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La magie sur le pont

La fin d’un banquet, encore plus de couronnement est toujours sinistre, avait prévenu Bartoloméo. Et Jakob le vérifiait en quittant le château des Monts Chauves, dans un carrosse noir, tendu de peaux de chauves-souris. Le gobelin qui lui servait de cocher, passablement saoul, l’avait grassement félicité pour la fête alors qu’il en avait loupé les trois quarts, son litre de mauvais alcool attaché à la ceinture. Et voyant les premières brumes du jour paraître et le ciel s’éclaircir, il avait fouetté le dragon attelé à la voiture pour qu’il dépose plus vite le nouveau roi à son manoir. L’animal fantastique s’était envolé, décrivant une ondulation digne de murènes célestes avant de descendre en piqué vers la plaine et la route caillouteuse qui menait à la demeure du monarque.

Lorsque la voiture royale était arrivée au pont qui enjambait la rivière, Jakob avait fait stopper le véhicule.

Chahuté autant par la nuit qu’il venait de passer, que par tout ce qui lui était arrivé, ainsi que par la violence des coups qu’il avait reçus et donnés, il avait le coeur au bord des lèvres, et l’envie d’un peu d’air frais. Alors qu’il ouvrait la porte du carrosse, le cocher s’écria :

 

- Faites attention Majesté, il ne faudrait pas risquer votre vie en prenant le premier soleil du matin.

 

Jakob ne répondit qu’en haussant les épaules. Le froid de l’aube était piquant mais revigorant. Il le désintoxiquait de l’ambiance maléfique enfumée et fortement alcoolisée de la nuit. Ulf avait beau avoir fait en sorte de ne faire servir aucun ragoût ni cocktail infâme, Jakob n’était pas parvenu à boire autre chose qu’un peu de sang frais, mélangé à du jus de tomate. Et il n’avait rien mangé. Une peur le hantait : celle de représailles de Lucifer et Tania, deux invités puissants qui avaient failli avoir raison à la fois de Bartoloméo son protecteur comme de sa personne. Et qui n’accepteraient pas leur défaite, il en était plus que certain. S’il pouvait impressionner les autres vampires dès lors qu’il sollicitait l’anneau de feu, il pouvait tout aussi bien se ridiculiser facilement, faute de connaître les us et coutumes du royaume des ténèbres. Un instant, il fixa l’horizon rougeoyant comme s’il voulait le défier puis il s’avança sur le pont. Le bruit chantant de l’eau, courant en dessous, avait quelque chose de calmant, quelque chose qui le reliait au coeur de lui-même, à la fois ombre et lumière. Il fit quelques pas, savourant l’air cru et humide, le vent qui s’engouffrait dans ses cheveux blonds. Puis, observant où il se trouvait, il fut pris au coeur d’une émotion incroyable, qui fit tomber toutes ses angoisses. Ce pont...il le connaissait bien en vérité. Il s’y était même promené avec Marie avant sa métamorphose vampirique. Et la rivière...c’était le lieu de leurs promesses nocturnes. Comment avait-il fait pour ne pas remarquer cela plus tôt...et il allait pouvoir y venir très souvent puisque son manoir se trouvait à proximité...peut-être même y attendre sa promise.

 

- Mais voudra-t-elle de moi? Dit-il à la rivière.

 

Il l’espérait de toute son âme, de tout son coeur. Sinon à quoi bon être roi s’il avait perdu la foi.

Bartoloméo l’aiderait...il n’était pas rebuté par son aspect et il comprenait mieux que sous sa forme angélique, les milles et un paradoxes d’un vampire elfe-fée. Jakob contempla la bague factice et sentit sa chaleur rassurante comme pour apaiser ses tourments.

 

- Alors tu crois que Marie viendra un jour me retrouver ici ?

De nouveau cette douce chaleur, comme une certitude. Et il ne savait pas pourquoi ni comment, il entendit la voix d’Agnella sa mère, lui murmurer :

 

- La rivière répond toujours à la supplique du coeur. D’une façon ou d’une autre, elle te donnera sa réponse. Ecoute sa chanson, Jakob, elle t’enseignera les plus belles mélodies mais aussi la patience.

