Cache-cache
Il y a des années que je connais cette vieille maison au port altier, à quelques dizaines de mètres de la petite route qui longe le Baudon avant de monter en lacets serrés vers le village de Sigoyer.
Mais peu à peu la ruine dont l'état semble inchangé se trouve masquée par des buissons devenus arbres, qui ne tarderont plus à l'emprisonner dans leur serre et à la cacher sous leur vêtement végétal. Le poteau électrique feint de la relier encore à une vie qui lui échappe, mais chacun comprendra qu'il n'est plus qu'un tuteur géant pour les abondants lierres qui l'emprisonnent.
Dans les fondations ouvertes au jour s'entassent de plus en plus de pierres détachées des murs. Craquelé, malmené par les rigueurs hivernales et la soif des étés, un volet illusoirement protecteur donne une factice impression de sécurité, une garantie apparente qui n'arrête plus qu'un peu de lumière, laissant aux fantômes des temps révolus la possibilité de lancer quelque désespéré "qui-va-là" aux indiscrets qui se hasardent sur le chemin d'accès envahi par les hautes herbes. La fenêtre du haut bâille au soleil, dans un cri inquiet et silencieux, une mise en garde destinée aux imprudents qui tenteraient de découvrir les secrets cachés là-haut sur les planchers vermoulus.
Mais aucun cri ne parvient aux oreilles, la vieille dame se sait bien protégée : dans les broussailles épaisses semées d'épines au pied desquelles les pierres s'accumulent, les serpents montent la garde, invisibles.
Cache-cache
Il y a des années que je connais cette vieille maison au port altier, à quelques dizaines de mètres de la petite route qui longe le Baudon avant de monter en lacets serrés vers le village de Sigoyer.
Mais peu à peu la ruine dont l'état semble inchangé se trouve masquée par des buissons devenus arbres, qui ne tarderont plus à l'emprisonner dans leur serre et à la cacher sous leur vêtement végétal. Le poteau électrique feint de la relier encore à une vie qui lui échappe, mais chacun comprendra qu'il n'est plus qu'un tuteur géant pour les abondants lierres qui l'emprisonnent.
Dans les fondations ouvertes au jour s'entassent de plus en plus de pierres détachées des murs. Craquelé, malmené par les rigueurs hivernales et la soif des étés, un volet illusoirement protecteur donne une factice impression de sécurité, une garantie apparente qui n'arrête plus qu'un peu de lumière, laissant aux fantômes des temps révolus la possibilité de lancer quelque désespéré "qui-va-là" aux indiscrets qui se hasardent sur le chemin d'accès envahi par les hautes herbes. La fenêtre du haut bâille au soleil, dans un cri inquiet et silencieux, une mise en garde destinée aux imprudents qui tenteraient de découvrir les secrets cachés là-haut sur les planchers vermoulus.
Mais aucun cri ne parvient aux oreilles, la vieille dame se sait bien protégée : dans les broussailles épaisses semées d'épines au pied desquelles les pierres s'accumulent, les serpents montent la garde, invisibles.