Ronan Follic
Pors Loubous - Cap Sizun - Bretagne
D'Estienne d'Orves, héros de la résistance
Le 27 juin 1991, un hommage à la mémoire de Honoré d'Estienne d'Orves a été rendu à Pors Loubous sur le lieu même de son débarquement. Les hommes de l'aviso d'Estienne d'Orves étaient présents, emmenés par leur commandant, le capitaine de frégate Thierry Bonne, qui prononça le discours suivant :
Ici-même, le 22 décembre 1940, par une nuit froide, arrive le bateau de pêche la Marie-Louise. Jean-François Follic (mon grand-père) en est le patron. Son équipage se compose de Pierre Cornec, Yves-Deguin, Jean Biger et Martial Bizien. Le CC Honoré d'Estienne d'Orves a embarqué en Angleterre et revient ici en France.
Vingt ans auparavant, après l'Ecole Polytechnique, il a commencé sa carrière dans la Marine, et a longuement navigué sur toutes les mers du globe. Ne pouvant se résoudre à la défaite de mai 1940 et à l'armistice, il quitte la flotte d'Alexandrie et rejoint l'Angleterre. A son Amiral, il écrit alors . « Sans me permettre de juger le Département, je ne puis me croire qualifié pour reconstruire la France ainsi qu'on nous le propose. Tant qu'il y aura une lueur d'espoir je combattrai pour débarrasser mon pays de l'emprise de cet homme qui veut détruire nos familles et nos traditions. Mes ancêtres se sont battus jusqu'au bout, je ne puis faire autrement que les imiter. » [...] Car Honoré d'Estienne d'Orves sait que la résistance, c'est surtout la résistance à l'ennemi, là où il se trouve et, d'abord, en France.
Le voici donc ici à Plogoff au soir du 22 décembre 1940. Follic et Cornec conduisent en canot le Commandant d'Estienne d'Orves et "Marty" (le quartier-maître radio qui l'accompagne) de la Marie-Louise, mouillée au large jusqu'à la digue de Pors-Loubous. Pierre Cornec accompagne les deux passagers jusqu'à la maison des Normant. En arrivant chez eux le Commandant d'Estienne d'Orves s'écrie, tombant à genoux « Me voilà de nouveau sur la terre de France ! ».
Dès le lendemain il rencontre le lieutenant Barlier à la baie des Trépassés. Puis des contacts sont pris à Nantes et Paris. Entre le 22 décembre 1940 et le 22 janvier 1941, les membres du réseau NEMROD, sous la responsabilité de leur chef d'Estienne d'Orves, font parvenir des renseignements par radio à Londres.
Trahis par Marty, les membres du réseau sont arrêtés le 22 janvier. Emprisonnés à Berlin puis a la prison du Cherche-Midi à Paris, ils sont jugés du 13 au 16 mai.
De sa cellule, avant la première audience, le commandant d'Estienne d'Orves a donné ses ordres à ses compagnons : « Vous avez fait votre devoir. Il vous en reste deux à remplir : sauver les camarades qui ne sont pas arrêtés et sauver vos têtes à cause de vos familles. Ne faites pas de patriotisme cocardier : cherchez et trouvez des alibis, faites les moi connaitre, je les confirmerai et je vous couvre tous. Mettez tout sur mon compte, autant que possible. »
Cérémonie réunissant des anciens combattants et une délégation de l'aviso D'Estienne d'Orves pour un dépot de gerbes et hommage à la mémoire du lieutenant de vaisseau d'Estienne d'Orves (27 juin 1991).
Neuf personnes sont condamnées à mort, les autres à des peïnes de travaux forcés. Pendant tout son séjour à la prison de Fresnes et jusqu'à l'heure de sa mort le 29 août 1941, Honoré d'Estienne d'Orves communique aux autres prisonniers sa très grande hauteur morale.
« Que personne ne songe à me venger. Je ne désire que la paix dans la grandeur retrouvée de la France. Dites bien à tous que je meurs pour elle, pour sa liberté entière, et que j'espère que mon sacrifice lui servira. ». Nous, marins de l'aviso "D'ESTIENNE D'ORVES", sommes fiers de porter un tel nom.
D'Estienne d'Orves, hero of the resistance
On June 27, 1991, a tribute to the memory of Honoré d'Estienne d'Orves was paid to Pors Loubous on the spot of his landing. The men of the sloop, Inc. Headquarters were present, led by their commander, Commander Thierry Bonne, who delivered the following speech:
Right here, December 22, 1940, on a cold night, comes the fishing boat the Marie-Louise. Jean-François Follic (my grandfather) is the boss. Its crew consists of Pierre Cornec, Yves-Deguine, Jean and Martial Biger Bizien. The CC Honoré d'Estienne d'Orves embarked in England and returned here in France.
