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69 VENISSIEUX LES MINGUETTES @ Découvrez ou redécouvrez la vidéo du très beau chantier de Monmousseau !

Dans le rétro : 9 septembre 1983, les tours 100 et 114 partent en fumée Le 9 09 1983, vingt kilos d'explosif ont eu raison de quatre mille tonnes de béton. La démolition de la première tour des Minguettes n'est pourtant qu'un symbole. Elle marque à sa façon la fin d'une époque et d'un certain type d'urbanisme. Au constat d'échec que représente finalement la destruction de cette tour de quinze étages, s'ajoute chez les élus, parmi le population, l'espoir de voir un quartier, celui de la rue Gaston-Monmousseau, renaitre de ses cendres grâce à le restructuration qui y sera entreprise. La rénovation de Monmousseau n'est d'ailleurs que la premiers étape d'une réhabilitation globale de la ZUP des Minguettes. Il est un peu plus de 15 heures, ce 9 juin, et chacun attend la mise à mort de celle qui dresse encore fièrement ses quinze étages. Derrière les barrières de sécurité, les curieux s'agglutinent et quelques slogans hostiles à cette démolition, retentissent dans les rangs d'une poignée de manifestants. Il est trop tard. Le compte à rebours est déjà commencé. Dans les tours voisines de celle qui va bientôt succomber, les journalistes s'arrachent les bonnes places et consultent leur montre : plus que dix minutes... Adrien Colonna, le technicien artificier qui a orchestré cette démolition à l'explosif, ne laisse transpirer aucun sentiment. Ce boulot, il le fait depuis plus de vingt ans. Le 14 juillet 1971, c'est lui qui avait fait sauter le pont de Serin à Lyon. Pour détruire cette tour de béton d'une hauteur de 50 mètres, vingt kilogrammes d'explosif "gomme Bam" contenant 62% de nitroglycérine ont été placés aux deuxième étage de l'immeuble. Deux mille trous contenant chacun une charge de dynamite ont été préalablement percés dans les cloisons. Quarante détonateurs relient les charges entre-elles. En fait, ce n'est pas une explosion, mais quatre, espacées chacune de 25 millièmes de seconde, qui vont faire s'effondrer l'immeuble. Il est un peu plus de 15h30 lorsque retentissent les sirènes qui annoncent l'explosion. Les minutes passent, mais rien ne se produit et pour cause : l'un des cordons détonnant a été déconnecté par la chute d'une porte, comme si, dans un ultime sursaut, la tour s'accrochait un peu à la vie. Les sirènes hurlent à nouveau et le silence qui pèse sur l'assistance est alors troublée par une explosion formidable Comme un géant blessé à mort, la tour s'effondre dans un fracas épouvantable et un immense nuage de poussière. Elle aura très exactement vécu 15 ans ! La démolition de cette tour - puis de deux autres le 9 septembre 1983 - est à coup sûr un événement, un symbole. Elle marque la fin d'une époque et d'un certain type d'urbanisme qui a répondu en son temps à des besoins, mais qui se trouve dépassé et ne correspond plus aux aspirations d'une population...note bibliographique

"Un test national : trois tours des Minguettes démolies en 1983" / Jean-François Cullafroz in Le Progrès de Lyon, 27 et 28 janvier 1983. - "Minguettes : on démolit à Monmousseau" / Jean-François Cullafroz in Le Progrès de Lyon, 10 juin 1983. - "Une tour explose aux Minguettes : première étapes de la réhabilitation de la ZUP" / Alain Corsetti in Lyon Matin, 10 juin 1983. - "Solution aux Minguettes" / Philippe Gonnet in Le Journal Rhône-Alpes, 10 juin 1983. - La porte des Minguettes : fragments d'histoire des ensembles "Monmousseau" et "Démocratie" / Christophe Vincendon, 2009 [BM Lyon, 6900 Z VEN]. A sa tête, un architecte grand prix de Rome, Eugène Baudoin, directeur de l’école d’architecture de Genève, appuyé sur une équipe lyonnaise composée de Franck Grimal et de René Bornarel & avec Alexandre Chemetoff, urbaniste-paysagiste-architecte- Hiver 1965. Les premières tours sont mises en chantier. Deux usines seront construites pour réaliser les paneaux préfabriqués. 1er mars 1966. Achèvement de la première tour. Les 18 étages sont une première technologique. 1975-1976. Nombreux départs parmi les premiers locataires. www.youtube.com/watch?v=zw1v6htOQGo

Mai 1980. 65.000 personnes habitent aux Minguettes.

