D.B. HBR4 coach surbaissé "Le Monstre" 1959
Chassis 1110
Moteur 102380
Ultra léger et performant, le coach D.B révèle une agilité remarquable en compétition. A l'époque, le coach D.B brille sur différents fronts en matière de compétition : l'endurance, les courses de côte et bien sûr le rallye. Pilote chevronné et agent Panhard à Chambéry, André Guilhaudin va disputer une multitude d'épreuves au volant de Panhard spéciales et de D.B à mécanique Panhard. Ce dernier est convaincu du potentiel du coach D.B et pense qu'un développement drastique peut optimiser encore davantage ses performances. Aussi convainc-t-il son ami le pilote Jacques-Edouard Rey de passer commande auprès de D.B d'un coach HBR4 neuf, destiné à être modifié selon ses idées. Rey prend possession de la voiture en juin 1959. Cette dernière arbore une teinte " bleu lumineux ". Elle est immatriculée 765 CM 73 le 28 Août 1959. L'étude d'André Guilhaudin vise un allègement maximal et une amélioration considérable du coefficient aérodynamique à travers l'abaissement du maître-couple.
La voiture est modifiée sur ses directives par la carrosserie Chalmette, basée à Grenoble. La première phase consiste à un abaissement du pavillon de l'ordre de 12 cm. Le tronçonnage de la carrosserie se poursuit avec la suppression de la baie de pare-brise originelle. Celle-ci est remplacée par un encadrement de lunette arrière de Panhard Dyna Z1. L'inclinaison de cette dernière a été adaptée à une recherche aérodynamique maximale. Les portières sont formées en aluminium dans un mouvement prolongeant l'inclinaison de la partie avant. Côté freinage, André Guilhaudin a fait usiner et modifier des tambours par l'Aluminium Français à partir des modèles équipant les Panhard de série. Ces derniers seront dotés d'ailettes rapportées, ce qui les rapproche, tout au moins d'un point de vue graphique des modèles Al-Fin qui seront utilisés par D.B.
Ce coach modifié fait ses premiers pas en compétition dès septembre au Tour de France Auto sous le N° 111. Sur cette épreuve, l'équipage Guilhaudin / Rey dispose d'un moteur de 747 cm3. Ultra performante, la voiture se classe 8ème au scratch et remporte l'indice en GT. Le 11 octobre suivant, le même équipage prend part au Critérium des Cévennes. Il y remporte sa catégorie et se classe 5ème au scratch. Les performances et les résultats obtenus par cette voiture privée ne manquent pas d'attirer l'attention de René Bonnet. Si l'on s'en réfère à certains témoignages, c'est à cette époque et au sein même de l'équipe D.B que cette voiture sera surnommée " Le Monstre ". Dans la foulée, René Bonnet demande à Jacques Hubert d'étudier une version surbaissée du coach, qui aboutira sur la production d'une dizaine de voitures.
En fin de saison, " Le Monstre " fait l'objet de quelques modifications chez Chalmette. Aussi les passages de roues avant sont-ils fortement modifiés et formés en aluminium, visant un aérodynamisme affiné. Au passage, de petites grilles rectangulaires en acier sont apposées sur la partie supérieure des ailes en remplacement des sorties latérales supprimées par les nouveaux passages de roues, afin de favoriser l'écoulement de l'air. Au cours de cette opération, les pare-chocs sont supprimés, à l'avant comme à l'arrière. Seule l'extrémité des pare-chocs arrière est conservée. Au passage, le dessous de la voiture est entièrement caréné en tôle d'aluminium. Les roues arrière bénéficient quant à elles d'un carénage rapporté, constitué de panneaux de contreplaqué.
La saison 1960 s'amorce avec le Rallye Monte-Carlo auquel la voiture participe sous le N°4. Le binôme Guilhaudin / Rey y sera contraint à l'abandon. Le 5 et 6 mars suivants, l'équipage prend part au Rallye Lyon-Charbonnières, puis prend part au Tour de France du 15 au 23 septembre sous le N°109 et se classe 4ème à l'indice en GT et 12ème au scratch.
