Environs du lac de Lazer
J'avais repéré au passage, avant de garer la voiture à quelques centaines de mètres d'ici près de l'usine électrique qui nous vaut le joli lac de Lazer, ce champ d'orge au vert tendre constellé d'une multitude de coquelicots qui campaient effrontément autour d'un arbre solitaire. Je ne voulais pas manquer d'en restituer l'image.
Depuis la petite route paresseuse qui arrive avec nonchalance jusqu'au lac, l'angle de vue vraiment ne me convenait pas : l'arbre restait trop à distance, et la lisière des bois au fond du champ en mangeait les contours : approcher eût été possible, mais je ne souhaitais pas traverser les herbes particulièrement hautes en cette saison de la prairie bordant la route ; la trace de mon passage aurait été telle que le paysan se serait demandé si le réchauffement climatique n'avait pas permis le retour des éléphants dans les environs...
Le champ d'orge était bordé de deux fossés profonds, et celui qui partait de la route, habité d'épineux prunelliers et de ronces cramponnes, était longé par un petit chemin à peine distinct. Arrivé face à l'extrémité de mon champ, il me fallait trouver un passage pour franchir l'obstacle du fossé, boueux après les dernières pluies, et envahi d'une jungle malveillante. Quelques mètres plus loin, une minuscule sente, peut-être tracée par des animaux, me permit de me hisser du bon côté de la mission que je m'étais fixée. Restait à remonter le champ sur une bonne partie de sa longueur en empruntant les sous-bois en pente parfois raide qui s'élevaient depuis sa lisière.
Un itinéraire sans grande difficulté, et particulièrement agréable car de petites clairières s'ouvraient ici et là, permettant aux minuscules lumières bleues des aphyllanthes de Montpellier groupées en touffes épaisses de s'épanouir en un superbe tapis (Voir : www.flickr.com/photos/145414276@N08/49908711793 ). Ces plantes qui apprécient le soleil colonisent les pentes où se mélangent pierres, gravier et argile, contribuant à les stabiliser de leur solide enracinement. Un régal pour les yeux au printemps, où leur bleu clair se marie très esthétiquement avec par exemple le jaune vif des genêts et le blanc rosé ou pourpre des touffes de thym.
Un peu plus loin, je me dis que je ne tarderai pas à arriver en face de mon fier noyer solitaire : je descends quelques mètres pour rejoindre un autre ruisseau, à sec celui-ci, qui forme une gouttière au fond assez large et suit les courbes du champ sur toute sa longueur -- pardon, la nature semble reine encore ici : il convient de reconnaître que ce serait plutôt le champ qui suit avec application ses longues courbes tapissées de roches schisteuses. Du fond de ma gouttière, poussant le nez au-dessus du talus, je peux constater qu'il me faut encore progresser d'une bonne centaine de mètres pour espérer un angle de prise de vue intéressant. Ce ruisseau sans eau m'offre, lui, une trace bien dégagée, et me permet de progresser rapidement, jusqu'à ce que je me heurte à la coalition de gros buissons d'églantiers magnifiquement fleuris de bouquets offrant toutes les nuances du rose, mais bien décidés à me barrer la route de leurs longues tiges tentaculaires qui montrent leurs épines prêtes à harponner les imprudents.
Trois pas à droite, et je suis dans le champ. Les travaux qui ont occupé mes étés autrefois m'ont appris à suivre les rangs plantés de céréales sans écraser la moindre tige : juste la largeur d'une chaussure, les tiges en fleurs de l'orge glissent entre mes jambes, derrière moi, nulle trace !
L'arbre apparaît, je m'approche, les jambes dégoulinantes de l'eau capturée par les épis en formation. Au sortir de cette opération, mon pantalon me collera aux jambes, des cuisses aux chaussures, mais peu importe. Me voici enfin face au tronc bien fier entouré de sa cour en jupes couleur de sang, et je découvre avec intérêt que de cet endroit on distingue, cerise sur le vaste gâteau, le lac de Lazer comme une flaque d'azur au pied des collines boisées...
Quelques clics avant de repartir dans les bois, faire un large détour sous les pins et les chênes, traverser le vastes prairies aux parterres immodérément fleuris, (Voir : www.flickr.com/photos/145414276@N08/49912479937 ) et plus loin redescendre jusqu'au lac afin d'en faire le tour. La randonnée terminée, ma lessive a pu sécher au grand air ! Seules quelques taches vaguement terreuses marquent le tissu de coton...
