Recueillement

Nous sommes le 15 novembre 2015 lorsque mon professeur de photographie envoie un mail à tous les étudiants de l'ESEC pour lancer le premier thème du concours photos annuel. Dans son message, je me souviens qu'il disait avoir hésité sur le sujet. Et finalement, au lendemain des attaques terroristes qui ont secoué Paris deux jours plus tôt, le thème sera : "Recueillement", en hommages aux victimes.

Dès mon retour dans la capitale, je me rends devant le Bataclan, où quatre jours plus tôt 90 personnes y trouvaient la mort sous les balles de plusieurs barbares.

J'y vais alors autant en photographe qu'en citoyen, mon appareil dans une main, une rose dans l'autre.

Une fois sur place, un silence glacial règne, beaucoup de personnes sont venues se recueillir. Les bougies, les fleurs, les pancartes, trouvent leur place au milieu des feuilles oranges d'automne. Les gens défilent, regardent, pleurent, photographient, dessinent, prient... Une femme m'a demandé ce que je ressentais. Difficile de répondre dans cette atmosphère si pesante, mais je me souviens avoir tenter d'expliquer qu'on ne pouvait pas attaquer la Liberté. D'ailleurs si j'étais là, c'était tout autant pour prêter hommage à cet événement historique que pour montrer que la liberté ne tombera jamais. Ni celle de faire la fête, ni celle de s'exprimer.

Au final, cette photo résumera très bien ma matinée. La foule qui défile, les visages décomposés, le froid, le gris, les feuilles, les fleurs, la tristesse, le calme, en somme : le recueillement.

(17/11/2015)

Done