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Cerf élaphe (Cervus elaphus) - Red deer

Hommage à Albatros

 

Manrick le nomma Albatros. Il était un cerf exceptionnel, majestueux, portant fièrement sa ramure et sa prestance à nulles autres pareilles. Depuis 2022, nous partagions tout sur lui avec Vincent et Manrick fidèles et précieux copains des bois, et eux aussi photographes passionnés : des centaines de SMS et Emails, des rencontres, des discussions, des échanges de photos, d’articles et de vidéos, nos techniques, nos affûts en commun, nos émotions, nos déceptions, un mois d’enrichissement mutuel d’une intensité unique, le partage d’une passion commune.

 

Albatros était le fil rouge de nos observations, le ciment de nos sorties le plus souvent à l’aube et au crépuscule de chaque journée.

Nous connaissons presque toutes les places de brame de notre petit territoire Corrézien, presque tous les cerfs, dont Manrick enregistre, année après année avec une infinie précision, toutes les informations dans une base de données d’une richesse exceptionnelle.

 

Ce soir-là, j’avais positionné mon affût à l’orée d’un bois proche d’une souille dans laquelle Albatros aimait à se vautrer. La nuit approchait et j’entendais ses raires discrets dans la forêt, il allait bientôt sortir, je me tenais prêt. Puis une voiture blanche se gara bruyamment en face de moi à une centaine de mètres en bordure du pré. Ils n’étaient vraiment pas discrets, claquements de portes, voix fortes, rires benêts, et puis cartons de pizzas, canettes de bière. Je pris quelques photos, c’était des chasseurs d’un village voisin.

Je me dis, là mon affût est foutu à cause de ces abrutis : Albatros ne sortira pas avant que ce ne soit plus calme. La nuit s’installa et finalement Albatros traversa le pré nonchalamment en poussant quelques brames timides et disparut très vite dans la forêt. J’ai bien essayé de faire quelques photos mais sans conviction, il était trop tard. Je fulminais.

Maintenant je devais attendre qu’ils daignent s’en aller pour lever le camp discrètement. Traverser le bois en pleine nuit noire ne m’enchantait pas, mais bon pas le choix.

 

Les jours suivants nous avons aperçu Albatros sur ses places de brame avec ses hardes de biches, parfois seul, et avons réalisé de belles photos et vidéos.

Le 18 octobre jour de l’ouverture de la chasse au gros gibier, Albatros continuait à bramer avec ses biches. Nous étions inquiets, sachant que ceux du village voisin l’attendaient de pied ferme. Pendant la semaine suivant l’ouverture, Albatros se déplaçait de place en place et nous l’entendions toujours bramer. Nous avions toujours espoir qu’il échappe aux chasseurs, il avait bien réussi pendant peut-être dix ans déjà.

 

Le dimanche suivant, Albatros a été abattu par certains chasseurs du village voisin dans des conditions que je ne décrirai pas. Ils ont réussi dans leur entreprise préméditée alors qu’Albatros était toujours en période de brame, affaibli, amaigri, vulnérable.

Quel acte lâche et méprisable !

 

Est-ce-que ce monde est sérieux?

 

Albatros nous manque déjà terriblement, il était le plus beau spécimen que nous n’ayons jamais vu. Peut-être un jour nous reconnaitrons son allure, sa beauté sauvage si particulière au détour d’un chemin en croisant la route d’un de ses descendants ? C’est notre espoir, celui qui permet de continuer d’avancer.

 

Merci de relayer ce message pour que de tels actes, un jour, ne se reproduisent plus.

 

Tribute to Albatros

 

Manrick named him Albatros.

He was an extraordinary stag, majestic, his antlers like a crown, his bearing unmatched. Since 2022, we had shared everything about him with Vincent and Manrick, loyal friends of the forest, fellow photographers bound by the same passion. Hundreds of messages and emails, meetings and long conversations, photos exchanged, articles, videos, our techniques, our hides sessions, our joys and disappointments, a month of rare and luminous companionship, where friendship and wonder intertwined.

 

Albatros became the thread running through all our wanderings, the bond that tied our dawns and dusks together. We know almost every rutting ground of our little corner of Corrèze, almost every stag, each one patiently recorded by Manrick, year after year, with meticulous devotion, in a database as rich as the forest itself.

 

That evening, I had settled at the edge of a wood, near a muddy hollow where Albatros loved to wallow. Dusk was falling, and from the heart of the trees came his low, distant calls. He would soon appear. I waited, motionless.

Then, suddenly, a white car stopped noisily across the field, perhaps a hundred meters away. Doors slammed, voices rang out, coarse laughter, pizza boxes and beer cans. I took a few photos, hunters, from the neighboring village.

I thought bitterly: My watch is ruined. Albatros won’t come out until silence returns. Night fell deeper. And then, at last, he emerged, slowly crossing the field, letting out a few timid roars before vanishing into the darkness of the woods. I took a few shots, half-heartedly, it was too dark. My heart was heavy with anger.

I waited for the men to leave before slipping away, unseen. Crossing the forest in that black, starless night was no joy, but there was no other way.

 

In the days that followed, we saw him again on his rutting grounds, sometimes alone, sometimes surrounded by his hinds. We captured images and moments of pure grace.

On October 18th, the opening day of the big game season, Albatros was still there, still roaring, still alive with the passion of the rut. We feared for him, we knew these hunters were waiting. Yet he moved from place to place, his voice still echoing through the valleys. We held on to hope. He had escaped them for nearly ten years already.

 

The following Sunday, Albatros was killed, by those same men from the neighboring village, under circumstances I will not describe. They achieved their premeditated act while he was still in his rut, weakened, thin, and vulnerable.

What a cowardly, contemptible act.

 

Can this world be serious?

 

Albatros is gone, and already we miss him more than words can tell.

He was the most magnificent creature we had ever seen, the soul of the forest itself.

Perhaps one day, on some quiet path, we will catch a glimpse of that same proud gait, that wild, untamed beauty, in one of his descendants.

That is our hope, the one that keeps us moving forward.

 

Thank you for spreading this message, in the hope that such acts will one day cease forever.

 

 

Merci beaucoup pour votre visite, vos favoris et commentaires.

Ils sont toujours très appréciés.

 

Many thanks for your visit, favs and comments. There are always very appreciated.

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Uploaded on October 29, 2025
Taken on October 3, 2024