memoire2cite38
La Banane de Villeneuve la Garenne 92 , cette grande barre qui débutait rue du font de la Noue
92 Villeneuve-la-Garenne, la résidence Les Jardins de la Noue gérée par Coopération et Famille, ses 622 logements privés! Villeneuve la Garenne 92 , Les Jardins de la Noue, une copropriété mixte et un quartier entièrement réhabilités à Villeneuve-la-Garenne Après six ans de réhabilitation, l'ancienne résidence "La Banane" construite en 1958, rebaptisée "Les Jardins de La Noue" a été inaugurée samedi 30 septembre à Villeneuve-la-Garenne. Le terme d'un chantier spectaculaire mené en étroite concertation avec les habitants de cette copropriété mixte de 622 logements, qui a aussi contribué à désenclaver tout un quartier. Le conseil départemental des Hauts-de-Seine a financé cette opération à hauteur de 27,5 millions d'euros. vimeo.com/236745666 @ Plus d'infos sur hauts-de-seine.fr/.../villeneuve-la-garenne-une.../
De «La Banane» aux Jardins de la Noue @ l’histoire d’une folle métamorphose Située rue du Haut de la Noue dans les quartiers sud de Villeneuve-la-Garenne,
la résidence Les Jardins de la Noue gérée par Coopération et Famille, ses 622 logements* et son parc de 3 hectares, arborent un nouveau visage depuis juin 2017. La réhabilitation globale de cette copropriété mixte, c’est-à-dire une copropriété dont une partie des
logements appartient à un bailleur social, était pourtant un pari osé. Le fruit de la ténacité Ce projet de rénovation, c’est d’abord
celui d’Alain-Bernard Boulanger, maire de Villeneuve-la-Garenne et de Christian Thibault, ancien président du Directoire de Coopération et Famille. Deux hommes liés par une ambition commune d’inscrire cette résidence emblématique Au cœur de la transformation des quartiers sud de la ville. C’est ensuite
celui des partenaires et des équipes qui se sont mobilisés derrière eux pour le concrétiser, au prix d’un investissement hors normes, tant financier qu’humain. Le tout en associant les résidents
et leurs représentants, dans le cadre d’une concertation exemplaire.
Une solution originale: le bail à réhabilitation Utilisé pour la première fois dans un tel contexte et à une telle échelle, ce
dispositif innovant constitue indéniablement la clé du projet. Au fondement du montage juridique, il aura permis d’engager les travaux nécessaires, sans reste à charge pour les copropriétaires, et de mettre en œuvre une réhabilitation des plus ambitieuses. Le tout dans un même objectif: améliorer durablement La qualité de vie des habitants. Une rénovation hors normes
D’une ampleur exceptionnelle, les travaux
ont associé isolation des façades, réfection
des parties communes et des logements,
mise aux normes des équipements,
résidentialisation des espaces extérieurs…
sans oublier l’extension des façades du
bâtiment principal, long de 340 m. Une
prouesse technique, réalisée en milieu
habité, qui aura nécessité une méthodologie complexe et un accompagnement
quotidien des habitants.
La présente monographie revient
sur cette expérience unique et sur la
démarche innovante qui a permis cette
requalification. Aujourd’hui, une page se
tourne dans l’histoire de la copropriété.
Celle que l’on appelait communément
«La Banane» a été rebaptisée «Les
Jardins de la Noue» par les habitants
eux-mêmes. Un nouveau nom pour
un nouvel avenir. 1958 La Banane»,
fleuron des
30 glorieuses
La naissance de la résidence s’inscrit dans une époque de
construction massive de logements sociaux en France. Elément
incontournable du paysage urbain de Villeneuve-la-Garenne,
elle aura vu passer des générations de Villenogarennois.
Une réponse à la crise
du logement après-guerre
Conséquence des destructions et du «baby-boom», les logements manquent
cruellement. À l’hiver 54, Villeneuvela-Garenne est la première ville à répondre
à l’appel de l’Abbé Pierre, en créant une
cité d’urgence provisoire au sud de son
territoire. Sous l’impulsion de l’Etat et en
partenariat avec des sociétés d’HLM, elle
engage la construction de logements
sociaux sur des grandes parcelles privées.
Après les résidences Emmaüs et Chaillon,
puis Les Castors, c’est au tour de la rési
-
dence « La Banane » de sortir de terre.
