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Un artiste a peint cette toile du calife Al-Walid Ier l'Omeyyade de Damas recevant des présents , ont vois la garde arabe Omeyyade et la mosquée des Omeyyades en arrière plan"

Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik l'Omeyyade et tous les événement et conquête qui ont eu lieu dans sont califat.

 

 

‘Abdel Malik fut enterré à Damas après que son fils al-Walid ait conduit la prière funéraire sur lui. Puis il alla à la mosquée, monta sur la chaire et dit : « A Allah nous sommes et à Lui nous retournerons. Qu’Allah nous assiste dans la perte de l’émir des croyants et à Lui la Louange en ce qu’Il nous a octroyé pour le califat. Levez-vous (qoumou) et portez allégeance (wa bahi’ou) ».

 

 

L’Imam at-Tabari a rapporté dans son « Tarikh ar-Roussoul wal Moulouk » d’al-Waqidi qu’il monta sur le Minbar et dit : « O gens ! Nul ne peut avancer ce qu’Allah a retardé et nul ne peut retarder ce qu’Allah a avancé. La mort fait partie des décrets d’Allah dans la prescience et ce qu’Il a décrété pour ses Prophètes et pour les anges porteurs de Son Trône. Celui qui est chargé des affaires de cette communauté a atteint le degré des honneurs, des pieux de cette communauté, ce qui justifie pour Allah quoi qu’Il leur attribue en bien ou en mal, pour les gens qui ont établi l’Islam et ses jalons comme Allah les a établi en faisant le pèlerinage à sa Maison, la garde aux frontières et le combat contre les ennemis d’Allah. Il ne fut ni nonchalant ni diviseur. O gens ! Vous devez l’obéissance et l’adhésion à la communauté car le diable est avec celui qui s’en écarte ».

 

 

L’Imam ad-Dahhabi a dit à propos d’al-Walid Ibn ‘Abdel Malik : « Qu’il finissait la lecture du Qur’an tous les trois jours et que pendant le mois de Ramadan, il le lisait dix-sept fois. Sous son règne l’empire[7] musulman s’élargit de l’est à l’ouest grâce aux conquêtes. Il y avait de la tyrannie en lui et il était assidu aux fonctions du califat. Il était préoccupé du sort des pauvres, des orphelins et des malades.

Il est unanimement reconnu qu’al-Walid était attentif aux affaires du califat et il est celui qui fit agrandir la mosquée des Omeyyades à Damas et la Mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à Médine.

Al-Walid voulut désister son frère Souleyman de la succession au califat et mettre à sa place son fils ‘Abdel ‘Aziz Ibn Walid mais ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz s’opposa et lui dit :

- « Nous avons donné notre engagement en ce qui le concerne (c’est à dire promit à leur père ‘Abdel Malik Ibn Marwan) ».

Et Souleyman ne devait jamais oublier la prise de position de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz.

 

 

En l’an 86 de l’Hégire (704), au début du règne d’al-Walid, Maslamah Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan le frère du calife, attaqua les Byzantins à l’ouest alors que leur empereur était Justinien II pour la deuxième fois. Il fut empereur une première fois entre 66 et 67 de l’Hégire (685-686) et la seconde fois entre l’an 86 et 92 de l’Hégire (704-710), soit jusqu’à sa mort.

 

 

Cette même année al-Hajjaj Ibn Youssouf ordonna l’arrestation de Yazid Ibn al-Mouhallab et désista son frère Habib Ibn al-Mouhallab de son poste de gouverneur à Kirmân. Et quatre ans après, soit en l’an 90 de l’Hégire (708), Yazid Ibn al-Mouhallab et ses frères réussirent à s’enfuir de prison et se réfugièrent auprès de Souleyman Ibn ‘Abdel Malik, le futur calife.

 

 

Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili arrive au Khorasan

 

 

Toujours en l’an 86 de l’Hégire (704), le grand général Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili arriva au Khorasan ou il venait d’être nommé gouverneur par al-Hajjaj. Et parmi ceux qui l’accompagnait se trouvait un autre commandant Nasr Ibn Sayyar al-Kinani des Bani Bakr Ibn ‘Abdel Manat al-Kinana, le dernier gouverneur des Omeyyades sur le Khorasan.

 

 

Qoutaybah Ibn Mouslim arriva alors qu’al-Moufaddal, qui avait projeté de faire campagne dans Akharoun et Shouman, passait en revue son armée. Qoutaybah s’adressa aux gens et leur conseilla vivement de combattre dans la voie d’Allah. Il dit : « Allah Exalté et Loué vous a permis de descendre dans cette place afin qu’Il puisse rendre Sa religion forte et protégez les choses sacrées par vous. Et en fonction du sévère traitement que vous infligez à l’ennemi, Il vous octroie et vous augmente l’abondance de richesse. Par une parole vraie dans un Livre clair, Il a promis à Son Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), et a dit : « C’est Lui qui a envoyé Son messager avec la bonne direction et la religion de la vérité, afin qu’elle triomphe sur toute autre religion, quelque répulsion qu’en aient les associateurs[8] », et Il a promis à ceux qui luttent sur Sa voie la meilleure et la plus haute récompense. Il, Exalté et Loué et à Lui les Louanges et la Gloire a dit « Car ils n’éprouveront ni soif, ni fatigue, ni faim dans la voie d’Allah, ils ne fouleront aucune terre en provoquant la colère des mécréants, et n’obtiendront aucun avantage sur un ennemi, sans qu’il ne leur soit écrit pour cela une bonne action. En vérité Allah ne laisse pas perdre la récompense des bienfaiteurs. Ils ne supporteront aucune dépense, minime ou importante, ne traverseront aucune vallée, sans que (cela) ne soit inscrit à leur actif, en sorte qu’Allah les récompense pour le meilleur de ce qu'ils faisaient.[9] ». Allah Exalté et Loué nous a informé à propos de celui qui est tué sur Son chemin, qu’il est vivant et gratifié. Il a dit : « Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d'Allah, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus et joyeux de la faveur qu’Allah leur a accordée, et ravis que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés. Ils sont ravis d’un bienfait d’Allah et d'une faveur, et du fait qu’Allah ne laisse pas perdre la récompense des croyants[10] ». Alors accomplissez la promesse de votre Seigneur. Accoutumez-vous aux plus grandes distances et aux plus douloureuses peines et méfiez-vous de la facilité ».

 

 

Lorsque son armée fut enfin prête, il examina complètement l’armement et les montures puis avant de partir, il nomma Iyas Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Amr responsable des affaires militaires et ‘Uthman Ibn as-Sa’di responsable des revenus pour Merv. Quand il arriva à at-Talaqan, il fut accueilli par les dihqans de Balkh et quelques dignitaires. Quand Qoutaybah Ibn Mouslim traversa le fleuve, ils lui offrirent des cadeaux et une clef d’or de la part de Tish al-A’war, le roi d’as-Saghaniyan, qui l’invita dans son pays. Puis, il lui fut présenté des cadeaux du roi de Gouftan qui l’invita aussi. Qoutaybah alla à as-Saghaniyan et rendit son pays à Tish. Il se trouve que le roi d’Akharoun et Shouman était un mauvais voisin de Tish et l’opprimait. Qoutaybah marcha alors sur Akharoun et Shouman qui faisait partie du Toukharistan et de Ghoushtasban et le roi vint le trouver et fit la paix avec lui en échange d’un tribut que Qoutaybah accepta.

 

 

Avant de repartir pour Merv, il donna le commandement de l’armée à son frère, Salih Ibn Mouslim. Quand Qoutaybah retourna à Merv, Salih conquit Bassara. Salih était en compagnie de Nasr Ibn Sayyar qui montra sa valeur ce jour et à qui il donna un village appelé Tinjanah. Salih rejoignit Qoutaybah qui la nomma gouverneur de Tirmid.

 

 

Certains ont rapporté que Qoutaybah arriva au Khorasan durant l’année 85 de l’Hégire (703). Il passa en revue l’armée et comptabilisa un total de trois-cent-cinquante cottes de mailles. Puis Qoutaybah partit en campagne contre Akharoun et Shouman avant de revenir et de s’embarquer sur des navires pour descendre l’Oxus ou il laissa son armée qui prit la route de Balkh pour Merv. Ces nouvelles parvinrent à al-Hajjaj qui lui écrivit et le blâma d’avoir laissé son armée. Il lui dit : « Quand tu es en campagne reste en avant à la tête des gens et si tu reviens soit le dernier parmi l’arrière garde ».

 

 

Cette même année Maslamah Ibn ‘Abdel Malik fit une campagne dans le territoire byzantin.

 

 

Nous allons vous rapporter une histoire qui montre combien les Arabes étaient préoccupés par leur généalogie.

Il est rapporté que vers la fin de son combat dans la voie d’Allah, un enfant de Balkh dont la mère était de Barmaq[11], tomba entre les mains de Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili. Sa mère faisait partie de la part du butin de ‘Abdallah Ibn Mouslim al-Bahili, le frère de Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili, qui eut des rapports avec elle.

