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place des nation

Vue aérienne de la Place des Nations (1967)

 

Place des Nations

1. Identification

1.0 Nom d’origine : Place des Nations

1.1 Nom usuel : Place des Nations

1.2 Adresse : Secteur Île Sainte-Hélène

No. du Lot :3000

Plan – repère :No 300

1.3 Ville : Montréal

1.4 Type de bâtiment : Place (Monuments)

1.5 Particularité du bâtiment : Provisoire

1.6 Superficie et dimensions :

Dimensions (360’ x 450’)

Superficie de 67,300 pi.ca

Hauteur de 39’-2’’ (4 niveaux)

1.7 Protection/statut : Secteur significatif à critères

1.8 Propriétaire initial :

Compagnie canadienne de l’Exposition universelle de 1967.

1.9 Propriétaire actuel :

Ville de Montréal

_____________________________________________________

2. Données historiques

2.1 Description de la commande :

La Place des Nations a été érigée dans le cadre des aménagements

construits pour accueillir les activités officielles d’Expo 67. Dès 1963,

le « comité des sages » de l’Expo avait recommandé la création d’un

lieu symbolique, d’une « Place des Peuples », à l’opposé des

monuments verticaux habituels des expositions universelles. Conçu

pour être le site des manifestations officielles, culturelles, artistiques et

folkloriques présentées par les différents pays participants, le bâtiment

devait pouvoir accueillir environ 7000 personnes, dont 2500 places

assises.

2.2 Dates importantes :

projet initié : 1963

fin des travaux : décembre 1966

2.3 Concepteurs :

André Blouin, architecte (Montréal)

2.4 Autres spécialistes :

Ingénieur conseil structure : Cyr & Houle

Ingénieur conseil mécanique : Bouthillette & Parizeau

Acoustique : Leslie Doelle

Éclairage : David W. Frick

Entrepreneur général : Ron Engineering & Construction (Québec)

2.5 Modifications significatives :

Vers 1991

Réfections majeures et mineures effectuées par la Ville de

Montréal sur la base des recommandations formulées dans

l’étude sur l’état de conservation du bâtiment réalisée par la

firme d’ingénieurs Martoni, Cyr et Associés (septembre 1990) :

- Traitement au jet de sable des surfaces en béton.

- Peinture des estrades (vraisemblablement d’une couleur

différente de l’origine).

- Remplacement de certains planchers et escaliers en bois.

- Recouvrement de la dalle centrale en béton avec de la

pelouse.

- Enlèvement des mâts en béton.

2.6 Usage actuel :

Lieu de spectacles et d’activités diverses.

2.7 État physique actuel :

Bien qu’elle soit encore utilisée de façon ponctuelle pour des

spectacles et activités diverses, la Place des Nations n’est pas

dans un très bon état (béton fissuré, ferraillages exposés,

poutres en lamellé-collé décomposées, etc.).

3. Description

3.1 Description synthèse :

La Place des Nations a été conçue pour accueillir les manifestations officielles et culturelles de l’exposition. Avant d’arriver au projet

final, deux solutions ont été présentées à la Compagnie canadienne de l’Exposition universelle : la première, de forme circulaire,

présentait une place centrale où l’action était tournée vers l’intérieur; la deuxième proposait une place centrale carrée entourée de

monticules, les activités pouvaient ainsi se dérouler tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la place. La solution retenue, un compromis

entre les deux propositions, est une place carrée entourée de passerelles et de pyramides tronquées formant des plateaux de

différents niveaux.

La forme carrée fut jugée la mieux adaptée aux réceptions officielles, aux dispositions scéniques et à l’évolution des parades,

défilés, fanfares, etc. Cette grande place carrée de 55 m de côté est composée de plusieurs éléments qui lui donnent forme : la

tribune d’honneur, la scène principale, les gradins, les gradins en forme de pyramides tronquées, les passerelles, l’esplanade des

drapeaux. Les gradins (en forme de pyramides tronquées) s’élèvent sur une hauteur de quatre étages, leurs intérieurs contenant les

restaurants (2) et les salles d’habillage (2) pour les spectacles. Des plans d’eau et des monticules gazonnés complètent

l’aménagement de la place. Des passerelles, soutenues par d’impressionnantes poutres en bois lamellé-collé, offrent des postes

d’observation ouverts sur le spectacle intérieur et sur la vue magnifique de l’extérieur et forment une voie de circulation continue

reliant tous les éléments.

