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Messages

Angelo avait aperçu un rayon de lumière pure, traversant la forêt et venant rebondir sur leur jardin avant de filer loin, très loin, par delà les monts et les bois en direction de Kalamine. Curieux, il s’était avancé pour mieux identifier d’où il venait, comprit que ce rayon provenait de la tour d’Oswald et reconnut l’énergie paternelle.

Aussitôt, il courut et rejoignit Agnella qui était en train d’aider Manfred à tuteurer une magnifique tulipe rouge.

 

-Mère, mère...je viens d’avoir des nouvelles. Père est vivant ! Il est vivant !

 

- Oh, mon petit, mais comment as-tu pu le savoir?

 

- Venez voir...Il y a encore son énergie...là, dans le massif des campanules. Lorsqu’elles se sont toutes ouvertes d’un seul coup dans un rayon de lumière pure, j’ai su que père nous envoyait un message. Et un beau message, un message d’espoir. Le rayon de lumière file très loin, du côté de Kalamine. Alors je suppose que père voulait nous dire qu’il envoyait la même énergie à Jakob.

 

- Attends un instant...il y a aussi quelque chose pour nous tous. Je veux savoir ce que votre père a voulu nous dire.

 

Agnella effleura les clochettes des campanules qui se mirent à tinter et délivrèrent ce message :

 

- Mon cher amour, chers enfants...je vais bien. Oswald m’a enfermé dans une cage mais en me concentrant depuis une petite chaise placée de biais pour m’orienter seulement entre les barreaux de ma prison, je vous envoie ces quelques mots que vous pourrez partager ensemble et garder.

Je voulais vous informer d’une chose que j’ai apprise tout à l’heure. Marie a trouvé un amoureux et a remis à une grive une bague, que je soupçonne être celle d’Héloïse. De plus, la jeune fille comme l’oiseau portaient un parfum délicieux que nous connaissons bien vous comme moi. Si comme je le crois, c’est la grive que connaît Jakob qui a emporté cet anneau, alors il se pourrait que notre fils, votre frère aîné, soit l’amoureux de Marie. Ce qui voudrait dire qu’il a entre ses mains le moyen de délivrer tous les royaumes féériques de la tutelle d’Oswald et des pouvoirs maléfiques.

J’envoie donc de ma prison, l’énergie de feu qu’il lui faudra pour accomplir la prophétie.

Et je vous demande de joindre vos énergies elfiques et féériques à la mienne pour que Jakob ait le temps de se déclarer à Marie avant qu’Oswald ne s’en empare.

Si je suis au courant de tout cela, vous devez comprendre que mon geôlier l’est aussi. Il a reçu un rapport détaillé de son chef d’armée, et s’apprête à s’emparer de la fille d’Alexandre demain dans la journée ou dans la soirée. Il est donc de première importance que nous soyons unis pour envoyer tout l’amour de la terre à Jakob et à l’anneau de feu. Agnella, préviens nos amis des royaumes féériques. Et demande-leur d’unir leurs énergies pour aider Jakob. Ici, je ne peux rien faire, mais toi, ma chérie, tu peux beaucoup. Je t’embrasse avec tout l’amour que tu sais...ainsi que Manfred et Angelo. A bientôt, mes chéris. Philéas.

 

Lorsque les dernières campanules résonnèrent dans le vent, divulguant le message du roi des elfes, Agnella, Manfred et Angelo eurent envie de pleurer. De joie et de chagrin tout à la fois. Et d’un même élan, ils se prirent très fort dans les bras. Puis, ensemble, ils captèrent la lumière de Philéas et y joignirent la leur avant de la diffuser à tous les royaumes féériques qu’ils connaissaient. Des gobelins aux trolls, en passant par toutes les fées, les gnomes, les sirènes, les sylphes, les elfes, farfadets, nains, bonnes sorcières, esprits malicieux, tous reprirent ce message et envoyèrent leur lumière vers le royaume de Kalamine.