Lorsque la paix fut conclue entre les habitants de Balkh et les Musulmans, le général musulman Qoutaybah Ibn Mouslim ordonna que l’enfant soit rendu à sa mère. Lorsqu’on ramena l’enfant à sa mère, elle dit à ‘Abdallah Ibn Mouslim :

- « Je porte ton enfant ! »

‘Abdallah Ibn Mouslim avant sa mort et avant que la femme ne soit rendu à Barmaq fit savoir que cette femme portait son enfant et que lorsqu’elle enfanterait, l’enfant devrait lui être remit.

Après la chute de l’état des Omeyyades et sous le règne du troisième calife abbasside al-Mahdi Ibn Mansour en l’an 158 de l’Hégire (774), Khalid Ibn Barmaq (qui n’était pas l’enfant de ‘Abdallah Ibn Mouslim mais son demi-frère), qui était grandement renommée chez les Abbassides, vint à Ray et à cette époque, l’état islamique était si vaste qu’il était devenu un empire.

Les descendants de ‘Abdallah Ibn Mouslim, voulurent lui annoncer qu’ils étaient apparentés pour profiter de sa position mais Mouslim Ibn Qoutaybah Ibn Mouslim, le fils de leur oncle leur dit :

- « Si sa généalogie rejoint la vôtre et qu’il l’accepte, vous devez obligatoirement le marier avec une de vos filles ».

Alors, ils abandonnèrent leur projet et s’en allèrent (sous-entendu qu’ils ne considéraient pas Khalid Ibn Barmaq comme un Arabe !).

 

 

En l’an 87 de l’Hégire (705), al-Walid Ibn ‘Abdel Malik ordonna la destitution d’Hisham Ibn Isma’il al-Makhzoumi à Médine et nomma à sa place ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz qui était alors âgé de vingt-cinq ans.

 

 

Cette même année, Nizak vint trouver Qoutaybah, et Qoutaybah fit la paix avec les gens de Badghis sur la base qu’il n’entrerait pas dans leur pays.

 

 

L’accord de paix de Qoutaybah avec les gens de Badghis

 

 

Nizak Tarkhan avaient des prisonniers musulmans. Quand Qoutaybah fit la paix avec le roi de Shouman, il écrivit à Nizak, le menaça et lui demanda de relâcher les prisonniers musulmans. Nizak eut peur de lui, relâcha les prisonniers qu’il envoya à Qoutaybah. Qoutaybah lui envoya alors Soulaym an-Nassih, le Mawlah[12] de ‘Oubaydallah Ibn Abi Bakra, pour conclure un traité de paix et un sauf-conduit. Qoutaybah lui envoya aussi une lettre dans laquelle il fit le serment que si Nizak n’était pas venu à lui, il lui aurait fait campagne et l’aurait poursuivi ou qu’il soit sans jamais s’arrêter jusqu’à ce qu’il soit tué ou capturé. Soulaym apporta la lettre de Qoutaybah à Nizak qui lui demanda conseil et lui dit : « O Soulaym, je ne pense pas que ton ami à quelque bien en lui. Il m’a écrit une lettre qui ne devrait pas être écrite à quelqu’un comme moi ». Soulaym lui dit : « O Abou al-Hayyaj, cet homme est sévère dans son gouvernement, facile quand il est traité doucement, et difficile quand il est maltraité. Ne laisse pas la dureté de sa lettre t’empêcher d’aller à lui. Tu seras très bien traité tant par lui que par les gens de Moudar ». Nizak alla donc en conséquence avec Soulaym voir Qoutaybah et, les gens de Badghis firent la paix avec lui durant l’année 87 (705) sur la base qu’il n’entrerait pas Badghis.

 

 

Durant cette année Maslamah Ibn ‘Abdel Malik et Yazid Ibn Joubayr firent campagne dans le territoire byzantin. Ils rencontrèrent une grande force de Byzantins à Sousanah dans la région d’al-Massissah.

 

 

Al-Waqidi a dit : « Durant cette année Maslamah rencontra Maymoun al-Jourjoumani avec Maslamah il y avait approximativement mille combattants d’Antioche (antakiyah) à Touwanah. Il tua beaucoup d’ennemi, et par ses mains Allah Exalté conquit des forteresses.

 

 

D’autres ont rapporté que la personne qui fit campagne contre les Byzantins cette année fut Hisham Ibn ‘Abdel Malik, par qui Allah Exalté conquit la forteresse de Boulaq, la forteresse d’al-Akhram, et les forteresses de Boulous et Qoumqoum. Il tua approximativement mille combattants des tribus arabes chrétiennes alliées aux Byzantins (mousta’ribah) et prit leurs femmes et leurs enfants captifs.

 

 

Cette même année Qoutaybah fit campagne contre Paykand

 

 

La campagne de Qoutaybah contre Paykand

 

 

Quand Qoutaybah fit la paix avec Nizak, il resta inactif jusqu’à ce que le temps soit propice pour une nouvelle campagne, et alors en l’an 87 de l’Hégire (706), il partit en campagne contre Paykand.

 

 

De Merv, il alla à Merv ar-Roudh, puis à Amoul et Zamm, ou il traversa le fleuve et se dirigea vers Paykand (baykand) qui est la plus proche des villes près du fleuve de Boukhara et qui est appelé la « Ville des Marchands » proche du désert adjacent à Boukhara. Quand il s’arrêta dans la région environnante, les gens de Paykand demandèrent de l’aide au Soughdians et demandèrent des renforts à leurs voisins si bien qu’un très grand nombre de renforcements leur parvint de toutes les routes. Et durant deux mois complet, il resta sans nouvelles car aucun de ses messagers ne put être envoyé, ni même reçut.

 

 

Al-Hajjaj trouva que les réponses étaient trop lentes et il craignit pour l’armée si bien qu’il ordonna aux gens de faire des invocations pour eux dans les mosquées et envoya des ordres à ces fins. Qoutaybah et ses hommes, quant à eux, combattaient tous les jours.

 

 

Qoutaybah avait un espion non-arabe du nom de Tidhar, à qui les gens de Boukhara donnèrent de l’argent pour qu’ils les débarrassent de Qoutaybah. Tidhar vint à Qoutaybah et lui dit : « Laisse-moi seul avec toi ». Les gens présents se levèrent et sortirent mais Qoutaybah rappela Dirar Ibn Houssayn ad-Dabbi. Tidhar dit : « Il y a un nouveau gouverneur qui arrive pour te remplacer car al-Hajjaj a été renvoyé. Tu dois retourner à Merv ». Qoutaybah appela Siyah, son Mawlah, et lui dit « Tranche-lui la tête » et il le tua. Alors il dit à Dirar : « Personne ne connait ce fait hormis toi et moi. Je fais le serment que si cette histoire sort avant la fin de notre guerre, je te ferai joindre Tidhar. Contrôle ta langue car la transmission de cette information affaiblira les (avant-bras des) gens ».

 

 

Alors ceux qui avaient été présents revinrent et furent alarmés par la mort de Tidhar. Ils restèrent silencieux, les yeux abattus, et Qoutaybah dit : « Ne soyez pas alarmés par le meurtre d’un esclave qui a été détruit par Allah Exalté ». Ils dirent : « Nous pensions qu’il nous était un sincère conseiller ». Il dit : « Au contraire, il conseillait hypocritement. Allah l’a châtié pour ses œuvres. Allez et combattez vos ennemis et rencontrez-les avec quelque chose d’autre que ce avec lequel vous les avez rencontrés ».

 

 

Les gens sortirent, se préparèrent et formèrent leurs lignes pour le combat. Qoutaybah les rejoignit, encouragea les porte-étendards et il y eut quelques combats préliminaires avant que les deux armées ne s’affrontent et que les sabres soient utilisés à bon escient. Allah Exalté raffermit Ses serviteurs et les Musulmans combattirent jusqu’au coucher du soleil avant qu’Allah Exalté ne leur donne l’avantage et leurs adversaires fut mis en déroute. Ils se sauvèrent en se dirigeant vers la ville harcelés par les Musulmans qui les empêchèrent d’entrer. Les ennemis s’éparpillèrent et les Musulmans tombèrent sur eux et un grand nombre d’entre eux furent tués et autant furent capturés.

 

 

Ceux qui avaient réussi à rentrer dans la ville se fortifièrent à l’intérieur et Qoutaybah ordonna à ses sapeurs de démolir les fortifications. Les gens de la ville demandèrent alors la paix et Qoutaybah Ibn Mouslim accepta et nomma sur eux l’un de ses fils. Alors il partit en projetant de revenir au Khorasan, mais, à peine fut-il à quelques kilomètres que les habitants de la ville renièrent le pacte, tuèrent le gouverneur et ses compagnons et leur coupèrent leurs nez et leur oreilles. Quand Qoutaybah fut informé, il revint aussitôt sur ses pas et assiégea la ville durant un mois. Alors il ordonna de nouveau à ses sapeurs de détruire les enceintes de protections. Ils creusèrent sous les murs et tout en le maintenant avec des poutres de bois. Lorsque le travail fut achevé, Qoutaybah voulut mettre le feu au bois mais le mur s’effondra pendant qu’ils le soutenaient encore, et quarante des ouvriers furent tués. Les gens de la ville cherchèrent de nouveau à faire la paix, mais il refusa, les combattit, pris la ville de force et tua tous les soldats qu’il trouva à l’intérieur. Parmi ceux qui furent capturés, il y avait un homme borgne qui mobilisa les Turcs contre les Musulmans, et il dit à Qoutaybah :

 

 

- « Je me rançonnerai ». Soulaym An-Nassih lui dit :

 

 

- « Que donneras-tu ? » Il dit :

 

 

- « Cinq-mille rouleaux de soie chinoise de valeur d’une valeur d’un million de dirhams ».

