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Dans les bois, j'ai rencontré un moulin - Cantal - Auvergne - France - Europe

Dans les bois, j'ai rencontré un moulin - Cantal - Auvergne - France - Europe

 

LE MOULIN DE CHAMBEUIL

 

Ouvert à la visite, le moulin de Chambeuil est de petite taille. Extérieurement, il ressemble à un four banal avec ses murs épais construit en pierre volcanique locale, son toit de lauzes et son " fenestrou " (petite fenêtre). L'intérieur est composé d'une seule pièce avec sa voûte en pierre et une cheminée. Le mécanisme utilisé par ce moulin à eau date de l'an mil, il était rudimentaire. Alimenté par un béal (canal de dérivation), l'eau arrivait au-dessus du moulin puis s'engouffrait sous l'édifice, entraînant une roue horizontale directement reliée aux meules.

 

Histoire

Depuis le XIIIe siècle, des moulins existent à Chambeuil, mention rare, à cette époque, dans la Haute Auvergne. L’essor du machinisme industriel et les nouvelles méthodes de production de la farine, à partir du XIXe siècle, ont contribué à la disparition progressive des moulins de villages. Ainsi les moulins de la vallée n’ont pas survécu aux mutations économiques du XXe siècle. Aujourd’hui, cette activité artisanale s’est définitivement éteinte. Seuls, deux moulins (1 communal, l'autre privé) signalent encore, pour mémoire, la place éminente du moulin dans le Valagnon. En 1997, la commune de Laveissière, soucieuse de la protection de son patrimoine bâti, a fait restaurer le moulin de Chambeuil pour un coût de 58.932 francs.

 

Le vallon du Chambeuil est suspendu au dessus du niveau de la vallée de l'Alagnon qui a subi un creusement glaciaire plus fort. En franchissant ce seuil d'une centaine de mètres, le ruisseau prend un cours torrentiel en creusant un petit canyon et saute de rocher en rocher, formant de nombreuses cascades.

 

Ce moulin date de 1811, il est caractéristique de la plupart des moulins anciens du massif cantalien. Il témoigne d'une activité agricole forte et diversifiée au XIXème siècle. Un an après, un deuxième moulin est construit sur le ruisseau, le moulin du Château qui, en effet, se trouve à côté des ruines du château de Chambeuil. Dans ces deux moulins, on travaillait essentiellement le seigle. Ils sont restés en activité jusqu'au premier quart du XXè siècle. Les moulins ont ensuite été laissés à l'abandon avant d'être restaurés.

 

L’hiver, les cours d’eau encombrés par les glaces et la neige paralysaient le moulin et le contraignaient à chômer, souvent durant plusieurs mois. Peu rentables, la plupart des moulins des montagnes auvergnates sont donc de petits moulins à eau dont la technique reste le plus souvent sommaire. Qu’ils soient dits fariniers, bladiers, à chanvre ou à huile pour ceux qui transforment le chènevis, les moulins étaient de petites structures rudimentaires qui employaient une roue horizontale "un tournant". Pour les protéger des rigueurs du climat, les roues étaient installées à l’intérieur du moulin et posées à plat plutôt que verticalement pour limiter les risques d’interruption consécutifs aux intempéries. Ce type d’installation légère rendait le moulin capable de s’adapter aux lieux et conditions les plus difficiles.

 

 

 

Le moulin du château de Chambeuil

 

Le moulin du château de Chambeuil date de 1812. Il se trouve en contrebat du premier moulin, sur la rive droite du ruisseau, proche des ruines du Château.

 

C'est une propriété privée et a été restauré en maison secondaire.

 

Une présence très ancienne

 

Dans l’Auvergne médiévale, les seigneurs locaux avaient main mise sur les moulins. Les seigneurs de Combrelles et Chambeuil faisaient payer le « droit de mouture » et les habitants étaient contraints d'utiliser leur moulin. Ce droit de mouture sera abolit par la loi des 15 et 28 mars 1890.

 

Le moulin de Batifolier, à Chambeuil, est mentionné en 1266 dans la reconnaissance, au vicomte de Carlat, par Astorg Jurquet, seigneur de Combrelles, coseigneur de Chambeuil : « molinum de Batifolliers ». Il était encore en activité au XIXe siècle.

 

Depuis 11 000 ans que les hommes cultivent les céréales et se sédentarisent, la farine est devenue la nourriture de base pour la confection de galettes ou de bouillies.