Son bâtiment principal, auquel elle doit
son appellation, constitue alors l’une des
plus longues barres d’Europe. Et les
constructions se poursuivent au nord: en
près de 10 ans, 9000 logements sociaux
voient le jour, accompagnés d’équipe
-
ments et d’écoles.
«La Banane», symbole
de progrès social
Commanditée par la SA d’HLM Terre et Famille (aujourd’hui Coopération et Famille), «La Banane» est construite sur un mode
coopératif par Herbé et Le Couteur, archi
-
tectes des 30 glorieuses. Cinq bâtiments
dans un grand parc arboré, des logements
modernes avec salles de bain, chauffage
central, ascenseurs… Les premiers résidents
accèdent à un confort exceptionnel pour
l’époque. Située au cœur d’un important
tissu industriel, la résidence accueille durant
plus d’un demi-siècle cadres et ouvriers
qualifiés, populations issues de l’exode
rural et de l’immigration.Vers une
requalification
ambitieuse
60 ans après sa construction, la résidence vieillissante
n’est plus adaptée à son époque et souffre de fortes
déperditions énergétiques. Un projet de réhabilitation de
grande ampleur voit le jour, dans le cadre du programme
de rénovation urbaine des quartiers sud de la ville.
2005-2006
Diagnostic sans appel
Mauvaise isolation, humidité, obsolescence des réseaux, pannes d’ascenseur,
problèmes de propreté, de sécurité : les
dysfonctionnements se multiplient dans
tous les bâtiments. Et les travaux de maintenance courante ne suffisent plus à les
enrayer. La conception même du bâtimentB,
hors normes, atteint aussi ses limites: une
structuration des pièces inadaptée, des
halls et des coursives surdimensionnés…
Le parc alentour mérite quant à lui d’être
revalorisé et l’ensemble des espaces
extérieurs mieux adaptés aux usages des
habitants.
La nécessité d’un programme
de grande ampleur
La réflexion s’engage alors, en lien étroit
avec la Ville, pour aboutir à un programme
de réhabilitation et de résidentialisation
global. Il associe le ravalement et l’isolation thermique des façades, la rénovation
des parties communes, une remise à neuf
des pièces humides et la requalification
des espaces extérieurs, des cheminements
et des stationnements. Pour le bâtiment B
s’ajoute un projet innovant d’extension
de façades, pour agrandir et revaloriser
les logements, conformément aux standards de confort actuels.
Une inscription différée
au projet de renouvellement
urbain
Le projet de renouvellement urbain des
quartiers sud de Villeneuve-la-Garenne fait
l’objet d’une convention initiale avec
l’ANRU, signée le 25 juillet 2006. Comptetenu de la spécificité de la requalification
de «La Banane», copropriété mixte, il est
convenu qu’elle donnera lieu à un avenant
à la convention. Une longue réflexion s’engage alors pour Coopération et Famille,
afin de trouver le montage juridique et
financier adéquat. www.logement-francais.fr/.../170927-LF-Monographie... PREFABRICATION MASSIVE Le temps des cites modernes et souvent d'HLM....Domy z panelu (1959) - 1er court métrage du cinéaste tchèque Jiří Menzel - Un documentaire sur la construction des logements préfabriqués Paneláky Prefabricated Houses. A student work by Jiří Menzel, filmed during his second year at the FAMU film school.
www.youtube.com/watch?v=X-2hXxJUn74 Domy z panelu (Jirí Menzel, 1959) Prefabricated Houses. A student work by Jiří Menzel, filmed during his second year at the FAMU film school. les grands chantiers 1955 1960s En France, la préfabrication va tout d'abord se développer dans le contexte de pénurie générale de la Libération. Dans un second temps, l'opération des « 4 000 logements de la région parisienne » en 1953 inaugure la généralisation de la préfabrication pour la construction des grands ensembles de logements en France. Le Bonheur est dans le béton - 2015 Documentaire réalisé par Lorenz Findeisen produit par Les Films du Tambour de Soie Le logement préfabriqué, victime de son succès en France, fut exporté en Europe de l’Est. Qui se souvient aujourd’hui que ces logements symboles de progrès devinrent, en pleine guerre froide, la marque de fabrique du collectivisme ? Jacqueline a 50 ans et vit à la cité des Courtillières à Pantin. Elle se souvient lorsque, enfant, elle quitta avec ses parents le « une pièce parisien » sans commodités pour un appartement spacieux et moderne dans cette cité. La cité des Courtillières est alors une cité pilote, censée réaliser le rêve d’une vie nouvelle dans une France qui manquait à la Libération cruellement de logements.
