Dans l'épicerie de Lishan

Je venais d'arriver dans le village de Lishan. Le chauffeur du bus a refusé de me faire payer mon billet. Le fond de l'air était frais, témoin de l'altitude du lieu dont je n'avais pas encore tout à fait pris la mesure. Rue poussiéreuse, deux-roues et camions locaux, habitants en bottes, casques facultatifs pour les chauffeurs de scooters, foulards, doudounes, et le mec qui fumait sa clope au fond du magasin... J'étais loin de m'imaginer que ce village possédait pas moins de dix hôtels prêts à accueillir de nombreux visiteurs. Ni qu'on y récoltait un thé parmi les plus réputés de Taïwan. Ce qui est certain et marque la singularité du lieu, c'est qu'aucune ville importante de l'ile n'est située à moins d'un interminable trajet le long de splendides routes sinueuses. Et que ce magasin ne disposait que d'une proportion bien limitée de produits de marque, industriels, standardisés, emballés comme partout ailleurs. Ceci le démarquait tant de l'écrasante majorité des localités taïwanaise, toutes colonisées par les "convenience store" de grandes chaînes uniformisées. Ce village n'est apparemment pas rentable, au sens des seigneurs du commerce de détail international.

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