 

 

- « Qu’en pensez-vous » demanda Qoutaybah à ses hommes ?

 

 

- « Nous pensons que sa rançon augmentera le butin des Musulmans. Quelle malice cet homme peut-il bien caché ? » Qoutaybah dit à l’homme :

 

 

- « Non, par Allah Exalté, aucune femme musulmane ne sera jamais plus effrayée par toi » et il donna l’ordre de le tuer.

 

 

Quand Qoutaybah conquit Paykand, il trouva une innombrable quantité de récipients en or et en argent. Il donna la charge du butin et son partage à ‘AbdAllah Ibn al-A’la al-‘Adawi, des Banou al-Malakal que Qoutaybah appelait « le digne de confiance, fils du digne de confiance », et à Iyas Ibn Bayhass al-Bahili. Les récipients et les idoles furent fondus et présenté en lingot à Qoutaybah. Ils lui remirent aussi les rebuts de ce qu’ils avaient fondu, et il le leur donna en plus de quarante-mille dirhams. Puis Qoutaybah changea d’avis et leur ordonna de fondre le rebut. Ils firent ainsi, et ils purent récupérés cent-cinquante-mille mithqals, ou cinquante-mille mithqals[13].

 

 

Ils acquirent bien plus de Paykand ou le butin fut tellement immense qu’il n’y eut jamais de précédent dans tout ce qu’ils obtinrent au Khorasan. Qoutaybah revint à Merv, et les Musulmans devinrent forts. Ils achetèrent des armes, des chevaux et des montures. Ils rivalisèrent les uns avec les autres dans les vêtements de qualités et l’armement et ils achetèrent des armes à hauts prix. Le prix d’une lance atteignit jusqu’à soixante-dix dirhams. Al-Koumayl Ibn Zayd al-Assadi dit : « Et le jour de la bataille de Paykand, les merveilles ne purent être énumérées, et Boukhara n’est pas en moindre ».

 

 

Dans les arsenaux, il y avait beaucoup d’armes et beaucoup de matériel de guerre. Qoutaybah écrivit à al-Hajjaj pour lui demander l’autorisation de distribuer ces armes aux troupes, et il lui donna son accord. Ils sortirent une immense quantité de matériel de guerre et de voyage qu’il divisa entre ses soldats dont ils s’équipèrent. Quand le printemps arriva, il appela les gens et leur dit : « Je vais vous emmener en campagne maintenant, avant que vous ayez besoin de porter des vivres, et je ramènerais avant que vous ayez besoin de vêtements chauds ». Puis, il partit lourdement équipé de montures et d’armes. Il alla à Amoul, traversa à Zamm pour Boukhara puis marcha sur Toumoushkath, dans territoire de Boukhara, et les gens firent la paix avec lui.

 

 

Ou était la dernière base arrière des Musulmans ?

Bien loin en arrière à des milliers de kilomètres ! Nous sommes allés si loin.

 

 

Quel était ce pays et qui étaient ces habitants ?

Le fleuve était celui de l’Oxus (jaykhoun) et le pays était celui des Khwarizm, des Sash, Ferghana, Samarkand et Boukhara. Les habitants étaient les Turcs et on peut dire que ces terres, la Transoxiane, allaient représenter une grande partie du territoire musulman qui allait devenir la futur Russie actuelle.

 

 

Au mois de Joumadah Thani de l’année 88 de l’Hégire (706), Allah à Lui les Louanges et la Gloire, permit pour les Musulmans dont une partie de Médine, sous le commandement de Maslamah Ibn ‘Abdel Malik et al-‘Abbas Ibn al-Walid Ibn ‘Abdel Malik, la conquête d’une des forteresses des Byzantins, appelé Touwanah, ou ils passèrent l’hiver. Les Musulmans infligèrent une défaite initiale à l’ennemi ce jour-là. Puis les Byzantins allèrent à leur église puis revinrent et les Musulmans souffrirent une lourde défaite dont ils pensaient ne jamais se remettre. Al-‘Abbas resta avec un groupe d’hommes dont Ibn Mouhayriz al-Joumahi. Al-‘Abbas lui demanda :

 

 

- « Où sont les gens du Qur’an qui désire le Paradis? » Ibn Mouhayriz lui dit :

 

 

- « Si tu les appelle, ils viendront à toi ». Al-‘Abbas appela alors :

 

 

- « O gens du Qur’an ! » et ils sont tous venus en avant. Alors Allah Exalté battit l’ennemi jusqu’à dans leur forteresse à Touwanah.

 

 

Cette année Maslamah conquit trois autres forteresses : la forteresse de Constantin (qoustantin), la forteresse de Ghazalah, et la forteresse d’al-Akhram. Il tua un nombre important d’Arabes chrétiens alliés aux Byzantins, prit leurs enfants captifs et leurs richesses.

 

 

Cette même année Qoutaybah fit campagne contre Toumoushkath et Ramithanah.

 

 

Nous voyons que les enfants du calife à la tête des armées avaient un crucial impact sur la bravoure des soldats en donnant eux même l’exemple.

 

 

La campagne de Qoutaybah contre Toumoushkath et Ramithanah

 

 

Qoutaybah fit campagne contre Toumoushkath en l’an 88 de l’Hégire (706), après avoir laissé son lieutenant Bashar Ibn Mouslim à Merv. Les gens vinrent le voir et il fit la paix avec eux. Alors il alla à Ramithanah et ses gens firent aussi la paix avec lui, et il les quitta.

 

 

À ce point, les Turcs, accompagnés par les Soughdians et les gens de Ferghana, marchèrent sur lui et tentèrent d’intercepter les Musulmans qui étaient sur leur chemin de retour. Ils rattrapèrent ‘AbderRahmane Ibn Mouslim al-Bahili, qui était en charge de l’arrière garde, séparé d’une distance d’un mile arabe[14] de Qoutaybah et du corps général de l’armée. Quand ils approchèrent, ‘AbderRahmane envoya un messager à Qoutaybah. Les Turcs affrontèrent l’arrière garde quand Qoutaybah arriva avec des renforts. Les Turcs furent sur le point de les écraser mais quand les Musulmans virent Qoutaybah Ibn Mouslim arriver, ils reprirent courage et combattirent les Turcs jusqu’à midi. Nizak qui était avec Qoutaybah montra sa valeur ce jour, et les Turcs furent dispersés par la volonté d’Allah Exalté. Puis Qoutaybah et les Musulmans traversèrent le fleuve at-Tirmid puis de Balkh et atteignirent Merv.

 

 

On a rapporté que Kourbaghanoun at-Tourki, le fils de la sœur du roi de Chine commandait deux-cents-mille Turcs lorsqu’ils engagèrent les Musulmans à qui Allah Exalté donna la victoire.

 

 

Cette même année le gouverneur de Médine, ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz ordonna l’agrandissement de la Mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et des architectes lui furent envoyés de Syrie pour mener à bien cette mission.

 

 

En l’an 89 de l’Hégire (707), les Musulmans sous le commandement de Maslamah Ibn ‘Abdel Malik conquirent la forteresse de Souriyah.

 

 

Al-Waqidi a dit que Maslamah était accompagné d’al-‘Abbas Ibn al-Walid lors de sa campagne dans le territoire byzantin, mais qu’ils se sont séparés et que Maslamah conquit la forteresse de Souriyah tandis qu’al-‘Abbas conquit celle d’Adrouliyah après avoir rencontré un corps de soldats byzantins qu’il battit.

 

 

D’autres ont rapportés que Maslamah marcha sur ‘Ammouriyah où il rencontra un grand corps de Byzantins qu’il battit, par la grâce d’Allah Exalté, avant de conquérir Hiraqlah et Qamoudiyah. Al-‘Abbas marcha sur al-Boudandoun lors de sa campagne d’été.

 

 

Cette même année Qoutaybah fit campagne à Boukhara et conquit Ramithanah et tandis qu’il revenait à Balkh et qu’il était près d’al-Faryab, il reçut une lettre d’al-Hajjaj lettre lui ordonnant d’aller à Wardan Khoudhah. Qoutaybah revint par conséquence durant l’année 89 de l’Hégire (707). Il alla à Zamm, traversa le fleuve et rencontra sur une route désertique les Soughdians, les gens de Kish et de Nassaf. Ils le combattirent mais il les battit avant d’aller à Boukhara ou il s’arrêta à Kharqanah sur la rive droite de Wardan. Un très grand nombre de Turcs l’engagea et Qoutaybah Ibn Mouslim les combattit durant deux jours et deux nuits, puis Allah Exalté leur accorda la victoire sur eux.

