Pavillon de la France
Pavillon de la France
1. Identification
1.0 Nom d’origine : Pavillon de la France
1.1 Nom usuel : Casino de Montréal
1.2 Adresse : Secteur île Notre-Dame
No. du Lot : 4210
Plan-repère : No 425
1.3 Ville : Montréal
1.4 Type de bâtiment : Pavillon
1.5 Particularité du bâtiment : Permanent
1.6 Superficie et dimensions :
Dimensions : 270’ x 270’
Hauteur : 106’
Superficie : 250 000 pi. ca. (16 000 mètres carrés)
1.7 Protection/statut : Inconnu
1.8 Propriétaire initial (maître d'ouvrage) : Gouvernement de la
France
1.9 Propriétaire actuel : Casiloc inc. (depuis 1995)
____________________________________________
2. Données historiques
2.1 Description de la commande :
Construction permanente prévue pour abriter le pavillon de la France,
qui devait offrir l’une des plus importantes présentations de l’Expo.
D’abord prévu pour être une construction provisoire, le pavillon sera
finalement conçu comme un ouvrage permanent lorsqu’il fut décidé
que la France le céderait au gouvernement du Québec .
2.2 Dates importantes :
Projet initié : mai 1964
Début de la construction : août 1965
Fin des travaux : janvier 1967
2.3 Concepteurs :
Jean Faugeron, architecte concepteur (Paris)
André Blouin, architecte associé (Montréal)
2.4 Autres spécialistes :
Ingénieurs :
Structure : Omnium technique de l’habitation O.T.H. (Paris)
Structure : Bourgeois, Martineau, Samson (Montréal)
Mécanique et électrique : Pageau Morel (Montréal)
Entrepreneur général :
Dimas Canada Limited (Montréal)
Entrepreneur particulier :
Dominion Bridge
Artistes :
Philippe Scribe, sculpteur (Paris)
Iannis Xenakis, compositeur, architecte, ingénieur (Paris)
2.5 Modifications significatives :
1968-1980 :
- Divers travaux mineurs sont effectués en vue de permettre
l’accueil de diverses activités, dont l’exposition sur les métiers
d’art et le mobilier (1970) et l’exposition du Musée des sciences
(1971).
1980 : Pavillon des Floralies
- Divers travaux de rénovations (réparation des plafonds,
construction de murs modulaires, etc.).
1985-89 : Palais de la civilisation
- Travaux de réfection afin que le bâtiment puisse réponde aux
exigences du nouveau code du bâtiment (gicleurs automatiques,
isolation ignifuge de la charpente d’acier, remplacement des
toiles combustibles des plafonds par un matériau incombustible,
réparation de la toiture).
1993-95 : Casino de Montréal
- Ajout d’une isolation thermique à l’ensemble, double vitrage,
perfectionnement des systèmes mécaniques et électriques afin
que le bâtiment puisse être opérationnel douze mois par année;
- Extension à l’arrière du bâtiment face à la lagune (1995).
2.6 Usage actuel :
Le bâtiment est occupé par le Casino de Montréal depuis 1996.
2.7 État physique actuel :
Le bâtiment est en bon état.
3. Description
3.1 Description synthèse :
De forme circulaire, le Pavillon de la France est une composition de neuf niveaux, tous différents l’un de l’autre. Ceux-ci furent
conçus pour accueillir de multiples expositions d’art et technologiques sur le thème de la «Tradition et de l’Invention». Tous les
niveaux sont organisés autour d’un vide central. Au rez-de-lagune, à la base du vide central se trouve une grande pièce d’eau. La
circulation verticale dans le pavillon est assurée par deux escaliers roulants doublés de deux escaliers et d’un ascenseur, tous situés
au centre de l’édifice. Le grand espace intérieur est habité par «le Polytope» de Iannis Xenakis, oeuvre constituée d’un spectacle de
sons et lumières aux multiples couleurs. Du centre du bâtiment, on peut facilement voir tous les niveaux intérieurs. Sur le toit, une
terrasse offre une vue imprenable sur le site de l’Expo et sur la ville. Cette toiture-terrasse contient également un jardin de sculptures
de l’artiste Niki de Saint-Phalle et un restaurant.
