Salle à manger à la campagne (Bonnard - D 763)
Huile sur toile 164 x 206 cm, 1913 (D 763), Institute of Arts, Minneapolis.
En 1912, Pierre Bonnard a acheté une maison appelée La Roulotte à Vernonnet, hameau proche de Giverny, situé sur la rive droite de la Seine, la ville de Vernon (Eure) dont il dépend étant sur la rive gauche. Cette salle à manger à table ronde est située au rez-de-chaussée et donne sur le jardin. Celle de l'étage à table carrée ou rectangulaire donne quant à elle sur le balcon.
Cette peinture est très révélatrice à la fois des influences impressionnistes et de leur dépassement. La pièce est largement ouverte sur le jardin embrasé, mais l'éclairage qui la baigne n'est pas moins intense. Une harmonie vibrante de vermillons, d'orangés et de jaunes semble y condenser les particules de lumière. L'œuvre est solidement architecturée par les verticales, les horizontales, les obliques de la porte vitrée et de l'embrasure de la fenêtre qui dialoguent avec l'ellipse de la table. Ainsi les jeux de la lumière sur les objets peuvent-ils s'inscrire sans risque dans un canevas de rapports fermes et puissants qui maintiennent la rigueur de la composition.
Finalement, toute l'originalité de l'attitude de P Bonnard face à la nature se révèle dans ce double mouvement. Il ouvre des yeux émerveillés aux spectacles que celle-ci lui offre, s'en imprègne, mais ne se laisse pas absorber par eux. il chante la beauté du monde dans toute sa généreuse diversité, mais prend ses distances vis-à-vis du réel. La nature qu'il nous montre (ceci se vérifiera de plus en plus au fur et à mesure que l'œuvre évoluera), dont il détaille la magnificence avec une sorte de joie panthéiste, est recomposée, dominée, transfigurée, voire soumise aux purs caprices du plasticien. Rien de comparable avec la "fenêtre ouverte sur le monde" des impressionnistes. La différence d'attitude face à la réalité montre une différence de méthode dans le travail. Bonnard ne peint pas sur le motif, mais se promène, prend des notes, l'alchimie d'où sortira l'œuvre véritable ayant toujours lieu à l'atelier.
P Bonnard, qui s'est considéré comme "le dernier des Impressionnistes" a uni ici l'intérieur avec l'extérieur par la fenêtre ouverte et la porte. Cette scène ouvrant sur le jardin marque un tournant dans l'oeuvre de l'artiste par la juxtaposition de deux espaces, dans une construction spatiale et une couleur hamonique savamment maîtrisées. Contrairement aux Impressionnistes cependant, il peint entièrement de mémoire et, comme les Symbolistes, refléte sa relation subjective au sujet (cf. Encyclopédia universalis, musée d'Art moderne de la Ville de Paris).
Pour voir l'étude préalable du tableau :
www.flickr.com/photos/7208148@N02/24886920207/in/datepost...
Salle à manger à la campagne (Bonnard - D 763)
Huile sur toile 164 x 206 cm, 1913 (D 763), Institute of Arts, Minneapolis.
En 1912, Pierre Bonnard a acheté une maison appelée La Roulotte à Vernonnet, hameau proche de Giverny, situé sur la rive droite de la Seine, la ville de Vernon (Eure) dont il dépend étant sur la rive gauche. Cette salle à manger à table ronde est située au rez-de-chaussée et donne sur le jardin. Celle de l'étage à table carrée ou rectangulaire donne quant à elle sur le balcon.
Cette peinture est très révélatrice à la fois des influences impressionnistes et de leur dépassement. La pièce est largement ouverte sur le jardin embrasé, mais l'éclairage qui la baigne n'est pas moins intense. Une harmonie vibrante de vermillons, d'orangés et de jaunes semble y condenser les particules de lumière. L'œuvre est solidement architecturée par les verticales, les horizontales, les obliques de la porte vitrée et de l'embrasure de la fenêtre qui dialoguent avec l'ellipse de la table. Ainsi les jeux de la lumière sur les objets peuvent-ils s'inscrire sans risque dans un canevas de rapports fermes et puissants qui maintiennent la rigueur de la composition.
Finalement, toute l'originalité de l'attitude de P Bonnard face à la nature se révèle dans ce double mouvement. Il ouvre des yeux émerveillés aux spectacles que celle-ci lui offre, s'en imprègne, mais ne se laisse pas absorber par eux. il chante la beauté du monde dans toute sa généreuse diversité, mais prend ses distances vis-à-vis du réel. La nature qu'il nous montre (ceci se vérifiera de plus en plus au fur et à mesure que l'œuvre évoluera), dont il détaille la magnificence avec une sorte de joie panthéiste, est recomposée, dominée, transfigurée, voire soumise aux purs caprices du plasticien. Rien de comparable avec la "fenêtre ouverte sur le monde" des impressionnistes. La différence d'attitude face à la réalité montre une différence de méthode dans le travail. Bonnard ne peint pas sur le motif, mais se promène, prend des notes, l'alchimie d'où sortira l'œuvre véritable ayant toujours lieu à l'atelier.
P Bonnard, qui s'est considéré comme "le dernier des Impressionnistes" a uni ici l'intérieur avec l'extérieur par la fenêtre ouverte et la porte. Cette scène ouvrant sur le jardin marque un tournant dans l'oeuvre de l'artiste par la juxtaposition de deux espaces, dans une construction spatiale et une couleur hamonique savamment maîtrisées. Contrairement aux Impressionnistes cependant, il peint entièrement de mémoire et, comme les Symbolistes, refléte sa relation subjective au sujet (cf. Encyclopédia universalis, musée d'Art moderne de la Ville de Paris).
Pour voir l'étude préalable du tableau :
www.flickr.com/photos/7208148@N02/24886920207/in/datepost...