 

Dans l’atelier d’Erminie, Jakob qui terminait de préparer sa mandoline pour l’audition du lendemain, vit sa fenêtre s’ouvrir brutalement sous une poussée venteuse énergétique multicolore et venir ensuite s’enchâsser sur l’anneau qui aspira ce flux d’une incroyable puissance. La bague se mit à scintiller et à briller tel un cercle vermeil. Puis elle se souleva et s’avança vers le luthier avant de se poser près de lui, insistante.

Jakob la prit dans sa main et aussitôt, il fut parcouru d’un flot d’émotions qui faillit presque le submerger. Il avait la vision de toute sa famille, ainsi que de tous les êtres féériques qu’il connaissait, unis pour l’encourager.

 

- Mais que se passe-t-il donc aujourd’hui ? Quel est ce prodige?s’écria le jeune homme en voyant l’énergie de l’anneau se poser sur son front, sur son coeur et ses mains.

 

En même temps qu’il disait cela, il ressentit une puissante décharge électrique parcourir sa colonne vertébrale et il crut que son coeur allait éclater sous la charge énergétique qu’il recevait.

 

Le souffle coupé, il ferma les yeux tandis que tout son corps se mettait à trembler si fort, qu’il dût s’asseoir. Il voyait le sol tanguer et se serait évanoui sans le secours d’une apparition angélique, coiffée d’un casque et tenant une lance, entouré d’un rayon lumineux qui venait de l’anneau.

 

- Jakob, Jakob disait une voix, le temps presse. Oswald vient demain chercher son épouse. Toi seul a le pouvoir de l’en empêcher. Demande sa main à son père...vite...sinon, il sera trop tard !

 

- Mais comment faire ? Je...je ne sais même pas si je suis capable de gagner le coeur de Marie aussi bien que l’audition, et encore moins d’affronter le sorcier.

 

- L’anneau te donnera tous les pouvoirs dont tu as besoin. Mais tu dois l’emmener avec toi demain matin au palais. Et le charger de tout l’amour que tu éprouves pour Marie. Elle aussi doit faire de même. Ainsi, le feu de l’anneau te fera vainqueur et vous garantira toi et ta belle, du pouvoir des ombres et de tous les maléfices.

Lorsque tu seras sûr de vos sentiments mutuels, murmurez ensemble trois fois : la magie appartient à la magie.

Alors tout s’accomplira selon la prophétie des anges. Ne crains rien, toi et Marie êtes protégés quoi qu’il arrive. Utilise tes pouvoirs d’enchantement musical pour séduire son père et ralentir Oswald et sa troupe de vampires. Mais si jamais tu laisses la peur et le doute te dominer, alors le malheur s’abattra sur toi et sur tous les êtres de féérie.

 

Enfin, je voudrais te livrer un message très spécial de la part de ton père.

 

- De mon père ?

 

- Oui...De là où il se trouve, il tenait absolument à te rappeler ceci :

 

www.youtube.com/watch?v=FvFWQuKLi8w

 

C’est alors que tous les instruments de l’atelier se rassemblèrent et se mirent à jouer, tandis que la voix de Philéas faisait vibrer l’âme du jeune luthier.

 

Emu jusqu’aux tréfonds de lui-même, Jakob murmura :

 

- Je vous promets de ne pas oublier vos conseils, père. Et j’essaierai de me rendre digne de vous.

 

 

Pendant ce temps, Erminie qui voulait comprendre ce qui se passait au château, s’était rendue dans le parc du palais Smiroff sur son balai et elle fut accueillie par un concert de rires masculins. Car tous les prétendants de Marie s’y étaient donnés rendez-vous pour s’entretenir de la meilleure façon de séduire la jeune fille.

Célestin en tête, toujours aussi sûr de lui et prétentieux, dispensait ses conseils à ses rivaux, sans même mesurer le ridicule de ses interventions.