Ce pavillon circulaire se caractérise par son assemblage de lames brise-soleil d’aluminium attachées aux planchers extérieurs. Les
sections vitrées sont situées en retrait de l’enveloppe formée par ces lames brise-soleil. Grâce à la flexibilité de ses matériaux et à
l’ingéniosité de sa structure, le bâtiment de l’architecte Jean Faugeron échappe ainsi aux contraintes de l’arête rectiligne pour
proposer une forme aux effets sculpturaux. De l’avis de l’architecte, la forme ainsi créée évoque le mouvement d’une danseuse en
pleine pirouette.
Le pavillon de la France comprenait la plus grande surface de plancher des pavillons de l’Expo 67. Le bâtiment compte neuf
niveaux. Le rez-de-lagune (en sous-sol) abrite, entre autres, les services de restauration, une salle de cinéma de 150 places, une
salle de conférence de 80 places, des bureaux de l’administration, des salles mécaniques et un bassin d’eau de 70 pieds de
diamètre. L’entrée principale se situe au rez-de-chaussée, de même que l’accueil, le café et certaines exposition sur la culture
parisienne. Les espaces d’exposition se déploient sur les six étages supérieurs. Le neuvième niveau est celui de la toiture terrasse.
3.2 Construction :
Contrairement à la plupart des autres bâtiments de l’Expo, le pavillon de la France a été conçu comme une structure permanente.
L’ossature est faite de colonnes et de poutres en acier. Celle-ci repose sur des fondations faites de 106 pieux évasés en béton avec
chapeaux de pieux et longrines en béton armé. Les planchers de chaque étage sont faits d’une dalle en béton armé coulé en place
sur un platelage métallique. Les trois principaux matériaux utilisés dans le bâtiment sont l’acier, le verre et l’aluminium anodisé. Le
revêtement extérieur se compose de verre, de raidisseurs profilés d’aluminium et de lames brise-soleil en profilés d’aluminium
anodisé. Les lames en aluminium sont attachées à la charpente par des ponts d’ancrages. Le plancher de la toiture terrasse est un
multi-couches à quatre plis, goudron et gravier. En ce qui a trait aux finitions intérieures, les murs sont faits des panneaux de gypse
sur montants métalliques alors que les planchers en béton sont généralement recouverts de tapis en nylon. Les plafonds sont faits
d’une toile de type commercial pour auvent suspendue à une charpente en tubes d’acier de module standard.
3.3 Contexte :
Le pavillon de la France est situé sur les berges du lac des régates, dans la partie ouest de l’île Notre-Dame. Situé symboliquement
entre le pavillon de l’Angleterre et celui du Québec, le pavillon de la France – de par son volume imposant et sa forme sculpturale -
occupe une place privilégiée dans l’aménagement ce secteur de l’île Notre-Dame.
4. Évaluation
A. Valeur documentaire / histoire de Montréal, du Québec, et internationale :
La participation de la France fut une des plus exceptionnelles de l’Exposition universelle de Montréal. La présentation des plus
grandes réalisations françaises dans le domaine des sciences, des technologies fut particulièrement remarquée. Soulignons entre
autres à l’impact du Polytope de Iannis Xenakis ou à l’exposition des oeuvres de Niki de Saint-Phalle. De plus, toute une section du
pavillon fut consacrée à l’amitié franco-canadienne. Furent ainsi réunis plus de 65 documents illustrant les deux premiers siècles de
l’histoire du Nouveau Monde pendant lesquels la France y établit la première colonie européenne d’Amérique du Nord. Suite à
l’Expo, le pavillon de la France sera transformé en « Palais de la Civilisation». Il devint ainsi un important un lieu de culture pour les
Montréalais. Des expositions culturelles d’envergure y furent organisées. Pensons entre autres aux expositions Trésors de Chine,
L’Or des cavaliers thraces, Ciné-cité, ou encore Ramsès II.