En 1961, " Le Monstre " fait ses premiers pas en endurance en participant aux 24 Heures du Mans. Elle est équipée d'un moteur d'usine de 848 cm3 préparé chez D.B. Véritable poids plume, l'auto pèse 559 kg, répartis comme suit : 367 kg sur l'avant et 192 kg sur l'arrière. Une copie du carnet de pesage sera remise à l'acheteur. Menée tambour battant par André Guilhaudin et Jean-François Jaeger, l'auto se classe brillamment. Elle décroche en effet la deuxième place à l'indice énergétique et 20ème au général après avoir parcouru 3268, 860 km à la moyenne de 136, 203 km/h. Du 14 au 23 septembre 1961, elle dispute le Tour Auto pour la 3ème fois consécutive, toujours aux mains d'André Guilhaudin et Jacques-Edouard Rey. Sa mécanique est un 695 cm3. L'équipage est contraint à l'abandon. Le 22 octobre suivant, l'auto est engagée aux 1000 km de Paris. Menée par Jacques-Edouard Rey et Marcel Picart, elle dispute l'épreuve sous le N°42. L'équipage est contraint à l'abandon suite à une sortie de piste. L'aile avant gauche est endommagée. Une fois la voiture rapatriée en Savoie, elle est remise en état et l'aile est réparée à l'aide de tôle d'aluminium.
La voiture effectue son ultime saison de course en 1962. Aussi est-elle engagée au Tour de France Automobile sous le N°102. Menée par Jacques-Edouard Rey et Guy Druguet, elle est équipée d'une mécanique de 695 cm3. Sur cette épreuve, l'équipage sera contraint à l'abandon. Le 2 septembre, la voiture est engagée sur la Course de côte de Chamrousse sous le N°64 où elle est équipée d'une mécanique de 848 cm3. Le résultat ne nous est pas connu. Le 2 décembre suivant, " Le Monstre " prend le départ du Critérium des Cévennes, toujours aux mains de Rey et Druguet. Elle termine 11ème au scratch, seconde de sa classe et 9ème des GT. Très attaché à son auto, Jacques-Edouard Rey la conservera pieusement dans son garage.
A l'occasion des 24 Heures du Mans 1973, la voiture viendra de nouveau fouler le circuit de la Sarthe le 9 juin lors d'une rétrospective. Jacques-Edouard Rey conservera la voiture jusqu'au 19 septembre 1989 où il la cède à Alain Lacheze et Bernard Morel. La voiture est immatriculée le 230 AEG 91 le 4 octobre 1989. Elle passe ensuite entre les mains de Moïse Ohayon. Stockée dans un parking parisien, la voiture est victime d'un accrochage endommageant quelque peu sa carrosserie.
Elle est acquise dans cet état par son propriétaire actuel le 12 Octobre 1994. Elle est immatriculée 998 QM 41 le 9 décembre 1994. Ce dernier entreprend sa remise en état dans la foulée, dont témoigne un dossier de photos. Le moteur 848cm3 usine qui l'anime fait l'objet d'une révision. Il est doté d'un volant moteur allégé, d'une distribution acier, d'un embiellage poli et d'un arbre à cames spécial. La partie carrosserie est restaurée avec la contribution de Jean-Paul Humbert, éminent spécialiste du V12 Matra et des carrosseries en matériau composite. A l'issue de cette remise en état, la voiture effectue son premier roulage à Montlhéry le 14 Septembre 1996 à l'occasion des Damiers sur l'anneau où les sportives à mécanique Panhard sont à l'honneur. André Guilhaudin aura d'ailleurs l'occasion de la piloter lors de cette journée mémorable.
En février 1997, les visiteurs du Salon Rétromobile auront l'occasion de découvrir " Le Monstre " dans la configuration des 24 H du Mans 1961, qu'elle arbore toujours aujourd'hui. Par la suite, et durant plus de vingt ans, son propriétaire la pilotera sur de nombreux circuits, en démonstration exclusivement, afin de préserver au maximum l'authenticité de cette pièce d'histoire.
Toujours décorée dans la configuration des 24 Heures du Mans 1961, la voiture témoigne d'un niveau d'authenticité rare. La mécanique qui l'équipe aujourd'hui est toujours le moteur d'usine auquel nous avons fait référence précédemment. Le volant, la planche de bord en aluminium et ses sièges baquets sont ceux qui ont accompagné la voiture tout au long de sa carrière.
Roulant et ayant bénéficié d'une remise en état ancienne, " Le Monstre " représente une pièce exceptionnelle. Il sera accompagné d'une boîte de vitesses à rapports longs et d'une tubulure d'admission à 2 carburateurs double corps. Destinée à un amateur averti, cette voiture indissociable de l'histoire des 24 Heures du Mans représente une opportunité unique à bien des égards. Eligible au Mans Classic et au Tour de France Automobile, son poids plume et ses performances exceptionnelles sont représentatives d'une toute autre époque où le sport automobile laissait la part belle aux petites écuries et aux voitures de cylindrée modeste.