3.2 Construction :

La construction de la Place des Nations s’est déroulée de janvier à décembre 1966. L’édifice a été conçu pour être temporaire, et

devait être entièrement démoli après l’Expo (Feise, 3). Les divers éléments bâtis reposent sur des fondations faites de pieux en

béton. Les deux principaux matériaux utilisés pour le bâtiment sont le béton armé et le bois lamellé-collé. Les quatre pyramides sont

faites de béton armé. Les passerelles qui entourent la place sont faites d’imposantes poutres lamellées-collées en sapin de la

Colombie-Britannique de 2,12 m de hauteur x 0, 28 m de largeur x 40 m de longueur. Les murs et revêtements extérieurs sont de

béton armé texturé apparent. En ce qui a trait aux finitions intérieures, les murs sont en béton brut de décoffrage, les planchers sont

en béton fini au balai et à la truelle. Le plancher de toiture au-dessus du restaurant est en néoprène. Les fenêtres et les entrées sont

faites de profilés en aluminium extrudé anodisé. Le bâtiment est muni d’un système de chauffage électrique et un système central

de ventilation par l’air frais. Le bâtiment est également équipé d’un système automatique de contrôle du son permettant de l’amplifier

lorsque passait l’Expo-Express, le système de transport rapide aménagé sur le site de l’Expo.

3.3 Contexte :

Située à l’extrémité ouest de l’île Sainte-Hélène, la Place des Nations se prêtait bien aux contraintes liées à l’aménagement d’un lieu

de rencontre et de rassemblement pour les cérémonies officielles. Occupant une position centrale par rapport aux autres secteurs de

l’Expo, le site de la Place était facile d’accès, mais surtout, il offrait une vue imprenable sur le fleuve, la ville et l’Exposition, faisant de

ce site un point de vue recherché des visiteurs. Les contraintes physiques du site (sa forme, la boucle de la route, le pont, la gare de

l’Expo-Express) vont aussi jouer un rôle important dans la disposition définitive des éléments du projet : la tribune d’honneur, la

scène principale, l’emplacement des drapeaux, les espaces de restauration, les gradins secondaires. Soulignons enfin que la

localisation de la place sur la pointe de l’île permettait de mieux contrôler les accès du site, une condition essentielle pour assurer la

sécurité des dignitaires.

4. Évaluation

A. Valeur documentaire / histoire de Montréal, du Québec, et internationale :

La Place des Nations est un témoin important d’un événement historique à la fois pour Montréal, le Québec, et au niveau

international. L’Expo 67 est une manifestation qui aura permis à la ville de Montréal d’acquérir une reconnaissance internationale.

La Place des Nations fut le lieu privilégié des cérémonies officielles pour de nombreux chefs d’État et autres dignitaires. Après

l’Expo, elle fut aussi un haut lieu de la vie culturelle montréalaise jusqu’en 1980, accueillant chaque été de nombreux spectacles.

B. Valeur documentaire / histoire de l’architecture :

Cet ensemble constitue une grande nouveauté sur le plan technique, esthétique, et social.

Au niveau technique, l’architecte a beaucoup exploité les possibilités structurelles et expressives du béton armé et du bois lamellécollé.

La longueur des portées (jusqu’à 32 mètres) et des porte-à-faux (jusqu’à 8.2 mètres) des poutres en bois lamellé-collé offrait

une démonstration éclatante des possibilités structurelles de ce matériau. De même, la réalisation des deux pyramides tronquées

en béton armé suspendues en équilibre sur des piliers de béton illustrait parfaitement la capacité portante du matériau composite.

