Les Glaçons (C Monet - W 567)
Huile sur toile, 61 x 100 cm, 1880 (W 567), musée d'Orsay, Paris.
Etude pour le n° W 568, exécutée après la débâcle du 5 janvier 1880. La vue est celle d'un petit bras de la Seine entre les îles de Moisson, vers l'aval (cf. D Wildenstein).
A la suite des grands froids de l'hiver 1879-1880, La Seine entièrement gelée devient soudainement le sujet de prédilection de Claude Monet. Catastrophe naturelle sans précédent, cette "débâcle" fascine l'artiste qui manifeste un intérêt grandissant pour les phénomènes atmosphériques. Les conditions climatiques extrêmes n'empêchent pas l'artiste de travailler sur le vif comme en témoignent ses propos : "Je peignis [...] sur la glace [...]. La Seine était complètement gelée et je m'installai sur le fleuve, m'efforçant de plier mon chevalet d'une manière quelconque. De temps en temps, on m'apportait une bouillote. Mais pas pour les pieds : je n'avais pas froid, c'était pour mes doigts gourds qui menaçaient de laisser échapper le pinceau."
Cet hiver d'une exceptionnelle rigueur devient une source d'inspiration fructueuse pour l'artiste qui réalise plusieurs compositions spectaculaires où les effets diffèrent seulement selon l'angle de vue adopté et l'heure choisie : une série de dix-sept toiles de la Seine prise dans les glaces voit ainsi le jour, l'artiste en achevant certaines dans son atelier : La Débâcle, Les Glaçons, L'Hiver près de Lavacourt et "Coucher de Soleil sur la Seine, l'hiver" confirment ainsi la fascination croissante de Monet pour la modification des formes et des couleurs sous l'emprise de la lumière.
La facture enlevée de cette composition, le rythme frénétique du geste pictural, la touche fragmentée sont autant d'éléments qui témoignent de la détermination de l'artiste à capter la nature d'une pâleur hivernale et changeante. Les effets de la lumière sur cette nature glaciale aux tonalités froides, préoccupation chère aux impressionnistes, retiennent ici toute l'attention de Monet qui différencie par son pinceau la surface brumeuse de l'eau, le mouvement des blocs de glace, ou encore cette silhouette sombre et solitaire qui semble se libérer de l'emprise des glaces.
La Seine est le motif principal de cette composition tout comme celui des autres toiles de cette série : "C'est la Seine qui occupe le premier plan dans toute sa largeur, tandis que pour contrebalancer cette plage horizontale, s'élèvent, à l'arrière plan, des arbres dont les lignes verticales se réfléchissent sur l'eau. Le fleuve charrie les glaçons disloqués dont les facettes brillantes accrochent et renvoient la lumière, fournissant un merveilleux prétexte à l'artiste pour rendre sur la toile des reflets irisés, abordés auparavant sur l'eau, la neige ou encore sur le givre" (cf. Hommage à Claude Monet , Catalogue d'exposition de la Galerie Nationale du Grand Palais, Paris, 1980). Glacé par la rigueur du climat, l'artiste se doit d'immortaliser le plus rapidement possible le spectacle qui s'offre à lui, usant de la dextérité de son pinceau pour saisir le caractère éphémère de cette nature hostile.
Ces toiles aux tonalités hivernales, empreintes de douce mélancolie, ont suscité maints commentaires. Selon certains auteurs, elles sont à l'image des préoccupations morales et matérielles qui habitent l'artiste veuf depuis peu. D'autres, y voient la préfiguration de ce qui fera la renommée de Monet estimant que cet agencement de taches colorées, posées sur l'eau, annoncent les Nymphéas de Giverny. Certains enfin considèrent que cet ensemble de toiles aux effets changeants selon les éclairages du jour préfigure les "séries" futures de l'artiste. Enfin, en 1893 durant sa période de Giverny, l'artiste reprend ce thème de la Débâcle, illustrant à quel point celui-ci répond toujours à ses recherches picturales, plus d'une décennie après ses premiers essais près de Lavacourt (cf. Sotheby's).
