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3 - 16 juillet 2010 Milly-la-Forêt Visite de la maison de Jean Cocteau Sur la cheminée du bureau

www.milly-la-foret.fr/La-maison-de-Jean-Cocteau

Patrimoine - La maison où vécut Jean Cocteau, dans le Gâtinais, ouvre au public.

A l'automne 1947, le poète des villes se fait poète des champs, Jean Cocteau quitte la rue Montpensier, à Paris, pour la campagne du Gâtinais, à Milly-la-Forêt. « C'est la maison qui m'attendait », note en marge de La Difficulté d'être celui qui ressent aussi la difficulté de se fixer. L'entresol étroit sous les arcades du Palais-Royal, dans le voisinage de Colette, n'est plus qu'un havre de secours ; le poète élit désormais pour résidence principale cette belle bâtisse de deux étages, acquise avec l'aide de Jean Marais. Retranchée au milieu de bois et de vergers, cernée d'un lacis miroitant de douves, c'est l'île de Robinson, dont Edouard Dermit, nouveau compagnon du poète, est le Vendredi. Cocteau y rédige son journal (Le Passé défini), son discours de réception sous la Coupole (le 20 octobre 1955).

Dans le salon au rez-de-chaussée, dans le bureau et la chambre du premier étage, l'auteur de La Machine infernale s'entoure des fétiches qui ont survécu à ses errances : le grand dessin de Christian Bérard représentant OEdipe jouant aux cartes avec le Sphinx, un bronze de Persée et d'Andromède offert par les Noailles, une tête de Raymond Radiguet sculptée par Lipchitz. Sur des plaques d'ardoise, au mur, sont jetés à la craie, par crainte des défaillances d'une « mémoire criblée de trous », numéros de téléphone et rendez-vous. Car les visiteurs sont assidus : de Georges Auric à Marlene Dietrich, du couple Jouhandeau au jeune Pierre Bergé. C'est à ce dernier qu'Edouard Dermit, qui occupe et conserve la maison en l'état après la mort de Cocteau, en 1963, confie le droit moral sur son oeuvre. En 2002, le Conseil régional d'Ile-de-France, le Conseil général de l'Essonne et Pierre Bergé acquièrent l'édifice, financent sa rénovation, pour l'aménager et l'ouvrir au public - lieu vivant de mémoire et d'exposition. A deux pas se dresse la chapelle Saint-Blaise-des-Simples que Cocteau, en 1960, « tatoue » de fresques (comme les murs de la villa Santo Sospir de son amie Francine Weisweiller, à Saint-Jean-Cap-Ferrat) ; il y est inhumé sous une dalle, dont il avait prévu l'épitaphe : « Je reste avec vous ». Grâce à la réouverture de sa maison, c'est nous, maintenant, qui demeurons avec lui.

Gilles Macassar

Télérama n° 3154 - 26 juin 2010

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Uploaded on July 21, 2010
Taken on July 16, 2010