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Comète interstellaire 3I/ATLAS (Weeb)

Webb a récemment observé l'objet interstellaire 3I/ATLAS (désormais appelé comète) avec le spectrographe proche infrarouge lors de son passage dans notre système solaire, complétant ainsi les données recueillies par le télescope spatial Hubble de la NASA et la mission SPHEREx récemment lancée. Cette comète ne représente pas une menace pour la Terre, mais cataloguer son parcours avant qu'elle ne disparaisse dans le cosmos permet de mieux comprendre ces objets interstellaires. Il s'agit seulement du troisième objet interstellaire confirmé que observé traversant le système solaire.

 

Description de l'image

Trois graphiques avec l'axe des X intitulé Décalage AD et l'axe des Y intitulé Décalage Decl., avec un losange bleu et, au milieu, à gauche, un point rouge et jaune (cf. NASA/Télescope spatial James Webb).

 

Dans l’immensité de l’univers, rares sont les objets qui traversent les frontières entre les systèmes stellaires. Seulement trois visiteurs interstellaires ont été formellement identifiés, la comète 3I/ATLAS rejoignant ainsi le club très fermé des comètes Oumuamua et Borisov, bet peut-être la plus remarquable des trois.

 

Détectée pour la première fois en juillet, sa trajectoire ne laisse aucun doute sur ses origines extérieures. Sa course rectiligne et inhabituellement plate tranche avec les orbites elliptiques familières des comètes du système solaire. Sa vitesse de déplacement pulvérise tous les records de 210 000 kmh, soit près de trois fois plus vite que les sondes spatiales les plus rapides jamais construites.

 

L’analyse spectroscopique de Weeb révèle une composition chimique inédite avec l’un des rapports dioxyde de carbone sur eau les plus élevés jamais mesurés sur une comète. Cette signature chimique unique intrigue les chercheurs. Contrairement aux comètes natives du système solaire, dont la coma (atmosphère gazeuse se formant lors du passage près d’une étoile) est généralement dominée par la vapeur d’eau, celle de 3I/ATLAS brille principalement par ses émissions de dioxyde de carbone, anomalie pouvant révéler des conditions de formation radicalement différentes.

 

Plusieurs hypothèses expliquent cette composition si particulière. La première suggère que 3I/ATLAS s’est formée dans une région de son disque protoplanétaire d’origine où le dioxyde de carbone gelait plus facilement que l’eau. Cette « l"igne de glace du CO2", variant selon la distance à l’étoile centrale et pouvant expliquer pourquoi sa chimie est si différente.

 

Cette comète aurait pu subir une exposition prolongée à des rayonnements cosmiques intenses durant son périple intergalactique. Pendant des milliards d’années, les particules énergétiques auraient bombardé sa surface, modifiant progressivement sa composition. Car 3I/ATLAS n’est pas seulement étrangère à notre système, mais probablement antérieure à sa formation. Elle pourrait être âgée de 7,6 milliards d’années, soit 3 milliards d’années de plus que le système solaire, ce qui en ferait la comète la plus vieille jamais observée.

 

Avec un diamètre estimé entre 5,6 et 11 km mais probablement moins, elle constituerait probablement le plus volumineux objet interstellaire jamais répertorié dans la Voie lactée. Cette vélocité a été acquise par effet de fronde gravitationnelle, ricochant d’étoile en étoile pendant des éons. Chaque rencontre stellaire a accéléré sa course, transformant cette relique cosmique en projectile interstellaire. Contrairement aux comètes locales, remaniées par 4,6 milliards d’années d’évolution, cette visiteuse conserve potentiellement la composition chimique de son berceau stellaire d’origine.

 

Cette fenêtre d’observation reste cependant limitée. En octobre, 3I/ATLAS effectuera son passage au plus près du Soleil avant de repartir définitivement vers les confins de l’espace. Les astronomes multiplient donc les observations, conscients qu’ils assistent peut-être au survol d’un témoin fossilisé des premiers âges de la galaxie.

 

Quant à déterminer précisément d’où elle vient, "C’est comme entrevoir une balle de fusil pendant un millième de seconde. Impossible de projeter sa trajectoire pour déterminer son point de départ" (cf. l'astronome David Jewitt et sciencepost.fr).

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Uploaded on September 2, 2025