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L’étonnant chantier naval de Mandvi

Mandvi (Inde) - Mandvi, une ville de l’Etat du Gujarat sur la côte Ouest de l’Inde du Nord qui présente la particularité de construire ses bateaux au coeur de la cité. En 2008, date de ce reportage, la ville prospérait au rythme du chantier depuis plusieurs générations. Les boutres affectés aux transports des marchandises étaient construits manuellement. Du bois, des clous, de la graisse animale mélangée à du chanvre pour assurer l’étanchéIté de la coque et de huile de coude pour manier des outils traditionnels. Il fallait cinq ans en moyenne pour sortir un bateau du chantier.

 

Aujourd’hui, il n’en est plus rien. En 2010, pour limiter les nombreux actes de piraterie dans la mer d’Arabie où la plupart des boutres étaient arraisonnés par les pillards, la Direction générale de la Navigation (DGN) a pris une disposition anti-piraterie, interdisant la navigation au Sud d’Oman.

Cette décision a eu pour effet immédiat de bloquer les échanges commerciaux entre l’Inde et la Somalie et par contre-coup, la Tanzanie, le Kenya ou le Yémen. Ces échanges (principalement du riz et de la farine) se faisaient avec ces boutres naviguant sous pavillon indien. Certains pays des côtes africaines commandaient aussi ce type de navires marchands aux chantiers du Gujarat. La route maritime étant désormais coupée, il n’est plus possible de les livrer.

Les commandes se sont immédiatement taries, alors qu’auparavant plus de 100 navires étaient simultanément en construction à Mandvi. Sans compter ceux qui venaient ici pour des travaux de réparations.

Depuis, certaines familles de charpentiers de marine et d’armateurs se sont délocalisées aux Emirats arabes-unis pour contourner ce blocus. Les autres ont dû mettre la clé sous la porte. Et les milliers d’ouvriers qui vivaient de cette activité sont désormais sans emploi. Nombreux sont ceux qui ont quitté la région avec leurs familles pour tenter leur chance ailleurs.

 

Ce reportage a été réalisé au Nikon D 80, mon tout premier appareil photo numérique. Le capteur, donné comme excellent à l’époque, est largement dépassé aujourd’hui. Les contrastes sont trop forts et les couleurs approximatives. Et comme je venais juste d’abandonner l’argentique, j’ai pensé un temps, que c’était un appareil magique. J’ai vite déchanté quand j’ai réalisé le nombre impressionnant de photos ratées, notamment en terme de colorimétrie, mais aussi pour des défauts de mise au point. Il faut dire que je n'avais pas tout compris à l'époque pour optimiser mes réglages. Dès lors, j’ai repris mes vieilles habitudes de l’argentique, en les adaptant au numérique.

 

- Ce reportage (texte et photos) a été publié en 2009 dans l'hebdomadaire professionnel "le Marin" du groupe de presse Ouest-France pour qui j'ai longtemps travaillé. Ce fut ma dernière collaboration avec ce journal car à cette époque, j'avais déjà abandonné la presse écrite pour la presse audiovisuelle.

 

. Remerciement à Christian Mathis grâce à qui j’ai ressorti ce reportage de mes archives.

 

 

The amazing Mandvi shipyard

 

Mandvi (India) - Mandvi, a city in the state of Gujarat on the west coast of northern India, which has the particularity of building its boats in the heart of the city. In 2008, the date of this report, the city had been prospering at the pace of construction for several generations. The dhows assigned to the transport of goods were built manually. Wood, nails, animal fat mixed with hemp to ensure the watertightness of the hull and elbow grease to handle traditional tools. It took five years on average to get a boat out of the yard.

 

Today, there is nothing. In 2010, to limit the numerous acts of piracy in the Arabian Sea where most dhows were boarded by looters, the Directorate General of Navigation (DGN) took an anti-piracy provision, prohibiting navigation to the south of 'Oman.

This decision had the immediate effect of stopping trade between India and Somalia and as a result, Tanzania, Kenya or Yemen. These exchanges (mainly rice and flour) were made with these dhows sailing under the Indian flag. Some countries on the African coast also ordered this type of merchant ship from Gujarat shipyards. As the sea route is now cut off, it is no longer possible to deliver them.

Orders immediately dried up, whereas previously more than 100 ships were simultaneously under construction in Mandvi. Not to mention those who came here for repair work.

Since then, some families of shipwrights and shipowners have relocated to the United Arab Emirates to circumvent this blockade. The others must have gone out of business. And the thousands of workers who made a living from this activity are now unemployed. Many people left the region with their families to try their luck elsewhere.

 

- This report was made with a Nikon D 80, my very first digital camera. The sensor, given as excellent at the time, is largely outdated today. The contrasts are too strong and the colors approximate. And since I had just given up film photography, I thought for a while that it was a magic device. I was quickly disillusioned when I realized the impressive number of failed photos, especially in terms of colorimetry, but also for focusing defects. It must be said that I did not have everything understood at the time to optimize my settings. From then on, I resumed my old habits from the time of film, adapting them to digital.

 

This report (text and photos) was published in 2009 in the professional weekly "le Marin" of the Ouest-France press group for which I worked for a long time. It was my last collaboration with this newspaper because at that time I had already abandoned the written press for the audiovisual press.

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Uploaded on August 24, 2023
Taken on August 4, 2008