 

 

Qoutaybah fit campagne contre Wardan Khoudhah, le roi de Boukhara, sans pour autant marquer de décisives victoires ni même pouvoir conquérir une quelconque partie de leur territoire. Il revint à Merv et écrivit à al-Hajjaj pour l’informer de ses campagnes. Al-Hajjaj lui demanda : « Décris-moi le terrain », et Qoutaybah lui envoya une représentation. Al-Hajjaj lui écrivit : « Retournes-y et repentez-vous à Allah Exalté pour ce que vous avez fait et fait ton approche de telle-et-telle place ». Il a aussi été dit qu’al-Hajjaj lui écrivit : « Leurre Kish, écrase Nassaf, et arrive à Wardan. Méfies toi des endroits sauvages et des raccourcis ».

 

 

Cette même année Maslamah Ibn ‘Abdel Malik fit campagne contre les Turcs jusqu’à ce qu’il parvint à al-Bab dans la région d’Azerbaïdjan (adarbayjan) ou il conquit des forteresses et des villes.

 

 

En l’an 90 de l’Hégire (708) Maslamah fit campagne dans le territoire byzantin dans la région de Souriyah et conquit cinq forteresses.

 

 

Cette même année, al-‘Abbas Ibn al-Walid fit campagne aussi loin qu’al-Arzan d’après quelques-uns, et aussi loin que Souriyah d’après d’autres. Muhammad Ibn ‘Umar a dit : « C’est plus sain de dire qu’il alla aussi loin que Souriyah ».

 

 

Cette année aussi, Muhammad Ibn al-Qassim ath-Thaqafi, à la tête d’une armée pour le compte d’al-Hajjaj, tua Dahir le fils de Shash (dahir ibn sassah), le roi du Sind.

 

 

Cette année les Byzantins capturèrent Khalid Ibn Kayssan, le commandant des expéditions navales et l’emmenèrent à leur roi qui le remit à al-Walid Ibn ‘Abdel Malik.

 

 

Durant cette année Qoutaybah conquit Boukhara et écrasa les armées de l’ennemi.

 

 

La conquête de Boukhara par Qoutaybah

 

 

Lorsque Qoutaybah Ibn Mouslim reçut la lettre d’al-Hajjaj lui demandant de se repentir d’avoir quitté Wardan Khoudhah, le roi de Boukhara, avant de l’avoir battu et lui ordonnant de retourner contre Wardan, Qoutaybah partit en campagne contre Boukhara durant l’année 90 de l’Hégire (708).

 

 

Wardan Khoudhah appela à l’aide ses voisins les Soughdians et les Turcs et ceux qui étaient proches de lui qui vinrent aussitôt. Cependant, Qoutaybah arriva le premier à Boukhara et l’assiégea, et, quand les renforcements arrivèrent, les Musulmans sortirent les combattre. Les Azd dirent : « Laissez-nous nous débrouiller seuls et laissez-nous les combattre ». Qoutaybah dit : « Allez en avant », et ils allèrent en avant, en les combattirent tandis que Qoutaybah vêtu d’une cotte de maille jaune (rida), brisant les épées s’assit. Ils montrèrent tous du courage durant un long moment puis les Musulmans furent désorientés et les polythéistes vinrent à eux, les brisèrent et traversèrent le camp de Qoutaybah jusqu’à ce que les femmes frappent les têtes des chevaux des polythéistes et pleurent. Alors les Musulmans revinrent à la charge, et les deux ailes des Musulmans se rapprochèrent des Turcs et les combattirent jusqu’à ce qu’ils les repoussent à leurs places initiale.

 

 

Les Turcs prirent position sur une place élevée et Qoutaybah Ibn Mouslim voulut allumer la passion (hamas) dans le cœur des Musulmans et il dit aux tribus[15] :

 

 

- « Qui d’entre vous les délogeras de leur position pour nous ? »

Mais personne ne s’avança pour le faire.

Alors Qoutaybah se dirigea vers les rangs des Bani Tamim et les harangua :

- « O Banou Tamim ! Un jour comme un de mes jours, puisse mon père être votre rançon (sous-entendu : j’ai besoin d’une bataille comme les glorieuse batailles de vos ancêtres) ! »

Le chef des Banou Tamim était ce jour Waki’ Ibn Hassan Ibn Abi Soud, des Bani Ghoudanah Ibn Yarbou’ Ibn Handalah Ibn Malik Ibn Zayd Ibn ‘Abdel Manat Ibn Tamim. Les Bani Yarbou’ étaient connus pour être les cavaliers des Bani Tamim.

Et le chef des cavaliers des Bani Tamim était Houraym Ibn Abi Tahmah Ibn Haritha Ibn Sharid Ibn Yashim, des Bani Moujashi’ Ibn Dari Ibn Malik Ibn Handalah Ibn Zayd Ibn ‘Abdel Manat.

Lorsque Waki’ Ibn Hassan entendit l’appel de Qoutaybah, il prit l’étendard des Bani Tamim entre ses mains et dit :

- « Allez-vous m’abandonnez ? »

- « Non, ô Abou Moutarif » répondirent-ils, « nous ne t’abandonnerons point ».

- « Avance ô Houraym ».

Lorsque Houraym avança, il lui donna l’étendard et Houraym avança vers l’ennemi. Il s’arrêta au pied du mont ou se trouvait un large fleuve et Waki’ lui dit :

- « Avance ».

- « Comment ferais-je pour traverser cette eau ? »

 

 

La situation était extrêmement difficile pour les Musulmans. C’est pourquoi personne ne répondit au premier appel de Qoutaybah. La traversée de ce fleuve semblait périlleuse les turcs juchés sur les hauteurs, en position avantageuse, défendaient avec acharnement leur ville. Ils pouvaient à tout moment déferler sur les Musulmans alors que ceux-ci traversaient le fleuve et n’étaient pas en mesure de combattre. Personne donc ne pouvait blâmer celui qui avait décidé de traverser.

Waki’ et les chevaux des Bani Tamim traversèrent et Waki’ ordonna de fabriquer un petit pont pour que Houraym puisse traverser et seulement huit-cent personne traversèrent avec lui.

Lorsque la traversée prit fin, les Banou Tamim divisèrent leur force en deux ailes : l’aile droite et l’aile gauche puis ils donnèrent aussitôt l’assaut sur l’innombrable ennemi.

Il s’ensuivit une terrible bataille et Allah le Très Haut affermit ses serviteurs et les Musulmans réussirent à les déloger.

Alors, Qoutaybah Ibn Mouslim ordonna aux Musulmans de traverser le fleuve et de charger mais encore une fois personne ne bougeât. Ils attendirent que les turcs fuient pour traverser et pour les chasser. Lors de cette bataille Khaqan, le roi des turcs, et son fils furent blessés.

 

 

Après cette brillante victoire Qoutaybah retourna dans sa garnison à Merv ou il écrivit à al-Hajjaj Ibn Youssouf pour l’informer qu’il avait envoyé son frère ‘AbderRahmane Ibn Mouslim à la tête d’une armée combattre les turcs et qu’il avait été vainqueur.

Al-Hajjaj fut en colère après Qoutaybah parce qu’il avait attribué la victoire à son frère et non pas aux Banou Tamim.

Qoutaybah pour mettre fin à la brouille lui envoya un groupe des Bani Tamim qui attestèrent de la véracité de ses propos. Mais après cela, Qoutaybah sut qu’al-Hajjaj avait été informé par une autre personne de ce qui était arrivé lors de la bataille.

 

 

Cette même année Qoutaybah renouvela la paix avec le roi d’as-Soughd.

 

 

Le renouvellement de la paix entre Qoutaybah et les Soughdians

 

 

Quand Qoutaybah fondit sur les gens de Boukhara et les brisa, les gens de Soughd le craignirent. Tarkhoun, le roi de Soughd, accompagné par deux cavaliers parti à la rencontre de Qoutaybah jusqu’à ce qu’il arrive près de son camp séparé par le fleuve de Boukhara. Il demanda à Qoutaybah de lui envoyer un messager à qui il puisse parler et Qoutaybah lui envoya quelqu’un.

 

 

Certains ont dit que Tarkhoun appela Hayyan an-Nabati qui alla le trouver. Tarkhoun demanda la paix en échange d’un tribut et Qoutaybah agréa sa demande, fit la paix avec lui, prit des otages qui devaient rester avec lui jusqu’au paiement du tribut. Tarkhoun repartit dans son pays, et Qoutaybah revint à Merv accompagné par Nizak.

 

 

Cette année Nizak rompit le traité de paix avec les Musulmans. Il se réfugia dans sa forteresse et se prépara pour la guerre. Qoutaybah fit alors campagne contre lui.

 

 

La perfidie de Nizak et pourquoi il fut vaincu

 

 

Qoutaybah quitta Boukhara accompagné de Nizak alarmé par les conquêtes qu’il vit et qui craignait Qoutaybah. Nizak dit à ses compagnons et à leurs intimes parmi eux : « Je suis avec ce type et je ne me sens pas sûr avec lui, car l’Arabe est comme un chien : Si tu le bat, il aboie, et si tu le nourris, il remue la queue. Si vous faites campagne contre lui puis lui offrez quelque chose, il est satisfait et oublie ce que vous lui avez fait. Tarkhoun le combattit plusieurs fois, et quand il lui offrit le tribut, il l’accepta et fut satisfait. Il est une brute débauchée. La meilleure chose pour moi est de le quitter et de retourner ». Ils lui dirent : « Demande lui la permission », et, quand Qoutaybah était à Amoul, Nizak lui demanda la permission de revenir au Toukharistan.