B. Valeur documentaire / histoire de l’architecture :
Au niveau technique, l’architecte Jean Faugeron a exploité de façon imaginative les possibilités structurelles de l’acier. Grâce à la
flexibilité de ses matériaux et l’ingéniosité de sa structure, le bâtiment échappe aux contraintes de l’arête rectiligne. Cette ingéniosité
a permis à l’architecte de proposer une forme aux effets sculpturauxet à la spatialité originale. Par exemple, chaque étage est
constitué d’un plateau de forme différente dont la partie centrale est évidée. Le décentrement ingénieux de ces plateaux les uns par
rapport aux autres permet de créer un atrium spectaculaire. Comme l’explique Morgan Laredo, ingénieur en chef à l’Omnium
technique, «les rives extérieures ne se superposent jamais intégralement dans le but de créer des porte-à-faux parfois importants
mais nécessaires à la réalisation des formes architecturales recherchées, les différences de superposition créant en outre des
terrassons périphériques qui sont accessibles et permettent de circuler sur le pourtour extérieur de quelques plateaux.» (Laredo
1967, p.6)
L’expressivité du bâtiment réside également dans le jeu dynamique des brise-soleil d’aluminium. Par l’orientation des lames, la
parois brise-soleil détermine l’aspect extérieur du bâtiment tout en lui assurant une protection contre le rayonnement solaire. Dans
son communiqué de presse, l’architecte Faugeron explique que par la forme, le mouvement et la légèreté du bâtiment, il a tenté de
montrer l’infinie variétés des visages de la France. Philippe Scribe, sculpteur d’origine canadienne, aurait par ailleurs participé à la
conception générale de l’oeuvre. L’architecte et le sculpteur auraient apparemment trouvé leur inspiration dans la forme d’une lampe
vénitienne.
L’atrium du pavillon était mis en valeur par la présence d’une oeuvre exceptionnelle, le Polytope du concepteur Iannis Xenakis. Des
centaines de sources lumineuses de couleurs disposées sur une toile métallique occupent quatre étages de l’espace central. En plus
des ampoules, des diapositives de couleur représentant des formations cristallines sont projetées sur le plafond, le tout accompagné
par une partition musicale pour le moins insolite. Une oeuvre multimédia avant son époque.
L’architecte Jean Faugeron, récipiendaire du Grand Prix de Rome et de Paris, fut responsable de la construction et de la décoration
du Pavillon. Il fut assisté par André Blouin, architecte important dans l’histoire de l’architecture montréalaise et canadienne. Ce
dernier reçu le Prix de l’Académie royale canadienne des Arts pour la conception de la Place des Nations de l’Expo, reçu en 1990 la
médaille du mérite de l’Ordre des Architectes du Québec.
C. Intégrité
Objet : Au cours des années, l’intérieur du pavillon a fait l’objet de nombreuses rénovations et transformations en vue de lui
permettre d’accueillir ses diverses fonctions. L’intégrité physique de l’intérieur est donc assez faible. Par contre, l’extérieur du
pavillon a conservé la plupart de ses caractéristiques d’origine, dont sa volumétrie et sa matérialité. Il faut certes mentionner que
l’arrière du pavillon, côté lac, a fait l’objet d’une extension majeure, que l’annexion du pavillon du Québec a demandé la construction
d’une imposante passerelle en forme de tuyau, et qu’une marquise fut ajoutée à l’entrée principale. Des ajouts qui auront un impact
significatif sur le pourtour du bâtiment. Mais dans l’ensemble, le bâtiment a conservé – à l’extérieur – une bonne part de son
intégrité physique.
Contexte : Au cours des années, l’environnement physique de l’île Notre-Dame a subi de nombreuses modifications. Avec les
Floralies de 1980, le site a été l’objet de réaménagements importants. Mais l’environnement immédiat du pavillon, marqué par son
implantation sur un îlot planté, près du pavillon du Québec, en face d’une esplanade et de voies de circulation datant de l’Expo, a
conservé un haut degré d’intégrité.
D. Authenticité
Objet : D’abord conçu comme un bâtiment d’exposition, l’ancien pavillon de la France accueille aujourd’hui les activités du Casino
de Montréal. Vu ce changement de fonction, le pavillon a perdu une grande part de son authenticité. La dimension proprement
symbolique du pavillon dans son lien historique avec le Canada et le Québec a aussi été largement altérée par son nouvel usage.
Contexte : Si l’authenticité du pavillon a été largement altérée, celle de son contexte est demeurée grande, ce secteur de l’île
Notre-Dame étant voué à un usage ludique qui n’est pas très éloigné de celui pour lequel il avait été destiné.