 

L’eau-mère savait cela mieux que personne...et elle le reliait à sa double condition. Maléfique et féerique. Un étrange statut que le jeune souverain devrait apprendre à apprivoiser sans commettre d’impair, sans se laisser berner par des illusions.

Pour se rassurer, Jakob chercha dans la poche de sa veste, le ruban rose que son double féerique lui avait offert...Un moyen de se connecter à Marie, à leur amour profond. Il embrassa le ruban, ferma les yeux et brusquement fut transporté dans une chambre splendide et inconnue.

 

- Où suis-je ?murmura-t-il. Marie ? Tu es là ? Je sens ta présence mais je ne te vois pas…

 

- C’est normal, ricana une drôle de voix derrière lui, ce n’est pas l’heure !

 

Et aussitôt, le perroquet de la tapisserie se posa sur son épaule.

 

- Aaaaahhhh...les fiancés de l’anneau de feu, toujours aussi impatients…Jakob, je sais que tu veux voir ton épouse, mais cette fois-ci, c’est son tour de te voir...Viens, prends place sur le lit, pense très fort à Marie et quand tu seras prêt, ouvre les yeux.

 

-Mais ???

 

- Il n’y a pas de mais qui tienne. Fais ce que je te dis, détends-toi et tout ira bien !

 

- Je ne comprends pas où je suis.

 

- Vraiment ?

 

- Je suis sur le pont, au bord de la rivière qui coule en bas du manoir où je vis…

 

- La partie vampirique de toi est là-bas. Mais la partie féerique est là où tu dois être. Et tu viens de t’y connecter en même temps que tu pensais à ta fiancée.

 

- J’ai fait ça, moi ?

 

- Oui, toi ! Attends deux secondes, tu es bien le prince Jakob de la Vallée Heureuse, uni par l’anneau de feu à Marie Smiroff de Kalamine.

 

- Oui, mais…

 

- Pas de mais, tu es bien celui qui doit être ici.

 

Jakob fronça les sourcils et se tourna vers le perroquet.

 

- Et tu es qui dans cette histoire ?

 

- Un guide de sagesse. Celui de Marie mais aussi le tien. L’avantage que tu as sur elle, c’est que la langue des oiseaux t’est familière. Je n’aurai donc pas à t’enseigner ses rudiments. Comprends-tu ce qui se passe et où tu es ? Prends le temps d’observer cette chambre et de réfléchir pourquoi en pensant à Marie, cette dernière apparaît.

 

Le jeune homme rougit.

 

- Je...j’étais près de l’eau, là où nous nous sommes promis de nous retrouver ; et je suis maintenant dans la chambre nuptiale où je veux...m’unir à Marie. Là où tous les éléments sont unis : l’eau, la terre, l’air et le feu.

 

- Parfait ! En tant que porteur de l’anneau, c’est toi qui apporte le feu. En tant qu’elfe fée musicien, tu apportes aussi la chanson de l’eau...Deux contraires que tu viens de réunir. L’eau où vous avez fait vos vœux te permet d’accéder à la chambre nuptiale, c’est à dire le feu, la réalisation de l’union.

 

- Mais le feu peut détruire…

 

- L’eau aussi...autant que chacun de ces deux éléments peut purifier, nettoyer, rapprocher ce qui était séparé. Il est naturel que l’eau appelle le feu et que le feu appelle l’eau. Les deux éléments marchent ensemble et sont une question de dosage : trop d’eau noie le feu, trop de feu déshydrate et brûle tout sur son passage. A toi de trouver le juste équilibre. Comme la terre et l’air dont dispose Marie. Vos deux magies se complètent. Apprenez donc à vous en servir.

 

- Mais comment ?

