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Liberté moindre

Pont de Grenelle, Front de Seine, Paris.

 

Bulletin officiel de l'Exposition Universelle de 1889, celle de l'inauguration de la Tour Eiffel. A propos de la copie de la statue de la Liberté d'Auguste Bartholdi, offerte par la France aux Etats-Unis...

 

"C'était hier le 4 juillet, le mémorable anniversaire de la proclamation de l'indépendance des Etats-Unis, à laquelle a contribué si généreusement la France.

 

Aussi, pour donner une grande fête à l'Exposition, l'administration a-t-elle bien fait de choisir cette date et de remplir la journée entière par des solennités de genres différents.

 

Mais ce sont les Américains qui ont commencé, le matin, à dix heures, par un pieux pèlerinage à la tombe du général de La Fayette, qu'ils ont en grande vénération, et dont la statue équestre, en réduction, s'élève au seuil de la section des Etats-Unis. Le ministre des Etats-Unis à Paris, le commissaire général de la section de l'Exposition, M. le général Franklin, quelques soldats du piquet de l'infanterie de marine, auxquels nous avons adressé ici même des compliments si mérités; le capitaine Henry Clay Cochrane, le lieutenant Murphy, Un grand nombre de membres du comité et de dames américaines sont venus, malgré l'heure matinale, et ont déposé des couronnes et des fleurs sur la tombe de La Fayette; les soldats ont tiré quelques coups de fusil en l'honneur du grand mort, et l'on a battu et sonné aux champs. M. Edmond de La Fayette, sénateur, et quelques descendants du héros assistaient à cette cérémonie, grande dans sa simplicité, et qui est la reproduction exacte des honneurs funèbres rendus aux célébrités américaines.

 

Après une allocution du sénateur français, on s'est séparé, vivement impressionné. Mais la solennité de l'inauguration de la statue de Bartholdi, la Liberté éclairant le monde, a été, on peut le dire, le clou de cette journée : on en trouvera plus loin les détails.

 

On se rappelle cette colossale allégorie en cuivre martelé, qui a été expédiée par morceaux à New-York, sur un navire spécial ; on se souvient de la brillante inauguration qui eut lieu, il y a quelques années, dans un fortin de la rade de New-York. Cette statue, de dimensions énormes, est déjà connue de tous les navigateurs qui fréquentent les ports américains, et son fanal étincelant dirige les arrivants.

 

Certes, nous ne comparerons pas la Seine à l'Océan Atlantique, ni le môle de l'île des Cygnes, à l'îlot de la baie de New-York ; ce spectacle est évidemment moins grandiose et moins imposant.

 

Mais c'est l'intention gracieuse et amicale qu'il faut voir surtout dans cet échange de statues, dans ce va-et-vient de sympathies et de bons procédés.

 

La France avait offert aux Etats-Unis une géante de bronze; la colonie américaine lui rend l'édition première de cette statue énorme, et nous la mettons à l'île des Cygnes, comme un souvenir durable de l'amitié des deux grandes Républiques.

 

C'était la municipalité de New-York qui avait fait les honneurs aux invités français; c'est la municipalité parisienne qui a fait les honneurs aux invités américains, à l'Hôtel de Ville : Cette réciprocité était bien naturelle, et tout s'est passé avec une cordialité et une largeur dignes de Paris.

 

Le drapeau rouge et blanc au coin bleu parsemé d'étoiles flotte gaiement à côté du drapeau tricolore et la confraternité des deux nations s'est accentuée plus encore pendant cette grande journée."

 

Texte fourni gracieusement par le site "Monuments du monde".

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Uploaded on November 8, 2021
Taken sometime in 2021