Lyon - La Primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne, l'Horloge astronomique (2)
La première mention d'une horloge astronomique date d'un acte capitulaire, daté du 23 novembre 1379, qui nomme le sieur Loyat recteur et gouverneur de l'horloge ; un acte du 29 juillet 1393 confirme que l'instrument est situé dans le bras gauche du transept, à côté de la chapelle de Saint-Jean-l'Évangéliste. Au xve siècle, l'horloge est désignée, au moins dans un acte du 18 janvier 1445, comme "l'horloge aux petites cloches".
Durant tout le xve siècle, des mentions régulières de la présence d'artisans sont faites et témoignent du soin accordé à l'appareil : Jean Couturé est cité en 1461, Jean Prévost en 1488, Jean Manguilliton en 1494 et un certain Claude en 1547. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1562, à l'instar de toutes les représentations de Dieu visibles dans l'édifice, celles de l'horloge sont détruites par les troupes du baron des Adrets. Ce n'est que le 14 mai 1598 que les chanoines passent commande de la réparation à un maître horloger de Lyon, Hugues Levet, assisté de Nicolas Lippius. Moins de quatre mois plus tard, les travaux sont achevés, ce qui montre d'une part que les mécanismes de l'horloge n'étaient pas irrémédiablement endommagés, et d'autre part que l'instrument n'a pas déménagé entretemps.
Deux restaurations d'ampleur ont lieu respectivement aux xviie et xviiie siècles. La première, commandée par Claude II de Saint-Georges, alors encore chanoine du chapitre, est effectuée par Guillaume Nourrisson entre 1660 et 1692. Claude de Saint-Georges, homme de science, est sans doute l'auteur des calculs mathématiques ayant permis le réglage de l'astrolabe et des calendriers. Nourrisson travaille surtout l'aspect esthétique de l'appareil pour le rendre plus monumental. La seconde restauration est le fait de Pierre Charmy, horloger tenant boutique sur la place Saint-Jean ; entre 1776 et 1788, il se voit confier le remplacement de l'échappement à ancre, afin de conférer à l'horloge une plus grande précision ; cette pièce, toujours en place, est encore en fonctionnement au début du xxie siècle.
Des destructions importantes sont causées à l'appareil durant la Révolution française : écussons, couronnes, fleurs de lys sont systématiquement éliminés. L'horloge demeure ensuite abandonnée durant un demi-siècle. Une première restauration est tentée par Joseph Mourier en 1856, mais, faute de moyens, celui-ci est contraint d'arrêter le travail. Ce n'est qu'en 1894, et sous la maîtrise d'œuvre de la commission historique, qu'un véritable travail de réfection est réalisé par la maison Chateau de Paris. Les décorations sont reprises, les calendriers remis à jour.
Une révision, incluant le changement des câbles, le nettoyage, la remise à jour du calendrier et une nouvelle taille de la roue d'échappement, est effectuée en 1954 par la maison Ungerer de Strasbourg ; mais le délabrement guette l'appareil durant les années 1980. Une restauration complète est demandée par Michel Caille, inspecteur en chef des Monuments historiques, et effectuée en 1992-1993 par l'entreprise Desmarquest. Des corrections calendaires sont effectuées, des nettoyages en profondeur sont entrepris, des automates au fonctionnement complexe sont remis en route.
Caractéristiques :
L'actuel appareil mesure 9,35 mètres de hauteur et 2,2 mètres de largeur111. La tour maçonnée contenant l'horloge est d'origine. Trois des côtés de l'appareil sont visibles, le dernier étant adossé au mur du transept. L'horloge fonctionne avec un système de poids, remontés tous les cinq jours, à raison de quatre cent vingt tours pour un remontage. Depuis 1993, l'horloge, afin de limiter les pannes, subit une maintenance annuelle : dépoussiérage et huilage.
Les deux cadrans de la façade sont respectivement un calendrier perpétuel en bas et un astrolabe au-dessus. Ce dernier représente le mécanisme le plus original et le plus scientifique de l'horloge. La voûte terrestre est immobile, et c'est la voûte céleste qui tourne à l'intérieur. Sur la première sont figurés l'Équateur, les deux tropiques, la ligne d'horizon de Lyon, les azimuts et les almicantarats. Sur la partie mobile sont placés les douze mois, les douze signes du Zodiaque et les 365 jours de l'année. Un cercle placé sur cette partie figure la trajectoire du soleil dans le ciel lyonnais. Les phases de la Lune sont visibles grâce à un globe tournant sur lui-même ; quatorze étoiles visibles de Lyon sont placées dans le ciel.