Comme tant d’autres Jacqueline enfant ignorait qu’elle devait à Raymond Camus architecte génial, créateur du panneau en béton préfabriqué, cette invention qui promettait un futur radieux pour tous. Sydney, voisin de Jacqueline, se remémore lui, les bus remplis d’architectes venus d’Union soviétique pour visiter sa cité…
La marque de fabrique du collectivisme
Le logement préfabriqué victime de son succès en France est exporté en Europe de l’Est. Qui se souvient aujourd’hui que ces logements symboles de progrès devinrent en pleine guerre froide, la marque de fabrique du collectivisme ? Pour Julie, à Prague, ou Susanna à Berlin Est, l’arrivée du préfabriqué dans leur vie revêt une toute autre signification. Utopies sociales, idéologies politiques et avant-garde architecturale commencent à se mélanger. Le rêve du bonheur tourne vite au cauchemar…
En République tchèque, l’antique ville de Most est détruite pour des raisons économiques pour être reconstruite grâce au panneau de béton. Au travers d’archives inédites et de témoignages des habitants, l’histoire incroyable de panneau en béton se raconte pour la première fois de Paris à Moscou, de 1950 à nos jours.
Documentaire réalisé par Lorenz Findeisen, produit par Les Films du Tambour de Soie www.dailymotion.com/video/x413amo @
Petite histoire de la préfabrication
Les violentes destructions de la Seconde Guerre mondiale ont contraint une bonne partie des pays européens à trouver des solutions inédites concernant la reconstruction.
« Les guerres sont par exemple d’importants accélérateurs de l’industrialisation du bâtiment pour deux raisons au moins. La première est que l’industrie d’armement se recycle logiquement dans la production civile après les conflits ; la deuxième est que les territoires dévastés par les destructions, comprenant des villes entières, sont à reconstruire. » Franz Graf
L’originalité de la première phase de ces reconstructions réside dans la dynamique expérimentale initiée par les gouvernements européens autour de la préfabrication, ainsi que l’explique Franz Graf [2] dans l’introduction référencée de l’ouvrage.
Elain Harwood met en lumière les programmes de logements publics préfabriqués en Angleterre et Nick Bullock présente un focus sur les maisons-témoins préfabriquées de Northolt aux apparences ordinaires. Ce sont ces dernières qui vont inspirer le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme français pour ces chantiers expérimentaux de maisons préfabriquées.
L’Italie, de son côté, se basera sur les maisons de Northolt et la cité expérimentale de Noisy-le-Sec pour concevoir le QT8 à Milan, laboratoire où sont construits des maisons-prototypes en relation avec la Triennale, ainsi que l’explique Francesca Albani. Les deux contributions consacrées à l’Allemagne de Steeve Sabatto et Silke Langenberg s’attachent plus spécifiquement à la dimension technique et aux systèmes constructifs inventés par Konrad Wachsmann en collaboration avec Walter Gropius et Helmut Spieker, semble-t-il sans lien avec les autres pays européens.
Suite aux expérimentations, chacun des pays prend des voies sensiblement différentes vers le logement de masse. Si les prefabs anglais demeurent un élément caractéristique du paysage national, la construction traditionnelle, tout aussi rentable économiquement sera préférée. Le recours à la préfabrication concernera, avec davantage de bonheur, les écoles anglaises. En France, à partir de 1954, l’État fixe aussi sa doctrine : la solution au manque de logement se trouve dans la préfabrication lourde, ouvrant la voie aux grands ensembles. Et l’Italie prendra finalement un tournant bien différent en opérant un retour décisif à des techniques artisanales, exécutées à pied d’œuvre, afin d’augmenter l’occupation ouvrière. Mais un défi, tant collectif que particulier, est aujourd’hui à relever : comment rénover le bâti préfabriqué existant ? Les solutions dépendront forcément « de la valeur que l’on attribue à un patrimoine, surtout s’il est considéré comme ordinaire et diffus » [3]. Ainsi que le démontrent les cas particuliers ici étudiés, il n’y a pas de réponse préfabriquée, mais des réflexions et des histoires captivantes autant que singulières.