Twenty years ago, after the Ecole Polytechnique, he began his career in the Navy, and at length sailed all seven seas. Unable to bring himself to defeat in May 1940 and the armistice, he left the fleet in Alexandria and went to England. On his Admiral, he wrote then. "Without me to judge the Department, I can not believe qualified to rebuild France and that we propose. As long as there is a glimmer of hope I will fight to rid my country from the grip of the man who wants to destroy our families and traditions. My ancestors fought to the end, I can not help but follow suit. "For [...] Honoré d'Estienne d'Orves known that resistance, especially resistance to the enemy where he is and, first in France.
So here Plogoff by the evening of December 22, 1940. Follic Cornec and lead canoe Commandant d'Estienne d'Orves and "Marty" (the quartermaster accompanying radio) of the Marie-Louise, wet up off the dam of Pors-Loubous. Pierre Cornec accompanies two passengers to the house of the Standards. Upon arriving home the Commandant d'Estienne d'Orves cried, falling on his knees "Here I am again in the land of France! ".
The next day he met Lieutenant Barlier at the Bay of Souls. And contacts are made in Nantes and Paris. Between 22 December 1940 and January 22, 1941, members of the network Nimrod, under the responsibility of their leader, Inc. Headquarters, shall send information by radio in London.
Betrayed by Marty, network members were arrested Jan. 22. Imprisoned in Berlin and then the prison of Cherche-Midi in Paris, they are considered the May 13 to 16
From his cell before the first hearing, the commander, Inc. Headquarters gave orders to his companions: "You have done your duty. There you have two more to complete: saving the comrades who are not arrested and save your heads because your families. Do not jingoistic patriotism: looking to find alibis, make me know, I confirm and I cover all. Put everything on my account, as far as possible. "
Ceremony attended by veterans and a delegation of the sloop D'Estienne d'Orves for a wreath laying and tribute to the memory of Lieutenant d'Estienne d'Orves (June 27, 1991).
Nine people sentenced to death, others were sentenced to hard labor. Throughout his stay in Fresnes prison until the time of his death August 29, 1941, Honoré d'Estienne d'Orves communicate to his fellow prisoners great moral height.
"Let no one think of revenge. I do not want that peace in the greatness of France found. Well tell everyone that I die for her, for her complete freedom, and hope that my sacrifice will serve. ". We, the sailors of the sloop "D'Estienne d'Orves," are proud to wear such a name.
Pors Loubous - Cap Sizun - Bretagne
D'Estienne d'Orves, héros de la résistance
Le 27 juin 1991, un hommage à la mémoire de Honoré d'Estienne d'Orves a été rendu à Pors Loubous sur le lieu même de son débarquement. Les hommes de l'aviso d'Estienne d'Orves étaient présents, emmenés par leur commandant, le capitaine de frégate Thierry Bonne, qui prononça le discours suivant :
Ici-même, le 22 décembre 1940, par une nuit froide, arrive le bateau de pêche la Marie-Louise. Jean-François Follic (mon grand-père) en est le patron. Son équipage se compose de Pierre Cornec, Yves-Deguin, Jean Biger et Martial Bizien. Le CC Honoré d'Estienne d'Orves a embarqué en Angleterre et revient ici en France.
Vingt ans auparavant, après l'Ecole Polytechnique, il a commencé sa carrière dans la Marine, et a longuement navigué sur toutes les mers du globe. Ne pouvant se résoudre à la défaite de mai 1940 et à l'armistice, il quitte la flotte d'Alexandrie et rejoint l'Angleterre. A son Amiral, il écrit alors . « Sans me permettre de juger le Département, je ne puis me croire qualifié pour reconstruire la France ainsi qu'on nous le propose. Tant qu'il y aura une lueur d'espoir je combattrai pour débarrasser mon pays de l'emprise de cet homme qui veut détruire nos familles et nos traditions. Mes ancêtres se sont battus jusqu'au bout, je ne puis faire autrement que les imiter. » [...] Car Honoré d'Estienne d'Orves sait que la résistance, c'est surtout la résistance à l'ennemi, là où il se trouve et, d'abord, en France.
Le voici donc ici à Plogoff au soir du 22 décembre 1940. Follic et Cornec conduisent en canot le Commandant d'Estienne d'Orves et "Marty" (le quartier-maître radio qui l'accompagne) de la Marie-Louise, mouillée au large jusqu'à la digue de Pors-Loubous. Pierre Cornec accompagne les deux passagers jusqu'à la maison des Normant. En arrivant chez eux le Commandant d'Estienne d'Orves s'écrie, tombant à genoux « Me voilà de nouveau sur la terre de France ! ».