 

On écrase d’abord les grains entre deux pierres, puis en roulant une pierre ronde dans une pierre creuse, ensuite avec un pilon et un mortier.

 

Puis la technique se perfectionne avec une pierre cylindrique munie d'un manche que l’on fait tourner sur une autre pierre cylindrique. On imagine d'introduire les grains par le centre évidé de la meule supérieure et de la faire tourner soit par des esclaves, soit par des animaux. Les meules peuvent ainsi être plus lourdes.

 

On ne sait pas précisément quand et où a été utilisé le premier moulin à eau, ni qui sont ses inventeurs.

 

Dans le monde romain, la première mention d'un moulin à eau est faite en l'an 18 av J.C.

 

C’est sans doute une invention du bassin oriental de la Méditerranée. Peut-être aussi vient-il d’Asie. Dans tous les cas, les moulins à eau sont très peu nombreux jusqu’au Xe siècle, pour plusieurs raisons : les vieilles techniques sont peu coûteuses grâce au travail des esclaves, ces siècles sont des siècles d’insécurité, d’invasions et de guerres incessantes, la population et les productions sont encore très faibles .....

 

C’est entre le Xe et le XIIIe siècle que le nombre de moulins à eau connaît une formidable extension liée à l’augmentation de la population et de la production, aux défrichements et au glissement de la culture des blés vêtus (épeautre) vers les blés non vêtus (seigle, froment) qui se prêtent mieux à la mouture. L'utilisation de l'énergie hydraulique permet une productivité sans comparaison avec le travail manuel d’un esclave (environ 40 fois plus).

 

Des responsabilités d’intérêt général qui relèveraient aujourd’hui des pouvoirs publics incombaient au seigneur dans sa châtellenie. Le coût élevé de construction et d’entretien des moulins ne pouvait être assumé que par l’investissement seigneurial.

 

Propriétaire des voies d’eau non navigables qui traversaient ses terres, le seigneur y installa des moulins banaux dès le Moyen Âge sous l’œil immémorial et vigilant de la Coutume d’Auvergne qui veillait à ce que le haut justicier ne puisse prélever qu’une quantité d’eau raisonnable pour ne pas nuire aux autres habitants du lieu. Sous réserve que ce droit puisse être prouvé par d’anciens titres, le monopole seigneurial obligeait les sujets du seigneur à utiliser les moulins seigneuriaux pour traiter leurs productions agricoles. Pour ce service, le seigneur exigeait le paiement d’une taxe.

 

Sous Louis XIV, l’essor de l’activité meunière était encore bien verrouillé par la noblesse. Un arrêt du Conseil royal portant règlement général pour tous les moulins banaux de France, stipulait en 1673 qu’il n’était pas permis de créer un moulin dans sa propriété sans la permission du seigneur lorsqu’il existait des moulins banaux.

 

En 1697, selon d’Ormesson, intendant du roi Louis XIV en Auvergne, il n’y a pas un moulin à vent (en Auvergne) " quoy qu’on ait tenté d’en établir, parce qu’un moment après qu’un vent s’est déclaré, il est contrarié par un autre qui non seulement arreste l’effet du premier, mais aussy qui rompt les tournans et abat les moulins".

 

L’expédition d’automne au moulin

 

Avec l’automne, les gros travaux agricoles étaient terminés. Pour les paysans les journées se libéraient. C’était le moment d’apporter le grain au moulin. Un rituel autant qu’une nécessité.

 

Les sacs grain remplis la veille, étaient descendus du grenier et rangés dans le caisson de la charrette. Une fois chargé, on attelait les chevaux ou les bœufs. Le paysan s’installait à l’avant, sur le siège du conducteur et fouette cocher, il prenait la direction de Chambeuil où étaient les moulins hydrauliques.

 

Les sacs déchargés étaient vidés dans l’avaloir. Le meunier ouvrait le sas, la roue horizontale prenait de la vitesse et entraînait la meule tournante au dessus de la meule dormante. La trappe de l’avaloir ouverte, libérait le grain qui s’engouffrait entre les deux meules. La farine s’écoulait alors sous les meules, traversait le tamis frissonnant et se délestait des balles, enveloppes du grain. Les sacs, alors remplis de farine, étaient chargés dans la charrette et l’on reprenait la route du retour vers la ferme.

 

Après plusieurs expéditions semblables, la ferme disposait d’assez de farine pour fabriquer son pain pour toute l’année.