Juillet 1981. Pendant «l'été chaud des Minguettes», les jeunes affrontent la police. 1986. L'office public de HLM de la communauté urbaine de Lyon décide de murer dix tours du quartier Démocratie. 11 octobre 1994. Démolition des dix tours murées du quartier de la Démocratie. Vénissieux (Rhone) Zup des Minguettes - 9 200 lgts, dont 7 500 lgts HLM - Architectes Eugene Beaudoin et Grimal Franck- 1966/1973 - 11 OPHLM - 1300 copropriétés. Les Minguettes, un grand ensemble à Vénissieux, troisième ville de l’agglomération lyonnaise. Quelques données : Les Minguettes construites entre 1966 et 1973 occupent un site de près de 200 hectares au sud-ouest de la commune de Vénissieux. Elles accueillent aujourd’hui près de 20.000 habitants logés dans 7800

logements dont 6500 HLM - répartis entre 11 logeurs sociaux - et 1300 copropriétés. Près d’un millier d’appartements y ont été détruits depuis les années 80. Le taux de chômage est de l’ordre de 30% ; 40% pour les moins de 25 ans. La ville de Vénissieux compte, elle, près de 60.000 habitants et

constitue un des pôles industriels majeurs de l’agglomération lyonnaise. L’action publique sur les Minguettes a démarré en 1980-82 et a pris plusieurs visages au cours de ces 25 dernières années. Les Minguettes un site remarquable

Au sud-est de l’agglomération, le site du plateau des Minguettes, contiguë à celui des Clochettes à Saint-Fons, surplombe la vallée du Rhône et l’autoroute A 7. Sur la rive gauche du fleuve, le grand ensemble, dont on voit les tours au loin, marque la porte sud de l’agglomération. Il forme un ensemble d’habitat collectif imposant ; il domine à l’ouest la vallée de la Chimie et à l’est le bourg de Vénissieux et d’anciennes implantations industrielles. A l’est, le grand ensemble est coupé par des pentes abruptes du bourg de Vénissieux. Plus au sud, et en contrebas, l’Hôtel de ville et la nouvelle médiathèque forment une articulation urbaine

importante entre la ville ancienne et le plateau. Au nord-est, le site est enserré dans un tissu mixte alternant pavillonnaires, immeubles collectifs et anciens tènements industriels. La nationale 7 forme la limite avec Saint Fons et le quartier des Clochettes. Au sud, le plateau domine la plaine de Feyzin et

le tracé du boulevard urbain sud (BUS). Vénissieux un bourg rural projeté dans l’ère industrielle Ferme gallo-romaine du nom de Vénicies à l’origine, puis petit bourg dauphinois entouré de remparts, Vénissieux est restée une grosse bourgade maraîchère et agricole jusqu’à la fin du 19ème

siècle. A la fin du 19ème, les industries chimiques se délocalisent du nord de Lyon pour s’installer en aval de la ville le long du Rhône proche du hameau de Saint-Fons qui appartenait à cette époque à la commune de Vénissieux. Rapidement les industriels de la chimie organisent la sécession de Saint Fons vis-à-vis de Vénissieux car ils voulaient s’émanciper de la tutelle des agriculteurs de Vénissieux. Au moment de la première guerre mondiale, c’est au tour de Vénissieux d’accueillir sur ces

grandes terres agricoles jouxtant les voies de circulation et le chemin de fer, de grandes entreprises :

les entreprises mécaniques et chimiques ainsi que les arsenaux repliés de l’est et du nord de la France. Sur ces mêmes terrains, s’effectue dès les années 1910, l’extension des usines Berliet (le futur Renault Véhicules industriels, aujourd’hui Renault Trucks) qui produisent alors des locomotives, des camions et des automobiles, mais se spécialiseront ensuite exclusivement dans les poids lourds.