Dès le lendemain il rencontre le lieutenant Barlier à la baie des Trépassés. Puis des contacts sont pris à Nantes et Paris. Entre le 22 décembre 1940 et le 22 janvier 1941, les membres du réseau NEMROD, sous la responsabilité de leur chef d'Estienne d'Orves, font parvenir des renseignements par radio à Londres.
Trahis par Marty, les membres du réseau sont arrêtés le 22 janvier. Emprisonnés à Berlin puis a la prison du Cherche-Midi à Paris, ils sont jugés du 13 au 16 mai.
De sa cellule, avant la première audience, le commandant d'Estienne d'Orves a donné ses ordres à ses compagnons : « Vous avez fait votre devoir. Il vous en reste deux à remplir : sauver les camarades qui ne sont pas arrêtés et sauver vos têtes à cause de vos familles. Ne faites pas de patriotisme cocardier : cherchez et trouvez des alibis, faites les moi connaitre, je les confirmerai et je vous couvre tous. Mettez tout sur mon compte, autant que possible. »
Cérémonie réunissant des anciens combattants et une délégation de l'aviso D'Estienne d'Orves pour un dépot de gerbes et hommage à la mémoire du lieutenant de vaisseau d'Estienne d'Orves (27 juin 1991).
Neuf personnes sont condamnées à mort, les autres à des peïnes de travaux forcés. Pendant tout son séjour à la prison de Fresnes et jusqu'à l'heure de sa mort le 29 août 1941, Honoré d'Estienne d'Orves communique aux autres prisonniers sa très grande hauteur morale.
« Que personne ne songe à me venger. Je ne désire que la paix dans la grandeur retrouvée de la France. Dites bien à tous que je meurs pour elle, pour sa liberté entière, et que j'espère que mon sacrifice lui servira. ». Nous, marins de l'aviso "D'ESTIENNE D'ORVES", sommes fiers de porter un tel nom.
D'Estienne d'Orves, hero of the resistance
On June 27, 1991, a tribute to the memory of Honoré d'Estienne d'Orves was paid to Pors Loubous on the spot of his landing. The men of the sloop, Inc. Headquarters were present, led by their commander, Commander Thierry Bonne, who delivered the following speech:
Right here, December 22, 1940, on a cold night, comes the fishing boat the Marie-Louise. Jean-François Follic (my grandfather) is the boss. Its crew consists of Pierre Cornec, Yves-Deguine, Jean and Martial Biger Bizien. The CC Honoré d'Estienne d'Orves embarked in England and returned here in France.
Twenty years ago, after the Ecole Polytechnique, he began his career in the Navy, and at length sailed all seven seas. Unable to bring himself to defeat in May 1940 and the armistice, he left the fleet in Alexandria and went to England. On his Admiral, he wrote then. "Without me to judge the Department, I can not believe qualified to rebuild France and that we propose. As long as there is a glimmer of hope I will fight to rid my country from the grip of the man who wants to destroy our families and traditions. My ancestors fought to the end, I can not help but follow suit. "For [...] Honoré d'Estienne d'Orves known that resistance, especially resistance to the enemy where he is and, first in France.
So here Plogoff by the evening of December 22, 1940. Follic Cornec and lead canoe Commandant d'Estienne d'Orves and "Marty" (the quartermaster accompanying radio) of the Marie-Louise, wet up off the dam of Pors-Loubous. Pierre Cornec accompanies two passengers to the house of the Standards. Upon arriving home the Commandant d'Estienne d'Orves cried, falling on his knees "Here I am again in the land of France! ".
The next day he met Lieutenant Barlier at the Bay of Souls. And contacts are made in Nantes and Paris. Between 22 December 1940 and January 22, 1941, members of the network Nimrod, under the responsibility of their leader, Inc. Headquarters, shall send information by radio in London.
Betrayed by Marty, network members were arrested Jan. 22. Imprisoned in Berlin and then the prison of Cherche-Midi in Paris, they are considered the May 13 to 16
From his cell before the first hearing, the commander, Inc. Headquarters gave orders to his companions: "You have done your duty. There you have two more to complete: saving the comrades who are not arrested and save your heads because your families. Do not jingoistic patriotism: looking to find alibis, make me know, I confirm and I cover all. Put everything on my account, as far as possible. "
Ceremony attended by veterans and a delegation of the sloop D'Estienne d'Orves for a wreath laying and tribute to the memory of Lieutenant d'Estienne d'Orves (June 27, 1991).
Nine people sentenced to death, others were sentenced to hard labor. Throughout his stay in Fresnes prison until the time of his death August 29, 1941, Honoré d'Estienne d'Orves communicate to his fellow prisoners great moral height.
"Let no one think of revenge. I do not want that peace in the greatness of France found. Well tell everyone that I die for her, for her complete freedom, and hope that my sacrifice will serve. ". We, the sailors of the sloop "D'Estienne d'Orves," are proud to wear such a name.