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DJENNE

 

La ville de Djenné est située dans le delta intérieur du Niger au Mali, appelé Pondo. Le Pondo fait plus de 35 000 km2. Il se situe dans la région de Mopti parcourue par deux principaux fleuves : le Niger et le Bani, dont les nombreux affluents strient cette vaste plaine régulièrement inondée.

Le delta a une pente très faible (1 à 5 cm / km) ce qui donne aux cours d’eau cette possibilité de divagation et la formation de zones lacustres, de bourgoutières. Les levées alluviales jamais inondées, réduites, sont habitées : Djenné, le génie des eaux en langue bozo est une de ces villes. Le Niger et le Bani sont des fleuves exogènes au Mali : ils prennent leur source en Guinée et en Côte d'Ivoire. Les pluies qui tombent à leur source au début de l'été font grossir les fleuves en septembre à Bamako, octobre à Mopti, en décembre à Tombouctou et en janvier à Gao. La faible pente permet à l'eau de s'infiltrer et augmente l'humidité de l'air (de 30 % à 75 %) en bord de fleuve, ce qui rend donc ces lieux attirants pour l'Homme qui s'y installe. Il peut ainsi se lancer dans l'agriculture, dont le rythme est calqué sur celui des crues. Le facteur de production est donc très incertain pour tous : les crues ne viennent pas au même moment, au même endroit et avec la même ampleur d'une année sur l'autre. Malgré cette source d'eau constante, le climat reste difficile et ne permet pas d'avoir une couverture végétale et encore moins une agriculture annuelle. La pire période est à la fin de la saison sèche, en avril et mai, où il fait très chaud et sec. Les maliens l'appellent « la soudure ».

 

Dans le Pondo vivent des Bozo, pêcheurs dans les marigots et sur les rives; les Somono, pêcheurs sur les fleuves et transporteurs d'une berge à l'autre; les Peulhs qui sont des éleveurs de bovins essentiellement; les Bambara, Rimaïbé et Marka qui sont des agriculteurs. Les artisans et les commerçants ne dépendent pas d’une ethnie particulière mais de la caste dont ils font partie. Le petit espace disponible et la faible quantité de ressources impliquent de nombreux conflits entre ces différentes ethnies malgré leurs occupations vivrières différentes, mais également au sein même d'une ethnie, entre représentants d'une même activité.

Le Pondo étant une région souvent inondée l'habitat est très concentré sur les terres exondées. Ces terres, par l'accumulation de déchets humains après une longue occupation du lieu, arrivent à en être surélevées. On les appelle les « toggué ». La densité de population pour tout le delta est assez basse en conséquence (+- 17 hab/km² en 1976), la rareté des ressources n'aidant pas à augmenter singulièrement la population. Malgré cela la croissance démographique est tout de même de l'ordre de +2,3 % par an pour cette même période jusqu’à atteindre 14 196 habitants en 2005 dans la ville de Djenné. Les villages communiquent traditionnellement par voie d'eau, les routes n'étant pas goudronnées car régulièrement inondées et devant être retracées à chaque fin de saison humide. Durant la période des pluies, on se déplace sur l'eau et durant la saison sèche sur les pistes. Les périodes transitoires sont synonymes d'isolement pour les populations du Pondo qui ne peuvent pas se déplacer. Cette situation peut durer de 3 à 6 mois. Mopti est la seule qui soit reliée à la route nationale par une route goudronnée (une digue existe à Djenné mais elle est en très mauvais état), et dispose également d'un aérodrome.

Le Pondo a connu peu de changements significatifs en quelques siècles, ce n'est que depuis quelques décennies que de nouvelles techniques apparaissent par le biais des O.D.R. (opération de développement rural) lancées par l'état et subventionnées par des fonds étrangers. Les O.D.R. tentent d'apporter une réponse aux difficultés amenées par le milieu, dont l'instabilité est un facteur absolu : ainsi les années 50 étaient marquées par une forte sécheresse, les années 60 étaient de très bonnes années, pleines d'espoir, les années 70 furent très mauvaises et provoquèrent une réaction mondiale, une aide alimentaire et structurelle furent données, avec la mise en place des O.D.R.. Plusieurs campagnes furent ainsi lancées : l'O.R.M. (opération riz Mopti), l'O.M.M. (opération mil Mopti), l'O.P.M. (opération pêche Mopti) en 1972 et l'O.D.E.M. (opération de développement de l'élevage dans la région de Mopti) en 1975. Ces O.D.R. cherchent à accroître les productions en inculquant de nouvelles techniques et en donnant de nouveaux outils : traction animale pour l'agriculture, nouvelles semences, engrais, nouvelles méthodes de séchage et fumage du poisson pour mieux le conserver, vaccination des cheptels et troupeaux. Finalement, cet élan est en partie gâché par les sécheresses qui continuent et la perte d'une grande partie des capitaux en construction de bureaux et payes des fonctionnaires chargés de l'application des projets.

En 1955-1959, l'état devient propriétaires des terres et vient perturber un ordre traditionnel (instauré par la Dina) de répartition de l'espace jusque-là jamais remis en cause.