 

La vie des meuniers autrefois

 

La mise en état d’un moulin exige un travail harassant. A la fonte des neiges, les inondations et les éboulements qu’elle provoque menacent les installations. Chaque année, il faut colmater les brèches de l’amenée d’eau et, tous les trois ans, la curer. Lorsque la mouture a commencé, le meunier charrie chaque jour des sacs très lourds, qu’il hisse par une « échelle de meunier » jusque dans la trémie.

 

La mouture commence à l’automne, une fois les moissons achevées et le grain séché. Elle dure tout l’hiver, même en montagne : l’eau des torrents ne gèle que par les plus grands froids. (...) La mouture s’arrête, en général faute de grains, quelques semaines avant la nouvelle moisson. (...) Le meunier consacre juillet et août aux travaux des champs, s’il en possède et à la remise en état de l’usine, au retaillage des meules.

 

La lente disparition des moulins

 

Après la Révolution, la République abolit les banalités et soumet à autorisation la construction de tout nouveau moulin.

 

En 1909, avec la création de la minoterie de Stalapos, nos vieux moulins s'essoufflent et alors que la loi de 1935 vient interdire toute nouvelle construction, beaucoup de ceux qui restent ont définitivement cessé de tourner.

 

Les années Cinquante et les grands bouleversements ruraux signent la disparition du moulin traditionnel.

Source Cantal Auvergne Laveissière

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THE CHAMBEUIL MILL

 

Open to visitors, the Chambeuil mill is small. Externally, it looks like an ordinary oven with its thick walls made of local volcanic stone, its slate roof and its "fenestrou" (small window). The interior is made up of a single room with its stone vault and a fireplace. The mechanism used by this water mill dates from the year 1000, it was rudimentary. Fed by a béal (bypass channel), the water reached above the mill and then rushed under the building, causing a horizontal wheel directly connected to the millstones.

 

History

Since the 13th century, mills have existed in Chambeuil, a rare mention at that time in Haute Auvergne. The rise of industrial machinery and new methods of flour production, from the 19th century, contributed to the gradual disappearance of village mills. Thus the mills of the valley did not survive the economic changes of the 20th century. Today, this artisanal activity has definitely died out. Only two mills (1 municipal, the other private) still indicate, for the record, the eminent place of the mill in the Valagnon. In 1997, the town of Laveissière, concerned about the protection of its built heritage, had the Chambeuil mill restored at a cost of 58,932 francs.

 

The Chambeuil valley is suspended above the level of the Alagnon valley, which has undergone stronger glacial digging. By crossing this threshold of a hundred meters, the stream takes a torrential course by digging a small canyon and jumps from rock to rock, forming numerous waterfalls.

 

This mill dates from 1811, it is characteristic of most of the old mills in the Cantal massif. It bears witness to a strong and diversified agricultural activity in the 19th century. A year later, a second mill was built on the stream, the Château mill which, in fact, is located next to the ruins of the Château de Chambeuil. In these two mills, we worked mainly rye. They remained in activity until the first quarter of the 20th century. The mills were then abandoned before being restored.

 

In winter, the streams congested by ice and snow paralyzed the mill and forced it to be unemployed, often for several months. Not very profitable, most of the mills in the mountains of Auvergne are therefore small water mills, the technique of which is generally sketchy. Whether called flour mills, bladers, hemp or oil mills for those who process hemp seed, the mills were small rudimentary structures that employed a horizontal "turning" wheel. To protect them from the harsh weather, the wheels were installed inside the mill and laid flat rather than vertically to limit the risk of downtime due to inclement weather. This type of light installation made the mill able to adapt to the most difficult places and conditions.

 

 

 

The mill of the castle of Chambeuil

 

The mill of the Château de Chambeuil dates from 1812. It is located against the first mill, on the right bank of the stream, near the ruins of the Château.

 

It is private property and has been restored as a secondary house.

 

A very old presence

 

In medieval Auvergne, the local lords had control over the mills. The lords of Combrelles and Chambeuil charged the "milling fee" and the inhabitants were forced to use their mill. This milling right will be abolished by the law of March 15 and 28, 1890.

 

The Batifolier mill, in Chambeuil, is mentioned in 1266 in the recognition, to the viscount of Carlat, by Astorg Jurquet, lord of Combrelles, co-lord of Chambeuil: “molinum de Batifolliers”. It was still in operation in the 19th century.