 

www.youtube.com/watch?v=aFp7CDlxpJ4

 

Et l’arrivée inopinée de cette vieille et grosse dame en bonnet tuyauté et robe de satin prune, assise en amazone sur son balai, en lieu et place de la jolie jeune fille qu’évoquait le duc de Clarence, provoqua l’hilarité générale. Surtout lorsque dans un excès d’alcool, son collègue Léopold de la Pommeraie, se précipitant aux genoux de la sorcière gouvernante lui déclama ces vers :

www.youtube.com/watch?v=4qjx6uSX4K8

 

- Allez donc, messieurs, laissez moi passer ! Par la mardi, auriez-vous tous abusé de vin de Champagne ? Je dois de toute urgence voir votre hôte. Et je n’ai que faire de vos plaisanteries de corps de garde ! Vous devriez plutôt répéter le menuet et la gavotte. Le bal sera sans doute avancé et comme de juste vous ne serez pas prêts.

 

- Quoi ? La vicomtesse aurait-elle déjà choisi son fiancé parmi nous ? s’enquit un beau jeune homme du nom d’Evariste.

 

- Il se pourrait, il se pourrait, répondit goguenarde Erminie qui s’amusait à provoquer quelques questionnements et oeillades inquiètes chez ces seigneurs. Mais avant de vous entretuer pour savoir lequel d’entre vous est l’heureux élu, je vous conseille d’appeler les musiciens pour faire honneur à notre demoiselle. Quand je reviendrai, je veux vous voir aussi agiles de vos jambes que vous l’êtes de vos langues.

Et surtout, de la grâce, messieurs...de la grâce, insista-t-elle avec emphase, avant de s’éclipser dans le grand hall du château.

 

 

Maintenant, il s’agissait de s’engouffrer dans le premier corridor et de se téléporter sans être vue dans la chambre de Marie.

 

La jeune fille était à son bureau et la tête penchée, écrivait un courrier dont la sorcière devina immédiatement le sujet et le destinataire. Elle sourit, puis s’avança un peu plus dans la pièce pour se faire voir, ce qui fit immédiatement sursauter Marie.

 

- Dieu du ciel, Erminie, mais que faites-vous là ?

 

- Je venais vous voir, ma chère enfant. Voir où vous en étiez avec vos amoureux également.

 

- Mes amoureux ? Ils ne me soucient guère. Ils sont si insupportables et ennuyeux…Comment père a-t-il pu choisir des hommes aussi pitoyables ?

 

- Vous exagérez. Ils ont tous beau verbe et belle allure, jeunesse et fleurons d’argent. Se sont des qualités que vous ne trouverez pas chez Oswald, je vous le garantis.

Méprisez ces galants et vous les regretterez bientôt quand vous serez pour de bon l’épouse du sorcier le plus maléfique de nos royaumes.

 

La jeune fille se mit à rire.

 

- Aucun danger pour que je devienne sa femme, je vous rassure.

 

- Vous vous êtes donc décidée ?

 

La vicomtesse fit la moue, reposa sa plume, puis toute rougissante répondit à la sorcière :

 

- Peut-être…

 

- Voyez-vous cela ! Marie la sauvageonne se serait-elle apprivoisée ?

 

- Là, c’est vous qui exagérez, Erminie. Je ne suis pas sauvage. J’aime la vie simple, voilà tout. Désolée de vous décevoir mais je ne me vois pas faire des courbettes et présider des dîners de cent couverts chaque semaine. Je préfère d’autres occupations plus constructives.

 

- Je le sais bien. En ce cas, je suppose que votre futur fiancé ne fait pas partie des nobles jeunes gens invités par votre père.

 

- On ne peut rien vous cacher.

 

- Ne me dites pas qu’il s’agit du fermier vivant près de votre maison de campagne…

 

- Non, pas du tout. Nicolas est très gentil mais pas du tout le genre d’homme avec qui je pourrais m’entendre.