Environs du lac de Lazer
J'avais repéré au passage, avant de garer la voiture à quelques centaines de mètres d'ici près de l'usine électrique qui nous vaut le joli lac de Lazer, ce champ d'orge au vert tendre constellé d'une multitude de coquelicots qui campaient effrontément autour d'un arbre solitaire. Je ne voulais pas manquer d'en restituer l'image.
Depuis la petite route paresseuse qui arrive avec nonchalance jusqu'au lac, l'angle de vue vraiment ne me convenait pas : l'arbre restait trop à distance, et la lisière des bois au fond du champ en mangeait les contours : approcher eût été possible, mais je ne souhaitais pas traverser les herbes particulièrement hautes en cette saison de la prairie bordant la route ; la trace de mon passage aurait été telle que le paysan se serait demandé si le réchauffement climatique n'avait pas permis le retour des éléphants dans les environs...
Le champ d'orge était bordé de deux fossés profonds, et celui qui partait de la route, habité d'épineux prunelliers et de ronces cramponnes, était longé par un petit chemin à peine distinct. Arrivé face à l'extrémité de mon champ, il me fallait trouver un passage pour franchir l'obstacle du fossé, boueux après les dernières pluies, et envahi d'une jungle malveillante. Quelques mètres plus loin, une minuscule sente, peut-être tracée par des animaux, me permit de me hisser du bon côté de la mission que je m'étais fixée. Restait à remonter le champ sur une bonne partie de sa longueur en empruntant les sous-bois en pente parfois raide qui s'élevaient depuis sa lisière.
Un itinéraire sans grande difficulté, et particulièrement agréable car de petites clairières s'ouvraient ici et là, permettant aux minuscules lumières bleues des aphyllanthes de Montpellier groupées en touffes épaisses de s'épanouir en un superbe tapis (Voir : www.flickr.com/photos/145414276@N08/49908711793 ). Ces plantes qui apprécient le soleil colonisent les pentes où se mélangent pierres, gravier et argile, contribuant à les stabiliser de leur solide enracinement. Un régal pour les yeux au printemps, où leur bleu clair se marie très esthétiquement avec par exemple le jaune vif des genêts et le blanc rosé ou pourpre des touffes de thym.
Un peu plus loin, je me dis que je ne tarderai pas à arriver en face de mon fier noyer solitaire : je descends quelques mètres pour rejoindre un autre ruisseau, à sec celui-ci, qui forme une gouttière au fond assez large et suit les courbes du champ sur toute sa longueur -- pardon, la nature semble reine encore ici : il convient de reconnaître que ce serait plutôt le champ qui suit avec application ses longues courbes tapissées de roches schisteuses. Du fond de ma gouttière, poussant le nez au-dessus du talus, je peux constater qu'il me faut encore progresser d'une bonne centaine de mètres pour espérer un angle de prise de vue intéressant. Ce ruisseau sans eau m'offre, lui, une trace bien dégagée, et me permet de progresser rapidement, jusqu'à ce que je me heurte à la coalition de gros buissons d'églantiers magnifiquement fleuris de bouquets offrant toutes les nuances du rose, mais bien décidés à me barrer la route de leurs longues tiges tentaculaires qui montrent leurs épines prêtes à harponner les imprudents.
Trois pas à droite, et je suis dans le champ. Les travaux qui ont occupé mes étés autrefois m'ont appris à suivre les rangs plantés de céréales sans écraser la moindre tige : juste la largeur d'une chaussure, les tiges en fleurs de l'orge glissent entre mes jambes, derrière moi, nulle trace !
L'arbre apparaît, je m'approche, les jambes dégoulinantes de l'eau capturée par les épis en formation. Au sortir de cette opération, mon pantalon me collera aux jambes, des cuisses aux chaussures, mais peu importe. Me voici enfin face au tronc bien fier entouré de sa cour en jupes couleur de sang, et je découvre avec intérêt que de cet endroit on distingue, cerise sur le vaste gâteau, le lac de Lazer comme une flaque d'azur au pied des collines boisées...
Quelques clics avant de repartir dans les bois, faire un large détour sous les pins et les chênes, traverser le vastes prairies aux parterres immodérément fleuris, (Voir : www.flickr.com/photos/145414276@N08/49912479937 ) et plus loin redescendre jusqu'au lac afin d'en faire le tour. La randonnée terminée, ma lessive a pu sécher au grand air ! Seules quelques taches vaguement terreuses marquent le tissu de coton...