 

Le secteur primaire est important dans le cercle de Djenné, il représente 33 % de l'activité de la ville même. On cultive le mil (sorgho sur les terres lourdes, petit mil sur les terres légères), le riz (dans les vastes plaines inondables), le vouandzou, l'arachide, le coton, le dâh. La pêche est la 2e activité et l'élevage la 3e.

Le site de Djenné est occupé depuis le -250 sur 12 hectares par les Bozos : c’était la ville de Jenné-jeno (l’ancienne Djenné). Elle grandit et se développa au cours du temps, créant des liens de plus en plus resserrés avec Tombouctou. En effet, la ville est depuis très longtemps un centre névralgique du commerce nord-sud, alimentant Tombouctou presque dépourvue de terres cultivables et étape majeure du commerce transsaharien (sel, cuivre…) à partir du xiiie siècle. Les marchands arabes et berbères commencent à s’installer dans la région et le quartier musulman finit par prendre le dessus à Jenné-jeno au xive siècle. Au xve siècle, l’ancienne Djenné est abandonnée pour la nouvelle, que nous connaissons aujourd’hui. La prospérité passée de Djenné était due à sa position sur les routes commerciales et aux marchés externes, ainsi qu'à son arrière-pays productif. Aujourd'hui, les sécheresses ont fait largement baisser les productions : 600 kg/ha de mil et 1500 kg/ha de riz. Même si l'agriculture est surtout vivrière, il faut dégager des bénéfices en allant vendre ses produits au marché pour payer l'école, les impôts, les vêtements…

Le cercle de Djenné est dans une situation précaire. Ainsi Gallais disait en 1984 qu'il avait connu un non développement depuis les années 60.Les fluctuations climatiques et les conflits agriculteurs/éleveurs/pêcheurs sont en partie responsables de ce retard et de ce manque à gagner sur les récoltes et les réserves de riz et mil. Le manque d'aménagement du territoire et la faible organisation paysanne peuvent être mis en relation avec la densité de population relativement faible dans le delta (de Djenné) et ses environs qui rendent les investissements dans les travaux de terre et de l'eau inutiles et peut-être impossibles. Parallèlement, la population augmente et sous cette pression, les terres agricoles et les pâturages diminuent. La sécheresse des années 1970 aggrave tout cela. Les paysans sont pauvres et tout coûte cher : seul 33,5 % d'entre eux possédaient une charrette mais plus de 50 % ne possèdent ni charrue, ni charrette, ni multiculteur, ni semoir. La conservation du milieu paraît donc être un souci bien superflu dans un tel contexte socio-économique, fortement marqué par le dénuement et depuis longtemps.

On trouve divers villages dans les environs de Djenné que l'on peut caractériser comme suit : les villages sans fonction propre, totalement dépendant de Djenné pour les besoins quotidiens, très proches (comme Niala); les plus gros bourgs, plus éloignés, ayant à disposition les services suffisant à la vie quotidienne (école, dispensaire, marché…) comme Senoussa mais nécessitant des voyages hebdomadaires vers Djenné; les villages encore plus importants obligeant les habitants à se rendre à Djenné rarement, pour les besoins d'un ordre supérieur, comme Sirimou.

Les 3/4 de la population sont concentrés dans les arrondissements Mougna, Central et Sofara. Le chef-lieu, Djenné, compte 10 275 habitants en 1976, c'est la seule "ville" du cercle.

On observe une différence de structure familiale entre la campagne et Djenné : les familles sont moins nombreuses et majoritairement monogames à Djenné, avec une tendance inverse pour la campagne. Par ailleurs, on constate que 90 % de la campagne djennenké est sans formation, pour 71,3 % de la population citadine. Dans la campagne, 90 % de la population de 12 ans n'a jamais été à l'école et seulement 2 % a fini l'école primaire. Un enfant sur cinq ne dépasse pas les 2 ans. Les maisons n'ont pas de sanitaires, le système de voirie et d'égouts n'a rien de satisfaisant, il y a de longues pénuries en eau.

Comme nous l’avons vu dans cette introduction la situation de Djenné est complexe, c’est une ville historique et emblématique du Mali qui aujourd’hui ne parvient pas à assurer un développement suffisant à ses habitants. Cependant depuis 1988, la situation a changé avec l’inscription de la ville et de sa mosquée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis, le secteur tertiaire du tourisme est en pleine expansion et permet d’améliorer la vie des Djennenké. Mais quel est l’impact exact de cette nouvelle activité qui peut se révéler très rentable sur les hommes, la ville et le milieu ? Nous pourrions essayer de nous en faire une idée en expliquant tout d’abord ce qui a permis à la ville d’être connue dans le monde autrement que pour ses famines et ce qui a donc amené des gens non pas pour faire de l’humanitaire dans la région mais en tant que touristes, puis enfin quelles sont les répercussions sur les autochtones, leur ville et les aménagements mis en place autour de ce nouveau vecteur de développement.

Source Wikipedia

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Uploaded on March 3, 2023