 

- Alors qui est-ce ? Demanda la sorcière. Je le connais ?

 

- Il se pourrait…

 

- A la fin me direz-vous de qui il s’agit ?

 

- Je m’en garderai bien. De toute façon, je suis sûre que vous savez déjà qui c’est. Mais votre plaisir ne sera pas complet si je ne vous révèle pas son nom. Est-ce que je me trompe ?

 

La sorcière sourit avec malice. Décidément, l’amour avait transformé la jeune fille plutôt timide et soumise en lui donnant une répartie qu’elle n’aurait jamais eu avant. Et aussi plus d’audace car jamais auparavant la vicomtesse n’aurait laissé son mouchoir traîner avec l’idée de séduire un garçon.

 

- Ah Marie, quand je pense à la petite fille que vous étiez, moi qui ai assuré vos premiers pas...et maintenant, voilà que vous aimez ! Comme c’est attendrissant et comme votre mère doit être fière de vous !

 

- Maman ? C’est curieux que vous me parliez d’elle car pas plus tard que ce matin…

 

Elle s’interrompit, n’osant parler de sa conversation avec la grive, amie de Jakob.

Mais la sorcière, sentant le moment opportun, insista :

 

- Quelqu’un vous a parlé d’elle ? Votre père ?

 

- Non. Papa évite ce sujet et vous savez bien pourquoi.

C’est un oiseau qui m’a parlé d’elle. Et qui de toute évidence, connaissait notre secret.

 

Erminie devint toute pâle.

 

- Ne me dites pas que vous avez donné l’anneau de votre mère à cet oiseau !

 

- C’est lui qui m’en a parlé le premier et qui me l’a réclamé pour...enfin...pour le jeune homme que j’ai choisi. Je n’y ai pas vu malice et je le lui ai donné en échange d’informations. Après tout, cet homme l’aura entre les mains s’il souhaite m’épouser. Alors un peu plus tôt, un peu plus tard…

 

- Marie, mais vous rendez-vous compte du danger que vous nous faites courir ?

L’anneau de feu est censé avoir disparu. Si vous l’offrez aussi inconsidérément au premier volatile qui vous le demande…Et d’abord qui est cet oiseau ? Le savez-vous ? Il pourrait très bien être un agent du sorcier Oswald, usant de ruse pour avoir ce qu’il désire. Y avez-vous seulement réfléchi ?

 

- Jamais je n’aurais donné cet anneau à un être démoniaque. L’oiseau de toute manière, n’avait rien à voir avec ces créatures maléfiques que vous m’aviez appris à reconnaître. Il était amical et très obligeant.

 

- Un malfaisant le serait pour obtenir cet anneau de légende. Marie, mon enfant, je crains que vous n’ayez commis une grave erreur.

 

- Ecoutez, Erminie. J’ai suivi l’élan de mon coeur, comme vous me l’avez si souvent répété. Et l’oiseau, vous le connaissez puisqu’il loge dans votre cerisier. C’est une grive musicienne…

 

- Ciel ! Alors le jeune homme...il s’agit donc du jeune luthier qui vit chez moi, n’est-ce pas ?

Que ne le disiez-vous plus tôt !

 

- Mais...que vous importe ?

 

- Il m’importe ma chère enfant qu’il s’agit de la sécurité intérieure du royaume. Si vous aviez remis votre anneau à un des sbires d’Oswald, nous étions tous perdus. Mais si vous avez remis l’anneau de feu à la grive, je suis soulagée. Cet oiseau-là est tout sauf maléfique. Et il est même le meilleur messager dont puissent rêver deux amoureux. Ainsi donc, Jakob vous plaît. Mais quand donc l’avez-vous rencontré ?

Voilà des mois que je cache ce garçon chez moi. Et il n’a ouvert la lutherie que depuis hier matin.

Vous seriez-vous déguisée pour l’espionner lorsqu’il vendait ses premiers instruments? Etiez-vous une cliente que je n’aurais pas remarquée ?