 

 

Qoutaybah lui donna la permission, et, quand Nizak quitta son camp et se dirigea vers Balkh, il dit à ses compagnons : « Dépêchez-vous », et ils partirent au galop jusqu’à ce qu’ils aient atteint an-Nawbahar d’où il arrêta de prier et considéra l’abandon de la prière comme une bénédiction. Il dit à ses compagnons : « Je ne doute pas que Qoutaybah a regretté de m’avoir donné la permission de partir sitôt notre départ et qu’en ce moment son messager est sur le point de parvenir à al-Moughirah Ibn ‘AbdAllah, lui ordonnant de me détenir. Installez un poste de guet, et si vous voyez que le messager traverser la ville et sortir par la porte, il n’atteindra pas al-Barouqan avant que nous atteignions Toukharistan. Al-Moughirah enverra un homme, mais il ne nous rattrapera pas avant que nous avons atteint le défilé de Khoulm ».

 

 

Sitôt après son départ, Qoutaybah envoya un messager à al-Moughirah lui ordonnant d’arrêter Nizak. Quand le messager passa pour aller trouver al-Moughirah, qui était à al-Barouqan, la ville de Balkh qui était en ruine à cette époque, Nizak et ses compagnons prirent le départ. Le messager délivra son message à al-Moughirah qui partit en personne à la recherche de Nizak. Mais il découvrit que celui-ci avait déjà traversé le défilé et filé.

 

 

Après cela, Nizak désavoua ouvertement Qoutaybah. Il écrivit à l’Isbahbadh de Balkh, à Badham, le roi de Merv ar-Roudh, à Souhrak, le roi de Talaqan, à Toussik, le roi d’al-Faryab, et à al-Jouzjani, le roi d’al-Jouzjan et leur demanda de renier Qoutaybah. Ils lui répondirent positivement, et décidèrent d’unir leurs forces au printemps pour combattre ensemble Qoutaybah. Il écrivit aussi au Shah de Kaboul, pour lui demander de l’aide et lui envoya ses bagages et ses biens tout en lui demandant un sauf-conduit dans son pays s’il était contraint de fuir. Le Shah de Kaboul accepta et retint ses bagages.

 

 

Jabghouyah, le roi du Toukharistan, nommé ash-Shadh, était un homme faible. Nizak le captura et l’enchaina avec une chaine en or de peur qu’il sème la division parmi eux. Jabghouyah qui était le roi du Toukharistan, et Nizak un de ses esclaves ! Quand il fut sûr que Jabghouyah serait incapable de lui causer des problèmes, il le fit garder et expulsa le gouverneur de Qoutaybah, Muhammad Ibn Soulaym an-Nassih, des territoires de Jabghouyah. Ce n’est que lorsque l’hiver approcha, que les troupes de Qoutaybah s’en étaient retourné et qu’il était seul avec les gens de Merv, qu’il apprit les nouvelles de la perfidie de Nizak. Il envoya son frère ‘AbderRahmane dans la région de Balkh, à al-Barouqan, avec une armée de douze-mille hommes, et lui dit : « Restes-y et n’entreprends rien. Quand l’hiver sera fini, rassemble l’armée et va à Toukharistan et sache que je ne serais près de toi ». ‘AbderRahmane parti et s’arrêta à al-Barouqan. Qoutaybah prit son temps jusqu’à la fin de l’hiver ou écrivit aux gens d’Abrashahr, d’Abi Ward, de Sarakhs et les gens d’Herat et leur ordonna de venir le trouver. Ils obéirent et vinrent cette année plus tôt qu’ils en avaient l’habitude.

 

 

Cette année Qoutaybah fondit sur les gens d’al-Talaqan et les massacra, d’après un des collecteurs de rapports historiques (ahl al-akhbar). Il les crucifia sur deux lignes droites parallèles sur une distance de quatre parassanges[1].

 

 

En l’an 91 de l’Hégire (709), ‘Abdel ‘Aziz Ibn al-Walid conduit la campagne d’été contre les Byzantins.

 

 

De même Maslamah Ibn ‘Abdel Malik fit campagne contre les Turcs jusqu’à ce qu’il atteint al-Bab en Azerbaïdjan ou il conquit villes et forteresses.

 

 

La capture de Nizak Tarkhan et sa mort

 

 

Durant cette année Qoutaybah Ibn Mouslim tua Nizak Tarkhan.

 

 

Lorsque les gens d’Abrashahr, d’Abi Ward, de Sarakhs et d’Herat le rejoignirent et que son armée fut de nouveau au complet, et qu’il nomma Hammad Ibn Mouslim responsable des affaires militaires et son absence et ‘AbdAllah Ibn al-Ahtam responsable des revenus, Qoutaybah Ibn Mouslim marcha vers Marw ar-Roudh. Quand les nouvelles de son entrée dans son territoire parvinrent au Marzban de Marw ar-Roudh, il fuit vers les terres de Fourrures. Qoutaybah rentra dans Marw ar-Roudh, captura deux de ses fils, les tua puis les crucifia. Alors il alla à at-Talaqan ou il captura des brigands qu’il tua et crucifia. Il nomma sur at-Talaqan ‘Amr Ibn Mouslim avant de marcher sur al-Faryab ou le roi sortit à sa rencontre pour se soumettre et confirmer son obéissance. Qoutaybah en fut satisfait et ne tua personne. Il nomma un homme des Banou Bahilah gouverneur de la ville.

 

 

Ces nouvelles parvinrent au roi d’al-Jouzjan qui quitta son territoire. Qoutaybah alla à al-Jouzjan ou les gens sortirent à sa rencontre soumis et obéissants. Qoutaybah Ibn Mouslim accepta leur soumission et ne tua aucun d’entre eux et avant de partir, il nomma ‘Amir Ibn Malik al-Himmani gouverneur de la ville. Lorsque Qoutaybah arriva à Balkh, l’Isbahbadh et les gens sortirent à sa rencontre. Il ne resta qu’un jour dans la ville avant de rejoindre ‘AbderRahmane Ibn Mouslim jusqu’à ce qu’il arrive au défilé de Khoulm.

 

 

Nizak l’avait quitté et campait à Baghlan mais il laissa des détachements armés pour protéger chaque entrée et interdire à quiconque de traverser. Il laissa aussi une garnison dans une des forteresses à la sortie du défilé pour le défendre. Qoutaybah passa quelques jours à les combattre sans faire de réels gains. Il fut incapable de pénétrer dans le défilé qui était traversé par une vallée et il ne connaissait pas le moindre autre chemin pour arriver à Nizak autre que ce défilé excepté le désert qui ne supporterait pas les troupes. Il resta à l’entrée du défilé perplexe en en tournant la tête à droite et à gauche à chercher des solutions.

 

 

Il était dans ce dilemme quand le Rou’b Khan, le roi d’ar-Rou’b et de Siminjan, vint le trouver pour lui demander un sauf-conduit en échange d’une voie de passage et d’un accès à la forteresse. Qoutaybah lui accorda un sauf-conduit et ce qu’il demandait et à la tombée de la nuit, il envoya avec lui des hommes qu’il emmena dans la forteresse qui était derrière le passage de Khoulm. Durant la nuit, ils attaquèrent les hommes de la forteresse, qui se sentaient parfaitement à l’abri de toute attaque, et les tuèrent. Ceux qui survécurent et ceux qui étaient dans le défilé s’enfuirent et Qoutaybah et son armée purent traverser la passe et atteindre la forteresse. Puis, il marcha sur Siminjan tandis que Nizak se trouvait à Baghlan près d’une source d’eau appelée Fanj Jah. Entre Siminjan et Baghlan il y avait un désert pas particulièrement difficile.

 

 

Qoutaybah resta à Siminjan quelques jours avant de repartir vers Nizak. Il envoya son frère ‘AbderRahmane à la tête de l’avant-garde qui fit contact avec Nizak. Alors, Nizak quitta sa maison, traversa la vallée de Ferghana, envoya ses bagages et ses richesse au Shah de Kaboul et poursuivit sa route avant de s’arrêter à al-Kurz, toujours poursuivit par ‘AbderRahmane Ibn Mouslim. ‘AbderRahmane s’arrêta à son tour et prit contrôle des défilés d’al-Kurz, tandis que Qoutaybah sur ses talons s’arrêta à Iskimisht, huit kilomètres plus loin. Toutes les routes étant désormais fermées devant lui, et les seules voies de sorties impraticables pour les montures, Nizak se refugia à al-Kurz.

 

 

Qoutaybah assiégea Nizak deux mois, jusqu’à ce que la réserve de grain de Nizak soit devenue insuffisante et affligés par la variole que Jabghouyah contracta. Qoutaybah craignit l’hiver proche alors il demanda Soulaym an-Nassih et lui dit : « Va trouver Nizak et ruse avec lui pour qu’il vienne à moi sans sauf-conduit. S’il fait des problèmes et refuse, donne-lui un sauf-conduit. Sache que, si tu reviens sans lui, je te crucifierai. Travaille donc pour ta propre sauvegarde ». Soulaym dit : « Écrit à ‘AbderRahmane et demande lui de ne me pas désobéir » et Qoutaybah accepta. Soulaym alla voir ‘AbderRahmane et lui dit : « Envoie des hommes et quand je passerai avec Nizak qu’ils s’interposent entre nous et l’entrée du défilé ».