Vénissieux constituera ainsi une base arrière importante de l’effort de guerre entre 1914 à 1918. L’entre-deux -guerres voit se confirmer ce dynamisme. En moins de trente ans, Vénissieux devient la commune la plus industrialisée de la région dotée d’arsenaux et de grandes usines mécaniques, chimiques ou textiles, mais aussi de nombreuses usines de transformation qui travaillent pour la France entière.Des vagues successives d'immigrés ont peuplé la ville : Espagnols et Italiens au début du siècle, puis Maghrébins, Africains, Polonais, Antillais et Turcs. Vis-à-vis d’eux, la commune joue un rôle important d’intégration et prend, à ce moment là, sa forte identité ouvrière. En 1931, les étrangers représentent 40,8 % de la population vénissiane. La ville se dote d’école et de services sociaux ; elle affronte alors un problème qui devient endémique : le logement ; elle réalise alors plusieurs opérations d’HBM (habitations à bon marché). La ville gravement bombardée pendant la seconde guerre mondiale, retrouve à la fin des hostilités son dynamisme. En 1962, la population, qui a encore doublé par rapport à 1946, continue de croître en même temps que les activités et les emplois se développent. La ville fait face en lançant à proximité du Bourg de nouvelles opérations d’habitat social. La programmation du grand ensemble des Minguettes A cette époque, l’Etat envisage de conforter le pôle chimique de Saint Fons par la création d’un grand complexe pétrolier à cheval sur Saint Fons et Feyzin ; il réfléchit à l’aménagement de la vallée du Rhône-aval, autour de l’implantation d’une grande raffinerie, et des activités de transports, de transformation et de recherche qui lui sont liées. Le plateau des Minguettes, consacré à l’arboriculture et aux céréales, jusqu’ici épargné par l’urbanisation semble une opportunité pour pouvoir accueillir les milliers de logements nécessaires à ce grand déploiement industriel moderne. Pour répondre au besoin de logements grandissant, liés tant à la croissance de l’emploi local qu’à la démographie de l’agglomération, l'Etat annonce dès 1958-59 son intention de réaliser sur le plateau des Minguettes un des grands ensembles majeurs de l’agglomération. La création de la future ZUP des Minguettes est confiée par convention à la Serl (Société d’équipement de la région lyonnaise), une des filiales de la Caisse des dépôts et consignations. Une équipe d’architectes et

d’urbanistes est désignée pour sa réalisation ; à sa tête, un architecte grand prix de Rome, Eugène Baudoin, directeur de l’école d’architecture de Genève, appuyé sur une équipe lyonnaise composée de Franck Grimal et de René Bornarel.

Sur ce plateau agricole de 220 hectares, battu par les vents, l’équipe de concepteurs dessinent un plan masse moderne accompagnant la géographie du site : au centre du Plateau, des immeubles en barre forment une ville dense ; en périphérie, sur les pentes, une soixantaine de tours

forment un jeu d’orgues que les autorités admirent depuis l’hélicoptère qui les emmène sur le site.Quatre procédés industrialisés sont retenus pour composer les immeubles des Minguettes : les procédés Pascal, Barrets, SGAF (Saint-Gobain aluminium Français) et CRET. En 1973, l'essentiel

de la ZUP1 est érigé : 9 200 logements, dont 7 600 HLM, le tout réparti entre une dizaine de quartiers.

La Serl réalise les travaux de 1966 à 1973. L’équipement de la ZUP comprend un grand centre commercial en position centrale et trois autres plus petits qui desservent les quartiers périphériques. Les espaces verts, les terrains de sports et les aires de jeux occupent une place importante, mais sont parfois sommairement aménagés. Les écoles sont disposées de telle sorte que les enfants n’aient pas de rue à traverser pour s’y rendre. A l’origine une population jeune mais diversifiée Le nouveau quartier accueille des jeunes ménages venus aussi bien de Vénissieux que de l’agglomération lyonnaise ou de ses périphéries lointaines. A cette époque le manque de logements est cruel. Beaucoup de jeunes ménages issus du baby-boom, bien que qualifiés et ayant du travail, sont obligés de cohabiter avec leurs parents. En bas de l’échelle sociale, beaucoup de ménages ouvriers immigrés vivent dans des taudis ou des bidonvilles. Tous sont heureux de trouver un grand logement moderne et bien équipé sur le Plateau. La ZUP connaît une certaine mixité. Chaque quartier constitue un puzzle original entre ménages qualifiés (techniciens, ouvriers professionnels) et non qualifiés (OS, chômeurs, etc.), entre jeunes ménages qui ont leur premier enfant et familles nombreuses déjà constituées qui viennent souvent de l’habitat insalubre. La vie associative est dynamique et les jeunes ménages des classes moyennes qui

forment le noyau militant du grand ensemble arrivent à créer des liens et à définir un certain mode de « vivre ensemble ».