 

La jeune fille se mit à rire.

 

- Pas du tout. Le hasard me l’a fait connaître autrement et ma foi...le hasard a bien fait les choses. C’est tout ce que je puis vous dire de cette histoire.

 

- Devez-vous le revoir ?

 

- Dame, oui ! Au moins pour m’assurer que ses intentions sont honorables et que mes sentiments à son égard n’ont pas varié. Jamais je ne pourrais l’épouser sans amour.

 

- Connaît-il le pouvoir de l’anneau ?

 

- Si vous ne le lui avez pas dit, la grive le fera. Elle m’a promis de faire diligence et de revenir me porter la réponse de Jakob.

 

Elle n’avait pas plus tôt évoqué cette messagère que la grive revenait à tire-d’ailes, tenant dans son bec une missive enchantée, poinçonnée d’une clé de sol. Marie l’accueillit avec émotion, reçut sa lettre et dit :

 

- Attends un instant, j’ai moi aussi un billet à lui donner.

 

La grive, qui avait aperçu Erminie, n’osa pas rentrer dans la chambre et se contenta d’attendre sur le rebord du balcon.

Marie termina son message, le signa, puis replia sa lettre et la cacheta, avant de la tendre à l’oiseau qui sans demander son reste, s’envola aussitôt, chargé du précieux billet, vers l’atelier de lutherie.

 

La jeune fille le regarda s’éloigner, les yeux rêveurs. Puis revenant à sa gouvernante, elle la pria de la laisser seule :

 

- J’espère que vous n’en prendrez pas ombrage, mais...j’aimerais pouvoir lire ma lettre en toute intimité, s’il vous plaît.

 

La sorcière leva les yeux au ciel et d’un ton faussement courroucé, elle répondit :

 

- Si l’on m’avait dit qu’un jour, je serais évincée par une lettre d’amour…Mais soit, puisque je sais à présent qui vous l’envoie, je veux bien vous laisser seule, jeune corruptrice ! Mais pas d’imprudence ! Oswald doit nous surveiller. Alors évitez désormais de vous montrer à la fenêtre en public, et spécialement avec le jeune luthier. Je ne voudrais pas qu’il vous arrive malheur, ni à l’un ni à l’autre. Sans compter la fine équipe de galants rivaux que vous allez au mieux décevoir et au pire, mettre en rage, je ne saurais trop vous conseiller de rester jusqu’à vos noces, aussi sage qu’une image.

 

- Je le serai, ne vous faites pas de souci pour cela. Dites moi seulement laquelle de ces robes je dois mettre pour mon premier rendez-vous ? La bleue ou la beige et rose ?

 

- La seconde évidemment. Avec votre teint, votre âge, et votre situation, il serait dommage de dissimuler vos épaules et votre décolleté. Mais prenez donc aussi votre éventail ! Même si je sais votre galant fort sage, devant tant d’attraits, il se pourrait que l’audace lui vienne autant qu’à vous-même.

S’il dépassait les limites de la bienséance, cet instrument pourrait vous être grandement utile, si vous voyez ce que je veux dire.

 

La jeune fille pouffa, promit tout ce que voulait Erminie et referma rapidement la porte sur elle.

La sorcière n’avait pas fait quelques pas dans le couloir qu’une douce musique accompagnée de la voix de Jakob, résonna dans la chambre, faisant sourire la vieille dame.

 

www.youtube.com/watch?v=gReIHMN7IdY

 

Elle écouta un moment la mélodie, approuva le ton et la modestie de la chanson. Et tout en s’en retournant chez elle, elle murmura :

 

- Décidément...ce jeune homme est non seulement bon luthier et bon musicien, mais tout aussi poète et galant. Notre petite vicomtesse devrait être heureuse avec un pareil mari. Espérons seulement que l’affreux Oswald ne vienne pas tout gâcher.

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Uploaded on April 16, 2020
Taken on April 16, 2020