Les héros de l’industrialisation face à la patrimonialisation
Si les histoires architecturales racontées sont principalement européennes, il aurait été impensable, à propos de préfabrication, de ne pas mentionner les États-Unis et notamment un de ses représentants les plus populaires : Buckminster Fuller. Le texte de James Ashby [4] retrace l’aventure de la restauration de la maison Dymaxion (contraction en anglais de dynamic-maximum-tension), aujourd’hui exposée au musée Ford à Détroit. Cette maison devait « révolutionner l’industrie du logement après la Seconde Guerre mondiale » en proposant aux familles des habitations qui ne devaient pas dépasser le prix d’une Cadillac. Mais l’entreprise de Fuller fit faillite et il ne resta qu’un prototype, récupéré et transformé par l’un des investisseurs afin d’en faire son logement. Des décennies après, la maison est abandonnée et le bâti se dégrade : les héritiers finissent par faire don de la maison au musée en 1991. Mais six années vont encore s’écouler avant que le musée ne s’engage dans la restauration de la maison Dymaxion. Une équipe pluridisciplinaire va être constituée dans une démarche scientifique, avec pour défi complexe d’être au plus proche de l’authenticité d’une expérience architecturale inachevée.
Portes du pavillon du centenaire de l’aluminium, page 107 du catalogue de vente Artcurial des 23 et 24 novembre 2010
Autre héros de la préfabrication, notre Jean Prouvé hexagonal. L’article de Richard Klein [5], « Le pavillon du centenaire de l’aluminium, un patrimoine en pièce », présente différents paradoxes patrimoniaux lié à cet édifice nomade, le caractère véhiculaire était bien souvent intrinsèque aux constructions de Prouvé. L’auteur part ici de la controverse apparue suite à la mise en vente d’un ensemble de portes et d’un panneau provenant du pavillon du centenaire de l’aluminium, construction protégée au titre des Monuments historiques. Outre les remarques concernant la place des collectionneurs de Prouvé, la question de l’intégrité de l’édifice est passionnante. En effet, le bâtiment, tel qu’il a été remonté à Villepinte, a été réduit par rapport à son implantation initiale. Dès lors, Richard Klein pose la question : « comment envisager la question de l’intégrité d’un édifice dont les dimensions peuvent être considérées comme variables ? »
Les problèmes patrimoniaux liés à ce pavillon semblent sans fin, reflétant la complexité de la situation. Un dernier exemple : l’édifice s’étant déplacé de Lille à Villepinte, son périmètre de protection s’est-il déplacé avec lui ? Parmi les autres cas d’études intelligemment présentés : la construction inachevée de Claude Prouvé, véritable ruine de science-fiction ou encore les péripéties patrimoniales de la CAF du XVe arrondissement à Paris, « l’unique bâtiment en France qui a fait l’objet d’un déclassement du statut de Monument historique ». Dénouement
Face à des bâtiments qui ne correspondent plus aux besoins contemporains ou qui se sont dégradés avec le temps, la dernière partie de l’ouvrage présente des projets de réhabilitation, transformation, rénovation, adaptation et sauvegarde. Le SHAPE Village de la Faisanderie à Fontainebleau, la transformation de la tour Bois-le-Prêtre à Paris, la cité d’habitation de Droixhe en Belgique, les bâtiments des frères Honegger à Genève, les immeubles de Triemli à Zurich : autant de témoignages d’une nouvelle réception de cette architecture préfabriquée qui eut longtemps mauvaise presse mais dont les qualités architecturales sont désormais reconnues par les architectes. Beaucoup militent pour les transformer en respectant les projets initiaux. Ces derniers textes, plus courts et moins réflexifs ont néanmoins leur place, présentant les directions actuelles et les problématiques quant aux projets de transformations. À la fin de ce copieux ouvrage bien documenté, si les auteurs n’ont pas épuisé la question de la sauvegarde de l’architecture préfabriquée, certaines énigmes de cette histoire architecturale qui parcourt le XXe siècle jusqu’à aujourd’hui piquent la curiosité. Des contributions passionnantes et une grande cohérence dans le contenu donnent à l’histoire de la préfabrication des allures d’épopée architecturale. GRAF, Franz et DELEMONTEY, Yvan (dir.), Architecture industrialisée et préfabriquée : connaissance et sauvegarde, Éditions des Presses polytechniques et universitaires romandes, Laboratoire des Techniques de la Sauvegarde de l’Architecture Moderne, textes en anglais et en français, 2012 le Logement Collectif* dans tous ses états..Histoire & Mémoire de l'Habitat / Archives ANRU / Rétro Banlieue / Renouvellement Urbain / Urbanisme / HLM twitter.com/Memoire2cite
