Fresque du triclinium (murs nord, est et sud), villa des Mystères à Pompéi
Un siècle après sa découverte, la villa des Mystères est toujours la plus grande, la mieux conservée et la plus fascinante des peintures antiques. Cette demeure reconvertie en exploitation agricole tire notamment son nom d’une fresque de 17 m de long et 3,30 m de haut, située dans une petite salle de 7,10 m de long x 4,93 m de large, datant de 70 avant notre ère. Elle se déroule sur les quatre murs du triclinium (n'en sont ici visibles que trois, ceux du nord à gauche, de l'est au centre et du sud à droite), la salle à manger de la maison, et divisés en trois parties : la première imitant le marbre peint, puis la frise de grands panneaux rouge pompéien (ponctuée de pilastres plus sombres) et au-dessus en couronnement une frise de motifs géométriques surmontée d’une imitation de marbres de couleur. La frise dépeint 29 personnages, de tailles différentes, figurés un peu plus petit que nature. Afin de séparer la dizaine de scènes les unes des autres, la frise est régie par une fonction de transition superposant les personnages pour ensuite les orienter dans des directions opposées, marquant ainsi le passage d’une scène à l’autre. Le couple divin au centre de la paroi du fond représente le point de convergence des deux frises parallèles qui courent le long des quatre murs depuis la porte principale.
Concurremment, le peintre a joué sur les correspondances sémantiques de groupes qui se font face d'un mur
à l'autre, en se servant habilement de la configuration de la pièce. Le panneau du mur est devait autrefois fortement impressionner celles et ceux qui pénétraient sans la pièce, mais c'est malheureusement aujourd'hui le plus endommagé de la dizaine de scènes représentées des quatre murs, où se trouve justement celle du Couple divin. Si les spécialistes divergent sur le sens à donner à cette fresque, leurs interprétations pointent cependant des éléments communs, une cérémonie de passage initiatique où le thème du mariage est également récurent, une composition à composante onirique, mais étrangère au temps d'aujourd’hui et difficile dès lors à comprendre. La pièce du triclinium ou salle à manger était dévolue à un culte dionysiaque dans le cadre privé, où figure la Domina (maîtresse de maison) sur laquelle la fresque semble se focaliser avec un enchaînement de représentations la mettant en scène.
Le dionysisme mis en scène dans cette fresque, comme sur bien d'autres documents pompéiens contemporains ou postérieurs de quelques années, est celui d'un univers associant un idéal mythique à la réalité humaine, quotidienne et cultuelle, établissant un lien harmonieux dans la vie d'une matrone entre ses valeurs aristocratiques de vertu et de culture et ses croyances en une religion dionysiaque pratiquée et vécue (cf. Charlotte Sammarcelli et Martijn Stoll : La fresque de la villa des mystères : le culte dionysiaque dans le domaine privé, 2018 ; Stéphanie Wyler : Actualité de la fresque de la Villa des Mystères, 2002 ; Gilles Sauron : La grande fresque de la villa des Mystères à Pompéi, mémoires d'une dévote de Dionysos, 2000 ; Jean-Marie Pailler ; Mystères dissipés ou mystères dévoilés ?, 2000 ; Paul Veyne, François Lissarrague et Françoise Frontisi-Ducroux : Les mystères du gynécée, 1998 ; merci veroeddy.be pour la photo).
Fresque du triclinium (murs nord, est et sud), villa des Mystères à Pompéi
Un siècle après sa découverte, la villa des Mystères est toujours la plus grande, la mieux conservée et la plus fascinante des peintures antiques. Cette demeure reconvertie en exploitation agricole tire notamment son nom d’une fresque de 17 m de long et 3,30 m de haut, située dans une petite salle de 7,10 m de long x 4,93 m de large, datant de 70 avant notre ère. Elle se déroule sur les quatre murs du triclinium (n'en sont ici visibles que trois, ceux du nord à gauche, de l'est au centre et du sud à droite), la salle à manger de la maison, et divisés en trois parties : la première imitant le marbre peint, puis la frise de grands panneaux rouge pompéien (ponctuée de pilastres plus sombres) et au-dessus en couronnement une frise de motifs géométriques surmontée d’une imitation de marbres de couleur. La frise dépeint 29 personnages, de tailles différentes, figurés un peu plus petit que nature. Afin de séparer la dizaine de scènes les unes des autres, la frise est régie par une fonction de transition superposant les personnages pour ensuite les orienter dans des directions opposées, marquant ainsi le passage d’une scène à l’autre. Le couple divin au centre de la paroi du fond représente le point de convergence des deux frises parallèles qui courent le long des quatre murs depuis la porte principale.
Concurremment, le peintre a joué sur les correspondances sémantiques de groupes qui se font face d'un mur
à l'autre, en se servant habilement de la configuration de la pièce. Le panneau du mur est devait autrefois fortement impressionner celles et ceux qui pénétraient sans la pièce, mais c'est malheureusement aujourd'hui le plus endommagé de la dizaine de scènes représentées des quatre murs, où se trouve justement celle du Couple divin. Si les spécialistes divergent sur le sens à donner à cette fresque, leurs interprétations pointent cependant des éléments communs, une cérémonie de passage initiatique où le thème du mariage est également récurent, une composition à composante onirique, mais étrangère au temps d'aujourd’hui et difficile dès lors à comprendre. La pièce du triclinium ou salle à manger était dévolue à un culte dionysiaque dans le cadre privé, où figure la Domina (maîtresse de maison) sur laquelle la fresque semble se focaliser avec un enchaînement de représentations la mettant en scène.
Le dionysisme mis en scène dans cette fresque, comme sur bien d'autres documents pompéiens contemporains ou postérieurs de quelques années, est celui d'un univers associant un idéal mythique à la réalité humaine, quotidienne et cultuelle, établissant un lien harmonieux dans la vie d'une matrone entre ses valeurs aristocratiques de vertu et de culture et ses croyances en une religion dionysiaque pratiquée et vécue (cf. Charlotte Sammarcelli et Martijn Stoll : La fresque de la villa des mystères : le culte dionysiaque dans le domaine privé, 2018 ; Stéphanie Wyler : Actualité de la fresque de la Villa des Mystères, 2002 ; Gilles Sauron : La grande fresque de la villa des Mystères à Pompéi, mémoires d'une dévote de Dionysos, 2000 ; Jean-Marie Pailler ; Mystères dissipés ou mystères dévoilés ?, 2000 ; Paul Veyne, François Lissarrague et Françoise Frontisi-Ducroux : Les mystères du gynécée, 1998 ; merci veroeddy.be pour la photo).