 

 

‘AbderRahmane envoya la cavalerie, et Soulaym les disposa là où il voulut puis, partit, chargé de nourritures pour quelques jours jusqu’à ce qu’il arrive à Nizak. Nizak lui dit :

 

 

- « Tu m’as abandonné, O Soulaym ». Et Soulaym lui répondit :

 

 

- « Je ne t’ai pas abandonnés, mais tu m’as désobéi et tu t’es fait du tort à toi même. Tu as désavoué Qoutaybah et agi perfidement ».

 

 

- « Que devrais-je faire ? »

 

 

- « La meilleure chose à faire est d’aller le voir. Tu l’as mis en colère avec ta lutte, et il est décidé à passer l’hiver ici et ne quittera pas cette place que tu sois mort ou vif ».

 

 

- « Dois-je aller le voir sans sauf-conduit ? »

 

 

- « Je ne pense pas qu’il t’en accordera un, à cause du ressentiment qu’il a à ton encontre. Je pense que tu devrais placer ta main dans la sienne sans avant qu’il ne s’en rende compte et j’espère que, si tu fais cela, il sera gêné et te pardonnera ».

 

 

- « C’est ce que tu penses ? »

 

 

- « Oui ». Nizak dit :

 

 

- « Je ne peux pas me résoudre à accepter cela. Si Qoutaybah me voit, il me tuera ».

 

 

- « Je suis venu seulement pour te conseiller de faire cela. Si tu le fait, j’espère que tu seras sauf et ta position près de lui reviendra à ce qu’elle était. Si tu refuses, je dois partir ».

 

 

- « Laisse-moi t’offrir le déjeuner ». Soulaym lui répondit :

 

 

- « Je soupçonne que tu es trop occupé à préparer de la nourriture ; nous avons beaucoup de nourriture avec nous ».

 

 

Soulaym demanda que le déjeuner soit servi, et ses domestiques apportèrent une abondante nourriture que les hommes de Nizak avaient été peu familiers depuis le début du siège. Les Turcs la dévorèrent cela chagrina Nizak. Soulaym dit :

 

 

- « O Abou al-Hayyaj, je suis un de tes conseillers les plus sincères. Je vois que tes compagnons sont épuisés. Si le siège continue une longue période et que tu restes ainsi, je ne suis pas sûr qu’ils ne cherchent pas un sauf-conduit en dehors de toi ».

 

 

- « Pars et retourne à Qoutaybah. Je ne me suis jamais senti sûr avec lui, et je n’irai pas à lui sans un sauf-conduit. Je reste persuadé qu’il va me tuer même s’il me donne un sauf-conduit, et le sauf-conduit me donne plus d’excuse de reproche que d’espoir ». Soulaym dit :

 

 

- « Il t’a donné un sauf-conduit : as-tu des doutes sur moi ? »

 

 

- « Non ».

 

 

- « Viens avec moi ». Ses compagnons dirent : « Accepte ce que Soulaym a dit ; il ne l’aurait pas dit si ce n’était pas vrai ». Il demanda sa monture et partit avec Soulaym.

 

 

Quand il atteignit l’endroit où il pouvait s’esquiver dans la plaine, il dit :

 

 

- « O Soulaym, personne ne peut savoir quand il mourra, sauf moi et je mourrai quand je verrais Qoutaybah ».

 

 

- « Impossible, est-ce qu’il te tuera alors que tu as un sauf-conduit ? » Alors Nizak se mit en route accompagné de Jabghouyah, qui s’était remis de la variole, de Soul et ‘Uthman, les fils du frère de Nizak, de Soul Tarkhan l’adjoint de Jabghouyah et de Khans Tarkhan qui était le chef de la police.

 

 

Quand ils émergèrent du défilé, la cavalerie laissée par Soulaym s’interposa entre les Turcs et le défilé. Nizak dit à Soulaym :

 

 

- « C’est le premier mauvais signe ». Soulaym dit :

 

 

- « Ne pense pas cela. Le fait que ces gens soient derrière nous est meilleur pour vous ». Soulaym continua avec Nizak et ceux qui étaient sortis avec lui, jusqu’à ce qu’ils arrivent en présence de ‘AbderRahmane Ibn Mouslim qui envoya un messager à Qoutaybah pour l’informer. Qoutaybah envoya ‘Arar Ibn Abi Mihzam à ‘AbderRahmane avec le message : « Apporte-les-moi » et ‘AbderRahmane les lui apporta. Qoutaybah emprisonna les compagnons de Nizak et donna lui-même Nizak à Ibn Bassam al-Leythi. Il écrivit alors à al-Hajjaj pour lui demander son autorisation pour tuer Nizak.

 

 

Ibn Bassam mit Nizak dans son yourte[2], creusa une tranchée autour du yourte qu’il fit surveiller par des gardes. Qoutaybah envoyé Mou’awiyah Ibn ‘Amir Ibn al-‘Alqamah al- ‘Oulaymi qui ramena les marchandises et les gens qu’il y avait dans al-Kurz à Qoutaybah. Qoutaybah emprisonna ces gens quarante jours, jusqu’à l’arrivée de la réponse d’al-Hajjaj qui lui ordonna de tuer Nizak.

 

 

Qoutaybah demanda à Nizak :

 

 

- « As-tu un engagement de moi, de ‘AbderRahmane ou de Soulaym ? » Il dit :

 

 

- « J’en ai un de Soulaym ». Qoutaybah lui dit :

 

 

- « Tu mens ! ». Puis, Qoutaybah se leva et rentra dans sa tente tandis que Nizak fut ramené dans sa tente ou il resta trois jours à l’intérieur sans paraître aux gens.

 

 

Al-Mouhallab Ibn al-Iyas al- ‘Adawi a dit : « Les gens parlèrent au sujet de Nizak. Quelques-uns dirent : « Ce n’est pas légal pour Qoutaybah de le tuer » tandis que d’autres ont dit : « Ce n’est pas légal de le laisser vivre » ».

 

 

Le quatrième jour Qoutaybah sortit, s’assis et donna l’autorisation aux gens d’entrer en sa présence. Puis, il dit :

 

 

- « Devons-nous tuer Nizak ? » Certains ont dit : « Tue-le », d’autres ont dit « Tu lui as donné un engagement, ne le tue pas », et d’autres encore ont dit : « Nous ne sommes pas sûrs qu’il ne fera ne fait pas du mal aux Musulmans ».

 

 

Dirar Ibn Houssayn entra et Qoutaybah lui dit :

 

 

- « Qu’est-ce que tu en dis ô Dirar ? Il dit :

 

 

- « Je dis que je t’ai entendu faire le serment que si Allah Exalté te livrait Nizak, tu le tuerais, et que si tu ne fais pas ainsi c’est comme si tu avais souhaité qu’Allah Exalté ne t’aide pas ». Qoutaybah s’assit silencieusement et resta les yeux baissés un long moment et dit :

 

 

- « Par Allah, s’il ne me restait de vie à vivre que le temps de prononcer trois mots, je dirais : « Tuez-le, tuez-le, tuez-le ». Il ordonna que Nizak et ses compagnons au nombre de sept-cents soient tués et ils le furent.

 

 

Certains ont rapportés que ni Qoutaybah et ni Soulaym ne lui ont donné un sauf-conduit. Quand Qoutaybah projeta de le tuer, il fit demander un sabre Hanafi. Il l’a dégainé, retroussé ses manches et l’a exécuté de sa propre main. Il ordonna à ‘AbderRahmane de décapiter Soul, à Salih de tuer ‘Uthman, appelé Shaqran, le fils du frère de Nizak. Il demanda à Bakr Ibn Habib as-Sahmi, de Bahilah :

 

 

- « As-tu assez de force pour négocier avec le reste ? » Il répondit :

 

 

- « Oui, plus qu’assez », il y avait de la dureté dans Bakr. Qoutaybah lui dit :

 

 

- « Prends ces dihqans ».

 

 

Qoutaybah envoya la tête de Nizak avec Mihfan Ibn al-Jaz al-Kilabi et Sawwar Ibn Zahdam al-Jarmi à al-Hajjaj qui dit : « Qoutaybah aurait dû envoyer la tête de Nizak avec un de ses fils (sous-entendu un des fils de Qoutaybah Ibn Mouslim) ».

 

 

Qoutaybah demanda un jour à Nizak alors qu’il était emprisonné :

 

 

- « Quelle est ton opinion à propos d’as-Sabal et ash-Shadh ? Penses-tu qu’ils viendront si j’envoie quelqu’un les chercher ? » Nizak dit :

 

 

- « Non ».

