14 juin 2025, Action du collectif Extinction Rebellion en soutien à la Palestine, Place de la République (Paris)
Le 14 juin 2025, au départ de la manifestation parisienne à l’appel de l’intersyndicale dénonçant la fuite en avant mortifère des autorités israéliennes et les exactions commises à Gaza, la branche francilienne d’Extinction Rebellion a mené une action symbolique en revêtant la statue de la place de la République d’un drapeau palestinien sur lequel on pouvait lire : « Free Gaza ».
Peu après le départ du cortège, les activistes grimpeurs sont parvenus à habiller la statue d’un gilet aux couleurs de la Palestine. Autour d’eux, un nombre conséquent de manifestants restés sur la place ont formé un cercle de soutien. Très vite, un groupe de policiers chargés d'encadrer la manifestation a ceinturé la statue. Ils sont restés là, immobiles, en plein soleil, à attendre la descente des grimpeurs ou l’arrivée de renforts spécialisés (ils n’étaient probablement pas habilités à intervenir en hauteur).
Cette longue pause a vu naître des instants à la fois absurdes et touchants : des tentatives de ravitaillement plus ou moins réussies par lancer de bouteilles d’eau, de pastèque ou de pains au chocolat (une des photos y fait référence), et même une lecture collective d’un roman fictif inventé pour l’occasion. Dans cette histoire, les policiers laissaient repartir les activistes, reconnaissant le caractère d’intérêt public de l’action. La fiction comme acte de résistance.
En fin d’après-midi, un camion d’une unité spécialisée est finalement arrivé, se garant au pied de la statue. Les manifestants encore présents se sont alors alignés en un front compact pour empêcher l’approche des forces de l’ordre. L’un des clichés immortalise ce face-à-face. La police a chargé, repoussant une première fois les manifestants. Plusieurs charges similaires ont ensuite eu lieu, élargissant progressivement le périmètre policier autour de la statue, isolant peu à peu les activistes perchés.
Au cours de l’après-midi, des échanges entre policiers et grimpeurs ont eu lieu, vraisemblablement des injonctions à descendre. Une tentative d’escalade de la part des policiers à l’aide d’une échelle classique a échoué : l’échelle refusait de coopérer. C’est finalement l’arrivée d’un camion de pompiers équipé d’une grande échelle qui a précipité la fin de l’action.
Voyant l’échelle se déployer, les militants se sont rassemblés, assis, s’agrippant les uns aux autres. L’évacuation s’est faite de force. Deux premiers activistes ont été séparés du groupe, puis progressivement, un à un, tous ont été extraits.
Le dernier, profitant d’un moment d’inattention, a réussi à escalader de nouveau la statue pour se percher plus haut encore. Il est resté là de longues minutes, seul, debout sous un soleil de plomb. La foule retenait son souffle, craignant une chute. Certains lui criaient de descendre, le suppliant de ne pas prendre plus de risques. Lorsque les policiers, aidés de la nacelle, se sont approchés, il a tenté de grimper plus haut encore, sans succès. Il a été cueilli à son tour.
Une fois tous les activistes arrêtés, la police a à nouveau chargé les manifestants restés sur la place, faisant usage de gaz lacrymogènes.
Au même moment, profitant de la présence de la nacelle, les policiers spécialisés ont immédiatement retiré le gilet de la statue, effaçant toute trace de l’action.
Bien sûr, on peut débattre : fallait-il se rendre plus tôt pour préserver les forces des militants, et peut-être permettre au gilet de rester plus longtemps (en l’absence de matériel pour le retirer) ?
Mais une chose est certaine : en France, aujourd’hui, le traitement politique et médiatique du conflit israélo-palestinien reste profondément déséquilibré. Là où le soutien à l’Ukraine a été immédiat, unanime, visible, celui à Gaza est systématiquement invisibilisé, réprimé, criminalisé.
Nos sept militant·e·s sont passés en comparution immédiate le mardi 17 juin. En attendant leur audience prévue le 19 août, ils sont soumis à un contrôle judiciaire très strict :
- Interdiction de manifester,
- Interdiction de contact entre eux,
- Interdiction de se rendre place de la République,
- Obligation de se présenter toutes les deux semaines au commissariat.
Pourtant, en 2022, Extinction Rebellion avait mené une action similaire en solidarité avec l’Ukraine. Le gilet était resté plus d’une semaine sur la statue, sans poursuites ni répression.
Cela pose une question simple et grave : toutes les vies et toutes les luttes ont-elles la même valeur aux yeux de l’État français ?
Alors même que notre République se fonde sur les principes universels de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’État, dans sa pratique actuelle, semble choisir ses causes, soutenir l’oppresseur, et mobiliser ses forces pour faire taire celles et ceux qui dénoncent génocide, colonisation et crimes de guerre.
Pour rappel, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 proclame des droits fondamentaux, tels que :
- Le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté (art. 2)
- L’égalité entre les êtres humains (art. 1)
- La liberté d’expression (art. 11)
- Le droit de résistance à l’oppression (art. 2)
- L’interdiction des peines cruelles ou arbitraires (art. 8 )
Or, de nombreux rapports internationaux documentent des violations graves des droits humains à Gaza :
- Bombardements de zones civiles, y compris d’hôpitaux, d’écoles, de camps de réfugiés,
- Blocus imposé depuis des années, provoquant des pénuries alimentaires, médicales, énergétiques,
- Déplacements forcés massifs,
- Ciblage d’infrastructures essentielles à la survie,
- Accès humanitaire restreint ou empêché.
En soutien à ces sept militant·e·s, et à toutes celles et ceux qui défendent la justice au péril de leur liberté : Courage à eux, et Free Gaza.