 

- Le vampire en toi saura t’instruire pour ce qui te concerne. Il a des appétits qui te conduiront à faire usage tant de la magie du feu que de celle de l’eau. Il t’obligera à trouver le moyen de concilier ces deux éléments et les convoquer, non par le désir de puissance et de pouvoir mais pour harmoniser ton intériorité. Ce qui est un préalable indispensable à l’union telle que tu la désires.

 

- Et Marie ?

 

- Je suis en train de faire son éducation céleste et alchimique.

 

Jakob sursauta et se tourna vers le perroquet d’un air à la fois intrigué et soupçonneux. Ce qui fit rire l’oiseau, ravi de provoquer le jeune homme.

 

- Non, ne t’inquiète pas ! Et ne commence pas à imaginer ton épouse entre les mains d’un amant. Rien de tel dans mon enseignement. Mon rôle se borne à l’amener progressivement dans cette chambre. Et à l’aider à surmonter sa peur de l’intimité.

 

- Elle a peur de s’unir à moi ?

 

- Marie a peur de ne pas être assez à la hauteur pour toi. Pas assez jolie, pas assez mondaine, pas assez intéressante. Elle a peur de se donner complètement à toi parce qu’elle a peur ensuite d’être rejetée, abandonnée, moquée par tes proches, par toi. Surtout depuis que tu es devenu vampire et roi des ombres...Réalise le saut dans le vide qu’elle fait en t’aimant, Jakob. Elle est humaine, aime un être à la fois féerique et maléfique et qui réunit en lui les deux natures opposées. Un être qui évolue dans un monde aux antipodes du sien. Si toi, grâce à ton père, à ta nature elfique et maléfique, tu n’as pas peur de te confronter au monde humain et d’y assumer ta double magie, Marie en dehors d’Erminie et d’Amédée, ne connaît guère le monde féerique et encore moins celui qui relève des ombres et des maléfices. Urgande, Angelo et ton père ont contribué à l’initier un peu à quelques mystères, Oswald aussi d’une certaine façon, mais elle a maintenant besoin de connaître ses propres pouvoirs, ou plus exactement de renouer avec les pouvoirs qui ont été les siens dans une autre vie. C’est nécessaire pour qu’elle puisse oser se donner pleinement à toi sans avoir peur de le faire. Et crois bien que ce n’est surtout pas évident pour elle d’oser accepter cette part de magie en elle.

 

- Pour moi non plus, ce n’est pas facile...Et puis, comment puis-je l’aimer sans la dévorer maintenant que je suis vampire? A chaque fois que je la vois, j’ai peur de commettre l’irréparable tellement le désir que j’éprouve pour elle est puissant.

 

- Ne te pose pas la question avec Marie pour le moment, car votre union est demeurée chaste jusque là. Expérimente plutôt cette dualité en toi avec la voleuse d’âmes.

 

- Mais je ne veux pas être infidèle à Marie.

 

- Je sais...seulement, le vampire en toi a besoin de comprendre tes désirs dans leur globalité et ta partie féerique aussi. C’est aussi pour cela que tu es dans cette chambre. Si tu n’étais pas prêt à travailler sur ce chapitre charnel, tu ne serais pas ici, crois-moi.

 

- Mais je ne peux pas vivre ces élans avec une personne aussi horrible que cette Tania…Elle n’est pas mon épouse et ne le sera jamais.

 

- Tania n’est pas et ne sera jamais Marie mais elle possède un pouvoir hypnotique et maléfique suffisamment puissant pour révéler en toi des désirs dont tu ne mesurais pas l’intensité. Et elle n’est pas la seule à avoir éveillé tes appétits vampiriques. Oswald l’a fait aussi. Sois en conscient. Si tu es devenu vampire, c’est qu’une part de toi voulait connaître ce trouble maléfique et tortueux. Réalises-tu qu’Oswald voyait en toi non seulement un fils spirituel mais aussi un possible amant ? Et que c’est aussi cela qui a joué dans ta métamorphose, pas seulement le poison absorbé par Marie ?

 

Jakob rougit violemment.

 

- Je...j’avais perçu quelque chose de bizarre dans le comportement du sorcier avec moi, mais...peut-être pas dans les proportions que tu décris. Ca veut dire que je dois me confronter à ce désir inavoué d’Oswald pour moi et que Tania me ressert à sa façon ?

