inextricabilis error La sphinge
Le monstre Sphinx, representant chose difficile, &
de profonde intelligence fut la Devise du susdit Augu-
ste Cesar, au commencement de son Empire. Comme
voulant sinifier par icelui, ne devoir le secret, dessein, &
intencion d’un Prince estre divulgué aucunement: consi-
derant qu’il n’y ha pas les choses hautes, ores les saintes
& divines, qui ne perdent leur autorité quand elles
sont par trop familieres & corractees entre la Populas-
se. Cause jadis qui mouvoit les Egipciens d’affiger ce [M]
Sphinx devant leurs temples. Deux de ces monstres
Sphinx (comme dit Pline) avoit trouvé au paravant le
dit Auguste, entre les anneaux de sa mere,[1] lesquelz se
ressembloient se vivement, qu’on ne les pouvoit discer-
ner. De l’un desquelz ses amis pendant les guerres ci-
viles seelloient les edits, lettres, & despesches en son ab-
sence: selon que la disposicion du tems le requeroit. Ce
que confirme Dion escrivant que icelui Auguste estant [M]
en Attie,[2] Agrippa & Mecenas aministroient les afai-
res à Romme: lesquelz avoient puissance d’ouvrir &
voir les lettres qu’il envoyait au Senat avant tous au-
tres. Et pour cette cause receurent un cachet de lui,
pour cacheter, auquel estoit gravé un Sphinx. Devise
toutefois (comme d’avantage dit Pline) qui ne fut sans [M]
moquerie & irrision, par les Enigmes que ce Sphinx
aportoit: vù que telle chose donna ocasion au brocard,
par lequel on disoit qu’il n’estoit pas de merveilles si le
Sphinx proposoit des Enigmes. A raison dequoy Augu-
ste (pour eviter telles moqueries, cessa de plus en signer,
& signa un tems de l’image d’Alexandre le Grand, [M]
puis finablement de la sienne mesmes. De laquelle signa-
rent aussi apres comme lui, Tibere, Caligule, Claude Ce-
sar, Domician, & autres ses successeurs en l’Empire.
inextricabilis error La sphinge
Le monstre Sphinx, representant chose difficile, &
de profonde intelligence fut la Devise du susdit Augu-
ste Cesar, au commencement de son Empire. Comme
voulant sinifier par icelui, ne devoir le secret, dessein, &
intencion d’un Prince estre divulgué aucunement: consi-
derant qu’il n’y ha pas les choses hautes, ores les saintes
& divines, qui ne perdent leur autorité quand elles
sont par trop familieres & corractees entre la Populas-
se. Cause jadis qui mouvoit les Egipciens d’affiger ce [M]
Sphinx devant leurs temples. Deux de ces monstres
Sphinx (comme dit Pline) avoit trouvé au paravant le
dit Auguste, entre les anneaux de sa mere,[1] lesquelz se
ressembloient se vivement, qu’on ne les pouvoit discer-
ner. De l’un desquelz ses amis pendant les guerres ci-
viles seelloient les edits, lettres, & despesches en son ab-
sence: selon que la disposicion du tems le requeroit. Ce
que confirme Dion escrivant que icelui Auguste estant [M]
en Attie,[2] Agrippa & Mecenas aministroient les afai-
res à Romme: lesquelz avoient puissance d’ouvrir &
voir les lettres qu’il envoyait au Senat avant tous au-
tres. Et pour cette cause receurent un cachet de lui,
pour cacheter, auquel estoit gravé un Sphinx. Devise
toutefois (comme d’avantage dit Pline) qui ne fut sans [M]
moquerie & irrision, par les Enigmes que ce Sphinx
aportoit: vù que telle chose donna ocasion au brocard,
par lequel on disoit qu’il n’estoit pas de merveilles si le
Sphinx proposoit des Enigmes. A raison dequoy Augu-
ste (pour eviter telles moqueries, cessa de plus en signer,
& signa un tems de l’image d’Alexandre le Grand, [M]
puis finablement de la sienne mesmes. De laquelle signa-
rent aussi apres comme lui, Tibere, Caligule, Claude Ce-
sar, Domician, & autres ses successeurs en l’Empire.