Guillaume Waegemacker
D.B. HBR4 coach surbaissé "Le Monstre" 1959
Chassis 1110
Moteur 102380
Ultra léger et performant, le coach D.B révèle une agilité remarquable en compétition. A l'époque, le coach D.B brille sur différents fronts en matière de compétition : l'endurance, les courses de côte et bien sûr le rallye. Pilote chevronné et agent Panhard à Chambéry, André Guilhaudin va disputer une multitude d'épreuves au volant de Panhard spéciales et de D.B à mécanique Panhard. Ce dernier est convaincu du potentiel du coach D.B et pense qu'un développement drastique peut optimiser encore davantage ses performances. Aussi convainc-t-il son ami le pilote Jacques-Edouard Rey de passer commande auprès de D.B d'un coach HBR4 neuf, destiné à être modifié selon ses idées. Rey prend possession de la voiture en juin 1959. Cette dernière arbore une teinte " bleu lumineux ". Elle est immatriculée 765 CM 73 le 28 Août 1959. L'étude d'André Guilhaudin vise un allègement maximal et une amélioration considérable du coefficient aérodynamique à travers l'abaissement du maître-couple.
La voiture est modifiée sur ses directives par la carrosserie Chalmette, basée à Grenoble. La première phase consiste à un abaissement du pavillon de l'ordre de 12 cm. Le tronçonnage de la carrosserie se poursuit avec la suppression de la baie de pare-brise originelle. Celle-ci est remplacée par un encadrement de lunette arrière de Panhard Dyna Z1. L'inclinaison de cette dernière a été adaptée à une recherche aérodynamique maximale. Les portières sont formées en aluminium dans un mouvement prolongeant l'inclinaison de la partie avant. Côté freinage, André Guilhaudin a fait usiner et modifier des tambours par l'Aluminium Français à partir des modèles équipant les Panhard de série. Ces derniers seront dotés d'ailettes rapportées, ce qui les rapproche, tout au moins d'un point de vue graphique des modèles Al-Fin qui seront utilisés par D.B.
Ce coach modifié fait ses premiers pas en compétition dès septembre au Tour de France Auto sous le N° 111. Sur cette épreuve, l'équipage Guilhaudin / Rey dispose d'un moteur de 747 cm3. Ultra performante, la voiture se classe 8ème au scratch et remporte l'indice en GT. Le 11 octobre suivant, le même équipage prend part au Critérium des Cévennes. Il y remporte sa catégorie et se classe 5ème au scratch. Les performances et les résultats obtenus par cette voiture privée ne manquent pas d'attirer l'attention de René Bonnet. Si l'on s'en réfère à certains témoignages, c'est à cette époque et au sein même de l'équipe D.B que cette voiture sera surnommée " Le Monstre ". Dans la foulée, René Bonnet demande à Jacques Hubert d'étudier une version surbaissée du coach, qui aboutira sur la production d'une dizaine de voitures.
En fin de saison, " Le Monstre " fait l'objet de quelques modifications chez Chalmette. Aussi les passages de roues avant sont-ils fortement modifiés et formés en aluminium, visant un aérodynamisme affiné. Au passage, de petites grilles rectangulaires en acier sont apposées sur la partie supérieure des ailes en remplacement des sorties latérales supprimées par les nouveaux passages de roues, afin de favoriser l'écoulement de l'air. Au cours de cette opération, les pare-chocs sont supprimés, à l'avant comme à l'arrière. Seule l'extrémité des pare-chocs arrière est conservée. Au passage, le dessous de la voiture est entièrement caréné en tôle d'aluminium. Les roues arrière bénéficient quant à elles d'un carénage rapporté, constitué de panneaux de contreplaqué.
La saison 1960 s'amorce avec le Rallye Monte-Carlo auquel la voiture participe sous le N°4. Le binôme Guilhaudin / Rey y sera contraint à l'abandon. Le 5 et 6 mars suivants, l'équipage prend part au Rallye Lyon-Charbonnières, puis prend part au Tour de France du 15 au 23 septembre sous le N°109 et se classe 4ème à l'indice en GT et 12ème au scratch.