 

- C’est à peu près ça. C’est la part maléfique que tu dois explorer en toi. Oswald voulait te posséder complètement tout en étant fasciné et attiré violemment par Marie. Parce qu’elle représente la pureté et la magie dénuée de maléfices, l’amour qui lui a manqué. En te possédant, il la possédait elle aussi. Tania est dans la même recherche de possession totale qu’Oswald, puisqu’elle en veut à ton âme autant qu’à ton corps. Avec peut-être en plus, cette volonté de dévoration que tu éprouves aussi en sa présence. Pourquoi ? Qu’est-ce que tu t’interdis avec Marie que tu peux t’autoriser à manifester avec la voleuse d’âmes ? C’est à toi de le découvrir. Le feu et l’eau qui constituent la base de tes pouvoirs maléfiques et féeriques en plus de la musique, ne pourront être harmonisés et unis à la terre et à l’air de Marie que lorsque tu auras résolu cette énigme.

 

- Je dois explorer le feu de mon désir, n’est-ce pas ?

 

- Oui, et peut-être ses milles une facettes contradictoires. Pourquoi le désir amoureux et inavouable d’Oswald a trouvé en toi un écho jusqu’à te métamorphoser en vampire ? Pourquoi, même si Tania est un monstre sous un vernis séduisant, laisses-tu son désir te corrompre d’une certaine façon, alors que c’est Marie que tu souhaites avoir à tes côtés et avec qui tu veux vivre cette union complète ?

 

Jakob soupira, réfléchit un moment et puis les yeux dans le vague, il murmura :

- Tania excite ma volonté de puissance, mon ego. Par son charme vénéneux, sa façon de me vouloir...Oswald faisait de même...Et puis, maintenant que je suis maléfique moi aussi, je n’ai pas peur de vivre la dimension charnelle avec la voleuse d’âmes puisqu’elle n’aura pas de conséquence…

 

- En es-tu sûr ? Tu n’es qu’à demi maléfique. Tu peux perdre ton âme avec Tania.

 

- Mais je peux manger Marie si je me laisse dominer par mon feu pour elle.

 

- Alors tu préfères perdre ton âme.

 

- Non...oui, peut-être...pour préserver Marie de...Je l’aime trop pour la faire mourir.

 

Le perroquet contempla l’elfe-fée avec amusement.

 

- Cela veut dire que tu penses que Marie ne peut pas se défendre contre toi, du moment que vampire. J’ai le regret de te dire que ton épouse possède de quoi dompter comme alimenter ton feu. Si comme ton frère Manfred, elle sait charmer la terre pour y faire pousser des plantes merveilleuses et s’y cacher, elle sait aussi activer un vent sorcier capable de t’enflammer jusqu’à te consumer entièrement. Et c’est peut-être cela qui te fait si peur, Jakob...plus que d’être dévoré corps et âme par Tania, plus que la peur que le désir charnel que tu éprouves pour Marie t’amène à la tuer. Réfléchis à tout ça...Oswald devinait que Marie cachait une magie puissante qui lui tournait la tête, le coeur et les sens et tu le sais confusément aussi. C’est ce qui à la fois provoque ton désir d’elle et t’angoisse de le réaliser. Car c’est un pouvoir que tu ne possèdes pas et dont tu ne connais pas la puissance.

 

- Mais Marie ne le connaît pas non plus ce pouvoir…

 

- Pour l’instant, non. Elle n’a apprivoisé et reconnu que celui qui est lié à la terre. Et c’est jusque là ce qu’elle a travaillé en alchimie. Mais elle va la découvrir sous peu, cette magie particulière liée à l’air...Le vent sorcier ne se révèle que dans certaines circonstances. Et ce n’est pas toi qui le lui apprendras. De la même façon, ce n’est pas Marie qui t’apprendra à équilibrer l’eau et le feu de ton désir. Chacun de vous doit travailler ces harmonies seul.