La Banane de Villeneuve la Garenne 92 , cette grande barre qui débutait rue du font de la Noue
92 Villeneuve-la-Garenne, la résidence Les Jardins de la Noue gérée par Coopération et Famille, ses 622 logements privés! Villeneuve la Garenne 92 , Les Jardins de la Noue, une copropriété mixte et un quartier entièrement réhabilités à Villeneuve-la-Garenne Après six ans de réhabilitation, l'ancienne résidence "La Banane" construite en 1958, rebaptisée "Les Jardins de La Noue" a été inaugurée samedi 30 septembre à Villeneuve-la-Garenne. Le terme d'un chantier spectaculaire mené en étroite concertation avec les habitants de cette copropriété mixte de 622 logements, qui a aussi contribué à désenclaver tout un quartier. Le conseil départemental des Hauts-de-Seine a financé cette opération à hauteur de 27,5 millions d'euros. vimeo.com/236745666 @ Plus d'infos sur hauts-de-seine.fr/.../villeneuve-la-garenne-une.../
De «La Banane» aux Jardins de la Noue @ l’histoire d’une folle métamorphose Située rue du Haut de la Noue dans les quartiers sud de Villeneuve-la-Garenne,
la résidence Les Jardins de la Noue gérée par Coopération et Famille, ses 622 logements* et son parc de 3 hectares, arborent un nouveau visage depuis juin 2017. La réhabilitation globale de cette copropriété mixte, c’est-à-dire une copropriété dont une partie des
logements appartient à un bailleur social, était pourtant un pari osé. Le fruit de la ténacité Ce projet de rénovation, c’est d’abord
celui d’Alain-Bernard Boulanger, maire de Villeneuve-la-Garenne et de Christian Thibault, ancien président du Directoire de Coopération et Famille. Deux hommes liés par une ambition commune d’inscrire cette résidence emblématique Au cœur de la transformation des quartiers sud de la ville. C’est ensuite
celui des partenaires et des équipes qui se sont mobilisés derrière eux pour le concrétiser, au prix d’un investissement hors normes, tant financier qu’humain. Le tout en associant les résidents
et leurs représentants, dans le cadre d’une concertation exemplaire.
Une solution originale: le bail à réhabilitation Utilisé pour la première fois dans un tel contexte et à une telle échelle, ce
dispositif innovant constitue indéniablement la clé du projet. Au fondement du montage juridique, il aura permis d’engager les travaux nécessaires, sans reste à charge pour les copropriétaires, et de mettre en œuvre une réhabilitation des plus ambitieuses. Le tout dans un même objectif: améliorer durablement La qualité de vie des habitants. Une rénovation hors normes
D’une ampleur exceptionnelle, les travaux
ont associé isolation des façades, réfection
des parties communes et des logements,
mise aux normes des équipements,
résidentialisation des espaces extérieurs…
sans oublier l’extension des façades du
bâtiment principal, long de 340 m. Une
prouesse technique, réalisée en milieu
habité, qui aura nécessité une méthodologie complexe et un accompagnement
quotidien des habitants.
La présente monographie revient
sur cette expérience unique et sur la
démarche innovante qui a permis cette
requalification. Aujourd’hui, une page se
tourne dans l’histoire de la copropriété.
Celle que l’on appelait communément
«La Banane» a été rebaptisée «Les
Jardins de la Noue» par les habitants
eux-mêmes. Un nouveau nom pour
un nouvel avenir. 1958 La Banane»,
fleuron des
30 glorieuses
La naissance de la résidence s’inscrit dans une époque de
construction massive de logements sociaux en France. Elément
incontournable du paysage urbain de Villeneuve-la-Garenne,
elle aura vu passer des générations de Villenogarennois.
Une réponse à la crise
du logement après-guerre
Conséquence des destructions et du «baby-boom», les logements manquent
cruellement. À l’hiver 54, Villeneuvela-Garenne est la première ville à répondre
à l’appel de l’Abbé Pierre, en créant une
cité d’urgence provisoire au sud de son
territoire. Sous l’impulsion de l’Etat et en
partenariat avec des sociétés d’HLM, elle
engage la construction de logements
sociaux sur des grandes parcelles privées.
Après les résidences Emmaüs et Chaillon,
puis Les Castors, c’est au tour de la rési
-
dence « La Banane » de sortir de terre.