Toutefois, les familles immigrées et ouvrières sont plus représentées en première tranche2 de la Zup et sur le quartier Armstrong. La part des immigrés varie de 4% à 24% selon les quartiers et les offices HLM. Il y en a onze sur le plateau et chacun obéit à sa logique propre en matière de

peuplement et de gestion. Les techniciens supérieurs, les cadres moyens et les ouvriers qualifiés de

Zone à Urbaniser en Priorité, catégorie issue de la loi d’orientation foncière de 1958. La Zup est réalisée en trois tranches : la première au sud du plateau, la seconde à l’ouest et la troisième à l’est. Une quatrième prévue initialement ne sera jamais réalisée. la chimie se retrouvent plutôt dans les immeubles en copropriétés disséminés sur les différentes

tranches. La ville de Vénissieux, bien que plutôt favorable à la réalisation de ce grand quartier appelé à loger de nombreux ouvriers, n’a guère son mot à dire dans la programmation des logements, ni dans leur peuplement. Elle ne contrôle que deux cent soixante logements sociaux, sur un total initial de 7500, par le biais de sa société mixte d’HLM, la SACOVIV ! Elle tend donc à se retourner contre l’Etat,

puis, à partir de 1968, contre la Communauté Urbaine, qui vient d’être créée et prend la responsabilité de l’achèvement du projet, pour obtenir des équipements et des services à la hauteur des besoins de la population accueillie. Elle reproche à ses interlocuteurs d’organiser exclusivement l’accueil de

populations défavorisées aux Minguettes et de créer un ghetto qui ne sera bientôt plus contrôlable. Des équipements et des services insuffisants pour la population accueillie

En effet, si le chantier des logements est réalisé en un temps record, les équipements et les services sont loin de suivre. Les bus ne montent pas tout de suite sur le plateau ; le nombre de classes est insuffisant ; la ville est sollicitée pour réaliser les équipements socio-éducatifs manquant

qui pourtant avaient été prévus dans le bilan initial du programme d’aménagement. Ni l’Etat, ni la communauté urbaine, ne réalisent les gymnases qui devaient accompagner les groupes scolaires. De premières tentatives d’amélioration des services sont entreprises par la SERL dans les années 75-76, notamment avec des aménagements complémentaires d’aires de jeux, l’utilisation des locaux de pied de tour (les LCR3 ) et la mise en place d’une animation socio-éducative renforcée mobilisant les acteurs de l’école. Ces améliorations restent superficielles et dès les années 76-77 des logements vacants apparaissent sur plusieurs quartiers. Les ménages de catégories moyennes partent vers les nouveaux types d’habitat qui leur sont proposés : petits immeubles collectifs en copropriété, pavillons, etc. Ils cherchent à éviter de scolariser leurs enfants dans des collèges ou lycées trop marqués par les enfants d’origine ouvrière et immigrée. Ils ne sont remplacés qu’en partie. Chaque année le nombre

de logements vacants augmente et les immeubles où se concentre cette vacance deviennent ingérables.

Une espérance déçue, la ZUP se transforme en un poids pour la ville Pour Vénissieux, la réalisation des Minguettes ne se comprenait que dans le cadre d’une vision d’avenir qui renforcerait durablement la commune comme troisième ville de l’agglomération lyonnaise et lui permettrait d’atteindre à terme les cent mille habitants. Pour cela la réalisation des Minguettes devait être suivie de la création d’un nouveau centre tourné vers le Sud qui fédèrerait ancien et nouveau Vénissieux. Symboliquement, l'hôtel de ville transféré, au pied de la Zup, dans les années 70, devait préfigurer cette extension du centre-ville. Mais à partir des années 75-77, la commune est touchée de plein fouet par la crise économique, les fermetures d'usines, l'explosion du chômage. Pendant cette période, Vénissieux, plus importante aire industrielle de l’agglomération, se met à perdre des emplois, du fait de la rationalisation des effectifs des grandes entreprises, de la délocalisation ou de la fermeture d’autres.

Sur le plateau des Minguettes, les familles ouvrières peu qualifiées sont les premières touchées par les licenciements. Peu à peu, la concentration d'étrangers, le chômage et le manque d'équipement urbain font partir les classes moyennes. Moins de dix ans après l'arrivée des premiers

habitants, les conditions de vie se dégradent déjà.