Les Glaçons (C Monet - W 567)
Huile sur toile, 61 x 100 cm, 1880 (W 567), musée d'Orsay, Paris.
Etude pour le n° W 568, exécutée après la débâcle du 5 janvier 1880. La vue est celle d'un petit bras de la Seine entre les îles de Moisson, vers l'aval (cf. D Wildenstein).
A la suite des grands froids de l'hiver 1879-1880, La Seine entièrement gelée devient soudainement le sujet de prédilection de Claude Monet. Catastrophe naturelle sans précédent, cette "débâcle" fascine l'artiste qui manifeste un intérêt grandissant pour les phénomènes atmosphériques. Les conditions climatiques extrêmes n'empêchent pas l'artiste de travailler sur le vif comme en témoignent ses propos : "Je peignis [...] sur la glace [...]. La Seine était complètement gelée et je m'installai sur le fleuve, m'efforçant de plier mon chevalet d'une manière quelconque. De temps en temps, on m'apportait une bouillote. Mais pas pour les pieds : je n'avais pas froid, c'était pour mes doigts gourds qui menaçaient de laisser échapper le pinceau."
Cet hiver d'une exceptionnelle rigueur devient une source d'inspiration fructueuse pour l'artiste qui réalise plusieurs compositions spectaculaires où les effets diffèrent seulement selon l'angle de vue adopté et l'heure choisie : une série de dix-sept toiles de la Seine prise dans les glaces voit ainsi le jour, l'artiste en achevant certaines dans son atelier : La Débâcle, Les Glaçons, L'Hiver près de Lavacourt et "Coucher de Soleil sur la Seine, l'hiver" confirment ainsi la fascination croissante de Monet pour la modification des formes et des couleurs sous l'emprise de la lumière.
La facture enlevée de cette composition, le rythme frénétique du geste pictural, la touche fragmentée sont autant d'éléments qui témoignent de la détermination de l'artiste à capter la nature d'une pâleur hivernale et changeante. Les effets de la lumière sur cette nature glaciale aux tonalités froides, préoccupation chère aux impressionnistes, retiennent ici toute l'attention de Monet qui différencie par son pinceau la surface brumeuse de l'eau, le mouvement des blocs de glace, ou encore cette silhouette sombre et solitaire qui semble se libérer de l'emprise des glaces.
La Seine est le motif principal de cette composition tout comme celui des autres toiles de cette série : "C'est la Seine qui occupe le premier plan dans toute sa largeur, tandis que pour contrebalancer cette plage horizontale, s'élèvent, à l'arrière plan, des arbres dont les lignes verticales se réfléchissent sur l'eau. Le fleuve charrie les glaçons disloqués dont les facettes brillantes accrochent et renvoient la lumière, fournissant un merveilleux prétexte à l'artiste pour rendre sur la toile des reflets irisés, abordés auparavant sur l'eau, la neige ou encore sur le givre" (cf. Hommage à Claude Monet , Catalogue d'exposition de la Galerie Nationale du Grand Palais, Paris, 1980). Glacé par la rigueur du climat, l'artiste se doit d'immortaliser le plus rapidement possible le spectacle qui s'offre à lui, usant de la dextérité de son pinceau pour saisir le caractère éphémère de cette nature hostile.
Ces toiles aux tonalités hivernales, empreintes de douce mélancolie, ont suscité maints commentaires. Selon certains auteurs, elles sont à l'image des préoccupations morales et matérielles qui habitent l'artiste veuf depuis peu. D'autres, y voient la préfiguration de ce qui fera la renommée de Monet estimant que cet agencement de taches colorées, posées sur l'eau, annoncent les Nymphéas de Giverny. Certains enfin considèrent que cet ensemble de toiles aux effets changeants selon les éclairages du jour préfigure les "séries" futures de l'artiste. Enfin, en 1893 durant sa période de Giverny, l'artiste reprend ce thème de la Débâcle, illustrant à quel point celui-ci répond toujours à ses recherches picturales, plus d'une décennie après ses premiers essais près de Lavacourt (cf. Sotheby's).