Penmarch.Une distribution de Soupe a l'usine Saupiquet à Kerity, pendant la misère en Bretagne. C1903
Penmarch. A distribution of soup at the Saupiquet factory in Kerity, during poverty in Brittany. C1903
Cette carte au dos non divisé (1903) toujours de chez Villard éditions semble en stéréo assez rare, seule la CPA présentée en doc est trouvable actuellement sur le net.
Ceci dit, le sujet n'est pas le meilleur souvenir à rapporter de Bretagne même en 3D ....
Saupiquet est une entreprise fondée à Nantes en 1891 et spécialisée dans les métiers de la conserve de poisson, en particulier de thon.
S:Wiki
Entreprise existant encore aujourd'hui
1902 À 1907 - LA MISÈRE À PENMARC'H
S: kbcpenmarch.franceserv.com/1902-1907-la-misre-penmarch.html
Cite recommandé très complet !
La saison de pêche à la sardine 1902 a été mauvaise, mais pas pour autant catastrophique. La région avait déjà souffert de ces épisodes "sans" et l'histoire nous l'a appris, d'autres épisodes suivront encore... Alors comment expliquer un tel désastre humain ? L'analyse du comportement de la presse, des politiques et religieux, des industriels et du mode de vie local peuvent fournir une autre explication.
La Saison De Pêche 1902
Chaque saison, la sardine immature quitte la haute mer pour se rapprocher de la côte. Encore maigre, elle remonte par le golfe de Gascogne, se gavant de plancton. Elle s'engraisse en longeant les côtes et arrive en sud Finistère en fin de printemps / début d'été, pour terminer sa migration en baie de Douarnenez en fin d'automne où elle disparait, allez savoir où !
En 1902, la sardine de rogue, pourtant présente en Vendée en début de saison, a abandonné sa migration avant d'arriver en sud Finistère. Ce n'était pourtant pas la première fois ; la dernière période de disparition remontait à 1880 et avait duré 6 années (!).
Cette migration 1902 a été contrariée par les froides tempêtes de Nord-Est qui ont empêché la remontée du plancton vers le nord. Ces tempêtes ont aussi contribué à faire baisser la température de la mer. La conjugaison de ces deux phénomènes a retenu les bancs de sardine plus au sud. De plus, les poissons affamés ont vu leur ponte contrariée, ce qui a mis en péril le renouvellement de la ressource pour les deux années suivantes, au moins.
En 1902, la saison de la sardine entre Camaret et les Sables D'Olonne a donc été mauvaise : ± 8,300 Mt au regard des 37 et 39,000 Mt des années précédentes,1900 et 1901, soit une diminution des prises de près de 80% ! Rien à voir non plus avec les années 1897 (± 44,500 Mt) et 1898 (± 51,000 Mt), âge d'or des conserveries...
Si bien qu'en moyenne, un marin qui gagnait 450 Fr en 1901, n'en gagnait plus que 70 en 1902 !
En sud Finistère, ± 100.000 personnes, concentrées sur une étroite bande littorale, sont touchées directement par la crise sardinière : Les ± 15.500 pécheurs sardiniers et leurs familles, les employés de conserveries, de chantiers navals, de fabricants d'engins de pêche et de mareyages, etc.
La condition de marin sardinier n'est pas enviable. La pêche subit les aléas du climat et des cours de la sardine. Si la saison est mauvaise, les cours sont hauts... mais la paye petite. Si les filets sont pleins, les cours s'effondrent et la paye est au mieux correcte. Et quand le mauvais temps est de la partie, le métier prend des allures de bagne et le glas sonne bien trop souvent pour leurs camarades... Qui plus est, les nouveaux marins paysans sont inexpérimentés, novices dans ce métier où les compétences viennent avec le temps. Les problèmes arrivent quand certains de ceux-ci arment un canot. Incapables encore de le maitriser, c'est le second, judicieusement choisi qui est le maître à la manœuvre. Ainsi, un proverbe de mer collera longtemps aux marins Penmarchais, qui dit qu' "à la mode de Penmarc'h, le plus con est à la barre"...
La condition d'usinière n'est pas plus enviable. Elles sont appelées au travail par la sirène de l'usine, quand les bateaux rentrent au port. Elles marchent fréquemment plusieurs kilomètres pour s'y rendre. Quand la pêche donne, elles travaillent parfois de tôt le matin à tard le soir. Sans répit. Et quand, par chance, elles ont un moment de répit, celles qui ne peuvent rentrer chez elles dorment sur des sacs de jute, sur les tas de sel ou parfois sur la plage, si le temps le permet. Leur famille leur apporte alors, après une longue marche, du pain trempé avec parfois un morceau de lard. Payées au rendement, elles chantent et konchènent 1 au travail, pour oublier la rapacité des patrons et la sévérité des contre-maîtresses (souvent des Kérityennes) qui leur infligent des retraits sur paye au moindre prétexte. Déjà qu'elles sont payées une misère ! Et ces odeurs de poisson et de graillon qui leur collent à la peau !
