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Tracer le chemin

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Il existe une route plus connue pour passer de Jaén à Cajamarca, soit en passant par Chachapoya. Cependant, on a eu envie de savourer de l'aléatoire. Alors on s'est assis et, avec l'aide de Google Earth et quelques outils de navigation, on s'est dessiné une route plus directe, mais plus en dents de scie, sur laquelle on a trouvé aucune information. Et on s'est lancés. Et on a pas été déçus.

 

Dès la première nuit, on s'est sentis ailleurs. On a demandé pour poser la tente sur le terrain de foot d'un un petit hameau où vit une communauté d'une centaine de personnes. Plutôt que seulement acquiescer, l'hospitalité péruvienne nous a servis une petite salle où étendre nos sleepings dans le mini dispensaire de l'endroit. Douche comprise. Et petits rongeurs nocturnes aussi. L'infirmière des lieux nous a accueillis en prince. Les habitants aussi. Même le maire qui a tenu à venir nous serrer la main.

 

On a alors compris qu'il n'y avait pas grande face blanche qui avait erré par ici. Après quelques jours, le nombre de fois où l'on s'est fait demandé si on étaient frère et soeur, plutôt qu'époux, nous a confirmé que pour eux, des blancs, c'était tout du pareil. Ça n'a pas empêché d'être reçus partout avec grande curiosité et plus grandiose amabilité encore. Ça s'informe, ça questionne, ça invite à déguster, comme ça, aux premiers coups d'oeil, ça donne sans vouloir de retour, et ce que ça ne possède pas, ça court le chercher ailleurs pour nous l'offrir avec le plus beau des sourires, avant de bénir la suite de notre voyage. On est parfois gênés. On n'a pas grand chose à offrir en retour. Tout ce que l'on transporte est nécessaire. Ils veulent rien, qu'ils disent. On partage quand même, de nos noix, de nos fruits séchés. On jase. On échange.

 

Et plus on avance dans cette route qu'on s'est tracée, plus la grandeur du Perú se révèle. Socota nous laisse gaga devant l'immensité du mur qui surgit derrière cette petite ville enfoncée dans la vallée. La nouvelle que deux Canadiens sont en ville fait vite le tour. On nous accoste pour nous offrir d'aller voir ceci, de venir prendre un café là, de passer pour le lunch. On voudrait bien tout prendre, tout accepter, mais parfois, on est aussi tellement fatigués, que tout ce qu'on veut, c'est relaxer tranquilles.

 

Puis la route continue de nous souffler. On grimpe tout le jour, jusqu'à se questionner sur le but de tous ces efforts, mais bientôt le paysage nous entoure de sa réponse. Une gorge géologique immense, un lac d'altitude à 4200 mètres d'élévation, un canyon serré à filer le long d'une rivière, des fleurs mauves pétantes sur fond rocheux et de végétation rare. Et les rencontres sont toujours enrichissantes.

 

On atterrit finalement ce tronçon à Cajamarca, 8 jours plus tard, 400 kilomètres plus loin et 11 000 mètres de grimpette supplémentaire dans les jambes. Et on a l'impression d'un territoire tellement remplis de surprises, qu'il suffit de tracer une ligne au hasard et qu'on tombera inévitablement sur du grandiose.

 

 

….

 

Finding your way

 

A better-known route from Jaén to Cajamarca is via Chachapoya. However, we felt like enjoying the random. So we sat down and, with the help of Google Earth and a few navigation tools, mapped out a more direct, but more jagged route, about which we could find no information. So off we went. And we weren't disappointed.

 

From the very first night, we felt like we were somewhere else. We asked to pitch our tent on the soccer pitch of a small hamlet inhabited by a community of around a hundred people. Rather than simply agreeing, peruvian hospitality provided us with a small room in which to spread out our sleepings in the local mini dispensary. Shower included. And nocturnal rodents too. The local nurse welcomed us like a prince. The locals too. Even the mayor, who made a point of shaking our hands.

 

We then realized that there hadn't been much white faces wandering around. After a few days, the number of times we were asked if we were brother and sister, rather than husband and wife, confirmed that for them, white people were all the same. That didn't stop us from being received everywhere with great curiosity and even greater friendliness. They inquire, they ask questions, they invite you to taste, just like that, at first glance, they give without wanting anything in return, and what they don't have, they run to find elsewhere to offer us with the most beautiful of smiles, before blessing the rest of our journey. We're sometimes embarrassed. We don't have much to offer in return. Everything we carry is necessary. They don't want it, they say. We share anyway, our nuts, our dried fruit. We chat. We trade.

 

And the further we go along the road we've traced for ourselves, the more Perú's greatness is revealed. Socota leaves us speechless at the immensity of the wall that rises up behind this small town deep in the valley. The news that two Canadians were in town quickly made the rounds. We are accosted with offers to see this, have a coffee there, drop in for lunch. We'd like to take it all, accept it all, but sometimes we're so tired that all we want to do is to rest.

 

Then the road continues to blow us away. We climb all day, along a cliff, until questioning the purpose of all this effort, but soon the landscape surrounds us with its answer. An immense geological gorge, a high-altitude lake at 4200 metres, a tight canyon running alongside a river, bright mauve flowers against a rocky backdrop of rare vegetation. And the encounters are always enriching.

 

We finally land this section in Cajamarca, 8 days later, 400 kilometers further on and 11,000 meters more climbing in our legs. And we get the impression of a territory so full of surprises, that all you have to do is draw a line at random and you'll inevitably come across something grandiose.

 

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Uploaded on August 6, 2023