Je tire le fil du détail jusqu’à l’effilochement, jusqu’au scratch. Ma méthode, c’est l’ignorance : je rampe dans l’ombre de ce qui n’est pas encore ou n’est plus. Mon œil s’attarde sur la laideur contemporaine, les traces du validisme, les frictions silencieuses des rapports de pouvoir. Monochrome ou éclats, tout se tisse. La beauté surgit là où on ne l’attend pas, dans des contradictions, dans des visualisations douces-amères. Aucun perfectionnisme ici : juste une rétine qui accroche, réverbère, vacille. Mes pas claquent sous les réverbères de la routine, pendant que je mêle les techniques sans jamais vouloir les nommer.

Je creuse le détail jusqu’au frottement, jusqu’à l’effacement, jusqu’au grésillement du réel. Ma technique préférée ? Ne pas en avoir. J’effleure ce qui disparaît, ce qui n’a pas encore de contour. L’ombre m’offre ses angles morts. Monochromes vibrants, laideurs qui susurrent, silences du validisme, tensions invisibles… Tout s’effondre et s’entrelace. La beauté rampe dans les interstices. Je ne cherche rien, je capte ce qui se laisse prendre. L’œil accroche, la rétine rend. Mes pas murmurent sous les réverbères, là où tout recommence. Je mélange sans ordre, j’invoque sans nommer.

Tout est noir.

Et c’est le masque — pas le visage — qui renvoie la lumière.

La personnalité s’évanouit, engloutie dans un vertige sans bord.

Ce qu’on perçoit est glitché, déformé, faussé.

Il y a comme une cécité au vrai, un refus instinctif de voir ce qui saigne, ce qui tremble, ce qui brûle.

Je photographie pour révéler l’imperceptible, rendre visible l’erreur de perception, le bug dans le réel.

Mon art est un accident contrôlé, une tentative d’aveugle pour traduire le monde sans les filtres sociaux.