Son bâtiment principal, auquel elle doit
son appellation, constitue alors l’une des
plus longues barres d’Europe. Et les
constructions se poursuivent au nord: en
près de 10 ans, 9000 logements sociaux
voient le jour, accompagnés d’équipe
-
ments et d’écoles.
«La Banane», symbole
de progrès social
Commanditée par la SA d’HLM Terre et Famille (aujourd’hui Coopération et Famille), «La Banane» est construite sur un mode
coopératif par Herbé et Le Couteur, archi
-
tectes des 30 glorieuses. Cinq bâtiments
dans un grand parc arboré, des logements
modernes avec salles de bain, chauffage
central, ascenseurs… Les premiers résidents
accèdent à un confort exceptionnel pour
l’époque. Située au cœur d’un important
tissu industriel, la résidence accueille durant
plus d’un demi-siècle cadres et ouvriers
qualifiés, populations issues de l’exode
rural et de l’immigration.Vers une
requalification
ambitieuse
60 ans après sa construction, la résidence vieillissante
n’est plus adaptée à son époque et souffre de fortes
déperditions énergétiques. Un projet de réhabilitation de
grande ampleur voit le jour, dans le cadre du programme
de rénovation urbaine des quartiers sud de la ville.
2005-2006
Diagnostic sans appel
Mauvaise isolation, humidité, obsolescence des réseaux, pannes d’ascenseur,
problèmes de propreté, de sécurité : les
dysfonctionnements se multiplient dans
tous les bâtiments. Et les travaux de maintenance courante ne suffisent plus à les
enrayer. La conception même du bâtimentB,
hors normes, atteint aussi ses limites: une
structuration des pièces inadaptée, des
halls et des coursives surdimensionnés…
Le parc alentour mérite quant à lui d’être
revalorisé et l’ensemble des espaces
extérieurs mieux adaptés aux usages des
habitants.
La nécessité d’un programme
de grande ampleur
La réflexion s’engage alors, en lien étroit
avec la Ville, pour aboutir à un programme
de réhabilitation et de résidentialisation
global. Il associe le ravalement et l’isolation thermique des façades, la rénovation
des parties communes, une remise à neuf
des pièces humides et la requalification
des espaces extérieurs, des cheminements
et des stationnements. Pour le bâtiment B
s’ajoute un projet innovant d’extension
de façades, pour agrandir et revaloriser
les logements, conformément aux standards de confort actuels.
Une inscription différée
au projet de renouvellement
urbain
Le projet de renouvellement urbain des
quartiers sud de Villeneuve-la-Garenne fait
l’objet d’une convention initiale avec
l’ANRU, signée le 25 juillet 2006. Comptetenu de la spécificité de la requalification
de «La Banane», copropriété mixte, il est
convenu qu’elle donnera lieu à un avenant
à la convention. Une longue réflexion s’engage alors pour Coopération et Famille,
afin de trouver le montage juridique et
financier adéquat. www.logement-francais.fr/.../170927-LF-Monographie... PREFABRICATION MASSIVE Le temps des cites modernes et souvent d'HLM....Domy z panelu (1959) - 1er court métrage du cinéaste tchèque Jiří Menzel - Un documentaire sur la construction des logements préfabriqués Paneláky Prefabricated Houses. A student work by Jiří Menzel, filmed during his second year at the FAMU film school.
www.youtube.com/watch?v=X-2hXxJUn74 Domy z panelu (Jirí Menzel, 1959) Prefabricated Houses. A student work by Jiří Menzel, filmed during his second year at the FAMU film school. les grands chantiers 1955 1960s En France, la préfabrication va tout d'abord se développer dans le contexte de pénurie générale de la Libération. Dans un second temps, l'opération des « 4 000 logements de la région parisienne » en 1953 inaugure la généralisation de la préfabrication pour la construction des grands ensembles de logements en France. Le Bonheur est dans le béton - 2015 Documentaire réalisé par Lorenz Findeisen produit par Les Films du Tambour de Soie Le logement préfabriqué, victime de son succès en France, fut exporté en Europe de l’Est. Qui se souvient aujourd’hui que ces logements symboles de progrès devinrent, en pleine guerre froide, la marque de fabrique du collectivisme ? Jacqueline a 50 ans et vit à la cité des Courtillières à Pantin. Elle se souvient lorsque, enfant, elle quitta avec ses parents le « une pièce parisien » sans commodités pour un appartement spacieux et moderne dans cette cité. La cité des Courtillières est alors une cité pilote, censée réaliser le rêve d’une vie nouvelle dans une France qui manquait à la Libération cruellement de logements.