Pavillon de la France
Pavillon de la France
1. Identification
1.0 Nom d’origine : Pavillon de la France
1.1 Nom usuel : Casino de Montréal
1.2 Adresse : Secteur île Notre-Dame
No. du Lot : 4210
Plan-repère : No 425
1.3 Ville : Montréal
1.4 Type de bâtiment : Pavillon
1.5 Particularité du bâtiment : Permanent
1.6 Superficie et dimensions :
Dimensions : 270’ x 270’
Hauteur : 106’
Superficie : 250 000 pi. ca. (16 000 mètres carrés)
1.7 Protection/statut : Inconnu
1.8 Propriétaire initial (maître d'ouvrage) : Gouvernement de la
France
1.9 Propriétaire actuel : Casiloc inc. (depuis 1995)
____________________________________________
2. Données historiques
2.1 Description de la commande :
Construction permanente prévue pour abriter le pavillon de la France,
qui devait offrir l’une des plus importantes présentations de l’Expo.
D’abord prévu pour être une construction provisoire, le pavillon sera
finalement conçu comme un ouvrage permanent lorsqu’il fut décidé
que la France le céderait au gouvernement du Québec .
2.2 Dates importantes :
Projet initié : mai 1964
Début de la construction : août 1965
Fin des travaux : janvier 1967
2.3 Concepteurs :
Jean Faugeron, architecte concepteur (Paris)
André Blouin, architecte associé (Montréal)
2.4 Autres spécialistes :
Ingénieurs :
Structure : Omnium technique de l’habitation O.T.H. (Paris)
Structure : Bourgeois, Martineau, Samson (Montréal)
Mécanique et électrique : Pageau Morel (Montréal)
Entrepreneur général :
Dimas Canada Limited (Montréal)
Entrepreneur particulier :
Dominion Bridge
Artistes :
Philippe Scribe, sculpteur (Paris)
Iannis Xenakis, compositeur, architecte, ingénieur (Paris)
2.5 Modifications significatives :
1968-1980 :
- Divers travaux mineurs sont effectués en vue de permettre
l’accueil de diverses activités, dont l’exposition sur les métiers
d’art et le mobilier (1970) et l’exposition du Musée des sciences
(1971).
1980 : Pavillon des Floralies
- Divers travaux de rénovations (réparation des plafonds,
construction de murs modulaires, etc.).
1985-89 : Palais de la civilisation
- Travaux de réfection afin que le bâtiment puisse réponde aux
exigences du nouveau code du bâtiment (gicleurs automatiques,
isolation ignifuge de la charpente d’acier, remplacement des
toiles combustibles des plafonds par un matériau incombustible,
réparation de la toiture).
1993-95 : Casino de Montréal
- Ajout d’une isolation thermique à l’ensemble, double vitrage,
perfectionnement des systèmes mécaniques et électriques afin
que le bâtiment puisse être opérationnel douze mois par année;
- Extension à l’arrière du bâtiment face à la lagune (1995).
2.6 Usage actuel :
Le bâtiment est occupé par le Casino de Montréal depuis 1996.
2.7 État physique actuel :
Le bâtiment est en bon état.
3. Description
3.1 Description synthèse :
De forme circulaire, le Pavillon de la France est une composition de neuf niveaux, tous différents l’un de l’autre. Ceux-ci furent
conçus pour accueillir de multiples expositions d’art et technologiques sur le thème de la «Tradition et de l’Invention». Tous les
niveaux sont organisés autour d’un vide central. Au rez-de-lagune, à la base du vide central se trouve une grande pièce d’eau. La
circulation verticale dans le pavillon est assurée par deux escaliers roulants doublés de deux escaliers et d’un ascenseur, tous situés
au centre de l’édifice. Le grand espace intérieur est habité par «le Polytope» de Iannis Xenakis, oeuvre constituée d’un spectacle de
sons et lumières aux multiples couleurs. Du centre du bâtiment, on peut facilement voir tous les niveaux intérieurs. Sur le toit, une
terrasse offre une vue imprenable sur le site de l’Expo et sur la ville. Cette toiture-terrasse contient également un jardin de sculptures
de l’artiste Niki de Saint-Phalle et un restaurant.