Le calendrier perpétuel fait un tour entier de cadran en une année. Le comput met pour sa part soixante-six ans à effectuer un tour ; l'actuel tour se termine en 2019 ; un nouveau sera mis en place par Charles Morat en 2020, et il est calculé pour fonctionner jusqu'en 2084. Y figurent l'année en cours, la date de Pâques et de tous les temps liturgiques chrétiens qui y sont associés, de l'Avent, ainsi que des repères astronomiques profanes (épacte, indiction). L'horloge permet de prévoir le jubilé de la cathédrale, qui a lieu environ une fois par siècle, quand la Fête-Dieu tombe un 24 juin, c'est-à-dire le jour de la Saint-Jean-Baptiste.
Durée : 1 minute et 31 secondes.
Au-dessus des cadrans figurent divers personnages. Au centre, sept statues de bois peint se relaient toutes les vingt-quatre heures et figurent les jours de la semaine. Le Christ ressuscité représente le dimanche, la Mort le lundi, Jean le Baptiste le mardi, Étienne le mercredi, le Christ Eucharistie le jeudi, la croix le vendredi, la Vierge le samedi. Les sonneries ont lieu quatre fois par jour, à midi, puis deux, trois et quatre heures de l'après-midi ; elles mettent en route dix-neuf automates : anges, coq, suisse, scène de l'Annonciation, Saint-Esprit figuré par une colombe, enfin Dieu le Père bénissant.
Le 23 mars 2013, veille du dimanche des Rameaux, l'horloge astronomique a été sérieusement endommagée. Un homme de 28 ans a détruit plusieurs parties de l'œuvre à coup de barre de fer avant que des témoins n'interviennent pour l'arrêter. Il aurait expliqué son acte "par le fait que la magnificence de l'horloge empêcherait les croyants de se concentrer sur leur prière".
Lyon - La Primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne, l'Horloge astronomique (2)
La première mention d'une horloge astronomique date d'un acte capitulaire, daté du 23 novembre 1379, qui nomme le sieur Loyat recteur et gouverneur de l'horloge ; un acte du 29 juillet 1393 confirme que l'instrument est situé dans le bras gauche du transept, à côté de la chapelle de Saint-Jean-l'Évangéliste. Au xve siècle, l'horloge est désignée, au moins dans un acte du 18 janvier 1445, comme "l'horloge aux petites cloches".
Durant tout le xve siècle, des mentions régulières de la présence d'artisans sont faites et témoignent du soin accordé à l'appareil : Jean Couturé est cité en 1461, Jean Prévost en 1488, Jean Manguilliton en 1494 et un certain Claude en 1547. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1562, à l'instar de toutes les représentations de Dieu visibles dans l'édifice, celles de l'horloge sont détruites par les troupes du baron des Adrets. Ce n'est que le 14 mai 1598 que les chanoines passent commande de la réparation à un maître horloger de Lyon, Hugues Levet, assisté de Nicolas Lippius. Moins de quatre mois plus tard, les travaux sont achevés, ce qui montre d'une part que les mécanismes de l'horloge n'étaient pas irrémédiablement endommagés, et d'autre part que l'instrument n'a pas déménagé entretemps.
Deux restaurations d'ampleur ont lieu respectivement aux xviie et xviiie siècles. La première, commandée par Claude II de Saint-Georges, alors encore chanoine du chapitre, est effectuée par Guillaume Nourrisson entre 1660 et 1692. Claude de Saint-Georges, homme de science, est sans doute l'auteur des calculs mathématiques ayant permis le réglage de l'astrolabe et des calendriers. Nourrisson travaille surtout l'aspect esthétique de l'appareil pour le rendre plus monumental. La seconde restauration est le fait de Pierre Charmy, horloger tenant boutique sur la place Saint-Jean ; entre 1776 et 1788, il se voit confier le remplacement de l'échappement à ancre, afin de conférer à l'horloge une plus grande précision ; cette pièce, toujours en place, est encore en fonctionnement au début du xxie siècle.