14 juin 2025, Action du collectif Extinction Rebellion en soutien à la Palestine, Place de la République (Paris)
Le 14 juin 2025, au départ de la manifestation parisienne à l’appel de l’intersyndicale dénonçant la fuite en avant mortifère des autorités israéliennes et les exactions commises à Gaza, la branche francilienne d’Extinction Rebellion a mené une action symbolique en revêtant la statue de la place de la République d’un drapeau palestinien sur lequel on pouvait lire : « Free Gaza ».
Peu après le départ du cortège, les activistes grimpeurs sont parvenus à habiller la statue d’un gilet aux couleurs de la Palestine. Autour d’eux, un nombre conséquent de manifestants restés sur la place ont formé un cercle de soutien. Très vite, un groupe de policiers chargés d'encadrer la manifestation a ceinturé la statue. Ils sont restés là, immobiles, en plein soleil, à attendre la descente des grimpeurs ou l’arrivée de renforts spécialisés (ils n’étaient probablement pas habilités à intervenir en hauteur).
Cette longue pause a vu naître des instants à la fois absurdes et touchants : des tentatives de ravitaillement plus ou moins réussies par lancer de bouteilles d’eau, de pastèque ou de pains au chocolat (une des photos y fait référence), et même une lecture collective d’un roman fictif inventé pour l’occasion. Dans cette histoire, les policiers laissaient repartir les activistes, reconnaissant le caractère d’intérêt public de l’action. La fiction comme acte de résistance.
En fin d’après-midi, un camion d’une unité spécialisée est finalement arrivé, se garant au pied de la statue. Les manifestants encore présents se sont alors alignés en un front compact pour empêcher l’approche des forces de l’ordre. L’un des clichés immortalise ce face-à-face. La police a chargé, repoussant une première fois les manifestants. Plusieurs charges similaires ont ensuite eu lieu, élargissant progressivement le périmètre policier autour de la statue, isolant peu à peu les activistes perchés.
Au cours de l’après-midi, des échanges entre policiers et grimpeurs ont eu lieu, vraisemblablement des injonctions à descendre. Une tentative d’escalade de la part des policiers à l’aide d’une échelle classique a échoué : l’échelle refusait de coopérer. C’est finalement l’arrivée d’un camion de pompiers équipé d’une grande échelle qui a précipité la fin de l’action.
Voyant l’échelle se déployer, les militants se sont rassemblés, assis, s’agrippant les uns aux autres. L’évacuation s’est faite de force. Deux premiers activistes ont été séparés du groupe, puis progressivement, un à un, tous ont été extraits.
Le dernier, profitant d’un moment d’inattention, a réussi à escalader de nouveau la statue pour se percher plus haut encore. Il est resté là de longues minutes, seul, debout sous un soleil de plomb. La foule retenait son souffle, craignant une chute. Certains lui criaient de descendre, le suppliant de ne pas prendre plus de risques. Lorsque les policiers, aidés de la nacelle, se sont approchés, il a tenté de grimper plus haut encore, sans succès. Il a été cueilli à son tour.
Une fois tous les activistes arrêtés, la police a à nouveau chargé les manifestants restés sur la place, faisant usage de gaz lacrymogènes.
Au même moment, profitant de la présence de la nacelle, les policiers spécialisés ont immédiatement retiré le gilet de la statue, effaçant toute trace de l’action.
Bien sûr, on peut débattre : fallait-il se rendre plus tôt pour préserver les forces des militants, et peut-être permettre au gilet de rester plus longtemps (en l’absence de matériel pour le retirer) ?
Mais une chose est certaine : en France, aujourd’hui, le traitement politique et médiatique du conflit israélo-palestinien reste profondément déséquilibré. Là où le soutien à l’Ukraine a été immédiat, unanime, visible, celui à Gaza est systématiquement invisibilisé, réprimé, criminalisé.
Nos sept militant·e·s sont passés en comparution immédiate le mardi 17 juin. En attendant leur audience prévue le 19 août, ils sont soumis à un contrôle judiciaire très strict :
- Interdiction de manifester,
- Interdiction de contact entre eux,
- Interdiction de se rendre place de la République,
- Obligation de se présenter toutes les deux semaines au commissariat.
Pourtant, en 2022, Extinction Rebellion avait mené une action similaire en solidarité avec l’Ukraine. Le gilet était resté plus d’une semaine sur la statue, sans poursuites ni répression.
Cela pose une question simple et grave : toutes les vies et toutes les luttes ont-elles la même valeur aux yeux de l’État français ?
Alors même que notre République se fonde sur les principes universels de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’État, dans sa pratique actuelle, semble choisir ses causes, soutenir l’oppresseur, et mobiliser ses forces pour faire taire celles et ceux qui dénoncent génocide, colonisation et crimes de guerre.
Pour rappel, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 proclame des droits fondamentaux, tels que :
- Le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté (art. 2)
- L’égalité entre les êtres humains (art. 1)
- La liberté d’expression (art. 11)
- Le droit de résistance à l’oppression (art. 2)
- L’interdiction des peines cruelles ou arbitraires (art. 8 )
Or, de nombreux rapports internationaux documentent des violations graves des droits humains à Gaza :
- Bombardements de zones civiles, y compris d’hôpitaux, d’écoles, de camps de réfugiés,
- Blocus imposé depuis des années, provoquant des pénuries alimentaires, médicales, énergétiques,
- Déplacements forcés massifs,
- Ciblage d’infrastructures essentielles à la survie,
- Accès humanitaire restreint ou empêché.
En soutien à ces sept militant·e·s, et à toutes celles et ceux qui défendent la justice au péril de leur liberté : Courage à eux, et Free Gaza.