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Guatemalaise

(Scroll down for the english version. Or learn french. It will be useful when it will conquer the world !)

 

Quelque part dans les altitudes, traversant un village de campesinos affairés à besogner la terre, je m'arrête pour placoter avec une jeune femme aux habits colorés, pendant qu'Ann en profite pour prendre de l'avance sur la prochaine montée. Avec mes shiny leggings rouge écarlate dégotés pour des pinottes dans une friperie mexicaine et mes gros sacs de vélo lourds et gorgés, j'ignore tout à fait de quoi j'ai l'air.

 

La femme me demande d'où je viens. Canada ! El norte ! Pays de neige ! Et aussitôt, elle se retourne et s'applique à crier aux enfants, plus hauts dans les champs, Niños ! Niños ! Vengan ! et me regarde de son beau sourire aux dents plombées d'argent, comme ça semble être la mode dans ces montagnes. Je pose quelques questions sur leur récolte et tout. Sur le pourquoi des épis de maïs arrangés en arbres de Noël sur le toit. Elle répond à moitié pendant que de l'autre, elle continue d'appeler les enfants, qui eux dévalent la pente, à trois-quatre bambins, la tuque sur les zoreilles, les pantalons sales et le sourire fendu, eux aussi. Décidément, ma venue est classée de haute importance. De trop haute importance, même, que je me suppute en silence. Pourquoi toute cette attention soudaine. Je pense à Ann qui prend de l'avance, plus loin, et je ressens tout à coup un petit malaise, sans trop en comprendre l'origine. Les sourires, les enfants qui accourent, l'enthousiasme un brin démesuré.

 

Une fois les bambinos arrivés, bien postés les uns les autres, droits comme des soldats, c'est alors que jaillit la phrase fatale, livrée par la petite femme tout heureuse : “Et voilà ! Tu peux leur donner leurs cadeaux de Noël !” Leurs yeux bruns grand ouvert. Ma bouche molle, béante.

 

What the fuck ! Je ne comprends plus rien. Je m'enfarge dans des excuses qui n'en sont pas vraiment et repars vers Ann qui est déjà bien loin dans les méandres de la montée.

 

Tant de questions.

 

 

Discomfort

 

Somewhere in the highlands, passing through a village of campesinos busy working the land, I stop to chat with a young woman in colorful clothes, while Ann takes the opportunity to get a head start on the next climb. With my scarlet shiny leggings I got for peanuts in a Mexican thrift store and my big, heavy, full bike bags, I have no idea what I look like.

 

The woman asks me where I'm from. Canada! El norte! Land of snow! And immediately she turns around and starts shouting to the children, higher up in the fields, Niños! Niños! Vengan! and looks at me with her beautiful smile with silver teeth, as it seems to be the fashion in these mountains. I ask a few questions about their harvest and everything. About why the corn cobs are arranged in Christmas trees on the roof. She half answers while on the other hand, she keeps calling the children, who are running down the slope, three-four toddlers, beanies on their ears, dirty pants and cracked smile, too. Decidedly, my coming is classified as of high importance. Too important, in fact, that I silently say to myself. Why all this sudden attention. I think of Ann, who is getting ahead of me, further on, and I suddenly feel a little uneasy, without really understanding the origin of it. The smiles, the children running up to me, the enthusiasm a little over the top.

 

Once the children arrived, all in a row, straight as soldiers, that's when the fatal sentence came out, delivered by the little happy woman: "Here we go! You can give them their Christmas presents!" Their brown eyes wide open. My mouth soft, gaping.

 

What the fuck! I don't understand anything anymore. I get bogged down in excuses that are not really there and go back to Ann who is already far away in the meanders of the climb.

 

So many questions unanswered.

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Uploaded on December 26, 2022