 

 

Qoutaybah envoya les chercher et ils vinrent. Il appela Nizak et Jabghouyah, et quand ils entrèrent il y avait as-Sabal et ash-Shadh assit devant lui. Nizak et Jabghouyah s’assirent en face d’eux et ash-Shadh dit à Qoutaybah :

 

 

- « Jabghouyah, bien qu’il soit mon ennemi, est plus vieux que moi et il est le roi tandis que je suis son sujet. Donne-moi l’autorisation pour m’approcher de lui ». Qoutaybah lui donna l’autorisation, et il s’approcha de lui, embrassa sa main et se prosterna devant lui.

 

 

Alors As-Sabal demanda l’autorisation à son tour par respect de Jabghouyah. Qoutaybah lui donna l’autorisation, et il s’approcha de lui et embrassa sa main. Nizak dit à Qoutaybah :

 

 

- « Donnez-moi l’autorisation de m’approcher près d’ash-Shadh, car je suis son serviteur ». Il lui donna l’autorisation, et il approcha à lui et embrassa sa main. Alors Qoutaybah donna la permission à as-Sabal et ash-Shadh, de retourner chez eux.

 

 

Qoutaybah tua Nizak, et az-Zoubayr, le Mawlah de ‘Abbas al-Bahili, pris une botte de Nizak dans laquelle il y avait un bijou. Grace à ce bijou qu’il acquit de la botte de Nizak, il devint le plus riche de sa région. Qoutaybah le lui alloua et il resta riche jusqu’à sa mort à Kaboul sous le règne du gouverneur Abou Daoud.

 

 

Qoutaybah libéra Jabghouyah, le nantis généreusement et l’envoya à al-Walid ou il resta en Syrie jusqu’à la mort d’al-Walid. Qoutaybah revint à Merv et nomma son frère ‘AbderRahmane sur Balkh. Les gens dirent que Qoutaybah se comporta perfidement avec Nizak.

 

 

Quand Qoutaybah Ibn Mouslim revint à Merv après avoir tué Nizak, il chercha le roi d’al-Jouzjan, qui avait fui son pays. Le roi envoya un message à Qoutaybah, en demandant un sauf-conduit, et Qoutaybah le lui donna à condition qu’il vienne en personne faire la paix avec lui. Le roi lui demanda des otages, qu’il retiendrait tandis que lui-même en retour donnerait des otages. Qoutaybah lui remit Habib Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Amr Ibn Houssayn al-Bahili, et le roi d’al-Jouzjan lui donna des otages de sa famille. Le roi d’al-Jouzjan laissa Habib dans al-Jouzjan, dans une de ses forteresses, et vint à Qoutaybah et fit la paix avec lui. Alors il retourna et mourut à at-Talaqan. Les gens d’al-Jouzjan dirent : « Ils l’ont empoisonné », et ils tuèrent Habib. Alors Qoutaybah tua les otages qui étaient avec lui.

 

 

Durant cette même année 91de l’Hégire, Qoutaybah fit sa deuxième campagne dans Shouman, Kish et Nassaf, et fit la paix avec Tarkhan.

 

 

La campagne de Qoutaybah en Transoxiane

 

 

Ghoushtasban, le roi de Shouman, renvoya le gouverneur de Qoutaybah et refusa de payer le tribut en échange de la paix qu’il avait convenu avec Qoutaybah. Qoutaybah lui envoya ‘Ayyash al-Ghanawi, accompagné par un des ascètes du Khorasan, pour inciter le roi de Shouman à tenir ses engagements. Lorsqu’ils arrivèrent dans son pays, les gens sortirent et les accueillirent avec des pierres. L’ascète retourna d’où il venait tandis qu’Ayyash al-Ghanawi resta là où il était et demande :

 

 

- « N’y a aucun Musulman ici ? ». Un homme sorti de la ville et lui dit :

 

 

- « Je suis un Musulman, qu’est-ce que tu veux ? » Ayyash dit :

 

 

- « Je veux que tu m’aides à combattre dans la voie d’Allah Exalté ces gens ! ». L’homme répondit :

 

 

- « D’accord ». ‘Ayyash lui dit :

 

 

- « Reste derrière moi pour protéger mes arrières ».

 

 

Le nom de cet homme était al-Mouhallab Ibn ‘Ayyish. Ayyash al-Ghanawi les chargea et les combattit et ils se sont enfuit devant lui. Alors al-Mouhallab attaqua ‘Ayyash par derrière et le tua. Ils comptèrent soixante blessures sur lui, et sa mort les chagrina et ils dirent : « Nous avons tué un homme courageux ».

 

 

Les nouvelles de ‘Ayyash parvinrent à Qoutaybah qui marcha en personne vers eux en prenant la route Balkh. Quand il atteignit Balkh, il envoya son frère ‘AbderRahmane en avant à la tête de l’avant-garde et laissa ‘Amr Ibn Mouslim sur Balkh. Le roi de Shouman était un ami de Salih Ibn Mouslim et Salih lui envoya à un homme pour lui ordonner de revenir à l’obéissance et lui garantir la satisfaction de Qoutaybah s’il revenait aux termes de la paix. Ce à quoi le roi refusa et dit au messager de Salih :

 

 

- « Avec quoi m’effrayerez-vous de Qoutaybah ? Je suis parmi les rois, celui qui a la forteresse la plus forte. Quand je tire du sommet, je suis le plus fort au tir à l’arc et je ne crains pas Qoutaybah ».

 

 

Qoutaybah sortit de Balkh, traversa le fleuve et se rendit vers la forteresse ou le roi de Shouman s’était fortifié. Lorsque Qoutaybah arriva, il déploya aussitôt ses catapultes (al-majaniq) et bombarda la forteresse. Quand le roi craignit d’être vaincu, il rassembla tout l’argent et les bijoux qu’il avait et les jeta dans un puits dont nul ne connaissait la profondeur.

 

 

Quand Qoutaybah conquit la forteresse. Le roi sorti et combattit jusqu’à ce qu’il fut tué.

 

 

Qoutaybah prit la forteresse à force d’armes, tua tous les soldats qu’elle contenait et prit leur progéniture. Alors il revint à Bab al-Hadid (la Porte de fer), et marcha vers Kish et Nassaf. Al-Hajjaj lui avait écrit : « Leurre Kish, et fracasse Nassaf ». Il conquit Kish et Nassaf, mais Faryab lui résista et il la brûla si bien que la ville fut appelée « La Brûlée ». De Kish et de Nassaf, Qoutaybah envoya son frère ‘AbderRahmane Ibn Mouslim à Tarkhoun dans le Soughd. ‘AbderRahmane y alla et s’arrêta dans une prairie proche Tarkhoun à l’heure de la prière de l’après-midi.

 

 

‘AbderRahmane conclut un accord de paix avec Tarkhoun avant de rejoindre Qoutaybah qui se trouvait à Boukhara et ensemble, ils rentrèrent à Merv.

 

 

Les Soughdians dirent à Tarkhoun :

 

 

- « Tu t’es satisfait de l’humiliation, et payer le tribut t’a paru agréable. Tu es un vieil homme, et nous n’avons nul besoin de toi ».

 

 

Ils nommèrent Ghourak à sa place et emprisonnèrent Tarkhoun. Tarkhoun dit

 

 

- « Il n’y a rien de préférable que la mort après avoir été déchu de la royauté. Je préfère ma propre main plutôt que celle d’un autre et d’être moi-même à la charge qu’un autre le soit en respect pour moi. Il prit alors son épée et se l’enfonça dans le ventre si bien qu’elle ressortit de l’autre côté ». Ils firent ceci à Tarkhoun quand Qoutaybah partit pour le Sijistan.

 

 

D’autres ont rapporté que Qoutaybah assiégea le roi de Shouman et utilisa ses catapultes contre sa forteresse. Il déploya une catapulte surnommé « la Patte de Pigeon » et lança la première pierre qui frappa le mur de la forteresse, puis il en tira une un autre, qui atterrit à l’intérieur. Puis, les pierres se succédèrent les unes après les autres dans la forteresse. L’une d’entre elle atterrit dans la cour du roi et tua un homme. Les hommes de Qoutaybah ne cessèrent de bombarder jusqu’à ce que la forteresse fût conquise à force d’armes. Alors, il revint à Kish et Nassaf, et de là à Boukhara. Il s’arrêta dans un village dans lequel il y avait un temple du feu et une maison des dieux. Dans ce village il y avait des paons, et ils appelèrent le village « Le village des Paons ». Qoutaybah se rendit chez Tarkhoun dans le Soughd pour collecter le tribut que le roi s’était engagé à verser en échange d’un traité de paix.

 

 

Qoutaybah prit de Tarkhoun le tribut comme stipulé et revint à Boukhara ou il nomma un jeune homme Boukhara Khoudhah après avoir tué ceux dont ils craignaient l’opposition. Puis il revint à Merv par l’Amoul.

 

 

Cette même année, le sixième calife al-Walid nomma Khalid Ibn Abdillah al-Qasri, des Banou Bajilah al-Qahtaniyah, gouverneur de La Mecque.

Il est dit que lorsqu’il prit ses fonctions, il monta sur le Minbar et menaça les gens dans un discours ou il dit en t’autre : « O Gens ! Vous devez l’obéissance et le rattachement à la communauté. Méfiez-vous des suspicions. Par Allah si l’un d’entre vous m’est ramené pour avoir attaqué le calife, je le crucifierais au Haram (la Mosquée Sacrée). Si j’apprenais que vous hébergez un rebelle, je détruirais vos maisons sur vos têtes ».