Ce pavillon circulaire se caractérise par son assemblage de lames brise-soleil d’aluminium attachées aux planchers extérieurs. Les
sections vitrées sont situées en retrait de l’enveloppe formée par ces lames brise-soleil. Grâce à la flexibilité de ses matériaux et à
l’ingéniosité de sa structure, le bâtiment de l’architecte Jean Faugeron échappe ainsi aux contraintes de l’arête rectiligne pour
proposer une forme aux effets sculpturaux. De l’avis de l’architecte, la forme ainsi créée évoque le mouvement d’une danseuse en
pleine pirouette.
Le pavillon de la France comprenait la plus grande surface de plancher des pavillons de l’Expo 67. Le bâtiment compte neuf
niveaux. Le rez-de-lagune (en sous-sol) abrite, entre autres, les services de restauration, une salle de cinéma de 150 places, une
salle de conférence de 80 places, des bureaux de l’administration, des salles mécaniques et un bassin d’eau de 70 pieds de
diamètre. L’entrée principale se situe au rez-de-chaussée, de même que l’accueil, le café et certaines exposition sur la culture
parisienne. Les espaces d’exposition se déploient sur les six étages supérieurs. Le neuvième niveau est celui de la toiture terrasse.
3.2 Construction :
Contrairement à la plupart des autres bâtiments de l’Expo, le pavillon de la France a été conçu comme une structure permanente.
L’ossature est faite de colonnes et de poutres en acier. Celle-ci repose sur des fondations faites de 106 pieux évasés en béton avec
chapeaux de pieux et longrines en béton armé. Les planchers de chaque étage sont faits d’une dalle en béton armé coulé en place
sur un platelage métallique. Les trois principaux matériaux utilisés dans le bâtiment sont l’acier, le verre et l’aluminium anodisé. Le
revêtement extérieur se compose de verre, de raidisseurs profilés d’aluminium et de lames brise-soleil en profilés d’aluminium
anodisé. Les lames en aluminium sont attachées à la charpente par des ponts d’ancrages. Le plancher de la toiture terrasse est un
multi-couches à quatre plis, goudron et gravier. En ce qui a trait aux finitions intérieures, les murs sont faits des panneaux de gypse
sur montants métalliques alors que les planchers en béton sont généralement recouverts de tapis en nylon. Les plafonds sont faits
d’une toile de type commercial pour auvent suspendue à une charpente en tubes d’acier de module standard.
3.3 Contexte :
Le pavillon de la France est situé sur les berges du lac des régates, dans la partie ouest de l’île Notre-Dame. Situé symboliquement
entre le pavillon de l’Angleterre et celui du Québec, le pavillon de la France – de par son volume imposant et sa forme sculpturale -
occupe une place privilégiée dans l’aménagement ce secteur de l’île Notre-Dame.
4. Évaluation
A. Valeur documentaire / histoire de Montréal, du Québec, et internationale :
La participation de la France fut une des plus exceptionnelles de l’Exposition universelle de Montréal. La présentation des plus
grandes réalisations françaises dans le domaine des sciences, des technologies fut particulièrement remarquée. Soulignons entre
autres à l’impact du Polytope de Iannis Xenakis ou à l’exposition des oeuvres de Niki de Saint-Phalle. De plus, toute une section du
pavillon fut consacrée à l’amitié franco-canadienne. Furent ainsi réunis plus de 65 documents illustrant les deux premiers siècles de
l’histoire du Nouveau Monde pendant lesquels la France y établit la première colonie européenne d’Amérique du Nord. Suite à
l’Expo, le pavillon de la France sera transformé en « Palais de la Civilisation». Il devint ainsi un important un lieu de culture pour les
Montréalais. Des expositions culturelles d’envergure y furent organisées. Pensons entre autres aux expositions Trésors de Chine,
L’Or des cavaliers thraces, Ciné-cité, ou encore Ramsès II.