Une fois que chacun aura compris son rôle et comment domestiquer ses propres pouvoirs, que chacun saura les utiliser à bon escient, Marie et toi serez prêts à vous unir ici.

 

Jakob soupira.

 

- Je la veux tellement cette union charnelle avec Marie, si tu savais...aaaaaaah si seulement ce moment était arrivé.

 

- Il viendra plus vite que tu ne le penses. Travaille et tu ne verras pas le temps passer. C’est en agissant que tu accélères cette réunion et cette fusion. En attendant, je te conseille de rentrer chez toi. Un cadeau t’y attend.

 

Le jeune homme fixa le perroquet avec étonnement.

 

- Un cadeau...de Marie ?

 

Le perroquet hocha la tête. Puis il s’envola, la chambre nuptiale disparut et Jakob se retrouva à nouveau sur le pont de la rivière. Le soleil commençait à lancer ses rayons, le brûlant autant sinon plus que le désir qu’il avait de son épouse. Le ruban rose battait au vent comme une bannière...Il était décidément temps de rentrer au manoir, même s’il aurait préféré attendre Marie ici. Le roi vampire glissa à nouveau le ruban dans la poche de sa veste et rejoignit son carrosse qui le déposa devant la porte qui s’ouvrit immédiatement pour le laisser entrer. Jakob se précipita dans l’escalier et grimpa quatre à quatre les marches jusqu’à sa chambre qu’il ouvrit avec émotion, comme s’il allait y rejoindre sa dulcinée.

 

Son regard se heurta à celui du portrait de Bartoloméo qui souriait dans son cadre. Jakob s’approcha du tableau et sourit en voyant la rivière représentée derrière le jeune homme ainsi que le manoir où il vivait. Il repensa à la fontaine où Anne et Bartoloméo s’étaient retrouvés. Elle ressemblait fortement à celle qui les avait unis, Marie et lui...alors...peut-être que Bartoloméo et lui-même n’était qu’une seule et même personne...Comme Marie et Anne probablement. Et comme leur couple avait pu s’unir à la fontaine sans pour autant être transformés en pierre, cela voulait dire que Jakob et Marie allaient pouvoir s’unir sans risquer la malédiction…Bouleversé par ces prises de conscience, Jakob se débarrassa de son manteau et se dirigea vers son lit pour mieux méditer à son aise. Le couronnement, le banquet, la lutte qu’il avait menée autant que sa discussion avec le perroquet l’avaient épuisé et il avait besoin de repos. Il allait s’allonger sur sa couche pour y dormir quelques heures, tout en faisant tourner l’anneau que son mentor lui avait donné, lorsque son regard fut attiré par une grenade qui brillait doucement sur l’oreiller voisin du sien.

 

- Le cadeau de Marie, murmura le vampire, avant d’avancer la main pour s’emparer du fruit rosé.

 

Il ferma les yeux et posa la grenade sur sa joue puis sur ses lèvres. Il l’embrassa avant de caresser son visage avec l’écorce fraîche et lisse.

 

- Au moins toi, je peux te manger sans crainte de tuer celle que j’aime, soupira le jeune homme.

 

De ses griffes, il entailla la peau du fruit qui dévoila une peau blanche et des perles roses et rouges brillantes et appétissantes. Jakob y planta ses crocs et croqua avec délice le fruit jusqu’à la dernière perle. Le jus avait coulé sur son menton comme le sang qu’il aimait boire. Mais il était plus doux et plus sucré. Son parfum était suave comme l’unique baiser qu’il avait donné à Marie pour la faire revenir de son évanouissement, avivant encore son désir d’elle. Alors il ferma les yeux et laissa la chanson de la grenade le pénétrer totalement, comme il avait tenté de le faire en la mangeant. La mélodie était douce et suave, mais aussi timide et résolue. Elle annonçait le vent dont Jakob ne présumait ni la force ni l’issue.

 

www.youtube.com/watch?v=pUMd0fCaWnA

 

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Uploaded on November 15, 2022
Taken on October 23, 2022