En 1961, " Le Monstre " fait ses premiers pas en endurance en participant aux 24 Heures du Mans. Elle est équipée d'un moteur d'usine de 848 cm3 préparé chez D.B. Véritable poids plume, l'auto pèse 559 kg, répartis comme suit : 367 kg sur l'avant et 192 kg sur l'arrière. Une copie du carnet de pesage sera remise à l'acheteur. Menée tambour battant par André Guilhaudin et Jean-François Jaeger, l'auto se classe brillamment. Elle décroche en effet la deuxième place à l'indice énergétique et 20ème au général après avoir parcouru 3268, 860 km à la moyenne de 136, 203 km/h. Du 14 au 23 septembre 1961, elle dispute le Tour Auto pour la 3ème fois consécutive, toujours aux mains d'André Guilhaudin et Jacques-Edouard Rey. Sa mécanique est un 695 cm3. L'équipage est contraint à l'abandon. Le 22 octobre suivant, l'auto est engagée aux 1000 km de Paris. Menée par Jacques-Edouard Rey et Marcel Picart, elle dispute l'épreuve sous le N°42. L'équipage est contraint à l'abandon suite à une sortie de piste. L'aile avant gauche est endommagée. Une fois la voiture rapatriée en Savoie, elle est remise en état et l'aile est réparée à l'aide de tôle d'aluminium.
La voiture effectue son ultime saison de course en 1962. Aussi est-elle engagée au Tour de France Automobile sous le N°102. Menée par Jacques-Edouard Rey et Guy Druguet, elle est équipée d'une mécanique de 695 cm3. Sur cette épreuve, l'équipage sera contraint à l'abandon. Le 2 septembre, la voiture est engagée sur la Course de côte de Chamrousse sous le N°64 où elle est équipée d'une mécanique de 848 cm3. Le résultat ne nous est pas connu. Le 2 décembre suivant, " Le Monstre " prend le départ du Critérium des Cévennes, toujours aux mains de Rey et Druguet. Elle termine 11ème au scratch, seconde de sa classe et 9ème des GT. Très attaché à son auto, Jacques-Edouard Rey la conservera pieusement dans son garage.
A l'occasion des 24 Heures du Mans 1973, la voiture viendra de nouveau fouler le circuit de la Sarthe le 9 juin lors d'une rétrospective. Jacques-Edouard Rey conservera la voiture jusqu'au 19 septembre 1989 où il la cède à Alain Lacheze et Bernard Morel. La voiture est immatriculée le 230 AEG 91 le 4 octobre 1989. Elle passe ensuite entre les mains de Moïse Ohayon. Stockée dans un parking parisien, la voiture est victime d'un accrochage endommageant quelque peu sa carrosserie.
Elle est acquise dans cet état par son propriétaire actuel le 12 Octobre 1994. Elle est immatriculée 998 QM 41 le 9 décembre 1994. Ce dernier entreprend sa remise en état dans la foulée, dont témoigne un dossier de photos. Le moteur 848cm3 usine qui l'anime fait l'objet d'une révision. Il est doté d'un volant moteur allégé, d'une distribution acier, d'un embiellage poli et d'un arbre à cames spécial. La partie carrosserie est restaurée avec la contribution de Jean-Paul Humbert, éminent spécialiste du V12 Matra et des carrosseries en matériau composite. A l'issue de cette remise en état, la voiture effectue son premier roulage à Montlhéry le 14 Septembre 1996 à l'occasion des Damiers sur l'anneau où les sportives à mécanique Panhard sont à l'honneur. André Guilhaudin aura d'ailleurs l'occasion de la piloter lors de cette journée mémorable.
En février 1997, les visiteurs du Salon Rétromobile auront l'occasion de découvrir " Le Monstre " dans la configuration des 24 H du Mans 1961, qu'elle arbore toujours aujourd'hui. Par la suite, et durant plus de vingt ans, son propriétaire la pilotera sur de nombreux circuits, en démonstration exclusivement, afin de préserver au maximum l'authenticité de cette pièce d'histoire.
Toujours décorée dans la configuration des 24 Heures du Mans 1961, la voiture témoigne d'un niveau d'authenticité rare. La mécanique qui l'équipe aujourd'hui est toujours le moteur d'usine auquel nous avons fait référence précédemment. Le volant, la planche de bord en aluminium et ses sièges baquets sont ceux qui ont accompagné la voiture tout au long de sa carrière.
Roulant et ayant bénéficié d'une remise en état ancienne, " Le Monstre " représente une pièce exceptionnelle. Il sera accompagné d'une boîte de vitesses à rapports longs et d'une tubulure d'admission à 2 carburateurs double corps. Destinée à un amateur averti, cette voiture indissociable de l'histoire des 24 Heures du Mans représente une opportunité unique à bien des égards. Eligible au Mans Classic et au Tour de France Automobile, son poids plume et ses performances exceptionnelles sont représentatives d'une toute autre époque où le sport automobile laissait la part belle aux petites écuries et aux voitures de cylindrée modeste.
Guillaume Waegemacker