Louis-Ernest Barrias Tombe d'Antoine-Gaëtan Guérinot architecte, , Paris, cimetière du Père-Lachaise.
La souffrance de l’ennui, révélatrice de l’absurdité de l’être
Le premier philosophe à faire de l’ennui un phénomène essentiel, révélateur du fond de l’être, est le penseur allemand dit « pessimiste », Arthur Schopenhauer. Avant lui, et avant les pages qu’il va lui consacrer en 1818 dans son grand livre Le monde comme volonté et comme représentation1, jamais l’ennui n’avait fait l’objet d’une analyse philosophique aussi minutieuse.
Pour Schopenhauer, la vie est animée d’un vouloir-vivre aveugle et absurde, une sorte de pulsion de vie qui cherche absolument sa préservation, envers et contre tout. Il nous pousse à tenir à la vie, à lutter sans cesse contre la mort. Notre marche est une chute incessamment arrêtée, une mort d’instant en instant repoussée. Nous livrons bataille à la mort à chaque seconde. Enfin, il faudra qu’elle triomphe. Il suffit d’être né pour être condamné à mourir :
« Et si un moment elle joue avec sa proie, c’est en attendant de la dévorer. Nous n’en conservons pas moins notre vie, y prenant intérêt, la soignant, autant qu’elle peut durer ; quand on souffle une bulle de savon, on y met tout le temps et les soins nécessaires ; pourtant elle crèvera, on le sait bien »2.
Ainsi le vouloir-vivre est-il insensé : tout vivant lutte contre une mort inexorable.
Louis-Ernest Barrias Tombe d'Antoine-Gaëtan Guérinot architecte, , Paris, cimetière du Père-Lachaise.
La souffrance de l’ennui, révélatrice de l’absurdité de l’être
Le premier philosophe à faire de l’ennui un phénomène essentiel, révélateur du fond de l’être, est le penseur allemand dit « pessimiste », Arthur Schopenhauer. Avant lui, et avant les pages qu’il va lui consacrer en 1818 dans son grand livre Le monde comme volonté et comme représentation1, jamais l’ennui n’avait fait l’objet d’une analyse philosophique aussi minutieuse.
Pour Schopenhauer, la vie est animée d’un vouloir-vivre aveugle et absurde, une sorte de pulsion de vie qui cherche absolument sa préservation, envers et contre tout. Il nous pousse à tenir à la vie, à lutter sans cesse contre la mort. Notre marche est une chute incessamment arrêtée, une mort d’instant en instant repoussée. Nous livrons bataille à la mort à chaque seconde. Enfin, il faudra qu’elle triomphe. Il suffit d’être né pour être condamné à mourir :
« Et si un moment elle joue avec sa proie, c’est en attendant de la dévorer. Nous n’en conservons pas moins notre vie, y prenant intérêt, la soignant, autant qu’elle peut durer ; quand on souffle une bulle de savon, on y met tout le temps et les soins nécessaires ; pourtant elle crèvera, on le sait bien »2.
Ainsi le vouloir-vivre est-il insensé : tout vivant lutte contre une mort inexorable.