Comme tant d’autres Jacqueline enfant ignorait qu’elle devait à Raymond Camus architecte génial, créateur du panneau en béton préfabriqué, cette invention qui promettait un futur radieux pour tous. Sydney, voisin de Jacqueline, se remémore lui, les bus remplis d’architectes venus d’Union soviétique pour visiter sa cité…
La marque de fabrique du collectivisme
Le logement préfabriqué victime de son succès en France est exporté en Europe de l’Est. Qui se souvient aujourd’hui que ces logements symboles de progrès devinrent en pleine guerre froide, la marque de fabrique du collectivisme ? Pour Julie, à Prague, ou Susanna à Berlin Est, l’arrivée du préfabriqué dans leur vie revêt une toute autre signification. Utopies sociales, idéologies politiques et avant-garde architecturale commencent à se mélanger. Le rêve du bonheur tourne vite au cauchemar…
En République tchèque, l’antique ville de Most est détruite pour des raisons économiques pour être reconstruite grâce au panneau de béton. Au travers d’archives inédites et de témoignages des habitants, l’histoire incroyable de panneau en béton se raconte pour la première fois de Paris à Moscou, de 1950 à nos jours.
Documentaire réalisé par Lorenz Findeisen, produit par Les Films du Tambour de Soie www.dailymotion.com/video/x413amo @
Petite histoire de la préfabrication
Les violentes destructions de la Seconde Guerre mondiale ont contraint une bonne partie des pays européens à trouver des solutions inédites concernant la reconstruction.
« Les guerres sont par exemple d’importants accélérateurs de l’industrialisation du bâtiment pour deux raisons au moins. La première est que l’industrie d’armement se recycle logiquement dans la production civile après les conflits ; la deuxième est que les territoires dévastés par les destructions, comprenant des villes entières, sont à reconstruire. » Franz Graf
L’originalité de la première phase de ces reconstructions réside dans la dynamique expérimentale initiée par les gouvernements européens autour de la préfabrication, ainsi que l’explique Franz Graf [2] dans l’introduction référencée de l’ouvrage.
Elain Harwood met en lumière les programmes de logements publics préfabriqués en Angleterre et Nick Bullock présente un focus sur les maisons-témoins préfabriquées de Northolt aux apparences ordinaires. Ce sont ces dernières qui vont inspirer le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme français pour ces chantiers expérimentaux de maisons préfabriquées.
L’Italie, de son côté, se basera sur les maisons de Northolt et la cité expérimentale de Noisy-le-Sec pour concevoir le QT8 à Milan, laboratoire où sont construits des maisons-prototypes en relation avec la Triennale, ainsi que l’explique Francesca Albani. Les deux contributions consacrées à l’Allemagne de Steeve Sabatto et Silke Langenberg s’attachent plus spécifiquement à la dimension technique et aux systèmes constructifs inventés par Konrad Wachsmann en collaboration avec Walter Gropius et Helmut Spieker, semble-t-il sans lien avec les autres pays européens.
Suite aux expérimentations, chacun des pays prend des voies sensiblement différentes vers le logement de masse. Si les prefabs anglais demeurent un élément caractéristique du paysage national, la construction traditionnelle, tout aussi rentable économiquement sera préférée. Le recours à la préfabrication concernera, avec davantage de bonheur, les écoles anglaises. En France, à partir de 1954, l’État fixe aussi sa doctrine : la solution au manque de logement se trouve dans la préfabrication lourde, ouvrant la voie aux grands ensembles. Et l’Italie prendra finalement un tournant bien différent en opérant un retour décisif à des techniques artisanales, exécutées à pied d’œuvre, afin d’augmenter l’occupation ouvrière. Mais un défi, tant collectif que particulier, est aujourd’hui à relever : comment rénover le bâti préfabriqué existant ? Les solutions dépendront forcément « de la valeur que l’on attribue à un patrimoine, surtout s’il est considéré comme ordinaire et diffus » [3]. Ainsi que le démontrent les cas particuliers ici étudiés, il n’y a pas de réponse préfabriquée, mais des réflexions et des histoires captivantes autant que singulières.
