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La Toilette de la mariée (Ernst)

Huile sur toile, 130 x 96 cm, 1940, Guggenheim museum, New-York.

 

La Toilette de la mariée est un exemple du surréalisme vériste ou illusionniste de Max Ernst, dans lequel une technique traditionnelle est appliquée à un sujet incongru ou troublant. La scène théâtrale et évocatrice trouve ses racines dans la peinture symboliste de la fin du XIXe siècle, en particulier celle de Gustave Moreau. Il fait également écho aux décors et aux motifs de l'art allemand du XVIe siècle. Les types de personnages élancés et au ventre gonflé rappellent en particulier ceux de Lucas Cranach l'Ancien. La toile de fond architecturale avec son fort contraste d'ombre et de lumière et sa perspective incohérente montre l'influence supplémentaire de Giorgio de Chirico, dont le travail avait bouleversé Ernst lorsqu'il l'avait vu pour la première fois en 1919.

 

L'apparat et l'élégance de l'image contrastent avec ses aspects primitivisants, les couleurs criardes, les formes animales et monstrueuses, et le symbolisme phallique émoussé du fer de lance en équilibre. La scène centrale contraste également avec son homologue dans l'image dans l'image en haut à gauche. Dans ce détail, la mariée apparaît dans la même pose, marchant à grands pas dans un paysage de ruines classiques envahies par la végétation. Ici, Ernst a utilisé la technique de la décalcomanie inventée en 1935 par Oscar Domínguez, dans laquelle de la peinture diluée est pressée sur une surface avec un objet qui la répartit de manière inégale, comme une vitre. Un motif texturé suggestif en résulte.

 

Le titre de cette œuvre était venu à l'esprit d'Ernst au moins dès 1936, lorsqu'il l'a mis en italique dans un texte de son livre Au delà de la peinture. Ernst s'était longtemps identifié à l'oiseau et avait inventé un alter ego, Loplop, supérieur des oiseaux, en 1929. Ainsi, on peut peut-être interpréter l'homme-oiseau à gauche comme une représentation de l'artiste, la mariée pouvant en quelque sorte représenter la jeune artiste surréaliste anglaise Leonora Carrington (cf. Lucy Flint, Guggenheim museum).

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Uploaded on May 9, 2022