En 1976, un conseil municipal extraordinaire se penche sur les problèmes de la cité. La ZUP où vivent près de 40 % des Vénissians reste une cité dortoir géante dont les besoins sociaux pèsent sur le fonctionnement et les investissements de la commune. Vénissieux a gagné des logements mais

perdu sa dynamique. Entre 1975 et 1989, la ville perd près de 25 % de sa population, du fait des logements vacants aux Minguettes et de la diminution de la taille des ménages qui accompagne le vieillissement de la population sur les autres quartiers. Concrètement la vacance des logements aux

Minguettes est passée de 700 logements en 1979 à près de 2000 en 1983. Parallèlement, en contrebas des Minguettes, l’opération de renforcement du centre ancien, appelée Zac du Bourg, a du mal à décoller. Une première campagne de réhabilitation A l’initiative des organismes HLM, une première campagne de réhabilitation s’engage dans le

début des années 80. Elle s’effectue d’abord dans le cadre de la procédure « Habitat et Vie Sociale », puis dans celui des premières opérations « Dubedout » en lien avec la « Commission Nationale de Développement Social des Quartiers » (CNDSQ). Ces premières opérations se font dans un contexte politique tendu et dans un climat social explosif marqué par de nombreux actes racistes et, en contre

partie, par l’affirmation d’un mouvement civique et social des jeunes de la deuxième génération immigrée. C’est ce qu’on a appelé les évènements des Minguettes, bientôt suivis en 1983 par la marche des beurs.Les partenaires institutionnels n’arrivent pas à se mettre d’accord sur un plan d’action

d’ensemble, chacun se renvoyant la balle vis-à-vis des dysfonctionnements du quartier qui ne font

que s’aggraver. Une solution progressive de réhabilitation par quartier est retenue. L’action publique se porte d’abord sur la restructuration du quartier Monmousseau avec la démolition de trois premières tours en 1983, puis sur Armstrong où la priorité est donnée à l’amélioration de la gestion, aux problèmes de peuplements et à la refonte des espaces extérieurs. Cette action ciblée sur les quartiers s’accompagne de réalisations concernant le fonctionnement global des Minguettes : reprise d’espaces extérieurs et création de nouveaux équipements collectifs : maison des fêtes et des familles, maison des sportifs, terminal de bus de la

Darnaise, terrain d’aventure, etc. Les offices HLM créent de leur côté une association commune de gestion qui leur permet de suivre les évolutions du peuplement des différents sous-quartiers, de mesurer l’impact des réhabilitations et de mettre en place des stratégies commerciales pour relouer les logements vides en cherchant à accueillir de nouvelles clientèles, moins captives. Le remodelage par l’architecte Roland Castro de la tour « Arc en Ciel » à la Rotonde s’inscrit dans cette même perspective de faire revenir des ménages des classes moyennes aux Minguettes. Ces efforts portent leurs fruits, on ferme certaines tours, dont celles du quartier Démocratie, mais globalement les Minguettes se repeuplent sans qu’on assiste toutefois à un retour des classes

moyennes, ni même des ménages qualifiés. Le peuplement reste fragile et pour les moins défavorisés, les Minguettes ne sont qu’un lieu de passage. La montée des enjeux urbains

Ville, Communauté urbaine et Etat, signent en 1986 une convention de plan qui donne la priorité aux grands investissements urbains et prévoient la refonte du quartier autour de l’épine dorsale que pourrait constituer la venue du métro aux Minguettes. Parallèlement, ces partenaires

lancent un grand concours international pour le remodelage du quartier Démocratie, vidé de ses habitants. Les réhabilitations de logements et la refonte des espaces publics se poursuivent sur les autres quartiers. En 1989 a lieu le rendu du concours Démocratie : le projet « Démocratie ville ouverte » de Ten, Aster, Fortin, Rapin est lauréat. Une société est créée pour le réaliser, mais le projet se révèle trop ambitieux et finalement tourne court. Démocratie reste une friche urbaine jusqu’en 1994 où l’on détruit par implosion ses dix tours. Les réalisations de la période 1990 - 2002