Les héros de l’industrialisation face à la patrimonialisation
Si les histoires architecturales racontées sont principalement européennes, il aurait été impensable, à propos de préfabrication, de ne pas mentionner les États-Unis et notamment un de ses représentants les plus populaires : Buckminster Fuller. Le texte de James Ashby [4] retrace l’aventure de la restauration de la maison Dymaxion (contraction en anglais de dynamic-maximum-tension), aujourd’hui exposée au musée Ford à Détroit. Cette maison devait « révolutionner l’industrie du logement après la Seconde Guerre mondiale » en proposant aux familles des habitations qui ne devaient pas dépasser le prix d’une Cadillac. Mais l’entreprise de Fuller fit faillite et il ne resta qu’un prototype, récupéré et transformé par l’un des investisseurs afin d’en faire son logement. Des décennies après, la maison est abandonnée et le bâti se dégrade : les héritiers finissent par faire don de la maison au musée en 1991. Mais six années vont encore s’écouler avant que le musée ne s’engage dans la restauration de la maison Dymaxion. Une équipe pluridisciplinaire va être constituée dans une démarche scientifique, avec pour défi complexe d’être au plus proche de l’authenticité d’une expérience architecturale inachevée.
Portes du pavillon du centenaire de l’aluminium, page 107 du catalogue de vente Artcurial des 23 et 24 novembre 2010
Autre héros de la préfabrication, notre Jean Prouvé hexagonal. L’article de Richard Klein [5], « Le pavillon du centenaire de l’aluminium, un patrimoine en pièce », présente différents paradoxes patrimoniaux lié à cet édifice nomade, le caractère véhiculaire était bien souvent intrinsèque aux constructions de Prouvé. L’auteur part ici de la controverse apparue suite à la mise en vente d’un ensemble de portes et d’un panneau provenant du pavillon du centenaire de l’aluminium, construction protégée au titre des Monuments historiques. Outre les remarques concernant la place des collectionneurs de Prouvé, la question de l’intégrité de l’édifice est passionnante. En effet, le bâtiment, tel qu’il a été remonté à Villepinte, a été réduit par rapport à son implantation initiale. Dès lors, Richard Klein pose la question : « comment envisager la question de l’intégrité d’un édifice dont les dimensions peuvent être considérées comme variables ? »
Les problèmes patrimoniaux liés à ce pavillon semblent sans fin, reflétant la complexité de la situation. Un dernier exemple : l’édifice s’étant déplacé de Lille à Villepinte, son périmètre de protection s’est-il déplacé avec lui ? Parmi les autres cas d’études intelligemment présentés : la construction inachevée de Claude Prouvé, véritable ruine de science-fiction ou encore les péripéties patrimoniales de la CAF du XVe arrondissement à Paris, « l’unique bâtiment en France qui a fait l’objet d’un déclassement du statut de Monument historique ». Dénouement
Face à des bâtiments qui ne correspondent plus aux besoins contemporains ou qui se sont dégradés avec le temps, la dernière partie de l’ouvrage présente des projets de réhabilitation, transformation, rénovation, adaptation et sauvegarde. Le SHAPE Village de la Faisanderie à Fontainebleau, la transformation de la tour Bois-le-Prêtre à Paris, la cité d’habitation de Droixhe en Belgique, les bâtiments des frères Honegger à Genève, les immeubles de Triemli à Zurich : autant de témoignages d’une nouvelle réception de cette architecture préfabriquée qui eut longtemps mauvaise presse mais dont les qualités architecturales sont désormais reconnues par les architectes. Beaucoup militent pour les transformer en respectant les projets initiaux. Ces derniers textes, plus courts et moins réflexifs ont néanmoins leur place, présentant les directions actuelles et les problématiques quant aux projets de transformations. À la fin de ce copieux ouvrage bien documenté, si les auteurs n’ont pas épuisé la question de la sauvegarde de l’architecture préfabriquée, certaines énigmes de cette histoire architecturale qui parcourt le XXe siècle jusqu’à aujourd’hui piquent la curiosité. Des contributions passionnantes et une grande cohérence dans le contenu donnent à l’histoire de la préfabrication des allures d’épopée architecturale. GRAF, Franz et DELEMONTEY, Yvan (dir.), Architecture industrialisée et préfabriquée : connaissance et sauvegarde, Éditions des Presses polytechniques et universitaires romandes, Laboratoire des Techniques de la Sauvegarde de l’Architecture Moderne, textes en anglais et en français, 2012 le Logement Collectif* dans tous ses états..Histoire & Mémoire de l'Habitat / Archives ANRU / Rétro Banlieue / Renouvellement Urbain / Urbanisme / HLM twitter.com/Memoire2cite