En un mot plutôt qu'en cent, la sardine est donc la source principale de revenus de la famille.
"L'ennemi" commun, c'est le patron de l'usine qui achète la sardine au plus bas prix et qui paye les usinières une misère : le conserveur est Conservateur (!) alors que le marin et son usinière sont Progressistes (socialistes).
(1) Un Bretonisme venant de koñchenn signifiant conte qui dans ce cas doit plutôt être interprété comme racontar ou commérages.
L'industrie de la sardine
La conserverie de la sardine à l'huile est née en France, à Nantes et à Bordeaux, vers les années 1820, suite à l'invention de l'autoclave par Pierre-Alexandre Lemare. L'amélioration de l'autoclave par Nicolas Appert puis par Raymond Chevalier-Appert en 1852, provoque son essor industriel. D'alors quelques millions de boîtes, les conserveurs produisent plus de 40 millions de boîtes en 1900.
Inabordable pour les couches populaires, la boîte de sardine est un produit de luxe, dont la production est principalement exportée jusqu'en 1902, cette exportation atteignant alors 75% de la production. À partir de 1903, les importations sont multipliées par trois alors que les exportations diminuent d'un tiers. Pire, en 1906, les importations sont plus importantes que les exportations.
La petite boîte est au centre d'un espace économique sardinier mêlant pêcheurs, armateurs, conserveurs, employés de conserverie, fabricants de boîtes "de fer blanc", chantiers navals, transporteurs, distributeurs, banques... Elle a un important poids économique et social.
Outre les pêcheurs de la commune, les confiseries, en employant les femmes et les filles des marins, font à l'époque vivre les familles et toute la population littorale de Penmarc'h.
En 1900, Penmarc'h est la capitale Bigoudène de la conserve. Il existe alors à Penmarc'h 9 friteries :
- A Kérity : Gaston THUBE & Arsène SAUPIQUET, FRANCAISE DE CONSERVES.
Penmarch.Une distribution de Soupe a l'usine Saupiquet à Kerity, pendant la misère en Bretagne. C1903
Penmarch. A distribution of soup at the Saupiquet factory in Kerity, during poverty in Brittany. C1903
Cette carte au dos non divisé (1903) toujours de chez Villard éditions semble en stéréo assez rare, seule la CPA présentée en doc est trouvable actuellement sur le net.
Ceci dit, le sujet n'est pas le meilleur souvenir à rapporter de Bretagne même en 3D ....
Saupiquet est une entreprise fondée à Nantes en 1891 et spécialisée dans les métiers de la conserve de poisson, en particulier de thon.
S:Wiki
Entreprise existant encore aujourd'hui
1902 À 1907 - LA MISÈRE À PENMARC'H
S: kbcpenmarch.franceserv.com/1902-1907-la-misre-penmarch.html
Cite recommandé très complet !
La saison de pêche à la sardine 1902 a été mauvaise, mais pas pour autant catastrophique. La région avait déjà souffert de ces épisodes "sans" et l'histoire nous l'a appris, d'autres épisodes suivront encore... Alors comment expliquer un tel désastre humain ? L'analyse du comportement de la presse, des politiques et religieux, des industriels et du mode de vie local peuvent fournir une autre explication.
La Saison De Pêche 1902
Chaque saison, la sardine immature quitte la haute mer pour se rapprocher de la côte. Encore maigre, elle remonte par le golfe de Gascogne, se gavant de plancton. Elle s'engraisse en longeant les côtes et arrive en sud Finistère en fin de printemps / début d'été, pour terminer sa migration en baie de Douarnenez en fin d'automne où elle disparait, allez savoir où !
En 1902, la sardine de rogue, pourtant présente en Vendée en début de saison, a abandonné sa migration avant d'arriver en sud Finistère. Ce n'était pourtant pas la première fois ; la dernière période de disparition remontait à 1880 et avait duré 6 années (!).
Cette migration 1902 a été contrariée par les froides tempêtes de Nord-Est qui ont empêché la remontée du plancton vers le nord. Ces tempêtes ont aussi contribué à faire baisser la température de la mer. La conjugaison de ces deux phénomènes a retenu les bancs de sardine plus au sud. De plus, les poissons affamés ont vu leur ponte contrariée, ce qui a mis en péril le renouvellement de la ressource pour les deux années suivantes, au moins.
