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Hommage à Jean Ferrat, Nuit et Brouillard

Un autre poète vient de nous quitter, pour lui rendre hommage à sa juste valeur,je n'ai trouvé que cette petite photo dans ma photothèque ce texte fut interdit pendant très longtemps sur les radios et TV, mais le public, lui ne s'était pas trompé sur ce Grand Monsieur.Une étoile supplémentaire ce soir va briller, au côté de Georges, Jacques, Léo. Nous on twisteras tes mots comme tu disais.Engagé, libre et populaire tu étais, le ciel a gagné un ange et nous ont perd un héros, ce soir nous nous sommes tristes. Salut l'ARTISTE!

 

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers

Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés

Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants

Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

 

Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres

Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés

Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre

Ils ne devaient jamais plus revoir un été

 

La fuite monotone et sans hâte du temps

Survivre encore un jour, une heure, obstinément

Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs

Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir

 

Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel

Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou

D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel

Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

 

Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage

Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux

Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge

Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

 

Les Allemands guettaient du haut des miradors

La lune se taisait comme vous vous taisiez

En regardant au loin, en regardant dehors

Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

 

On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours

Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour

Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire

Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

 

Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?

L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été

Je twisterais les mots s'il fallait les twister

Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

 

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers

Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés

Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants

Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

 

Jean FERRAT.

 

 

 

 

 

 

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Uploaded on March 13, 2010
Taken on March 13, 2010