 1298 : HOC OPUS FACTUM EST TEMPORE DOMINI LOCTI ARCHIPRESBITERI .A.D. MCCLXXXXVIII. Le portail, profondément ébrasé, a des piédroits constitués d’une suite serrée de colonnettes et de petits piliers placés de biais, de façon à ne former qu’une seule masse ornementale. La série des voussures en plein cintre faites de tores et de bandeaux plats n’a pas l’élan gothique de l’ensemble qu’accentue par ailleurs le haut gable. A part le chœur, postérieur, et les deux bras du transept voûtés en croisées d’ogives, la couverture de l’édifice a été exécutée en charpente apparente. Masquée par les voûtes baroques, elle a été remise au jour pendant les dernières années trente. On a retrouvé pratiquement intactes les poutres polychromes originelles, précieux témoignage d’une technique remontant à l’époque même où elle fut utilisée.
(extrait de : Toscane romane ; Italo Moretti et Renato Stopani, Ed. Zodiaque, Coll. La nuit des Temps, 1982, pp. 225-229)
Coordonnées GPS : N43°04’00 ; E11°36’00
Collégiale de San Quirico d'Orcia
Collégiale romane ; commune de San Quirico d’Orcia, province de Sienne, région de Toscane, Italie
Le plan de la collégiale de San Quirico d’Orcia se rattache à un schéma très répandu, surtout dans l’architecture monastique : la croix latine à nef unique et transept saillant. L’édifice se terminait, comme nous l’avons dit, par une abside semi-circulaire, mais la forme polygonale des absidioles des bras du transept est tout à fait inhabituelle, au moins en Toscane. Ce qui semble plus surprenant dans cet édifice de dimensions modestes et de structure simple - il lui manque par exemple une coupole avec tour-lanterne souvent présente dans certains types de plans - c’est la richesse des éléments architecturaux tels que les portails et les fenêtres. Si l’abondance du décor peut se justifier par l’importance prise par San Quirico d’Orcia comme résidence des vicaires impériaux et comme étape sur la via Fraucigena, c’est la présence de cette route, une des plus fréquentées du Moyen Age, qui explique la diversité des influences artistiques. Du reste la splendide pierre tombale du comte de Nassau, mort à San Quirico au cours du voyage de retour du jubilé de 1450 et enterré dans la collégiale, nous rappelle que la localité était un lieu de passage pour les pèlerins, et pas seulement pour eux. La façade de la collégiale, précédée d’un escalier de quelques marches, est couronné d’arceaux légèrement brisés dont l’axe est perpendiculaire aux rampants du fronton - comme dans la collégiale d’Asciano -, trait de saveur déjà gothique, comme aussi la baie circulaire à rose en rayons de roue. Mais l’imposant portail qui s’y ouvre - en vérité hors de proportions avec les dimensions de la façade - est le plus complet des portails en saillie à la manière lombarde dans tout le territoire siennois, et on le rattache à l’avant-dernière décennie du XIIe siècle. Le portail est précédé d’un avant-corps en légère saillie, dont l’arc finement décoré est reçu par deux paires de colonnettes nouées, posées sur deux lions couchés et disposés parallèlement à la façade
Au-dessous, le portail présente un large ébrasement garni de faisceaux de colonnettes soutenant une série d’arcs concentriques formés de voussures, de tores et de bandeaux. Les chapiteaux des colon- nettes sont en général constitués de feuillage, tandis que deux d’entre eux ont pour tailloir des têtes d’animaux. Sur le linteau se trouve un bas-relief avec un combat d’animaux fantastiques, et dans le tympan est insérée une statuette byzantinisante où l’on croit reconnaître le pape saint Damase II. De la sculpture de ce portail Salmi a dit « qu’elle évoque, comme aucune autre en Toscane, l’effrayant monde des symboles de l’époque romane » et qu’on peut la considérer comme « le plus grand labeur ornemental de la région siennoise vers la fin du XIIe siècle ». Dans le mur Sud de la collégiale qui longe l’antique via Franeigena et est couronné d’une frise d’arceaux trilobés, s’ouvre un autre portail flanqué de deux fenêtres. Chacune de celles-ci se compose de deux ouvertures jumelées au profond ébrasement, inscrites dans un arc et ornées d’un boudin sur la partie interne des piédroits. Sur la fenêtre à droite de la porte, le boudin central est supporté, à la façon d’une cariatide, par un petit homme à l’expression vigoureuse, de nette influence pisane. C’est également à l’art pisan qu’il faut rattacher le portail. Il s’inscrit dans un avant-corps surmonté d’un gable et porté par deux solides cariatides posées sur des lions. Le gable est décoré sur les côtés de deux colonnettes appuyées sur le dos de deux animaux. Les voussures de l’avant-corps comme celles du portail ont leur extrados légèrement surhaussé à la manière pisane, mais assurément le décor du linteau et des chapiteaux des piédroits qui encadrent l’ouverture de la porte présentent un type d’ornementation assez répandu dans la région siennoise. Les sculptures des cariatides et des lions paraissent l’œuvre d’un artiste à la personnalité éminente appartenant à la tradition gothique vécue par Pise. L’inscription JOHES au fronton du gable avait fait avancer le nom de Giovanni Pisano, depuis 1287 directeur en chef de l’Opéra del Duomo de Sienne. Mais cette indication semble plutôt se rapporter aux fonts baptismaux placés précisément en face de ce portail. Il paraît assuré que l’artiste qui a travaillé au portail méridional de la collégiale de San Quirico devait se considérer comme un bon élève de Giovanni, ou du moins comme appartenant à son école. Un troisième portail, plus modeste que les précédents, s’ouvre à l’extrémité du bras droit du transept et une inscription du linteau nous dit qu’il a été exécuté en 1298 : HOC OPUS FACTUM EST TEMPORE DOMINI LOCTI ARCHIPRESBITERI .A.D. MCCLXXXXVIII. Le portail, profondément ébrasé, a des piédroits constitués d’une suite serrée de colonnettes et de petits piliers placés de biais, de façon à ne former qu’une seule masse ornementale. La série des voussures en plein cintre faites de tores et de bandeaux plats n’a pas l’élan gothique de l’ensemble qu’accentue par ailleurs le haut gable. A part le chœur, postérieur, et les deux bras du transept voûtés en croisées d’ogives, la couverture de l’édifice a été exécutée en charpente apparente. Masquée par les voûtes baroques, elle a été remise au jour pendant les dernières années trente. On a retrouvé pratiquement intactes les poutres polychromes originelles, précieux témoignage d’une technique remontant à l’époque même où elle fut utilisée.
(extrait de : Toscane romane ; Italo Moretti et Renato Stopani, Ed. Zodiaque, Coll. La nuit des Temps, 1982, pp. 225-229)
Coordonnées GPS : N43°04’00 ; E11°36’00