En 1902, la saison de la sardine entre Camaret et les Sables D'Olonne a donc été mauvaise : ± 8,300 Mt au regard des 37 et 39,000 Mt des années précédentes,1900 et 1901, soit une diminution des prises de près de 80% ! Rien à voir non plus avec les années 1897 (± 44,500 Mt) et 1898 (± 51,000 Mt), âge d'or des conserveries...
Si bien qu'en moyenne, un marin qui gagnait 450 Fr en 1901, n'en gagnait plus que 70 en 1902 !
En sud Finistère, ± 100.000 personnes, concentrées sur une étroite bande littorale, sont touchées directement par la crise sardinière : Les ± 15.500 pécheurs sardiniers et leurs familles, les employés de conserveries, de chantiers navals, de fabricants d'engins de pêche et de mareyages, etc.
La condition de marin sardinier n'est pas enviable. La pêche subit les aléas du climat et des cours de la sardine. Si la saison est mauvaise, les cours sont hauts... mais la paye petite. Si les filets sont pleins, les cours s'effondrent et la paye est au mieux correcte. Et quand le mauvais temps est de la partie, le métier prend des allures de bagne et le glas sonne bien trop souvent pour leurs camarades... Qui plus est, les nouveaux marins paysans sont inexpérimentés, novices dans ce métier où les compétences viennent avec le temps. Les problèmes arrivent quand certains de ceux-ci arment un canot. Incapables encore de le maitriser, c'est le second, judicieusement choisi qui est le maître à la manœuvre. Ainsi, un proverbe de mer collera longtemps aux marins Penmarchais, qui dit qu' "à la mode de Penmarc'h, le plus con est à la barre"...
La condition d'usinière n'est pas plus enviable. Elles sont appelées au travail par la sirène de l'usine, quand les bateaux rentrent au port. Elles marchent fréquemment plusieurs kilomètres pour s'y rendre. Quand la pêche donne, elles travaillent parfois de tôt le matin à tard le soir. Sans répit. Et quand, par chance, elles ont un moment de répit, celles qui ne peuvent rentrer chez elles dorment sur des sacs de jute, sur les tas de sel ou parfois sur la plage, si le temps le permet. Leur famille leur apporte alors, après une longue marche, du pain trempé avec parfois un morceau de lard. Payées au rendement, elles chantent et konchènent 1 au travail, pour oublier la rapacité des patrons et la sévérité des contre-maîtresses (souvent des Kérityennes) qui leur infligent des retraits sur paye au moindre prétexte. Déjà qu'elles sont payées une misère ! Et ces odeurs de poisson et de graillon qui leur collent à la peau !
En un mot plutôt qu'en cent, la sardine est donc la source principale de revenus de la famille.
"L'ennemi" commun, c'est le patron de l'usine qui achète la sardine au plus bas prix et qui paye les usinières une misère : le conserveur est Conservateur (!) alors que le marin et son usinière sont Progressistes (socialistes).
(1) Un Bretonisme venant de koñchenn signifiant conte qui dans ce cas doit plutôt être interprété comme racontar ou commérages.
L'industrie de la sardine
La conserverie de la sardine à l'huile est née en France, à Nantes et à Bordeaux, vers les années 1820, suite à l'invention de l'autoclave par Pierre-Alexandre Lemare. L'amélioration de l'autoclave par Nicolas Appert puis par Raymond Chevalier-Appert en 1852, provoque son essor industriel. D'alors quelques millions de boîtes, les conserveurs produisent plus de 40 millions de boîtes en 1900.
Inabordable pour les couches populaires, la boîte de sardine est un produit de luxe, dont la production est principalement exportée jusqu'en 1902, cette exportation atteignant alors 75% de la production. À partir de 1903, les importations sont multipliées par trois alors que les exportations diminuent d'un tiers. Pire, en 1906, les importations sont plus importantes que les exportations.
La petite boîte est au centre d'un espace économique sardinier mêlant pêcheurs, armateurs, conserveurs, employés de conserverie, fabricants de boîtes "de fer blanc", chantiers navals, transporteurs, distributeurs, banques... Elle a un important poids économique et social.
Outre les pêcheurs de la commune, les confiseries, en employant les femmes et les filles des marins, font à l'époque vivre les familles et toute la population littorale de Penmarc'h.
En 1900, Penmarc'h est la capitale Bigoudène de la conserve. Il existe alors à Penmarc'h 9 friteries :
- A Kérity : Gaston THUBE & Arsène SAUPIQUET, FRANCAISE DE CONSERVES.