D’autre part, l’originalité expressive et esthétique du bâtiment réside dans la combinaison dynamique des divers éléments qui

composent la place : la surface plane de l’immense parvis, les volumes des pyramides tronquées et l’horizontalité des passerelles

surélevées. Elle réside également dans l’unité formelle obtenue grâce à la similitude des finis, les traces des coffrages en bois

utilisés pour la fabrication du béton faisant écho aux motifs des poutres en bois lamellé-collé.

C’est au sein de la Place des Nations, au coeur de l’Exposition universelle de 1967, que débutait chaque nouvelle journée. Théâtre

de manifestations à caractère officiel, culturel et populaire, la Place possédait ainsi le double statut de lieu de rassemblement et de

lieu de spectacles. Grâce à son architecture originale composée de volumes pyramidaux, de passerelles et d’un immense parvis, la

Place des Nations aura joué un rôle important en tant que catalyseur dans la dynamique sociale de l’Expo.

L’architecte André Blouin a reçu le Prix de l’Académie royale canadienne des Arts pour la conception de la Place des Nations. Il

joua également un rôle dans le pavillon de la France (niveau local). Avant de venir s’établir à Montréal où il enseignera l’architecture

à l’École des Beaux-Arts de Montréal puis à l’Université de Montréal, il travaillera pour l’atelier d’Auguste Perret à Paris. Ses

réalisations sont nombreuses, particulièrement au Québec (voire l’Église Notre-Dame d’Anjou,1962, ou le Foyer Armand-

Lavergne,1983). En 1990, il reçoit la médaille du mérite de l’Ordre des Architectes du Québec.

Finalement, la Place des Nations est le fruit d’une brillante synthèse de sources diversifiées, combinant l’idéal des places antiques

(agora grecque, forum romain), la logique spatiale de la place européenne (Campo de Sienne, par exemple.) et les formes de

l’architecture pré-colombienne (places et temples Maya). À ce titre, la Place des Nations est un objet bâti original dont on ne connaît

pas de précédents au niveau mondial, un objet singulier qui témoigne de l’effervescence créative des architectes canadiens et

québécois au cours des années 1960.

C. Intégrité

Objet :

La Place des Nations a subi des rénovations significatives mais ponctuelles au cours des dernières décennies. Ces modifications

n’ont pas, jusqu’à présent, été une grande menace pour l’intégrité de l’ensemble. Le seul changement notable concerne le

remplacement de la dalle centrale en béton par une surface gazonnée.

Contexte :

L’intensité du son est plus élevée aujourd’hui qu’à l’époque, notamment à cause de la circulation sur le pont qui mène au Casino de

l’île Notre-Dame. Notons également qu’à l’extrême ouest de l’île, les balustrades de la promenade qui contourne la Place des

Nations le long du fleuve ont été remplacées par un modèle plus « pittoresque ». Mais dans l’ensemble, le contexte physique a

conservé une grande part de son intégrité.

D. Authenticité

Objet : L’ensemble de la Place des Nations possède une grande authenticité. Les éléments majeurs de la composition originale

ont été préservés et l’expérience spatiale qu’on a aujourd’hui du site demeure essentiellement la même que celle que l’on avait à

l’époque. Par ailleurs, le site accueille parfois quelques spectacles et manifestations culturelles, par exemple l’événement organisé

par le Festival de Jazz de Montréal à l’été 2004 (Fig. 5). Ainsi, non seulement la place a t-elle conservé en quelque sorte l’une de

ses fonctions premières, soit celle de lieu de spectacle, mais elle demeure également le lieu le plus évocateur de l’événement Expo

67. Soulignons à ce sujet que dès 1991, une étude commandée par la Ville de Montréal proposait d’en faire un « Centre

commémoratif d’Expo 67 ».

Contexte : Si le contexte physique est demeuré assez semblable à celui d’origine, la fonction du site a beacoup changée. Bien

que situé à l’intersection des trois sites constitutifs d’Expo 67 (Cité du Havre, Île Verte, Île Notre-Dame), la Place des Nations

semble aujourd’hui située en périphérie des divers centres d’activités du Parc Jean-Drapeau.

 

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Uploaded on May 26, 2008
Taken on May 26, 2008