 

For 11,000 years that men cultivate cereals and settle down, flour has become the staple food for making cakes or porridge.

 

The grains are first crushed between two stones, then by rolling a round stone in a hollow stone, then with a pestle and a mortar.

 

Then the technique is perfected with a cylindrical stone fitted with a handle which is rotated on another cylindrical stone. We can imagine introducing the grains through the hollowed out center of the upper grinding wheel and turning it either by slaves or by animals. The grinding wheels can thus be heavier.

 

It is not known precisely when and where the first water mill was used, nor who its inventors were.

 

In the Roman world, the first mention of a watermill is made in the year 18 BC.

 

It is undoubtedly an invention of the eastern basin of the Mediterranean. Perhaps he is also from Asia. In any case, the water mills were very few until the 10th century, for several reasons: the old techniques are inexpensive thanks to the work of slaves, these centuries are centuries of insecurity, invasions and wars. incessant, the population and the productions are still very low .....

 

It was between the 10th and 13th centuries that the number of water mills experienced a tremendous expansion linked to the increase in population and production, to clearing and the shift from the cultivation of clad wheat (spelled) to uncoated wheats (rye, wheat) which are better suited to milling. The use of hydropower allows for productivity unparalleled with the manual labor of a slave (about 40 times more).

 

Responsibilities of general interest which would now fall to the public authorities fell to the lord in his chatellenie. The high cost of building and maintaining the mills could only be borne by the seigneurial investment.

 

Owner of the non-navigable waterways which crossed his lands, the Lord installed banal mills there from the Middle Ages under the immemorial and vigilant eye of the Custom of Auvergne who ensured that the high justice could take only a reasonable amount of water so as not to harm other inhabitants of the place. Provided that this right could be proved by ancient titles, the seigneurial monopoly obliged the subjects of the seigneur to use the seigneurial mills to process their agricultural productions. For this service, the lord demanded the payment of a tax.

 

Under Louis XIV, the development of milling activity was still well locked in by the nobility. A decree of the Royal Council laying down general regulations for all banal mills in France, stipulated in 1673 that it was not permitted to create a mill on one's property without the permission of the lord when there were common mills.

 

In 1697, according to d'Ormesson, intendant of King Louis XIV in Auvergne, there is not a windmill (in Auvergne) "quoy that one tried to establish one, because a moment after that a wind is declared, it is thwarted by another which not only stops the effect of the first, but also which breaks the tournaments and brings down the mills ".

 

The fall expedition to the mill

 

With the fall, the heavy farm work was over. For the peasants the days were free. It was time to bring the grain to the mill. A ritual as much as a necessity.

 

The grain sacks, filled the day before, had come down from the attic and stored in the box of the cart. Once loaded, the horses or oxen were harnessed. The peasant sat in the front, in the driver's seat and whipped the coachman, he took the direction of Chambeuil where the hydraulic mills were.

 

The unloaded bags were emptied into the outlet. The miller opened the airlock, the horizontal wheel picked up speed and drove the rotating wheel above the dormant wheel. The open trap door released the grain which flowed between the two millstones. The flour would then flow under the millstones, pass through the shuddering sieve and shed the husks, envelopes of the grain. The bags, then filled with flour, were loaded into the cart and we were on our way back to the farm.

 

After several such expeditions, the farm had enough flour to make bread for the whole year.

 

The life of millers in the past

 

Putting a mill into working order requires hard work. When the snow melts, the floods and landslides it causes threaten the facilities. Every year, the gaps in the water supply must be plugged and every three years cleaned. When grinding has started, the miller carries heavy sacks every day, which he hoists by a "miller's ladder" into the hopper.

 

Milling begins in the fall, after the harvest is complete and the grain has dried. It lasts all winter, even in the mountains: the water in torrents only freezes in the coldest weather. (...) The grinding stops, usually for lack of grain, a few weeks before the new harvest. (...) The miller devotes July and August to working in the fields, if he has any, and to repairing the factory, re-cutting the millstones.

 

The slow disappearance of the mills

 

After the Revolution, the Republic abolished banalities and submitted to authorization the construction of any new mill.

 

In 1909, with the creation of the Stalapos flour mill, our old mills were running out of steam and while the law of 1935 banned all new construction, many of those that remained have definitely stopped running.

 

The Fifties and the great rural upheavals mark the disappearance of the traditional mill.

Source Cantal Auvergne Laveissière

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Uploaded on November 14, 2020
Taken on November 13, 2020