 

 

Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik visite Médine et sa rencontre avec Sa’id Ibn al-Moussayab

 

 

En l’an 91 de l’Hégire (709), après avoir guidé le pèlerinage des gens cette année, al-Walid Ibn ‘Abdel Malik visita Médine dont le gouverneur était ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz.

Lorsqu’al-Walid voulut prier dans la Mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et voir l’avancée des travaux, les gardiens firent sortir tous les gens de la Mosquée qui resta vide excepté le grand Tabi’i[3] Sa’id Ibn al-Moussayab que nous avons déjà mentionné. Les gardiens furent incapables de le faire sortir de la mosquée.

Sa’id Ibn al-Moussayab était vêtu de manière misérable et le gardien lui dit :

- « Si tu pouvais te lever ».

- « Par Allah, je ne me lèverais pas avant que le temps où je me lève habituellement soit venu ».

Puis on lui demanda :

- « Salue au moins l’émir des croyants ! »

- « Par Allah », leur répondit-il, « je ne me lèverais pas pour lui ! » Alors que ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz faisait visiter la mosquée au calife et essayait de l’occuper de son mieux pour qu’il ne se rende pas compte de la présence de Sa’id al-Moussayab.

 

 

Lorsqu’al-Walid se retourna vers la Qiblah, il dit :

- « Qui est cet homme assis ? Est-ce le Sheikh Sa’id al-Moussayab ? »

Le calife le connaissait ! Et ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz de dire :

- « Oui, émir des croyants ! » Puis il essaya de tempérer et lui dit :

- « S’il connaissait ton statut, il se serait certainement levé pour te saluer mais sa vue est faible ! »

Voyez ‘Omar ‘Abdel ‘Aziz qui essayait de trouver un prétexte au Sheikh par respect pour lui et pour lui éviter les problèmes !

Le calife lui répondit :

- « Allons donc le voir et le saluer ! »

Le calife ne s’arrêta pas à l’aspect d’extrême pauvreté du Sheikh. Il traversa la mosquée avec ses guides et se tint debout devant lui et lui :

- « Comment vas-tu ô Sheikh ? »

On a rapporté que Sa’id ne broncha absolument pas et répondit au calife :

- « Bien, Louanges à Allah. Comment va l’émir des croyants ? »

- « Bien et louanges à Allah (khayroun wal hamdoulillah) ».

Puis le calife le quitta et il dit à ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz :

- « Celui-ci est ce qu’il reste des gens (sous-entendu : des hommes des anciens temps) ».

- « Oui ô émir des croyants », lui répondit ‘Omar !

 

 

En l’an 92 de l’Hégire (711), Maslamah Ibn ‘Abdel Malik et ‘Omar Ibn al-Walid conquirent trois nouvelles forteresses en terre des byzantins tandis que les gens de Sousanah partirent vivre en territoire byzantin.

 

 

Cette année, certains ont rapportés que Qoutaybah Ibn Mouslim fit campagne au Sijistan, et se dirigea vers le grand Zounbil et az-Zaboul. Quand il s’arrêta dans le Sijistan, les messagers du Zounbil vinrent lui proposer un accord de paix qu’il accepta et il nomma gouverneur sur eux ‘Abd Rabbihi Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Oumayr al-Leythi.

 

 

Cette même année, l’Andalousie fut conquise par le héros (batal) Tariq Ibn Ziyad. Nous n’avons toujours pas mentionné les conquêtes du Maghreb et de l’Andalousie mais nous le ferons plus loin, insha Allah.

 

 

En l’an 93 de l’Hégire (712), al-‘Abbas Ibn al-Walid Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan fit campagne dans le territoire byzantin et Allah Exalté conquit Samastiyah par ses mains.

 

 

Marwan Ibn al-Walid attaqua aussi les Byzantins et atteignit Khanjarah.

 

 

Maslamah Ibn ‘Abdel Malik razzia le territoire byzantin et conquit Massah, et Hisn al-Hadid (le Château de fer), Ghazalah, et Tarhamah dans la région de Malatiyah.

 

 

Qoutaybah tua le roi de Kham Jird et renouvela la paix avec le roi de Khwarizm.

 

 

La mort du roi de Kham Jird et le renouvellement de la paix avec Khwarizm

 

 

Le roi de Khawarizm était faible, et son plus jeune frère Khourrazadh prit le pouvoir. Si le roi avait une l’esclave, une monture ou des marchandises de luxe Khourrazadh les voulait pour lui-même et s’il avait une fille, une sœur ou une belle femme, il le contraignait par force, et prenait et laissait ce qu’il voulait. Personne ne pourrait lui tenir tête ni même protéger le roi contre lui. Quand le roi parla de cela il dit : « Je ne suis pas assez fort pour négocier avec lui ».

 

 

Cela dura tellement longtemps que Khourrazj Madh écrivit à Qoutaybah, pour l’inviter à prendre possession de ses terres. Il lui envoya les clefs de la ville de Khwarizm, trois clefs en or, sous la condition que Qoutaybah devrait lui remettre son frère et tous ceux qui s’était opposé à lui, afin qu’il puisse les juger. Il envoya donc les messagers sans informer aucun de ses marzbans ou dihqans. Ses messagers arrivèrent chez Qoutaybah à la fin de l’hiver, quand les campagnes militaires commençaient pour les Musulmans. Qoutaybah s’était déjà préparé pour faire campagne, et il fit paraître comme s’il se dirigeait vers Soughd. Les messagers du Shah Khwarizm revinrent avec des bonnes nouvelles de Qoutaybah qui nomma sur Merv, Thabit al-A’war, son Mawlah.

 

 

Le Shah Khwarizm rassembla ses rois, ses chefs religieux et ses dignitaires et leur dit : « Qoutaybah se dirige vers Soughd et ne fera pas campagne contre vous, venez-vous détendre dans notre printemps ». Ils vinrent et commencèrent à boire et prendre leur aise se pensant à l’abri des campagnes.

 

 

Puis, ils apprirent que Qoutaybah s’était arrêté à Hazarasp, de l’autre côté de la rivière. Le Shah Khwarizm demanda à ses compagnons :

 

 

- « Qu’est-ce que vous en pensez ? » Ils répondirent :

 

 

- « Nous pensons que nous devrions le combattre ». Il dit :

 

 

- « Ce n’est pas ce que je pense. Les gens forts et plus puissant que nous ont été impuissants devant lui. Je pense que nous devrions le renvoyer en lui donnant quelque chose. Nous le renverrons pour cette année puis nous verrons de nouveau ce qu’il convient de faire ».

 

 

- « Nous sommes d’accord avec votre vue » lui répondirent-ils.

 

 

Le Shah Khwarizm parti en conséquence et s’arrêta dans la ville d’al-Fil de l’autre côté du fleuve. Les villes du Shah Khwarizm étaient au nombre de trois, entourées par un seul fossé. La ville d’al-Fil était la plus fortement fortifiée d’entre elles.

 

 

Le Shah Khwarizm s’arrêta à al-Fil pendant que Qoutaybah était à Hazarasp, de l’autre côté du fleuve. Il ne l’avait pas traversé, et en effet seul le fleuve de Balkh qui est l’Oxus était entre lui et le Shah Khwarizm qui fit la paix avec lui en échange de dix-mille esclaves, de l’or et des marchandises à condition que Qoutaybah l’aide contre le roi de Kham Jird et accomplirait ce dont ils avaient précédemment convenus entre eux. Qoutaybah accepta et accompli ce qu’il avait dit qu’il ferait pour lui. Il envoya au roi de Kham Jird qui était hostile au Shah Khwarizm, son frère ‘AbderRahmane, qui le combattit, le tua et prit possession de ses terres avant de revenir à Qoutaybah avec quatre-mille prisonniers que Qoutaybah fit tuer. Quand son frère ‘AbderRahmane les apporta, Qoutaybah ordonna que son trône soit sorti afin que les gens s’assoient dessus.

 

 

Les épées des nobles furent prises ce jour, et les têtes furent tranchées avec. Parmi elles, il y avait des épées qui ne pourraient ni couper ni blesser. Ils prirent mon sabre avec lequel rien n’a été frappé sans être parfaitement tranché. Un membre de la famille de Qoutaybah me l’envia et il indiqua à celui qui exécutait qu’il devait couper avec. Il l’essaya en frappant la molaire de l’homme mort qui se brisa. Abou ad-Dayyal dit: « J’ai l’épée ».

 

 

Qoutaybah donna au Shah Khwarizm son frère et ceux qui lui avaient été défavorable, et il les tua, s’appropria leur richesse qu’il envoya à Qoutaybah qui revint à Hazarasp.

 

 

Abou Ja’far a dit : « Durant cette année après son départ de Khwarizm Qoutaybah fit campagne et conquit Samarkand.

 

 

La conquête de Samarkand

 

 

Quand Qoutaybah fit la paix avec le roi de Khwarizm al-Moujashar Ibn al-Mouzahim as-Soulami lui dit :

 

 

- « Je dois te dire quelque chose en tête à tête,

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Uploaded on August 22, 2013
Taken on November 6, 2008