Des destructions importantes sont causées à l'appareil durant la Révolution française : écussons, couronnes, fleurs de lys sont systématiquement éliminés. L'horloge demeure ensuite abandonnée durant un demi-siècle. Une première restauration est tentée par Joseph Mourier en 1856, mais, faute de moyens, celui-ci est contraint d'arrêter le travail. Ce n'est qu'en 1894, et sous la maîtrise d'œuvre de la commission historique, qu'un véritable travail de réfection est réalisé par la maison Chateau de Paris. Les décorations sont reprises, les calendriers remis à jour.
Une révision, incluant le changement des câbles, le nettoyage, la remise à jour du calendrier et une nouvelle taille de la roue d'échappement, est effectuée en 1954 par la maison Ungerer de Strasbourg ; mais le délabrement guette l'appareil durant les années 1980. Une restauration complète est demandée par Michel Caille, inspecteur en chef des Monuments historiques, et effectuée en 1992-1993 par l'entreprise Desmarquest. Des corrections calendaires sont effectuées, des nettoyages en profondeur sont entrepris, des automates au fonctionnement complexe sont remis en route.
Caractéristiques :
L'actuel appareil mesure 9,35 mètres de hauteur et 2,2 mètres de largeur111. La tour maçonnée contenant l'horloge est d'origine. Trois des côtés de l'appareil sont visibles, le dernier étant adossé au mur du transept. L'horloge fonctionne avec un système de poids, remontés tous les cinq jours, à raison de quatre cent vingt tours pour un remontage. Depuis 1993, l'horloge, afin de limiter les pannes, subit une maintenance annuelle : dépoussiérage et huilage.
Les deux cadrans de la façade sont respectivement un calendrier perpétuel en bas et un astrolabe au-dessus. Ce dernier représente le mécanisme le plus original et le plus scientifique de l'horloge. La voûte terrestre est immobile, et c'est la voûte céleste qui tourne à l'intérieur. Sur la première sont figurés l'Équateur, les deux tropiques, la ligne d'horizon de Lyon, les azimuts et les almicantarats. Sur la partie mobile sont placés les douze mois, les douze signes du Zodiaque et les 365 jours de l'année. Un cercle placé sur cette partie figure la trajectoire du soleil dans le ciel lyonnais. Les phases de la Lune sont visibles grâce à un globe tournant sur lui-même ; quatorze étoiles visibles de Lyon sont placées dans le ciel.
Le calendrier perpétuel fait un tour entier de cadran en une année. Le comput met pour sa part soixante-six ans à effectuer un tour ; l'actuel tour se termine en 2019 ; un nouveau sera mis en place par Charles Morat en 2020, et il est calculé pour fonctionner jusqu'en 2084. Y figurent l'année en cours, la date de Pâques et de tous les temps liturgiques chrétiens qui y sont associés, de l'Avent, ainsi que des repères astronomiques profanes (épacte, indiction). L'horloge permet de prévoir le jubilé de la cathédrale, qui a lieu environ une fois par siècle, quand la Fête-Dieu tombe un 24 juin, c'est-à-dire le jour de la Saint-Jean-Baptiste.
Durée : 1 minute et 31 secondes.
Au-dessus des cadrans figurent divers personnages. Au centre, sept statues de bois peint se relaient toutes les vingt-quatre heures et figurent les jours de la semaine. Le Christ ressuscité représente le dimanche, la Mort le lundi, Jean le Baptiste le mardi, Étienne le mercredi, le Christ Eucharistie le jeudi, la croix le vendredi, la Vierge le samedi. Les sonneries ont lieu quatre fois par jour, à midi, puis deux, trois et quatre heures de l'après-midi ; elles mettent en route dix-neuf automates : anges, coq, suisse, scène de l'Annonciation, Saint-Esprit figuré par une colombe, enfin Dieu le Père bénissant.
Le 23 mars 2013, veille du dimanche des Rameaux, l'horloge astronomique a été sérieusement endommagée. Un homme de 28 ans a détruit plusieurs parties de l'œuvre à coup de barre de fer avant que des témoins n'interviennent pour l'arrêter. Il aurait expliqué son acte "par le fait que la magnificence de l'horloge empêcherait les croyants de se concentrer sur leur prière".