B. Valeur documentaire / histoire de l’architecture :
Au niveau technique, l’architecte Jean Faugeron a exploité de façon imaginative les possibilités structurelles de l’acier. Grâce à la
flexibilité de ses matériaux et l’ingéniosité de sa structure, le bâtiment échappe aux contraintes de l’arête rectiligne. Cette ingéniosité
a permis à l’architecte de proposer une forme aux effets sculpturauxet à la spatialité originale. Par exemple, chaque étage est
constitué d’un plateau de forme différente dont la partie centrale est évidée. Le décentrement ingénieux de ces plateaux les uns par
rapport aux autres permet de créer un atrium spectaculaire. Comme l’explique Morgan Laredo, ingénieur en chef à l’Omnium
technique, «les rives extérieures ne se superposent jamais intégralement dans le but de créer des porte-à-faux parfois importants
mais nécessaires à la réalisation des formes architecturales recherchées, les différences de superposition créant en outre des
terrassons périphériques qui sont accessibles et permettent de circuler sur le pourtour extérieur de quelques plateaux.» (Laredo
1967, p.6)
L’expressivité du bâtiment réside également dans le jeu dynamique des brise-soleil d’aluminium. Par l’orientation des lames, la
parois brise-soleil détermine l’aspect extérieur du bâtiment tout en lui assurant une protection contre le rayonnement solaire. Dans
son communiqué de presse, l’architecte Faugeron explique que par la forme, le mouvement et la légèreté du bâtiment, il a tenté de
montrer l’infinie variétés des visages de la France. Philippe Scribe, sculpteur d’origine canadienne, aurait par ailleurs participé à la
conception générale de l’oeuvre. L’architecte et le sculpteur auraient apparemment trouvé leur inspiration dans la forme d’une lampe
vénitienne.
L’atrium du pavillon était mis en valeur par la présence d’une oeuvre exceptionnelle, le Polytope du concepteur Iannis Xenakis. Des
centaines de sources lumineuses de couleurs disposées sur une toile métallique occupent quatre étages de l’espace central. En plus
des ampoules, des diapositives de couleur représentant des formations cristallines sont projetées sur le plafond, le tout accompagné
par une partition musicale pour le moins insolite. Une oeuvre multimédia avant son époque.
L’architecte Jean Faugeron, récipiendaire du Grand Prix de Rome et de Paris, fut responsable de la construction et de la décoration
du Pavillon. Il fut assisté par André Blouin, architecte important dans l’histoire de l’architecture montréalaise et canadienne. Ce
dernier reçu le Prix de l’Académie royale canadienne des Arts pour la conception de la Place des Nations de l’Expo, reçu en 1990 la
médaille du mérite de l’Ordre des Architectes du Québec.
C. Intégrité
Objet : Au cours des années, l’intérieur du pavillon a fait l’objet de nombreuses rénovations et transformations en vue de lui
permettre d’accueillir ses diverses fonctions. L’intégrité physique de l’intérieur est donc assez faible. Par contre, l’extérieur du
pavillon a conservé la plupart de ses caractéristiques d’origine, dont sa volumétrie et sa matérialité. Il faut certes mentionner que
l’arrière du pavillon, côté lac, a fait l’objet d’une extension majeure, que l’annexion du pavillon du Québec a demandé la construction
d’une imposante passerelle en forme de tuyau, et qu’une marquise fut ajoutée à l’entrée principale. Des ajouts qui auront un impact
significatif sur le pourtour du bâtiment. Mais dans l’ensemble, le bâtiment a conservé – à l’extérieur – une bonne part de son
intégrité physique.
Contexte : Au cours des années, l’environnement physique de l’île Notre-Dame a subi de nombreuses modifications. Avec les
Floralies de 1980, le site a été l’objet de réaménagements importants. Mais l’environnement immédiat du pavillon, marqué par son
implantation sur un îlot planté, près du pavillon du Québec, en face d’une esplanade et de voies de circulation datant de l’Expo, a
conservé un haut degré d’intégrité.
D. Authenticité
Objet : D’abord conçu comme un bâtiment d’exposition, l’ancien pavillon de la France accueille aujourd’hui les activités du Casino
de Montréal. Vu ce changement de fonction, le pavillon a perdu une grande part de son authenticité. La dimension proprement
symbolique du pavillon dans son lien historique avec le Canada et le Québec a aussi été largement altérée par son nouvel usage.
Contexte : Si l’authenticité du pavillon a été largement altérée, celle de son contexte est demeurée grande, ce secteur de l’île
Notre-Dame étant voué à un usage ludique qui n’est pas très éloigné de celui pour lequel il avait été destiné.