Bains d'Apollon à Versailles par François Girardon et Hubert Robert
Apollon servi par les nymphes [Girardon et Regnaudin], groupe en marbre grandeur nature de sept statues exécutées par Girardon et Regnaudin de 1666 à 1674 pour les jardins de Versailles.
Placé dans la grotte de Thétis abritant des jeux d’eau, puis transféré en 1684 dans le bosquet de la Renommée, le groupe a finalement été installé dans une grotte artificielle dessinée en 1778 par Hubert Robert, rebaptisée bosquet des Bains d’Apollon.
Torse nu et assis sur un rocher, le regard lointain, Apollon est accoudé sur sa lyre. Il tend sa main droite vers une nymphe penchée qui verse de l’eau au-dessus d’une coupe. Près de son pied droit, une seconde nymphe, agenouillée, tient un linge pour l’essuyer. À sa gauche, une troisième nymphe verse de l’eau avec une aiguière décorée d’un relief relatant le Passage du Rhin. Placée derrière Apollon, Thétis le coiffe, tandis que, de part et d’autre, se tiennent deux servantes portant respectivement un bassin et un vase. Exécutées par Regnaudin, ces trois dernières figures sont entièrement vêtues d’un léger drapé et se distinguent des nymphes au torse nu, qui sont de la main de Girardon. Allégorie à la gloire de Louis XIV, le groupe est d’emblée célébré comme un manifeste du classicisme français, même s’il concède au baroque une mise en scène transposée de la peinture. En effet, par-delà l’Inspiration de poète de Poussin qui transparaît notamment dans les attitudes sereines des nymphes en marbre, le Dieu-Soleil de Girardon n’est jamais que la transcription du célèbre Apollon du Belvédère. Le sculpteur en restitue non seulement la coiffure et l’allure générale, mais encore le motif des draperies. L’opposition des chairs lisses et des drapés qui accrochent la lumière, la description érudite des accessoires, tels que le vase et le lécythe, sont également néoclassiques. Contemporaine des cercles historiographiques qui naissent alors autour de Perrault et Félibien, l’œuvre illustre les théories de ces derniers. En représentant le roi environné de nymphes qui figurent les cinq sens, notons enfin que Girardon délivre un message idéologique : « Parmi tant de beautés, Apollon est sans flamme », conclut en effet La Fontaine, qui voit dans le chef-d’œuvre du sculpteur l’allégorie morale de la maîtrise de soi que le roi entend promouvoir auprès de la cour.
Bains d'Apollon à Versailles par François Girardon et Hubert Robert
Apollon servi par les nymphes [Girardon et Regnaudin], groupe en marbre grandeur nature de sept statues exécutées par Girardon et Regnaudin de 1666 à 1674 pour les jardins de Versailles.
Placé dans la grotte de Thétis abritant des jeux d’eau, puis transféré en 1684 dans le bosquet de la Renommée, le groupe a finalement été installé dans une grotte artificielle dessinée en 1778 par Hubert Robert, rebaptisée bosquet des Bains d’Apollon.
Torse nu et assis sur un rocher, le regard lointain, Apollon est accoudé sur sa lyre. Il tend sa main droite vers une nymphe penchée qui verse de l’eau au-dessus d’une coupe. Près de son pied droit, une seconde nymphe, agenouillée, tient un linge pour l’essuyer. À sa gauche, une troisième nymphe verse de l’eau avec une aiguière décorée d’un relief relatant le Passage du Rhin. Placée derrière Apollon, Thétis le coiffe, tandis que, de part et d’autre, se tiennent deux servantes portant respectivement un bassin et un vase. Exécutées par Regnaudin, ces trois dernières figures sont entièrement vêtues d’un léger drapé et se distinguent des nymphes au torse nu, qui sont de la main de Girardon. Allégorie à la gloire de Louis XIV, le groupe est d’emblée célébré comme un manifeste du classicisme français, même s’il concède au baroque une mise en scène transposée de la peinture. En effet, par-delà l’Inspiration de poète de Poussin qui transparaît notamment dans les attitudes sereines des nymphes en marbre, le Dieu-Soleil de Girardon n’est jamais que la transcription du célèbre Apollon du Belvédère. Le sculpteur en restitue non seulement la coiffure et l’allure générale, mais encore le motif des draperies. L’opposition des chairs lisses et des drapés qui accrochent la lumière, la description érudite des accessoires, tels que le vase et le lécythe, sont également néoclassiques. Contemporaine des cercles historiographiques qui naissent alors autour de Perrault et Félibien, l’œuvre illustre les théories de ces derniers. En représentant le roi environné de nymphes qui figurent les cinq sens, notons enfin que Girardon délivre un message idéologique : « Parmi tant de beautés, Apollon est sans flamme », conclut en effet La Fontaine, qui voit dans le chef-d’œuvre du sculpteur l’allégorie morale de la maîtrise de soi que le roi entend promouvoir auprès de la cour.