Pour cette période, ce sont près de 80 millions d’euros d’investissement qui sont réalisés sur le

plateau : confortation des équipements de centralité, première réhabilitation de Vénissy, création d’un

pôle de services publics et requalification de la place du marché ;· requalification des quartiers résidentiels : réhabilitation et réaménagement des espaces

extérieurs sur Lénine-sud et nord, Rotonde, Thorez et division Leclerc ;· requalification des espaces extérieurs de Léo Lagrange ;=· surtout, restructuration ambitieuse du quartier de la Darnaise : démolitions de tours, réaménagement d’un centre de quartier, construction d’une résidence expérimentale de 37 logements financés par des prêts aidés de la Caisse des dépôts et consignations. Cette amélioration indubitable du cadre de vie et de l’habitat, ne freine pas la paupérisation des différents quartiers. Les solutions gestionnaires expérimentées dans les années 80 deviennent

inopérantes et le nombre de logements vacants augmentent de nouveau. On assiste à un certain repli des Minguettes sur elles-mêmes. Une part importante des entrées dans les logements viennent des mutations de ménages qui changent d’appartement au sein des Minguettes, parfois au sein du même quartier, ou encore de jeunes ménages qui dé-cohabitent. Peu à peu, la population des Minguettes, comme celles des autres grands ensembles des années

60, apparaît comme une population majoritairement captive coupée durablement de l’emploi. Les actions socio-éducatives et les dispositifs d’insertion restent inopérants face aux groupes les plus défavorisés qui sont aussi souvent les plus discriminés. Parallèlement, des phénomènes

communautaires se développent à partir des réseaux familiaux, ethniques ou religieux. A partir de 1996, une nouvelle réflexion se développe sur la transformation urbaine du quartier. C’est le fait du travail d’Antoine Grumbach, architecte et urbaniste, dans le cadre du Grand Projet

Urbain (GPU), puis du Grand Projet de Ville (GPV) de Vénissieux. Antoine Grumbach réfléchit à terme à une « ré-urbanisation » du site à partir d’une nouvelle trame de rues et d’espaces publics qui permettrait à la fois plus d’échange entre les quartiers et de liaisons entre les Minguettes et leur

environnement. "Minguettes 1983 - Paix sociale ou pacification ?", un film de 24 mn, produit et réalisé en 1983 par l'agence IM'média, remastérisé en 2013 avec des images inédites

"Minguettes 1983 - Paix sociale ou pacification ?" a été tourné au coeur des événements du printemps et de l'été 1983 à la Zup de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. Des événements à l'origine de la Marche pour l'égalité et contre le racisme, qui traversera la France profonde du 15 octobre au 3 décembre. Pour les 30 ans de la Marche, IM'média a procédé à la restauration de ce film et en propose une nouvelle version remastérisée. Tout en restituant son écriture documentaire initiale, il donne à (re)voir la contre-offensive "pacifique" des habitant-e-s de la Zup suite à un cycle infernal d'affrontements avec la police, de la bataille rangée du 21 mars 1983 jusqu'à cette soirée du 19 au 20 juin où un policier tire et blesse Toumi Djaïdja, le jeune président de l'association SOS Avenir Minguettes.

Des images d'époque inédites présentent une Zup loin des clichés sur le "ghetto maghrébin" et sur une "zone interdite" livrée aux "loubards". A l'occasion du dynamitage spectaculaire de tours, les habitant-e-s de toutes origines, jeunes et vieux, donnent leur avis sur les "erreurs d'urbanisme" et sur une autre politique du logement possible. "On s'appelle tous Toumi Djaidja", clament-ils aussi, aux côtés de Christian Delorme et de Jean Costil (Cimade), pour manifester leur solidarité avec Toumi qui, sur son lit d'hôpital, a l'idée de lancer la Marche comme une "main tendue". Une idée présentée lors de "Forums Justice" conjointement avec celle d'un rassemblement national des familles des victimes des crimes racistes et des violences policières devant le ministère de la justice place Vendôme, à l'instar des Folles de la place de mai en Argentine. Face à l'acharnement policier ou judiciaire, face au racisme, au délire sécuritaire et à la complaisance de la plupart des médias, l'objectif est alors de se mobiliser pour rétablir la vérité des faits, d'obtenir justice, de pouvoir vivre, tout simplement.

Le 3 décembre 1983 à Paris, 100 000 personnes se rassemblent pour l'arrivée de la Marche. L'instant est à l'euphorie, collective, fusionnelle. Et l'espoir d'aller vers l'égalité sociale et raciale dans une société plurielle immense ... www.youtube.com/watch?v=zw1v6htOQGo - Vénnissieux (Rhone) Zup des Minguettes - 9 200 lgts, dont 7 500 lgts HLM - Architectes Eugene Beaudoin et Grimal Franck- 1966/1973 - 11 OPHLM - 1300 copropriétés.

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Uploaded on June 13, 2021